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La psychose et la société


Invité Quasi-Modo

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(cf. l'aléatoire ontologique de la mécanique quantique, ou les pensées de Cioran sur l'absurdité de l'existence, le schizophrène pouvant alors simplement être celui qui refuse fondamentalement de s'illusionner, qui crée sa réalité et atteint un degré de liberté plus grand que le commun des mortels)

Le schizophrène a compris que la vie n'est qu'une illusion. Et les autres tentent à toute force de leur faire croire à leur conception de la réalité quand ils sont déjà devenus leurs propres créateurs de réalité.

Le caractère aléatoire, chaotique, infini, silencieux et absurde du réel habite le schizophrène qui n'a même plus parfois de discours cohérent. Il ne fait qu'un avec le réel.

Dans un certain sens il a réussi sa vie.

Il peut donc se permettre d'être lui-même.

Les gens le sentent d'ailleurs intuitivement et sont simplement eux-mêmes auprès des malades mentaux. Ils ne sont plus hypocrites, ne jouent plus un rôle.

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Membre, 39ans Posté(e)
Philippe M Membre 20 messages
Forumeur balbutiant‚ 39ans‚
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Il y a 3 heures, Quasi-Modo a dit :

Le réel, la réalité, avec laquelle le psychotique est supposé perdre contact, n'est-elle pas d'emblée une construction identitaire et artificielle, partielle et erronée chez chacun d'entre nous ? La croyance à la fatalité ne s'est-elle pas toujours faite appeler réalité ou réalisme ? Et si l'extrême lucidité était liée à la schizophrénie dans le sens où ceux qui perçoivent ce qui pourrait être et que d'autres ne voient pas auront une conception du réel paraissant fausse aux autres personnes ?

Si la réalité est chaotique, aléatoire et sans vie, le schizophrène n'est-il pas juste lucide ?

Ta réflexion m'intéresse je répondrai sûrement plus tard 

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Membre, 36ans Posté(e)
Pensée philo Membre 2 380 messages
Forumeur vétéran‚ 36ans‚
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C'est mal utilisé.

On l'utilise quand une personne se contredit. Ce n'est pas être schizophrène.

(Quand ce n'est pas un diagnostic officiel.)

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Membre, 55ans Posté(e)
guernica Membre 22 528 messages
Maitre des forums‚ 55ans‚
Posté(e)
Il y a 19 heures, fidel castor a dit :

non ... j'ai fais court ... tu cherche des réponse qu'un psy a pas forcement si tu préfère et tu discute avec des gens qui en savent pas plus que toi en gros ... c'est pas la bonne démarche ...si tu es suivi pose des question a ton psy ... c'est lui le compétent pas nous

mon préféré c'est brule sorcière brule ... c'est un mec qui est pas policier qui enquête sur des morts qui semble avoir aucun point commun et pourtant qui meurt de la même façon ... l'intrigue est sympa

j'ai googlisé ton mec ...je connais pas ...je me renseignerai sur le golem

 

j'ai lu Abraham Merrit en fait, mais il y a super longtemps....

 

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Membre, 55ans Posté(e)
fidel castor Membre 3 358 messages
Mentor‚ 55ans‚
Posté(e)
il y a une heure, guernica a dit :

j'ai lu Abraham Merrit en fait, mais il y a super longtemps....

 

moi aussi c'est donc ma première copine donc a 12 ans ;)

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Invité Quasi-Modo
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Le schizophrène est tout bonnement devenu le créateur de sa réalité.

Il met en question la conception sociale de la réalité qui est considérée comme donnée et non construite, et celui qui remet en cause ce qui est considéré comme évident et allant de soi est forcément à enfermer de force.

La construction sociale de la réalité est une vraie question. J'ai d'ailleurs ouvert un sujet dessus.

La réalité construite socialement s'impose à l'individu comme un fait. Comme du donné. Comme inévitable et indépendant de sa volonté. Mais le schizophrène vient en quelque sorte témoigner que cela est faux. Il remet donc radicalement en cause la vision du commun qui fait le fondement de sa réalité et donc le fondement de son psychisme.

