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penser avec les autres, est-ce renoncer à bien penser ?


mmilouu

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Nouveau, 20ans Posté(e)
mmilouu Nouveau 3 messages
Baby Forumeur‚ 20ans‚
Posté(e)

Bonsoir, 

J'ai un devoir de philosophie dont le sujet est le suivant: 

penser avec les autres, est-ce renoncer à bien penser?

Pour répondre à la question, je dois m'appuyer sur le texte ci-dessous et je peux rajouter d'autres connaissances.

"SIMPLICIO. — Mais si nous abandonnons Aristote, quel sera donc notre guide en philosophie ? Nommez-moi un auteur.
SALVIATI. — On a besoin d’un guide dans un pays inconnu et couvert de forêts ; à découvert, en plaine, seuls les aveugles en ont besoin ; ceux-là feraient mieux de rester chez eux ; mais, quand on a des yeux, sur le front ou dans l’esprit, il faut s’en servir pour se guider. Je ne dis pas pour autant qu’il ne faille pas écouter Aristote, je loue même ceux qui vont y voir et l’étudient soigneusement, je blâme seulement ceux qui, se livrant à lui en esclaves, souscrivent aveuglément à tout ce qu’il dit, et le tiennent, sans autre raison, pour décret inviolable ! C’est un abus qui entraîne un autre désordre extrême : on ne cherche plus à comprendre la force des démonstrations. Quelle honte, en des disputes publiques portant sur des questions démontrables, d’entendre interrompre un adversaire
pour citer un texte, souvent écrit dans un tout autre but, et lui clore ainsi le bec ? Si vous voulez suivre cette voie, abandonnez le nom de philosophe, déclarez-vous historiens ou docteurs ès mémoire ; que ceux qui ne philosophent jamais n’usurpent pas le titre honoré de philosophe ! Mais il est temps de rejoindre le rivage, sans quoi nous allons nous enfoncer dans un océan infini dont nous ne sortirons pas de la journée. Signor Simplicio, présentez donc des raisons et des démonstrations — les vôtres ou celles d’Aristote —, pas des textes et de simples autorités : nos discussions doivent porter sur le monde sensible, pas sur un monde de papier." (Galilée, Dialogue sur les deux systèmes du monde, (1632)).

Ce devoir est le premier travail de philosophie de ma vie et je ne sais absolument pas comment m'y prendre. Je n'arrive pas à trouver des pistes de réflexion ni à comprendre comment je dois mener mon travail. 

Pourriez vous m'apporter un peu d'aide ? 

Je vous remercie d'avance...

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Membre, Posté(e)
QuatreEtCinq Membre 1 536 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Affirmer une émotion, c'est très simple.
N'importe quel animal peut le faire, pas besoin de langage.

Affirmer une pensée...
Il faut au moins un alphabet.
Et encore, peu savent se servir d'un tel outil.

Mais quelle drôle d'idée que de vouloir partager ses pensées.
Comme si l'évidence n'était pas la même pour tout le monde.
Encore faudrait-il pouvoir le faire avec des gens absents, et même des inconnus.

En fait, la pensée est une interrogation en soi.
Mais pourquoi s'interroger à plusieurs ?


Tu sais, moi, j'ai beaucoup pensé. Mais tout seul.
Et j'en suis venu à cette conclusion.
Que penser avec les autres, c'est devenir semblables.

Je pense, que quand l'on devient semblables, l'on perd ce qui a le plus de valeur sur cette terre.
C'est quelque chose qui n'a pas de nom.
Moi je l'appelle amour.
Il faudrait l'appeller quelque chose comme "intensité du climat émotionel"
Car effectivement, c'est la diversité des éléments en connexion qui permet d'appeller la vie, et avec elle, son intensité.

Dans un éco-système, plus tu as d'éléments, plus tu as d'éléments.
C'est ainsi que je vois ce qu'ils appellent "croissance"
Moi j'appelle cela le positif, la vie, la diversification.
C'est ce qui se produit dans une politique laxiste et chaotique, comme celle de la nature.

Dans une politique autoritaire, synthétique, comme celle des hommes..
Il y a de moins en moins d'éléments.
De plus en plus de sujets, mais de plus en plus semblables.
C'est l'uniformisation.

Alors, qu'est-ce que bien ou mal penser ?

Moi je pense que bien penser, c'est penser avec ses outils, ses émotions, ses idées.
Pour se définir.
Pour tendre vers l'unique.

