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Au Théâtre de la Bastille, Nicolas Bouchaud revisite Claude Lanzmann.


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Au Théâtre de la Bastille, Nicolas Bouchaud revisite Claude Lanzmann

En adaptant « Un vivant qui passe », le metteur en scène et comédien interroge la responsabilité des grands organismes internationaux et des instances dirigeantes suisses dans l’aveuglement face à la Shoah.

Claude Lanzmann (Frédéric Noaille, à gauche) et Maurice Rossel (Nicolas Bouchaud, à droite) dans « Un vivant qui passe », le 16 septembre 2021, à Bonlieu-Scène nationale d’Annecy.

Il est l’homme qui n’a rien vu à Auschwitz, rien vu à Theresienstadt. Maurice Rossel est devenu un personnage historique quand, en 1997, Claude Lanzmann lui a consacré un film, Un vivant qui passe, en marge de son grand œuvre, Shoah. Aujourd’hui, le comédien Nicolas Bouchaud, qui trace un chemin à nul autre pareil dans le théâtre français, porte au théâtre le matériau qui est à la base du film. Et c’est une soirée qui emmène loin dans la réflexion sur l’histoire et la responsabilité qu’on a par rapport à elle.

En septembre, au Théâtre de l’Atelier, Sami Frey avait lui aussi proposé sa version d’Un vivant qui passe. Mais les deux projets sont en tout point différents, bien que d’une force équivalente. Sami Frey, seul en scène dans la nuit du théâtre, lisait le texte de l’entretien entre Claude Lanzmann et Maurice Rossel, tel qu’il a été monté dans le film. Nicolas Bouchaud, lui, choisit la mise en scène et l’incarnation du dialogue entre l’intervieweur et l’interviewé. Il choisit surtout de repartir des rushs du film et donc de l’intégralité de ce dialogue, en une démarche passionnante, qui recadre légèrement l’appréhension historique des faits abordés et qui sont d’une importance historique considérable.

En 1942, Maurice Rossel, jeune médecin suisse de 25 ans, se fait engager comme délégué au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Berlin. Pendant deux ans, sa tâche consiste à inspecter des camps de prisonniers de guerre. En 1944, sa hiérarchie l’envoie, de manière tout à fait officieuse, visiter des camps de concentration – personne ne prononce alors le terme d’extermination – pour essayer d’obtenir des renseignements. Maurice Rossel sera le premier fonctionnaire international à entrer dans les camps de Theresienstadt et d’Auschwitz. Mais il y restera aveugle à ce qui s’y passe. Le 23 juin 1944, sa visite à Theresienstadt est totalement organisée par les nazis, qui montent une mise en scène macabre destinée à présenter ce camp d’extermination comme un ghetto modèle. Le délégué du CICR n’y voit que du feu.

En incarnant de manière très vivante le dialogue entre Claude Lanzmann et le docteur Rossel, il s’agit de comprendre les mécanismes à l’œuvre

A la fin de septembre de cette même année 1944, il se rend à Auschwitz, où il est reçu par le commandant du camp ou supposé tel – « un jeune homme très élégant, très distingué, très aimable ». Cette fois-ci, aucune mise en scène n’a été orchestrée mais Maurice Rossel ne verra ni les fours crématoires, ni la fumée ou les lueurs qui pourrait s’en échapper, ni les trains. Il croisera toutefois la route de prisonniers, des « squelettes ambulants » chez qui « il n’y avait que les yeux qui vivaient. C’étaient des regards très très intenses ». L’air de se dire, commente Rossel : « Ben, en voilà un qui vient… (…) Un vivant qui passe. »

Source.

 

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J'avoue ne pas avoir vu le film de Lanzmann.

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