En cela il suscite beaucoup de violence sur sa personne. Beaucoup plus qu'il n'en est l'auteur. Car l'idée qu'une personne dont on ne partage plus le sens de la réalité est imprévisible donc dangereuse est ancrée chez l'être humain. C'est très instinctif et lié à la notion d'angoisse existentielle.

La schizophrène est donc celui qui ressent le réel et son chaos absurde intuitivement, même si il construit par dessus des discours délirants, issus de sa structure neurologique cérébrale qui exige du sens, tout en ayant au fond de lui conscience de leur fragilité.

La certitude que le malade affiche quant à son délire n'est qu'une apparence. Il s'y accroche, désespérément, comme il s'accrocherait à n'importe quelle idée, parce qu'il ne sait pas comment faire face à ce ressenti de l'absurde et du néant de la vie humaine vouée à la mort et au chaos. Parce que son cerveau est câblé comme ça.

Il le ressent toutefois plus qu'il ne le conceptualise.

Il est remarquable que les délires tournent d'ailleurs autour de thématiques socialement construites. Le mysticisme est un thème récurrent par exemple. D'autres délirent sur les illuminatis ou sur le transhumanisme. etc. etc.

Dans une société islamique, un schizophrène délirera plutôt sur le djinns. etc.

Le schizophrène est celui qui cesse de croire à la Vie comme une pulsion fondamentale à la base du psychisme humain mais qui réalise que nous sommes aussi vivants que les rochers ou les océans. Non pas parce que la Vie ou la pulsion de Vie l'aurait quitté comme l'affirment un certain nombre de théories psychanalytiques, mais parce qu'il ressent intuitivement qu'elle est l'origine d'une illusion sans aucun sens, pour lui qui n'arrive plus à s'illusionner mais ne sait que faire de cette réalité dont son cerveau même lui intime de lui donner un sens à tout prix (et il se précipitera alors sur les explications comme les illuminatis, le mysticisme ou autres, mais le délire est un peu une convulsion du cerveau face au réel un peu comme une réaction automatique et réflexe dans une situation de détresse totale).

Il ne ressent plus la Vie au fond de lui. Il a compris que nous sommes des objets comme les autres. Les traitements, en le coupant de son ressenti primitif, le coupent de ses émotions et l'aident à croire aux illusions naturelles de son cerveau en l'apaisant.

Fondamentalement, le problème du schizophrène n'est donc pas d'avoir déconnecté du réel, mais au contraire d'en avoir pris conscience et de s'y être brûlé les ailes définitivement. C'est ce qui explique leur intérêt fréquent pour la philosophie qui leur permet de lutter contre leurs symptômes au niveau inconscient.

La schizophrénie c'est donc du nihilisme à l'état chimiquement pur, mais au niveau du ressenti, et non plus comme une connaissance intellectuelle et abstraite. Dostoïevski, énorme écrivain de son temps, écrivait sur le nihilisme et était atteint de schizophrénie. Nietzsche est devenu schizophrène à force de conscientiser le nihilisme dans ses écrits.

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Posté(e)

L'objectif du délire n'est dans le fond qu'une ruse du cerveau pour continuer à faire croire au malade que sa vie a un sens.

Y compris dans les problématiques de persécution qui sont toujours liées de près ou de loin à des affects mégalomaniaques qui viennent donc renforcer le sentiment d'un Sens.

Par exemple, untel atteint de schizophrénie sera persuadé par son cerveau, à son insu, qu'il est persécuté parce qu'il est le prophète et que ses adversaires sont manipulés par Satan. La croyance en sa persécution lui permet de continuer de croire et le justifier dans le fait qu'il soit bel et bien le prophète, etc.

Tout cela échappe naturellement à tout contrôle de la part de la personne qui en est victime.

Ce n'est pas de sa faute.

Le délire est la convulsion d'un patient qui se débat entre mort et vie, qui lutte contre l'ensevelissement total.