Moi je pense que mal penser, c'est penser avec les outils d'un autre, sans émotions, et sans idées.
Pour définir le groupe.
Pour tendre vers l'identique.

Mais ce qui est vraiment très, très drôle...
C'est qui si tu es d'accord avec moi, et que tu aime à t'inspirer de mes pensées...
Alors tu n'es pas d'accord avec moi, et tu deviens identique à moi.

Alors nous perdons ce qu'il y a de plus précieux au monde.
Toi.
 

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Nouveau, 20ans Posté(e)
mmilouu Nouveau 3 messages
Baby Forumeur‚ 20ans‚
Posté(e)
Le 13/11/2021 à 23:51, QuatreEtCinq a dit :

Affirmer une émotion, c'est très simple.
N'importe quel animal peut le faire, pas besoin de langage.

Affirmer une pensée...
Il faut au moins un alphabet.
Et encore, peu savent se servir d'un tel outil.

Mais quelle drôle d'idée que de vouloir partager ses pensées.
Comme si l'évidence n'était pas la même pour tout le monde.
Encore faudrait-il pouvoir le faire avec des gens absents, et même des inconnus.

En fait, la pensée est une interrogation en soi.
Mais pourquoi s'interroger à plusieurs ?


Tu sais, moi, j'ai beaucoup pensé. Mais tout seul.
Et j'en suis venu à cette conclusion.
Que penser avec les autres, c'est devenir semblables.

Je pense, que quand l'on devient semblables, l'on perd ce qui a le plus de valeur sur cette terre.
C'est quelque chose qui n'a pas de nom.
Moi je l'appelle amour.
Il faudrait l'appeller quelque chose comme "intensité du climat émotionel"
Car effectivement, c'est la diversité des éléments en connexion qui permet d'appeller la vie, et avec elle, son intensité.

Dans un éco-système, plus tu as d'éléments, plus tu as d'éléments.
C'est ainsi que je vois ce qu'ils appellent "croissance"
Moi j'appelle cela le positif, la vie, la diversification.
C'est ce qui se produit dans une politique laxiste et chaotique, comme celle de la nature.

Dans une politique autoritaire, synthétique, comme celle des hommes..
Il y a de moins en moins d'éléments.
De plus en plus de sujets, mais de plus en plus semblables.
C'est l'uniformisation.

Alors, qu'est-ce que bien ou mal penser ?

Moi je pense que bien penser, c'est penser avec ses outils, ses émotions, ses idées.
Pour se définir.
Pour tendre vers l'unique.

Moi je pense que mal penser, c'est penser avec les outils d'un autre, sans émotions, et sans idées.
Pour définir le groupe.
Pour tendre vers l'identique.

Mais ce qui est vraiment très, très drôle...
C'est qui si tu es d'accord avec moi, et que tu aime à t'inspirer de mes pensées...
Alors tu n'es pas d'accord avec moi, et tu deviens identique à moi.

Alors nous perdons ce qu'il y a de plus précieux au monde.
Toi.
 

Merci beaucoup pour votre aide et votre réflexion. La fin semble pile dans le sujet... à méditer ;)

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 790 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)
Le 13/11/2021 à 22:57, mmilouu a dit :

Bonsoir, 

J'ai un devoir de philosophie dont le sujet est le suivant: 

penser avec les autres, est-ce renoncer à bien penser?

Pour répondre à la question, je dois m'appuyer sur le texte ci-dessous et je peux rajouter d'autres connaissances.

"SIMPLICIO. — Mais si nous abandonnons Aristote, quel sera donc notre guide en philosophie ? Nommez-moi un auteur.
SALVIATI. — On a besoin d’un guide dans un pays inconnu et couvert de forêts ; à découvert, en plaine, seuls les aveugles en ont besoin ; ceux-là feraient mieux de rester chez eux ; mais, quand on a des yeux, sur le front ou dans l’esprit, il faut s’en servir pour se guider. Je ne dis pas pour autant qu’il ne faille pas écouter Aristote, je loue même ceux qui vont y voir et l’étudient soigneusement, je blâme seulement ceux qui, se livrant à lui en esclaves, souscrivent aveuglément à tout ce qu’il dit, et le tiennent, sans autre raison, pour décret inviolable ! C’est un abus qui entraîne un autre désordre extrême : on ne cherche plus à comprendre la force des démonstrations. Quelle honte, en des disputes publiques portant sur des questions démontrables, d’entendre interrompre un adversaire
pour citer un texte, souvent écrit dans un tout autre but, et lui clore ainsi le bec ? Si vous voulez suivre cette voie, abandonnez le nom de philosophe, déclarez-vous historiens ou docteurs ès mémoire ; que ceux qui ne philosophent jamais n’usurpent pas le titre honoré de philosophe ! Mais il est temps de rejoindre le rivage, sans quoi nous allons nous enfoncer dans un océan infini dont nous ne sortirons pas de la journée. Signor Simplicio, présentez donc des raisons et des démonstrations — les vôtres ou celles d’Aristote —, pas des textes et de simples autorités : nos discussions doivent porter sur le monde sensible, pas sur un monde de papier." (Galilée, Dialogue sur les deux systèmes du monde, (1632)).

