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Nietzsche et l'humanisme


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L’entrée du mot « humanisme » dans notre langue date de l’année 1882, où il est homologué au Supplément du Littré sous cette double acception : « 1) la culture des humanités ; 2) une théorie philosophique qui rattache les développements historiques de l’humanité à l’humanité elle-même ». Que Nietzsche, qui fut pendant dix ans professeur de langue et de littérature greque à l’Université de Bâle, ait parti lié avec l’humanisme « culture des humanités » ouvre déjà un vaste champ d’investigation à notre enquête. Qu’il ait fait, dès 1870, de la possibilité d’un « ennoblissement de l’homme » l’enjeu majeur de sa réflexion, le désigne de surcroît comme l’un des protagonistes du grand débat qui, de la Renaissance à nos jours, n’a cessé de mettre l’homme en charge de sa propre humanité. Pourtant, quand on lit dans Zarathoustra que « l’homme est quelque chose qui doit être surmonté », on peut se demander si la seconde acception du Supplément du Littré, qui voulait faire de l’humanité de l’homme le télos d’une évolution dont l’homme serait l’agent, n’est pas remise en question par une conception ascendante de la vie emportant l’homme au-delà de l’humain.

https://journals.openedition.org/noesis/382

Nietzsche est-il plus proche de l'humanisme ou d'un anti-humanisme selon vous ?

Si certains structuralistes ont, dans la lignée de toute la gauche communiste d'un Michel Foucault notamment, conclu à la mort de l'Homme, n'ont-ils pas crié victoire un peu facilement ?

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Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 38 422 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
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Le 01/11/2021 à 11:00, Quasi-Modo a dit :

https://journals.openedition.org/noesis/382

Nietzsche est-il plus proche de l'humanisme ou d'un anti-humanisme selon vous ?

Si certains structuralistes ont, dans la lignée de toute la gauche communiste d'un Michel Foucault notamment, conclu à la mort de l'Homme, n'ont-ils pas crié victoire un peu facilement ?

Nietzsche n'était pas vraiment un humaniste.

Michel Foucault non plus, d'ailleurs. La différence, c'est que Foucault, on s'en fout!:p

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Le 01/11/2021 à 11:11, Gouderien a dit :

Nietzsche n'était pas vraiment un humaniste.

Michel Foucault non plus, d'ailleurs. La différence, c'est que Foucault, on s'en fout!:p

C'est ce que je pense aussi. Mais certains n'ont pas l'air convaincus visiblement.

Il exécrait notamment la démocratie et l'égalité qu'il assimilait à l'esprit moutonnier, et aura toujours fait l'apologie d'une forme d'aristocratie.

Mais j'ai tout de même un léger doute : le surhumain n'est-il pas dans le fond l'image du Christ qu'il souhaiterait simplement ressusciter, l'alpha et l'oméga de l'Histoire occidentale, un Dieu fait Homme qui représenterait un type supérieur d'Homme pour guider l'humanité comme le voulait Zarathoustra ?

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system3 Membre 625 messages
Forumeur expérimenté‚
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Le 01/11/2021 à 11:47, Quasi-Modo a dit :

C'est ce que je pense aussi. Mais certains n'ont pas l'air convaincus visiblement.

Il exécrait notamment la démocratie et l'égalité qu'il assimilait à l'esprit moutonnier, et aura toujours fait l'apologie d'une forme d'aristocratie.

Mais j'ai tout de même un léger doute : le surhumain n'est-il pas dans le fond l'image du Christ qu'il souhaiterait simplement ressusciter, l'alpha et l'oméga de l'Histoire occidentale, un Dieu fait Homme qui représenterait un type supérieur d'Homme pour guider l'humanité comme le voulait Zarathoustra ?

A mon avis il y a une mauvaise compréhension du "surhumain" de Nietzsche. Le surhumain n'a pas vocation à "guider", il s'en fout des autres même. Le surhumain qui est un être solitaire ne vit que pour lui et rien que pour lui.