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satinvelours Membre 3 006 messages
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Il y a 6 heures, Quasi-Modo a dit :

L'objectif du délire n'est dans le fond qu'une ruse du cerveau pour continuer à faire croire au malade que sa vie a un sens.

Y compris dans les problématiques de persécution qui sont toujours liées de près ou de loin à des affects mégalomaniaques qui viennent donc renforcer le sentiment d'un Sens.

Par exemple, untel atteint de schizophrénie sera persuadé par son cerveau, à son insu, qu'il est persécuté parce qu'il est le prophète et que ses adversaires sont manipulés par Satan. La croyance en sa persécution lui permet de continuer de croire et le justifier dans le fait qu'il soit bel et bien le prophète, etc.

Tout cela échappe naturellement à tout contrôle de la part de la personne qui en est victime.

Ce n'est pas de sa faute.

Le délire est la convulsion d'un patient qui se débat entre mort et vie, qui lutte contre l'ensevelissement total.

Je n’arrive pas à comprendre cette exposition. Il y a d’un côté le « cerveau » qui a donc une stratégie. Le cerveau « pense » et tente de faire croire quelque chose à…à qui ? Au malade. Il y a d’un côté le cerveau et de l’autre le malade. Ce malade semble semble donc penser lui aussi. Mais qu’est ce qui active sa pensée ? Soit c’est le cerveau soit c’est quelque chose d’autre. Apparemment ce n’est pas le cerveau. Alors c’est quoi ? L’esprit ? 
Il y a donc dualité. Deux pensées. Est ce qu’il y a deux centres de décision ? 
Il y a un manque de clarté dans une telle exposition. 

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Finalement ce qui apparaît c'est que le concept de psychose est socialement construit. A d'autres époques, sous d'autres cieux, nous aurions parlé de possession par un esprit notamment. Et le jugement de valeur porté sur lesdites croyances psychotiques n'y est pas pour rien, puisque certaines croyances du même ordre sont socialement valorisées.

La psychiatrie n'est elle pas une institution politique ? Clairement oui.

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La psychiatrie a d'ailleurs de tout temps été instrumentalisée par les systèmes dictatoriaux dont les opposants ont atterris en hôpital psychiatrique comme sous Staline par exemple. Puisque nous sommes UN, disaient les soviétiques, alors quiconque s'y oppose fait démonstration de sa folie.

Je pense que même les systèmes libéraux peuvent utiliser la psychiatrie.

Il y a des liens insoupçonnés entre politique et psychiatrie.

Il y a 20 heures, satinvelours a dit :

Je n’arrive pas à comprendre cette exposition. Il y a d’un côté le « cerveau » qui a donc une stratégie. Le cerveau « pense » et tente de faire croire quelque chose à…à qui ? Au malade. Il y a d’un côté le cerveau et de l’autre le malade. Ce malade semble semble donc penser lui aussi. Mais qu’est ce qui active sa pensée ? Soit c’est le cerveau soit c’est quelque chose d’autre. Apparemment ce n’est pas le cerveau. Alors c’est quoi ? L’esprit ? 
Il y a donc dualité. Deux pensées. Est ce qu’il y a deux centres de décision ? 
Il y a un manque de clarté dans une telle exposition. 

Le cerveau est un organe et en cela il a pour fonction de subvenir aux besoins de l'organisme auxquels il pourvoit.

Le besoin de sens est un besoin organique. Nul ne peut s'en départir.

La détresse mentale est à ce sujet comparable à la détresse physique avec les convulsions qu'elle peut provoquer.

Le délire est la convulsion d'un cerveau brûlé par le réel, et luttant contre la pulsion de mort pour se connecter à la vie. Un délire complet ce serait une absence de mot. Le silence. L'absence d'action. Ou des propos et un comportement totalement désorganisé. Un peu comme si notre cerveau se reconfigurait et lançait des connexions aléatoirement dans toutes les zones à la fois sans aucun sens.