Ce devoir est le premier travail de philosophie de ma vie et je ne sais absolument pas comment m'y prendre. Je n'arrive pas à trouver des pistes de réflexion ni à comprendre comment je dois mener mon travail. 

Pourriez vous m'apporter un peu d'aide ? 

Je vous remercie d'avance...

Tu es en plein dans le virage qui a séparé la science de la philosophie dans sa tradition la plus éculée

Simplicio est le représentant d’Aristote qui conceptualise un modèle pour le monde tiré de sa pure intellection avec toutes les erreurs que cela a généré et malgré le génie d’Aristote pour son époque 

Salviati est le représentant de galilée et de la méthode expérimentale ainsi que du pari métaphysique fécond qui a été de postuler que le langage mathématiques était le langage de la nature 

Maintenant, si tu veux répondre à la question posée, écoute ces vidéos sachant que la philosophie, ce n’est pas apprendre à penser par soi-même (définition la plus fausse existante..) mais l’art de donner du sens au travers de ce que d’autres ont davantage et mieux pensé que nous

La science se dissocie dès lors de la philosophie par la conceptualisation mathématique surtout par la vérification expérimentale 

Elle ne donne pas un sens d’ailleurs différent selon la philosophie mais cherche le vrai et répond au comment

 

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Invité hell-spawn
Invités, Posté(e)
Invité hell-spawn
Invité hell-spawn Invités 0 message
Posté(e)

C'est tout simplement une réflexion sur l'esprit critique.

Faut-il penser par soi-meme ou s'en remettre en toute confiance aux "experts" de tout poil, obéir aveuglément aux ordres  ( comme dans l'expérience de Milgram ).

Bref se débarrasser ou non de la responsabilité de penser.

 

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Membre, 8ans Posté(e)
bouddean Membre 11 942 messages
Maitre des forums‚ 8ans‚
Posté(e)

Alors, il y a très longtemps, j'ai trouvé un bouquin de philosophie par terre, dans les premières pages, il y est écrit qu'il faut faire attention de ne pas perdre sa propre pensée en écoutant celle des autres . Puis plus loin , il y a d'écrit ceci :

Si tu as un euro et que j'ai un euro, si nous les échangeons, nous aurons chacun un euro .

Si tu as une idée et que j'ai une idée, si nous les échangeons, nous aurons chacun deux idées .

Penser avec les autres ?

Qu'est ce que ça veut dire ? échanger ses idées ? les comparer ? étudier les différents arguments pour se faire son opinion ?

Mais créer de la pensée, c'est à dire mettre la " machine" dans les conditions qui vont lui permettre de générer elle même sa propre pensée , de trouver et de suivre elle même son propre chemin , cela peut il se faire seul ou cela nécessite t'il un autre ?

Si je prends l'exemple de la colère ou de l'amitié , c'est bien une autre personne qui nous y fait entrer, nos pensées ne seront pas les mêmes selon que nous serons dans l'une ou dans l'autre .

Si tu as une idée et que j'ai une idée, si nous les échangeons, cela ne peut il pas nous en inspirer une troisième ? 

Mais j'ai une question : Si tu t'isoles ,  si tu penses seul, sans les autres, à quoi penses tu ? à quoi me servirait il de penser si j'étais seul sur cette planète ?

l'existence d'un autre ne m'est elle pas finalement nécessaire pour penser ? L'autre n'est il pas le catalyseur qui va me révéler à moi même ce que je suis moi même ? 