On pourrait parler d'un humanisme nietzschéen dans le sens où Nietzsche lui-même se souci des Hommes, il veut leur montrer le chemin. Donc Nietzsche est humaniste puisqu'il a comme projet de sauver l'humanité. Par contre il ne faut pas confondre le projet de Nietzsche et sa notion de "surhumain" : Le projet de Nietzsche est un projet humaniste mais la figure du "surhumain" ne l'est pas.

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Le 01/11/2021 à 12:17, system3 a dit :

A mon avis il y a une mauvaise compréhension du "surhumain" de Nietzsche. Le surhumain n'a pas vocation à "guider", il s'en fout des autres même. Le surhumain qui est un être solitaire ne vit que pour lui et rien que pour lui.

On pourrait parler d'un humanisme nietzschéen dans le sens où Nietzsche lui-même se souci des Hommes, il veut leur montrer le chemin. Donc Nietzsche est humaniste puisqu'il a comme projet de sauver l'humanité. Par contre il ne faut pas confondre le projet de Nietzsche et sa notion de "surhumain" : Le projet de Nietzsche est un projet humaniste mais la figure du "surhumain" ne l'est pas.

Source ?

Tout ce que je constate c'est que selon les interprétations, Nietzsche sera un avatar de l'humanisme, et selon d'autres interprétations, non.

Peut-être aussi qu'il faudrait bien voir ce qui, dans la philosophie de Nietzsche, aura inspiré le nazisme qui, c'est le moins qu'on puisse dire, est tout sauf un humanisme. Je ne pense pas que la philosophie Nietzschéenne soit totalement innocente de sa propre récupération. Ou à tout le moins il faut voir en quoi elle permet l'interprétation qu'en firent les nazis.

On voit bien que le transhumanisme s'inspire du surhumain notamment pour promouvoir sa doctrine.

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system3 Membre 625 messages
Forumeur expérimenté‚
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Le 01/11/2021 à 12:31, Quasi-Modo a dit :

Source ?

Franchement j'ai rien inventé :

1- Le surhumain de Nietzsche est un être solitaire. Ce n'est certainement pas le führer ni un playboy.

2- Nietzsche veut sauver l'humanité et tire la sonnette d'alarme, autrement il n'aurait pas écrit tous ses livres et tout ce qu'il a raconté là dedans.

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Totolasticot Membre 826 messages
Forumeur accro‚
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le nietzsche que j'ai lu admirait montaigne et plaidait pour une nouvelle renaissance basée sur le modèle de l'antiquité grecque.

par contre la pitié, la compassion, la fameuse empathie est quelque chose qu'il faut surmonter parce qu'on a fait trop de mal au nom de l'amour du prochain en ne se maîtrisant pas.

ainsi la plupart du temps sauf à de rares périodes de l'histoire la société végète car on privilégie les vivants, notamment des êtres superflus, au détriment des générations futures et des êtres supérieurs.

c'est sa terrible idée, assez contre-intuitive mais pas tellement en fait, celle volontiers passée sous silence, que son bon amour des hommes le fait passer pour le vilain de l'histoire, le nazi.

les réacs l'aiment bien car il passe à la moulinette les idées modernes (socialisme, féminisme, idée d'égalité).

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Invité Quasi-Modo
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Posté(e)
Le 01/11/2021 à 12:37, system3 a dit :

Franchement j'ai rien inventé :

1- Le surhumain de Nietzsche est un être solitaire. Ce n'est certainement pas le führer ni un playboy.

2- Nietzsche veut sauver l'humanité et tire la sonnette d'alarme, autrement il n'aurait pas écrit tous ses livres et tout ce qu'il a raconté là dedans.

Je veux bien, mais ta source ?

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En quoi selon toi l'avènement du surhumain représenterait-il donc "un chemin" que devrait suivre l'humanité selon ta lecture de Nietzsche ?