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Invité Quasi-Modo
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Invité Quasi-Modo
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L'absurde et le néant sont le lot du quotidien des gens, mais la plupart fuient cette réalité à toute force. Le schizophrène vient rappeler à chacun que la vie humaine est absurde. Cela va contre le mouvement même de la civilisation qui a été inventée pour nous faire penser que la mort est dépassable, qu'elle a un remède. Le but de l'humanité en tant que telle est d'oublier cette réalité à laquelle le schizophrène s'est brûlé, et dont il témoigne bien malgré lui. Cette réalité c'est la mort. L'angoisse de mort. D'où également le rejet qu'il suscite plus ou moins intuitivement. La civilisation humaine en tant que telle est une tentative grandiose, la plus grandiose d'ailleurs, pour lutter contre l'angoisse de mort. En cela, le schizophrène est un barbare à l'état pur. C'est celui qui témoigne de la vacuité de l'entreprise civilisatrice elle-même. De l'humanité elle-même dans le fond.

Et en général les humains ne lui pardonnent pas. Dans le meilleur des cas ils le maintiennent à l'écart et l'affublent de l'étiquette du fou.

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Il y a 2 heures, Quasi-Modo a dit :

La psychiatrie a d'ailleurs de tout temps été instrumentalisée par les systèmes dictatoriaux dont les opposants ont atterris en hôpital psychiatrique comme sous Staline par exemple. Puisque nous sommes UN, disaient les soviétiques, alors quiconque s'y oppose fait démonstration de sa folie.

Je pense que même les systèmes libéraux peuvent utiliser la psychiatrie.

Il y a des liens insoupçonnés entre politique et psychiatrie.

Le cerveau est un organe et en cela il a pour fonction de subvenir aux besoins de l'organisme auxquels il pourvoit.

Le besoin de sens est un besoin organique. Nul ne peut s'en départir.

La détresse mentale est à ce sujet comparable à la détresse physique avec les convulsions qu'elle peut provoquer.

Le délire est la convulsion d'un cerveau brûlé par le réel, et luttant contre la pulsion de mort pour se connecter à la vie. Un délire complet ce serait une absence de mot. Le silence. L'absence d'action. Ou des propos et un comportement totalement désorganisé. Un peu comme si notre cerveau se reconfigurait et lançait des connexions aléatoirement dans toutes les zones à la fois sans aucun sens.

Je suis assez en phase avec vous dans votre façon de considerer les choses. Ce que je cherchais à mobiliser chez vous c’est une réflexion sur cet aspect étrange de nos réflexions : nous considérons avec intérêt le travail de notre cerveau, mais ce « nous », cet être que nous sommes, qui regardons notre cerveau, c’est qui ? Ne sommes nous pas  nous mêmes pas une expression  de notre cerveau ? Il me semble qu’il y a encore un manque d’intégration de données nouvelles dans nos réflexions . Quelque chose ne va pas dans nos réflexions ( ce qui est tout à fait normal vu la nouveauté de toutes nos découvertes mentales ).

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 6 039 messages
If you don't want, you Kant...,
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Bonjour Quasi-modo,

on pourra avantageusement se référer à par exemples:

The myth of mental illness, de T. Szasz

L'imposture de la maladie mentale, de A. Bachand

Les anormaux, de M. Foucault

Le normal et le pathologique, de G. Canguilhem

Repenser la normalité, perspectives critiques sur le handicap, de J-P Tabin, M. Piecek, C. Perrin et I. Probst

Normality, de P. Cryle and E. Stephens

 

Le 10/10/2022 à 21:33, Quasi-Modo a dit :

Il me vient tout naturellement la question suivante ; le diagnostic de schizophrénie n'est-il pas un jugement de valeur porté par la société sur un individu ?

Quelque part oui, toutefois il y a toujours en filigrane une question de " dosage ", tout comme il en existe pour la consommation d'alcool, de café ou de sexe, quand les proportions deviennent très éloignées de ce que les gens ordinaires font, cela permet de poser un " diagnostic " ou un jugement de déviance. 