 "La pensée ne m'appartient pas mais il m'appartient de penser "

Tiens, demande à ton prof ce qu'il pense de cette phrase ,tu peux te l'approprier si tu le veux, mais je ne te le conseille pas, à moins de  savoir l'expliquer , là oui, elle sera vraiment à toi ,tout comme elle m'est venu de quelqu'un d'autre et alors, tu pourras la faire voyager ... 

Je ne peux pas t'aider pour ton devoir, juste penser  avec toi ,et tu en fais ce que tu en veux . :)

 

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Membre, Talon 1, 79ans Posté(e)
Talon 1 Membre 24 284 messages
79ans‚ Talon 1,
Posté(e)
Le 13/11/2021 à 22:57, mmilouu a dit :

penser avec les autres, est-ce renoncer à bien penser?

Selon Socrate, c'est la dialectique, le dialogue.

Se priver des pensées des autres, c'est tout réinventer par soi-même. C'est contre le progrès et la marque de grande suffisance.

 

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Membre, Explorateur de Nuages, 47ans Posté(e)
Pheldwyn Membre 25 241 messages
47ans‚ Explorateur de Nuages,
Posté(e)
Le 13/11/2021 à 22:57, mmilouu a dit :

Bonsoir, 

J'ai un devoir de philosophie dont le sujet est le suivant: 

penser avec les autres, est-ce renoncer à bien penser?

Pour répondre à la question, je dois m'appuyer sur le texte ci-dessous et je peux rajouter d'autres connaissances.

"SIMPLICIO. — Mais si nous abandonnons Aristote, quel sera donc notre guide en philosophie ? Nommez-moi un auteur.
SALVIATI. — On a besoin d’un guide dans un pays inconnu et couvert de forêts ; à découvert, en plaine, seuls les aveugles en ont besoin ; ceux-là feraient mieux de rester chez eux ; mais, quand on a des yeux, sur le front ou dans l’esprit, il faut s’en servir pour se guider. Je ne dis pas pour autant qu’il ne faille pas écouter Aristote, je loue même ceux qui vont y voir et l’étudient soigneusement, je blâme seulement ceux qui, se livrant à lui en esclaves, souscrivent aveuglément à tout ce qu’il dit, et le tiennent, sans autre raison, pour décret inviolable ! C’est un abus qui entraîne un autre désordre extrême : on ne cherche plus à comprendre la force des démonstrations. Quelle honte, en des disputes publiques portant sur des questions démontrables, d’entendre interrompre un adversaire
pour citer un texte, souvent écrit dans un tout autre but, et lui clore ainsi le bec ? Si vous voulez suivre cette voie, abandonnez le nom de philosophe, déclarez-vous historiens ou docteurs ès mémoire ; que ceux qui ne philosophent jamais n’usurpent pas le titre honoré de philosophe ! Mais il est temps de rejoindre le rivage, sans quoi nous allons nous enfoncer dans un océan infini dont nous ne sortirons pas de la journée. Signor Simplicio, présentez donc des raisons et des démonstrations — les vôtres ou celles d’Aristote —, pas des textes et de simples autorités : nos discussions doivent porter sur le monde sensible, pas sur un monde de papier." (Galilée, Dialogue sur les deux systèmes du monde, (1632)).

Ce devoir est le premier travail de philosophie de ma vie et je ne sais absolument pas comment m'y prendre. Je n'arrive pas à trouver des pistes de réflexion ni à comprendre comment je dois mener mon travail. 

Pourriez vous m'apporter un peu d'aide ? 

Je vous remercie d'avance...

En tous les cas, je suis sacrément accord avec Salviati.

Le 14/11/2021 à 01:02, zenalpha a dit :

Maintenant, si tu veux répondre à la question posée, écoute ces vidéos sachant que la philosophie, ce n’est pas apprendre à penser par soi-même (définition la plus fausse existante..) mais l’art de donner du sens au travers de ce que d’autres ont davantage et mieux pensé que nous

Le texte dit justement l'inverse...

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Membre, Explorateur de Nuages, 47ans Posté(e)
Pheldwyn Membre 25 241 messages
47ans‚ Explorateur de Nuages,
Posté(e)
Le 14/11/2021 à 09:46, Talon 1 a dit :

Selon Socrate, c'est la dialectique, le dialogue.

Se priver des pensées des autres, c'est tout réinventer par soi-même. C'est contre le progrès et la marque de grande suffisance.

Mais en même temps, il ne faut pas s'arrêter à la pensée des autres, ou s'interdire de penser autrement.

