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La vie est tragique


Invité Quasi-Modo

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Membre, 48ans Posté(e)
Fraction Membre 7 004 messages
Maitre des forums‚ 48ans‚
Posté(e)
il y a 57 minutes, Quasi-Modo a dit :

J'aime beaucoup l'idée d'éternel retour de Nietzsche et de pari de Pascal dont nous pourrions nous inspirer pour imaginer ce que serait la vie si la mort n'existait pas.

Bien que la vie soit tragique, et bien qu'il faille en être conscient, toute vie étant de facto un échec cuisant, il faudrait se persuader de continuer à agir dans la conscience de notre mortalité, comme si la mort était évitable et que le fruit de nos actes n'était pas périssable, ou pensant comme Nietzsche, que nos actes devraient se rejouer en boucle pour l'éternité, en s'appuyant sur la notion de dignité humaine, donc de la valeur qu'on accorde à sa propre vie comme à la vie des autres (pulsion de vie).

Car la conscience tragique, comme rappelé dans le lien ci dessus, implique trois éléments :

  • « une métaphysique du néant » (souvent un matérialisme);
  • une pensée de la mort comme étant « l’événement inévitable » (« elle est fatale, elle est notre destin ») ;
  • « la volonté du meilleur, c’est-à-dire de donner le plus de valeur, de qualité possible, aux instants, aux actes, aux œuvres, quoi qu’il en soit de leur durée

Ainsi, le pari consisterait à penser, avec l'idée que j'ai de la valeur de la vie (valeur que je ne peux nier car elle est à l'origine de ma conscience tragique), qu'une vie qui aurait du sens ou dont j'aurais la conviction qu'elle aurait du sens (la question restant ouverte) serait une vie augmentée, avec moins de risques de maladie mentale, d'addictions, d'anxiété, c'est-à-dire une vie de bien meilleure qualité et avec plus de valeur. Or la conscience tragique veut donner le plus de valeur possible à la vie avant de mourir. Donc elle débouche sur la conviction que la vie a un sens, et dans une perspective matérialiste, la seule chose qui puisse donner sens serait la mort de la mort, comme on le voit dans le transhumanisme. Ou au moins l'idée que la mort serait évitable, pour soi, pour les autres comme pour le fruit de nos actes (nos oeuvres, nos productions).

Continuer à agir serait donc un devoir, et donc même, agir en ayant pour maxime l'éternel retour du même ( artifice de pensée de la raison pratique), ou comme si la mort était pour toujours évitable, pour soi comme pour les autres. Car cela augmente la valeur de notre vie avant de mourir. En ayant donc le devoir de l'éviter lorsqu'il le faut, cela va sans dire. Autrement dit : mener une vie à la hauteur de ce que je suis capable de concevoir de ma propre dignité, comme si la vie avait du sens, dans ma conscience tragique.

La vie n'est pas paramétrée pour le bonheur.

La vie répond des paramètres de l'éveil.

C'est à la fois décevant et salvateur.

 

L'éveil est aussi fait de néant, de doute, et de désespoir.

L'éternité c'est la récursivité, c'est-à-dire l'autojustification.

 

La conscience est éternelle : elle est récursive à 100%.

Mais le Moi n'est pas éternel.

Michel Houellebecq possède un Moi récursif à 1%.

Jean Gabin possède un Moi récursif à 99%.

Mais l'un comme l'autre sont dans l'erreur.

 

Rien ne peut compromettre l'éveil.

L'éveil est à la fois institutionnellement impossible et personnellement inévitable.

Votre fils baisera quoiqu'il arrive, même si vous lui coupez la bite.

Et mieux vaut être bien dans sa peau que bien dans sa condition.

Les anges de l'éveil n'ont pas d'intérêts privés, pas de gourou à enrichir, seulement quelques doutes à vous offrir.

 

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Invité Lowy
Invités, Posté(e)
Invité Lowy
Invité Lowy Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 10 heures, Quasi-Modo a dit :

La vie serait donc une lutte perdue d'avance,

Non. Certaines choses peuvent être changées.

Il y a 10 heures, Quasi-Modo a dit :

une guerre que l'on mène parce qu'on a l'instinct de conservation et de reproduction solidement arrimés à notre condition humaine,

Pas tous.

Il y a 10 heures, Quasi-Modo a dit :

Que cela soit le mouvement imaginairement éternel de la vie qui se transmet de génération en génération, ou la recherche de la gloire par l'héroïsme ou l'inventivité, par les arts ou la littérature, avec cette obsession de laisser une trace qui semble bien dérisoire eût égard à l'idée que cette trace laissée sera elle-même mortelle;

La vie ne se résume pas à la reproduction, la gloire ....