 

Le 10/10/2022 à 21:33, Quasi-Modo a dit :

Nous avons tous des croyances plus ou moins limitantes, et nous sommes tous fondamentalement irrationnels.

À défaut d'être pleinement irrationnels, nous sommes ignorants, victimes d'habitudes, de stéréotypes et de préjugés, d'émotions et de sentiments, nous interprétons, donnons du sens avec l'intelligence qu'y est à notre disposition et les connaissances/savoirs/informations dont nous disposons, et de plus nous sommes toujours situés ( dans un cadre situationnel et/ou dispositionnel ). Ce qui parait irrationnel pour une personne qui ne partage rien ou peu avec telle autre, est sans doute bien moins décousu pour la personne jugée ainsi. Ce n'est peut-être pas tant irrationnel, qu'inintelligible ou incompréhensible pour un individu placé ou équipé autrement.

 

Le 10/10/2022 à 21:33, Quasi-Modo a dit :

Qu'est-ce qui fera donc que certains individus dotés de croyances étranges se voient affublés du diagnostic de psychotique ?

Un conflit socio-normatif.

 

Le 10/10/2022 à 21:33, Quasi-Modo a dit :

Pourquoi exclure de ce diagnostic les millions de croyants qui pensent qu'un Dieu aimant et tout puissant veille sur eux et exauce leurs prières, qu'un enfant-Dieu serait né d'une vierge et mort crucifié pour sauver l'humanité ?

Pratiquement personne n'ose le faire - déjà parce que plus de 9 personnes sur 10 au monde sont croyantes religieuses, non que ce que soit impossible en soi, par exemple S. Bohler dans son dernier livre Human Psycho, fait comprendre que l'humanité en elle-même se comporte littéralement comme une psychopathe. 

Personnellement, je ne fais aucune différence entre un croyant ou un mystique quelconque et les jeunes individus qui croient au père-noël, c'est du pareil au même, ce sont des persistances infantiles dues à des peurs non maitrisées, ce sont des béquilles psychologiques, autrement dit, ce n'est pas ipso facto irrationnel, c'est simplement un remède réflexe naturel face à des angoisses existentielles, tout comme par ailleurs la fièvre est une tentative du corps pour combattre des microbes.

 

Le 10/10/2022 à 21:33, Quasi-Modo a dit :

Et si le problème du schizophrène était avant tout la peur et l'incompréhension que ses croyances inspire et donc le sentiment de danger et d'imprévisibilité que le reste de la société met sur lui ?

Pour un des auteurs des deux premiers livres cités plus haut, la " maladie mentale " est avant tout une forme de langage ou un canal de communication pour celle ou celui qui en est taxé vis-à-vis de son environnement social.

Cela dépend aussi de l'intensité du trouble, qui peut être handicapant à vivre pour le concerné et ceux qui l'entourent. Mais il est certain que toute déviance par rapport à la " normalité " questionne et comme l'être humain spontanément n'aime pas le " pas-pareil " que soi ou " l'étranger ", il n'est pas surprenant qu'il y ait émergence du rejet sous plusieurs formes qu'elles puissent prendre. Ce qui est vrai pour tout un chacun l'est aussi pour une communauté ou une société entière.

 

Le 10/10/2022 à 21:33, Quasi-Modo a dit :

Plus j'y réfléchis, plus le diagnostic de schizophrénie me semble tout à fait assimilable à un symptôme psychotique en tant que tel : si le patient confirme le diagnostic alors tout va bien pour le médecin, mais si le patient nie, c'est également prévu dans la théorie car il ne peut être que dans le déni psychotique. Le médecin s'accroche donc à la croyance que son patient est schizophrène exactement comme le supposé malade atteint de schizophrénie s'accroche à l'idée, par exemple, qu'il est en dialogue direct avec les anges.

https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/psychiatrie/la-schizophrenie-un-trouble-mental-aux-multiples-visages-20800.php?_ga=2.264940239.1149220163.1665844000-1665875112.1665843997

C'est tout le drame d'être différent, d'avoir des références axiologiques différentes du plus grand nombre, on passe pour un·e extraterrestre, une bizarrerie qui sera traitée de maintes manières suivant l'individu qui y est confronté. 