Par contre, la pensée des autres est indispensable, du moment que l'on fait aussi l'effort de la comprendre, pas juste de la répéter. Cela permet de voir ce que l'on partage de son argumentation, ce à quoi l'on avait pas pensé, ce sur quoi on se distingue.

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Membre, Explorateur de Nuages, 47ans Posté(e)
Pheldwyn Membre 25 241 messages
47ans‚ Explorateur de Nuages,
Posté(e)
Le 13/11/2021 à 22:57, mmilouu a dit :

Bonsoir, 

J'ai un devoir de philosophie dont le sujet est le suivant: 

penser avec les autres, est-ce renoncer à bien penser?

Pour répondre à la question, je dois m'appuyer sur le texte ci-dessous et je peux rajouter d'autres connaissances.

"SIMPLICIO. — Mais si nous abandonnons Aristote, quel sera donc notre guide en philosophie ? Nommez-moi un auteur.
SALVIATI. — On a besoin d’un guide dans un pays inconnu et couvert de forêts ; à découvert, en plaine, seuls les aveugles en ont besoin ; ceux-là feraient mieux de rester chez eux ; mais, quand on a des yeux, sur le front ou dans l’esprit, il faut s’en servir pour se guider. Je ne dis pas pour autant qu’il ne faille pas écouter Aristote, je loue même ceux qui vont y voir et l’étudient soigneusement, je blâme seulement ceux qui, se livrant à lui en esclaves, souscrivent aveuglément à tout ce qu’il dit, et le tiennent, sans autre raison, pour décret inviolable ! C’est un abus qui entraîne un autre désordre extrême : on ne cherche plus à comprendre la force des démonstrations. Quelle honte, en des disputes publiques portant sur des questions démontrables, d’entendre interrompre un adversaire
pour citer un texte, souvent écrit dans un tout autre but, et lui clore ainsi le bec ? Si vous voulez suivre cette voie, abandonnez le nom de philosophe, déclarez-vous historiens ou docteurs ès mémoire ; que ceux qui ne philosophent jamais n’usurpent pas le titre honoré de philosophe ! Mais il est temps de rejoindre le rivage, sans quoi nous allons nous enfoncer dans un océan infini dont nous ne sortirons pas de la journée. Signor Simplicio, présentez donc des raisons et des démonstrations — les vôtres ou celles d’Aristote —, pas des textes et de simples autorités : nos discussions doivent porter sur le monde sensible, pas sur un monde de papier." (Galilée, Dialogue sur les deux systèmes du monde, (1632)).

Ce devoir est le premier travail de philosophie de ma vie et je ne sais absolument pas comment m'y prendre. Je n'arrive pas à trouver des pistes de réflexion ni à comprendre comment je dois mener mon travail. 

Pourriez vous m'apporter un peu d'aide ? 

Je vous remercie d'avance...

Je ne sais plus si les devoirs de philo se font en thèse/antithèse/synthèse.

Mais il y a plusieurs axes à aborder selon moi.

Penser par les autres, est-ce penser ?

Bref, confier le raisonnement a un autre et ne retenir que le résultat de ses pensées ? Mais cela est-ce seulement penser, oi se retrouver prisonnier de la pensée d'un autre, qui, quel qu'il soit, a sa propre vision des choses. Du coup on n'apporte rien de neuf à la question, on ne fait que l'aborder tel que notre maître à penser. 

Penser par soi même ? Sans les autres ?

Est-ce possible ? Comme le dit le texte, oui... Mais encore faut-il connaitre le terrain. Or, on ne connait du terrain que ce que l'on en voit, son expérience. D'autres peuvent en avoir une autre vision. Connaître des routes qu'on ne connaissait pas où qu'on ne s'imaginait pas. 

Aussi penser seul paraît bien 

Il convient donc de penser par soi meme, mais avec les autres.

Aussi, notre pensée ne peut se construire seule. Elle doit s'alimenter de celle des autres : à la fois ceux qui y ont pensé avant nous (mais il est important d'aller au delà de leurs conclusions, et de comprendre le cheminement, les arguments qui les y ont mené ... et de ne pas forcément y souscrire), et a la fois en confrontant nos arguments (ceux que l'on a compris d'autres ainsi que ceux auxquels on a pensé par soi même) face aux arguments des autres.