Il y a 10 heures, Quasi-Modo a dit :

A quoi bon vivre dans ces conditions ? Y avez-vous déjà songé ?

Oui. Il y'a un grand secret et puis des tas de petits secrets existentiels. Faut les trouver.

 Sans  essayer, en se contentant des réflexions des autres , des théories, du conditionnement, du moulage , clonage...on n'arrive à rien. 

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Membre, 60ans Posté(e)
eriu Membre 11 545 messages
Maitre des forums‚ 60ans‚
Posté(e)
Il y a 16 heures, satinvelours a dit :

Quand votre enfant meurt en Ukraine, qu’il soit russe ou ukrainien, la vie devient tragique. 
Quand un être aimé souffre de maladie ou va mourir la vie devient tragique.

 

Ce sont des évènements qui sont tragiques , la vie , l'état de vie ne l'est en rien .. 

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Membre, 60ans Posté(e)
eriu Membre 11 545 messages
Maitre des forums‚ 60ans‚
Posté(e)
Il y a 17 heures, Quasi-Modo a dit :

Bonjour,

Comme le rappellent tout au long de notre Histoire les auteurs de littérature ou de philosophie, la vie humaine est tragique.

Qu'est-ce à dire ? La mort nous guette tous au tournant.

La pulsion de vie s'oppose fondamentalement à la pulsion de mort, la pulsion de mort, faite d'agressivité retournée contre soi-même voir contre les autres, étant selon ces auteurs plus fondamentale que la pulsion de vie, la pulsion de mort étant la force de la nature qui nous pousse à retourner à l'état de non-vivant, de minéral, de repos.

En effet. Nos cellules, depuis notre naissance, se multiplient, atteignent la maturité vers l'âge de 25 ans, avant de ralentir leur renouvellement (mitose) jusqu'à ce que mort s'en suive. Notre corps lutte contre les forces extérieures par le processus d'homéostasie qui cherche à équilibrer nos systèmes biologiques avec leur environnement, mais la vieillesse, et la faiblesse du fonctionnement de la machinerie cellulaire, auront raison de cet équilibre, et nous rejoindront l'état de poussière ou de minéral sans vie.

La vie serait donc une lutte perdue d'avance, une guerre que l'on mène parce qu'on a l'instinct de conservation et de reproduction solidement arrimés à notre condition humaine, que l'on espère transmettre quelque chose, un mouvement, dans une dimension transcendante avec laquelle imaginairement nous souhaiterions fusionner. Que cela soit le mouvement imaginairement éternel de la vie qui se transmet de génération en génération, ou la recherche de la gloire par l'héroïsme ou l'inventivité, par les arts ou la littérature, avec cette obsession de laisser une trace qui semble bien dérisoire eût égard à l'idée que cette trace laissée sera elle-même mortelle.

A quoi bon vivre dans ces conditions ? Y avez-vous déjà songé ?

Déjà , accepter notre nature mortelle , de ne pas tout maîtriser , apprécier au maximum ce qui nous entoure et nous fait du bien ,  tenter de limiter la place de nos Egos , se préoccuper des générations futures que nous avons décidés de faire exister ... une bonne raison de vivre déjà .. :unknw:

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)
Il y a 3 heures, eriu a dit :

Ce sont des évènements qui sont tragiques , la vie , l'état de vie ne l'est en rien .. 

Quand  on est loin des choses on peut en effet parler ainsi. Quand on est à l’intérieur  des choses alors j’ai pu voir des personnes atteintes par ces événements se rebeller contre la vie même et maudire la création.

Nous ne voyons pas le monde de la même façon selon qu’on est acteur ou spectateur. 
 

Je n’ai su quoi répondre à celle que j’ai vu souffrir et qui s’est mise à nier la raison d’être de la création elle même. Je n’aurai certainement pas pu lui dire ce que vous dites là. 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

En fait c’est compliqué cette affaire. Il est possible de se dire, pour soi, la vie est belle, mais que répondre à celui ou à celle, qui, en état de souffrance extrême, affirme devant vous que la vie est une erreur de la création ? Il est difficile d’être lénifiant devant une personne qui souffre et qui choisit de transformer cette souffrance en violence contre le monde, contre la vie. 
Aujourd’hui encore je pense à cette personne, décédée depuis, et je me demande si sa position n’était pas une violence qu’elle me faisait. 

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