Le " eux " et " nous " sera toujours un problème insoluble en l'état, contenant intrinsèquement sa propre contradiction irréductible ! Cela peut bien sûr être le normal et l'anormal, la sanité ou le pathologique, etc...

On pourra aussi se pencher sur les expériences de Rosenhan sur le fait d'être sain mais d'être traité quand même comme un malade, car c'est le rôle qui a été assigné à la personne ainsi diagnostiquée ! Une fois que l'étiquette est posée, cela revêt un certain caractère d'irréversibilité. Pourtant le fou n'est pas toujours celui qu'on pense...

 

 

Le 10/10/2022 à 21:33, Quasi-Modo a dit :

C'est croyance contre croyance, le seul problème étant que le médecin incarne ici une croyance partagée par les valeurs de la société.

D'une part oui, mais aussi, il incarne la figure d'autorité, qui plus est, légitime ou légitimée par son diplôme, dont on ne questionne que rarement la validité - quand " ça foire ", même quand celui-ci date de plusieurs décennies, comme si la compétence était acquise pour l'éternité, ou que ce savoir était comme omniscient. 

Pourtant c'est bien dans les diagnostics de santé que les taux d'erreurs sont les plus élevés, parfois à peine mieux que le hasard, parfois pire quand un dogme est en jeu ou plus vraisemblablement un paradigme scientifique.

 

Le 10/10/2022 à 21:33, Quasi-Modo a dit :

Les traitements anti psychotiques ne vont-ils pas simplement diminuer les émotions des patients, les empêcher d'être eux-mêmes et contrôler leur comportement et donc les normaliser, la norme étant un jugement de valeur implicite ?

Oui, le but étant justement de normaliser le comportement, ce désir peut venir du patient lui-même ayant intériorisé ces normes et étant encore suffisamment lucide sur son compte pour en faire la requête, de l'entourage ou de la société représentée par d'autres gens ou des institutions comme l'école ou le lieu de travail. 

 

Le 10/10/2022 à 21:33, Quasi-Modo a dit :

Dans la psychose, le diagnostic n'est-il pas entremêlé avec le jugement de valeur ? Il semble bien que si.

 

Oui, si le " normal " est ce qui est " bien " et " l'anomal " ce qui est " mal "

Il y a toujours eu une recherche de l'uniformisation ou l'homogénéité dans toute société - petite ou grande, justement pour lutter contre l'effet de rejet quasi-viscéral provoqué par le " pas-pareil ", dans la tête de n'importe qui, il vient, ce qui est presque comme moi ( ou nous ) c'est une bonne chose, ce qui n'est pas comme moi, est une mauvaise chose, et d'autant plus que l'écart s'exacerbe...

Pour paraphraser Protagoras: Chaque homme/femme est la mesure de toute chose !

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Invité Quasi-Modo
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Invité Quasi-Modo
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J'aime bien ce témoignage, dans lequel il parle d'ailleurs très bien de " télécharger toutes les données de l'univers dans la tête ".

 

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Invité Quasi-Modo
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Cela rejoint l'idée que le schizophrène se brûle au réel dont il a pris conscience.

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Invité Quasi-Modo
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Invité Quasi-Modo
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Posté(e)
Il y a 21 heures, deja-utilise a dit :

on pourra avantageusement se référer à par exemples:

The myth of mental illness, de T. Szasz

L'imposture de la maladie mentale, de A. Bachand

Les anormaux, de M. Foucault

Le normal et le pathologique, de G. Canguilhem

Repenser la normalité, perspectives critiques sur le handicap, de J-P Tabin, M. Piecek, C. Perrin et I. Probst

Normality, de P. Cryle and E. Stephens

Je n'ai pas lu les livres que tu cites mais je n'irai pas jusqu'à dire que la maladie mentale soit un mythe.