Bref, en conclusion que la pensée se forge avec un ensemble de points de vue argumentés (d'où qu'ils viennent, de nous, d'auteurs, ou de contradicteurs), qu'elle s'enrichit par ce biais. 

 

 

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 790 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)
Le 14/11/2021 à 10:02, Pheldwyn a dit :

En tous les cas, je suis sacrément accord avec Salviati.

Le texte dit justement l'inverse...

Non, le texte défend l’expérimentation comme fondement de la connaissance un peu comme le suggère la vidéo de Feynman 

Peu importe ce que pense un auteur même génial si les faits lui donnent tort

En pratique c’est d’ailleurs plus complexe, la théorie ayant parfois "raison contre les faits" parce que les faits sont mal interprétés.

Et le texte dénonce l’argument d’autorité, le manque de sens critique et le conformisme 

En revanche, de par le choix même du dialogue, l’auteur démontre bien que du contraste des pensées émerge son cheminement de pensée

Alors que celui qui ressasse ses certitudes d’habitude n’est plus dans le challenge de l’échange et se trompe lui-même en se gargarisant de son savoir

L’échange est aussi une expérience de pensée à confronter à l’expérience de la vie et dans le domaine scientifique aux expériences naturelles 

Tout système fermé cohérent est limité en complexité, aucun système complexe ne peut démontrer sa propre cohérence 

Nous sommes condamnés à l’échange pour avancer 

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Nouveau, 20ans Posté(e)
mmilouu Nouveau 3 messages
Baby Forumeur‚ 20ans‚
Posté(e)

Merci à tous pour vos réflexions et vos informations qui sont très intéressantes et qui m'aident beaucoup !

 

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Membre, Explorateur de Nuages, 47ans Posté(e)
Pheldwyn Membre 25 241 messages
47ans‚ Explorateur de Nuages,
Posté(e)
Le 14/11/2021 à 11:26, zenalpha a dit :

Non, le texte défend l’expérimentation comme fondement de la connaissance un peu comme le suggère la vidéo de Feynman 

Peu importe ce que pense un auteur même génial si les faits lui donnent tort

En pratique c’est d’ailleurs plus complexe, la théorie ayant parfois "raison contre les faits" parce que les faits sont mal interprétés.

Et le texte dénonce l’argument d’autorité, le manque de sens critique et le conformisme 

En revanche, de par le choix même du dialogue, l’auteur démontre bien que du contraste des pensées émerge son cheminement de pensée

Alors que celui qui ressasse ses certitudes d’habitude n’est plus dans le challenge de l’échange et se trompe lui-même en se gargarisant de son savoir

L’échange est aussi une expérience de pensée à confronter à l’expérience de la vie et dans le domaine scientifique aux expériences naturelles 

Tout système fermé cohérent est limité en complexité, aucun système complexe ne peut démontrer sa propre cohérence 

Nous sommes condamnés à l’échange pour avancer 

Bah cela revient à penser par soi-même (qui ne veut pas dire penser tout seul).

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 790 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)
Le 14/11/2021 à 17:51, Pheldwyn a dit :

Bah cela revient à penser par soi-même (qui ne veut pas dire penser tout seul).

Disons que la proposition de salviati est plus aboutie

Au lieu de  ”simplement” fonder la pensée sur une perception personnelle, elle propose de la mettre à l’épreuve 

A part des raisonnements illogique, rien ne permet de réfuter une thèse philosophique, aucune philosophie n’à une altérité où la pensée pure vient se confronter à la nature.

Pour être "sauvés" de la rhétorique et de la simple opinion substituable à une autre, l'expérience tranche et une seule expérience contraire aux conséquences prévues par la théorie peut la réfuter

Ce que propose Galilée, ce n’est pas seulement penser par soi même (ce qui pour moi ne veut rien dire) ni penser au travers de la considération des autres pensées (la philosophie) mais un couperet salvateur qui tranche dans les discours le vrai du faux par la mise à l’épreuve l’expérience 

Simplicio - simplice - simple en italien

Salviati - salvare - sauver en italien

Penser contre la pensée dominante, c’est efficace si l’expérience contredit la pensée dominante 

Einstein a révolutionné la connaissance du temps et de l’espace mais sa pensée a été nourrie de philosophes, d’un cercle d’amis, de mathématiciens et d’un courant révolutionnaire de son époque 

Je ne sais pas si un être seul a révolutionne quoi que ce soit

Perelman peut être 

 

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 790 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)