J'ai lu que si Nietzsche déconstruit le christianisme qu'il a en horreur, il ne s'attaque pas à la figure du Christ qu'il considère en assez haute estime. Et effectivement, l'apparition de la psychanalyse et sa mise en avant de la sexualité, ainsi que sa filiation avec Nietzsche, permet de comprendre le lien entre Dieu, la métaphysique et le sexe, faisant du surhumain un avatar du christ. Pour moi c'est assez évident.

Nietzsche ne se serait jamais remis de la mort de son père lors de sa phase d'Oedipe, et il chercherait inconsciemment, à travers le concept de surhumain de sa philosophie, à le ressusciter.

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Membre, Posté(e)
system3 Membre 625 messages
Forumeur expérimenté‚
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Le 01/11/2021 à 12:46, Quasi-Modo a dit :

Je veux bien, mais ta source ?

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Le 01/11/2021 à 12:37, Totolasticot a dit :

son bon amour des hommes le fait passer pour le vilain de l'histoire, le nazi.

Que dire... si ce n'est que c'est injuste ? Je pense qu'il faut mettre les choses dans leurs contexte. On ne doit pas juger Nietzsche l'homme philosophe du 19eme siècle avec notre regard contemporain.

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Membre, 38ans Posté(e)
Marcaurelius Membre 27 messages
Forumeur balbutiant‚ 38ans‚
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Le 01/11/2021 à 12:51, Quasi-Modo a dit :

J'ai lu que si Nietzsche déconstruit le christianisme qu'il a en horreur, il ne s'attaque pas à la figure du Christ qu'il considère en assez haute estime. Et effectivement, l'apparition de la psychanalyse et sa mise en avant de la sexualité, ainsi que sa filiation avec Nietzsche, permet de comprendre le lien entre Dieu, la métaphysique et le sexe, faisant du surhumain un avatar du christ. Pour moi c'est assez évident.

Il a peut être une assez haute estime de la figure du Christ qu'il considère comme le seul vrai Chrétien, mais pour lui sa passion sur la croix est la quintessence de la passivité dans la moral Chrétienne, qui amène au nihilisme mortifère pour l'humanité. C'est le symbole ultime des valeurs et de cette morale qui sont pour lui basé sur le ressentiment, de la pitié qui juge la vie d'un point de vue pessimiste. La pitié qui met en valeur un sentiment entretenant la misère humaine et rendant l'existence plus malheureuse que ce qu'elle pourrait être, elle est pour lui une négation de la vie.

Le 01/11/2021 à 12:31, Quasi-Modo a dit :

Peut-être aussi qu'il faudrait bien voir ce qui, dans la philosophie de Nietzsche, aura inspiré le nazisme qui, c'est le moins qu'on puisse dire, est tout sauf un humanisme. Je ne pense pas que la philosophie Nietzschéenne soit totalement innocente de sa propre récupération. Ou à tout le moins il faut voir en quoi elle permet l'interprétation qu'en firent les nazis.

Le premier traité du livre "La généalogie de la morale" de Nietzsche dépeint en partie sa théorie sur la morale d'esclave, ou il s'en prend en grande partie aux Juifs sacerdotal qu'il qualifie de prêtres du ressentiment. (Le ressentiment amène selon lui le faible à créer une morale, c'est-à-dire la condamnation de la liberté et de l'affirmation de soi du puissant, il est donc origine de la morale.)

Il qualifie le peuple Juif d'hommes dénués de puissance qui se sont servi de cette morale de faible pour prendre le pouvoir sur les aristocrates qui se qualifiaient eux mêmes de bons, de nobles, de puissants en bref d'aimés de Dieu...  en renversant les échelles de valeurs par la déclamation que les VRAIS bons sont les êtres sans puissance, les malheureux, les souffrants, les infirmes, les laids, etc ... et que les méchants, les cruels sont les nobles et les puissants qui ne font pas l'approbation de Dieu et qui finiront maudit et damnés dans l'au delà. Il dit que le judaïsme est emplie de haine et de vengeance, et que cette morale d'esclave qui est mortifère à l'humanité, prendrait racine dans cette religion .