En revanche je n'exclus pas que certaines réflexions puissent être faites de façon à ce que la société soit plus inclusive avec certains patients atteints de pathologies parfois incurables.

Premièrement je dirais qu'informer le grand public sur la nature de ces pathologies et la façon dont elles fonctionnent est un passage nécessaire, mais à l'heure actuelle cela est réservé aux études de médecine ou aux curieux sur internet qui n'en retiendront pas forcément l'essentiel ni ne comprendront forcément de quoi il est question.

D'ailleurs il est par exemple connu qu'une inhibition latente très basse peut engendrer la schizophrénie chez un certain nombre de patients, comme cela se voit dans la série maintenant assez ancienne Prison Break. C'est comme si le cerveau n'arrivait pas à gérer la prise de conscience du réel dans tous ses détails, que celui-ci était trop violent pour être appréhendé d'un seul coup.

Donc le cerveau bug exactement comme on ne peut pas mettre un fichier de 3 To sur un disque de 2 To.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 6 039 messages
If you don't want, you Kant...,
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il y a une heure, Quasi-Modo a dit :

Je n'ai pas lu les livres que tu cites mais je n'irai pas jusqu'à dire que la maladie mentale soit un mythe.

Tout dépend à quelle " classe de gens " tu appartiens ou crois appartenir.

Par exemple si je t'informe qu'il a été montré que les tout-venants ont une défaillance neurologique entre le cervelet et le reste du cortex, où une partie de leurs neuro-transmetteurs sont inhibés - par des neurones cérébéliques - provoquant une sur-excitation de ceux-ci, les conduisant à augmenter leur promiscuité sociale, on pourrait et je le fais aisément, en conclure que monsieur et madame tout le monde sont anormaux, voire même malades, les conduisant à une hypersocialisation, contrairement aux personnes avec autisme. Ici on aurait donc un renversement total des " valeurs " jusqu'ici endossées: les " normaux " seraient pathologiques, et les " anormaux " seraient sains.

 

De plus, je crois que c'est dans le livre Noise, où il est relaté que l'on a demandé à des experts de diagnostiquer les mêmes patients, avec des résultats différents selon les médecins en charge de l'opération, il y a donc une décision arbitraire certaine chez ces " experts ", quand bien même la plupart des troubles sont décris et définis dans le DSM V mais à un degré d'ambiguïté empêchant la certitude de surcroit. On peut dès lors se demander si ces soit-disant maladies mentales ne sont pas des catégories sociales ad hoc ! D'ailleurs il n'y a pas une schizophrénie mais des schizophrénies !

 

il y a une heure, Quasi-Modo a dit :

En revanche je n'exclus pas que certaines réflexions puissent être faites de façon à ce que la société soit plus inclusive avec certains patients atteints de pathologies parfois incurables.

On peut penser en premier lieu, puisqu'ils sont de loin les plus nombreux aux neuro-typiques ! Que doit-on faire de tous ces gens incurables, si j'écoute ma fille - de 13 ans, elle pense à l'euthanasie !

L'inclusivité n'est malheureusement pas affaire de réflexion mais de réaction inconsciente, comme le racisme par exemple, ce sont des a priori foncièrement ancrés en nous, de l'ordre de la réaction automatique, chaque fois qu'un être humain perçoit une différence, cela lui suffit pour faire des catégories, dont la sienne, son endo-groupe, puis tous les autres exo-groupes, plus ou moins dévalués. La seule et unique chose à faire, serait dès le plus jeune âge, apprendre et faire comprendre à nos jeunes que tout être vivant sentient partage les mêmes bases communes vitales, et que c'est ça qu'il faut respecter quoi qu'il arrive, ensuite les autres différences surfaciques/secondaires ne viendraient pas remettre en cause cette reconnaissance minimale de respect du droit de vivre - avec ses différences bien entendu.