"Le but des livres en tout cas des meilleurs n'est pas de vous apprendre quelque chose mais de vous émouvoir ou de vous faire réfléchir"

-> la pensée des autres n'est pas une soupe à boire y compris venant de grands penseurs mais un stimulus capable de vous donner de l'energie pour évoluer voire vous permettre de découvrir 

"On dit souvent que la philosophie, c'est l'art de penser par soi-même et moi je pense que c'est une des définitions les plus fausses de la philosophie"

Si tu veux mon avis personnel, la culture scientifique amenée par le pari métaphysique de Galilée en physique a quelque chose d'unique : sa ppropension a détruire ses propres idées reçues

Elle a donc cette capacité de réfutation par l'expérience au delà de la rhétorique du débat d'idées qui stimule l'opinion

On fait des découvertes philosophique négative par la science en refutant des images du monde bien conçues mais fausses.

La philosophie ne peut pas réfuter une idée reçue, la science c'est le doute fécond

Heidegger nous dit : "la science ne pense pas"

C'est vrai, c'est l'homme qui pense mais la science tranche dans ses pensées et dans les débats d'idées 

Galilée a découvert un outil qui tranche et une méthode unique de prédictions théoriques verifiables

Un cadeau unique 

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 790 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)

En philosophe averti, je m'amuserai à retoquer ton professeur de philosophie qui illustre le thème de la pensée seule et avec les autres par un texte beaucoup plus puissant que cette problématique basique de philosophie 

Il y a eu un long épisode chrétien : adaptant le schéma d'Aristote, la théologie pose que la cause première de tous les phénomènes n'est autre que Dieu tel que le révèlent les textes sacrés.

La finalité reprise par Aristote est un thème de l'organisation de la nature dans un but précis.

Thomas d'Aquin a bousculé les lignes en cherchant à etudier le livre de la nature pour y découvrir l'ordre et l'harmonie du monde en soi, comme une preuve a posteriori de l'existence de Dieu

Et il faut attendre le debut 17eme pour que Galilée remette au goût du jour au travers notamment ce texte la conception platonicienne selon laquelle derrière la beauté et les apparences du monde se cache des formes mathématiques qui ont plus de réalité qu'elle et capables de l'expliquer 

Galilée pousse l'image de la caverne en projetant à notre réalité physique les ombres de la caverne et la véritable réalité comme étant une réalité mathématique fondamentale au dela du jeu rhétorique du langage humain

C'est la puissance de la théorisation mathématiques et de la vérification expérimentale 

Ton maître en reduisant ce texte à la thématique penser seul / penser avec les autres passe totalement a côté du sujet du texte

Dis lui de ma part que je lui donne 0/20 pour la portée illustrative choisie, ca me fera plaisir de penser contre lui

On ne donne pas un premier texte si difficile en se trompant de sujet

C'est comme si pour débattre de l'efficacité de l'équipe de France de football, j'illustrais mon discours par un match de Mike Tyson

On peut mais il s'agit des lors de rater l'essentiel 

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Membre, 8ans Posté(e)
bouddean Membre 11 942 messages
Maitre des forums‚ 8ans‚
Posté(e)
Le 15/11/2021 à 07:06, zenalpha a dit :

"Le but des livres en tout cas des meilleurs n'est pas de vous apprendre quelque chose mais de vous émouvoir ou de vous faire réfléchir"

-> la pensée des autres n'est pas une soupe à boire y compris venant de grands penseurs mais un stimulus capable de vous donner de l'energie pour évoluer voire vous permettre de découvrir 

"On dit souvent que la philosophie, c'est l'art de penser par soi-même et moi je pense que c'est une des définitions les plus fausses de la philosophie"

 

La philosophie des sciences ce n'est pas exactement la même chose que la philosophie ,nous dit il . Pourquoi fait ont de la philosophie ? Pour savoir quoi faire de nos vies ? La philosophie des sciences aurait pour but de savoir quoi faire de sa science ? 

ça devient compliqué de s'exprimer . Qu'est ce que ça veut dire penser avec les autres, penser par les autres ? Est ce que ça veut dire penser comme les autres ? Et penser comme les autres, ce n'est pas forcément mal penser, cela dépend principalement de ce que pensent ces autres .

La joie, la haine , l'amour ou la colère ne seraient ils pas des états de la matière ( des états quantiques ) des états différents, comme le sont l'état liquide ou l'état solide, et qui font que la pensée de la matière est différente selon son état ?La matière ici étant la matière grise .