Nietzsche est cru et on pourrait même dire vindicatif dans ses propos. On pourrait clairement prendre cela comme de l’antisémitisme à la première lecture, mais en fait il s'en prend plutôt au système sacerdotale Judaïque que au peuple Juif lui même. Alors que les nazis ont englobé tout le peuple Juif comme une menace pour le peuple Allemand, voir l'humanité entière.

En tout cas on peut imaginer que la mauvaise interprétation de la philosophie Nietzschéenne sur la morale d'esclave est pu inspiré le nazisme (et surtout Hitler avec "mein kampf" que je n'ai pas lu)  et provoqué par la suite ce torrent de haine durant la seconde guerre mondiale. Hitler s'est surement vu comme une représentation du surhomme de Nietzsche, lui étant homme d'action vénérant la noble figure de napoléon, face aux êtres du ressentiment, adepte de la passivité et de la lâcheté.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)
Le 01/11/2021 à 22:29, Marcaurelius a dit :

Il a peut être une assez haute estime de la figure du Christ qu'il considère comme le seul vrai Chrétien, mais pour lui sa passion sur la croix est la quintessence de la passivité dans la moral Chrétienne, qui amène au nihilisme mortifère pour l'humanité. C'est le symbole ultime des valeurs et de cette morale qui sont pour lui basé sur le ressentiment, de la pitié qui juge la vie d'un point de vue pessimiste. La pitié qui met en valeur un sentiment entretenant la misère humaine et rendant l'existence plus malheureuse que ce qu'elle pourrait être, elle est pour lui une négation de la vie.

Le premier traité du livre "La généalogie de la morale" de Nietzsche dépeint en partie sa théorie sur la morale d'esclave, ou il s'en prend en grande partie aux Juifs sacerdotal qu'il qualifie de prêtres du ressentiment. (Le ressentiment amène selon lui le faible à créer une morale, c'est-à-dire la condamnation de la liberté et de l'affirmation de soi du puissant, il est donc origine de la morale.)

Il qualifie le peuple Juif d'hommes dénués de puissance qui se sont servi de cette morale de faible pour prendre le pouvoir sur les aristocrates qui se qualifiaient eux mêmes de bons, de nobles, de puissants en bref d'aimés de Dieu...  en renversant les échelles de valeurs par la déclamation que les VRAIS bons sont les êtres sans puissance, les malheureux, les souffrants, les infirmes, les laids, etc ... et que les méchants, les cruels sont les nobles et les puissants qui ne font pas l'approbation de Dieu et qui finiront maudit et damnés dans l'au delà. Il dit que le judaïsme est emplie de haine et de vengeance, et que cette morale d'esclave qui est mortifère à l'humanité, prendrait racine dans cette religion .

Nietzsche est cru et on pourrait même dire vindicatif dans ses propos. On pourrait clairement prendre cela comme de l’antisémitisme à la première lecture, mais en fait il s'en prend plutôt au système sacerdotale Judaïque que au peuple Juif lui même. Alors que les nazis ont englobé tout le peuple Juif comme une menace pour le peuple Allemand, voir l'humanité entière.

En tout cas on peut imaginer que la mauvaise interprétation de la philosophie Nietzschéenne sur la morale d'esclave est pu inspiré le nazisme (et surtout Hitler avec "mein kampf" que je n'ai pas lu)  et provoqué par la suite ce torrent de haine durant la seconde guerre mondiale. Hitler s'est surement vu comme une représentation du surhomme de Nietzsche, lui étant homme d'action vénérant la noble figure de napoléon, face aux êtres du ressentiment, adepte de la passivité et de la lâcheté.

Toute la « généalogie de la morale » est une attaque contre le judaïsme et le peuple juif dans son ensemble présenté comme un peuple d’esclaves animé par le ressentiment, ressentiment qui aurait subverti les valeurs héroïques de l’aristocratie.