 

il y a une heure, Quasi-Modo a dit :

Premièrement je dirais qu'informer le grand public sur la nature de ces pathologies et la façon dont elles fonctionnent est un passage nécessaire, mais à l'heure actuelle cela est réservé aux études de médecine ou aux curieux sur internet qui n'en retiendront pas forcément l'essentiel ni ne comprendront forcément de quoi il est question.

Une fois adulte c'est déjà bien trop tard pour le plus grand-nombre, un peu comme la culture culinaire, il est peu probable que n'importe quel anglais se mette au fromage " moisi " français ou que nous autres occidentaux nous nous mettions à manger des gros vers/asticots vivants comme nous le faisons avec nos cacahuètes, une fois qu'une forme d'habitude a pris vie, elle est particulièrement tenace et réfractaire au changement.

Ce n'est pas vraiment une question de savoir, mais bien plutôt d'interaction dynamique entre les personnes, comme cela a été mis en évidence pour le racisme, quand des gens d'ethnies différentes sont engagés dans un projet commun, ils sont bien plus prompts à la valorisation des uns et des autres, contrairement à la simple cohabitation ou même à la dénonciation des différentes discriminations, le " verbe " ne suffit pas en clair, pire même, en forçant la main des antagonistes on peut créer contre sa volonté initiale un phénomène de résistance ou de réactance, voire de polarisation. D'ailleurs je peux le confirmer sur l'école dite inclusive, je rencontre des témoins qui sont soit pour soit contre, par expériences personnelles de ceux-ci pour ce sujet, en étant soit du côté de la famille avec le " handicap " soit l'autre partie qui y voit une perturbation dans la classe, et ses supposés conséquences - négatives - pour leur enfant " non-handicapé ".

Dit autrement, il faut le vivre concrètement plutôt que de tergiverser sur ça, les gens s'adapteront bon an mal an si il n'y a aucune autre alternative pragmatique, j'imagine qu'il y a eu en son temps aussi des polémiques quand on a voulu rassembler les écoles des filles et celles des garçons dans le même lieu sans plus de séparation, des classes mixtes, aujourd'hui plus personne ne délibère là-dessus, c'est entré dans les mœurs de gré ou par la force des choses. 

 

il y a une heure, Quasi-Modo a dit :

D'ailleurs il est par exemple connu qu'une inhibition latente très basse peut engendrer la schizophrénie chez un certain nombre de patients, comme cela se voit dans la série maintenant assez ancienne Prison Break. C'est comme si le cerveau n'arrivait pas à gérer la prise de conscience du réel dans tous ses détails, que celui-ci était trop violent pour être appréhendé d'un seul coup.

Donc le cerveau bug exactement comme on ne peut pas mettre un fichier de 3 To sur un disque de 2 To.

La schizophrénie se soigne relativement bien, si elle est prise à temps, la personne n'est pas nécessairement condamnée à vivre " fracturée ", mais comme je l'ai dit de même, une fois une certaine " habitude " installée - plutôt une dynamique, il sera beaucoup plus difficile par la suite d'y remédier, on pourra au moins en atténuer les symptômes.

 

Il est possible que ce soit un mécanisme " normal " qui serve à protéger notre intégrité mentale dans un premier temps, un peu comme la catalepsie face à une situation effroyable/effrayante ou même l'oubli mnésique, le déni ou encore le refoulement, etc... Qui peuvent devenir problématique en soi, si cela dure ou devient récurrent ou systématique, car non enrayés/bloqués !

 

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La psychose trouve son utilité sociale en tant que concept dans l'idée que les psychotiques seraient dangereux, pour eux-mêmes comme pour les autres éventuellement.

Mais avez-vous déjà réfléchi à la notion de danger ?

Le danger n'est-il pas une construction sociale ?

Dans une société pour laquelle chacun partage le même sens des réalités, il suffirait que la psychose devienne collective pour que le psychotique ne soit plus désigné comme tel.

Que sont les religions sinon des psychoses collectives ?

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