Une pensée en philosophie simple (pas scientifique) :

Tu ne dois pas tuer .

Pourquoi je ne dois pas tuer ? 

Aujourd'hui, nous pensons à peu près tous que nous ne devons pas tuer . Nous pensons comme ça parce que d'autres ont pensé comme ça avant nous ? Et dans ce cas, penser comme ces autres, c'est ne pas penser soi même ? Ou alors, nous pensons comme ça parce que c'est la loi, et dans ce cas, nous ne le pensons pas . Si vous pensez que vous ne devez pas tuer , pourquoi pensez vous que vous ne devez pas tuer ? 

Les premiers qui ont eu cette pensée, était ce : " Je ne dois pas tuer" ou : " je ne veux pas tuer " ?

La différence entre je ne dois pas et je ne veux pas est fondamentale, dans le premier cas, on ne fait pas quelque chose parce que c'est interdit ,alors qu'on aime peut être ça , dans le deuxième , on ne fait pas quelque chose parce qu'on aime pas le faire, quand on ne veux pas faire quelque chose, c'est qu'on aime pas le faire .

Est ce que vous aimez tuer ? 

La question que je me pose est : dans quel état se retrouve la matière grise lorsqu'on lui impose de faire quelque chose qu'elle n'aime pas ? Triste, en colère , dans l'état de haine ? est ce que ces pensées en seront affectées ?

Mais comment ne faire que ce qu'on aime et comment ne pas faire ce que nous n'aimons pas ? Est possible ? Ah, il faut commencer par savoir ce que nous aimons et ce que nous n'aimons pas .

Bon, je livre ça en vrac à vos réflexions, je me disait que si le but du cours de Klein était de faire lire des livres à ses étudiants, et que le but des livres est de créer une émotion, peut être que cette émotion a pour but de mettre la matière grise dans un état, dans un état ou on comprend le mieux possible les choses et ou on se comprend le mieux soi même .

Si " je ne veux pas tuer" fut la pensée d'un autre, qu'elle devint la loi, aujourd'hui, cette pensée est la mienne : Je ne veux pas tuer , et tant que je ne pense pas comme ça, cela me signale qu'il y a quelque chose qui ne va pas chez moi ,et si pire que tout je le fais , participe à le faire ou accepte que cela se fasse, c'est qu'en premier , j'ai tuer ma propre pensée .

Ma  philosophie des sciences  , je ne veux pas tuer, et je ne veux pas que  ma science tue .

 

 

 

 

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 790 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Hello @bouddean,  je pense qu'a tout état, un regard extérieur est nécessaire y compris pour cet état

Pour le moins, sont nécessaires des points de contact entre un système et un meta système 

Cela permet de specifier le système, de le différencier et aussi de mettre en évidence ses inter relations sans lequel il ne serait tout simplement pas défini.

A la pensée, la philosophie; à la science la philosophie des sciences, a la logique la metalogique, à la condition humaine la psychologie et la spiritualité 

Se trahir je pense, c'est se considérer à la fois complet et cohérent alors que si nous nous coupons de l'extérieur dont la lecture, c'est notre propre identité qui s'atrophie.

Lire des livres est en soi une philosophie 

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Membre, 8ans Posté(e)
bouddean Membre 11 942 messages
Maitre des forums‚ 8ans‚
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Le 16/11/2021 à 08:16, zenalpha a dit :

Hello @bouddean,  je pense qu'a tout état, un regard extérieur est nécessaire y compris pour cet état

Pour le moins, sont nécessaires des points de contact entre un système et un meta système 

Cela permet de specifier le système, de le différencier et aussi de mettre en évidence ses inter relations sans lequel il ne serait tout simplement pas défini.

A la pensée, la philosophie; à la science la philosophie des sciences, a la logique la metalogique, à la condition humaine la psychologie et la spiritualité 

Se trahir je pense, c'est se considérer à la fois complet et cohérent alors que si nous nous coupons de l'extérieur dont la lecture, c'est notre propre identité qui s'atrophie.

Lire des livres est en soi une philosophie 

Ben, là je dois t'avouer que je n'ai pas tout compris mais 

 

Le 16/11/2021 à 08:16, zenalpha a dit :

Pour le moins, sont nécessaires des points de contact entre un système et un meta système 

là, je te reconnais bien :D

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