Nietzsche écrit notamment : « Tout ce qui a été fait sur terre contre les notables, les puissants, etc. ne mérite pas qu’on en parle en comparaison de ce que les Juifs ont fait contre eux ».Plus loin : « Ce sont les Juifs qui avec une logique terrifiante ont osé s’opposer à l’équation aristocratique des valeurs bon = noble = puissant = beau = heureux = aimé de Dieu, et la renverser »

Le but de Nietzsche néanmoins c’est de s’attaquer in fine au christianisme après avoir pris soin d’avilir le peuple Juif comme peuple de la haine et du ressentiment. Ainsi il écrit plus loin : « Qui a vaincu : Rome ou la Judée ? Cela ne fait aucun doute. Devant quel symbole de toutes les valeurs suprêmes on se prosterne aujourd’hui, à Rome même et sur la moitié de la terre » On se prosterne « devant trois Juifs et devant une Juive », Jesus, Pierre, Paul et Marie. Plus loin encore : « la Judée remporta une nouvelle victoire sur l’idéal classique avec la Révolution française. La dernière noblesse politique qui subsistât en Europe ( la noblesse française) s’effondra sous le coup des instincts populaires du ressentiment »

La thèse de Nietzsche c’est donc que le christianisme et la Révolution française sont la manière par laquelle les Juifs introduisent dans la société occidentale leurs valeurs d’esclaves : ressentiment, régression, déclin de l’homme.

Son livre n’est donc pas seulement une charge portée contre le judaïsme mais aussi une charge portée contre le christianisme et la Révolution française, mouvements religieux et politique animé par l’esprit juif de bassesse lui-même inspiré par de bas instincts.

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system3 Membre 625 messages
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En même temps Nietzsche a écrit noir sur blanc qu'il détestait les antisémites et leur idéologie jusqu'à dans sa propre famille. Aussi il ne pouvait qu'admirer Jésus, l'homme qui grâce à une "volonté de puissance" la plus intense qui soit a pu changer la face du monde même si pour Nietzsche le motif poursuivi par Jésus n'était pas le bon. Enfin, il a passé pas mal de temps en France, à Nice notamment, et il admirait la cuisine française tout en méprisant son propre peuple "mangeur de soupe et de patates".

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Membre, 38ans Posté(e)
Marcaurelius Membre 27 messages
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Le 02/11/2021 à 00:45, system3 a dit :

En même temps Nietzsche a écrit noir sur blanc qu'il détestait les antisémites et leur idéologie jusqu'à dans sa propre famille.

Oui effectivement je me suis renseigné, il détestait bien les antisémites qu'il mettait dans le même panier que les gens du ressentiment, à cause de leur haine et de leurs désirs de vengeance qui était contraire à sa théorie de la volonté de puissance. Il méprisait aussi ceux qui se disait d'une race supérieur. C'est d'ailleurs pour cela qu'il s'est retiré de la compagnie de Richard Wagner qui prônait l’antisémitisme et les valeurs d'une race Allemande forte au-dessus des autres, valeurs qui ont été repris par Hitler pour créer le nazisme.

Mais en fait le vrai coupable dans cette histoire est la sœur de Nietzsche qui a vécu une grande partie de sa vie auprès de lui, et surtout les dix dernières années avant sa mort ou ce pauvre Nietzsche sombra dans la folie la plus totale, couplé d'un mutisme quasi complet et en état végétatif. Sa sœur s'occupera de lui jusqu'à la fin mais avec une idée sournoise derrière la tête.

il faut savoir que sa sœur était proche de wagner et s'était marié avec un antisémite notoire Bernard Förster. Ils sont allés tout deux fondé une colonie au Paraguay la "Nueva Germania" une sorte de lieu d'exil pour aryen Germanique, qui fort heureusement a été un fiasco total (son mari ira jusqu’à s’ôter la vie, ce qu'elle maquillera en accident pour étouffer la débâcle du projet). Les prises de positions politique et sociale douteuse de Elizabeth Förster-Nietzsche ont fait que Nietzsche coupa les ponts avec elle un peu avant qu'elle partit au Paraguay, elle voulait qu'il vienne avec lui, ce qu'il a bien sur refuser.

C'est à son retour en Allemagne qu'elle se servit de l'état de folie de son frère pour se rapprocher de lui et s'accaparer la tutelle de ses œuvres. Elle fonda le Nietzche-archiv, sorte de musée ou sont archivé les œuvres de son frère. Elle ira même jusqu’à organiser des pèlerinage dans toute l'Europe pour que les gens viennent voir et prennent des photos de Nietzsche qui n'était plus conscient de rien. Elle s'est grandement enrichi et à obtenu une grande renommée en Allemagne grâce à cela. Elle falsifia des lettres de son frère pour faire croire aux gens que leur relation était saine et aimante, jusqu'à la falsification suprême : elle sorti "la volonté de puissance" un an après la mort de Nietzsche. Un recueil de bouts de pensées qu'il avait mis par écrit et qui n'avait pas pour but d'être publié tel quel, qu'elle a recompilé et structuré. Ce qui était censé être un projet avorté, elle le présenta comme son œuvre principale, qu'elle pervertit en y mettant en avant des idées centrales notamment en faveur de l’antisémitisme et d'une certaine exacerbation de l'identité Allemande.

C'est en particulier ce livre qui a inspiré Hitler et le nazisme. Hitler a même été invité au Nietzsche-archiv et assista au funéraille en 1930 d'Elizabeth. Elle fut un soutien idéologique plutôt majeur en faveur du nazisme de son vivant.

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  • 3 semaines après...
Invité Quasi-Modo
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Nietzsche, en prétendant que la démocratie ou l'égalité n'étaient que l'émanation de l'esprit de troupeau, et en prenant le parti du fort et de l'immoralisme face à la morale égalitaire du faible dont il prétend qu'il perdrait le combat direct face au fort, et tente donc de l'emporter par la ruse, en le désignant comme mauvais, tout en faisant de nécessité vertu, et en se désignant lui-même comme bon.Le faible tenterait de l'emporter sur le fort par le biais de la loi égalitaire, par le tribunal des lois humaines, par le christianisme, etc. ce qui préfigure bien le nazisme qui n'était rien d'autre fondamentalement qu'une forme de darwinisme social exterminateur, avec une passion de la hiérarchie et l'idée que les êtres étaient naturellement inégaux en dignité, le nazisme étant dévoué à créer une race d'êtres supérieurs qui régneraient sur le reste de la société ou du monde par tous les moyens possibles, et qui auraient tous les droits d'écraser ou exterminer les "faibles". Il n'est pas difficile de voir comment Nietzsche, en détestant la démocratie, l'humanisme, en prenant le parti du fort face au faible, et en proclamant la venue du surhumain, fût idéologiquement un allié de poids pour les nazis. Son projet de société avait beaucoup de similitudes avec celui du parti nazi, le racisme et l'antisémitisme en moins. La seule différence avec le nazisme étant fondamentalement que ce dernier va cristalliser la question du fort/faible et du surhumain en termes de races supérieures/inférieures et d'antisémitisme.

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system3 Membre 625 messages
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Le 20/11/2021 à 13:28, Quasi-Modo a dit :

Nietzsche, en prétendant que la démocratie ou l'égalité n'étaient que l'émanation de l'esprit de troupeau, et en prenant le parti du fort et de l'immoralisme face à la morale égalitaire du faible qui perdrait le combat direct face au fort, et tente donc de l'emporter par la ruse, en le désignant comme mauvais, tout en faisant de nécessité vertu, et en se désignant lui-même comme bon, par le biais de la loi, par le tribunal des lois humaines, par le christianisme, etc. préfigure bien le nazisme qui n'était rien d'autre fondamentalement qu'une forme de darwinisme social exterminateur, avec une passion de la hiérarchie et l'idée que les êtres étaient naturellement inégaux en dignité, le nazisme étant dévoué à créer une race d'êtres supérieurs qui régneraient sur le reste de la société ou du monde par tous les moyens possibles, et qui auraient tous les droits d'écraser ou exterminer les "faibles". Il n'est pas difficile de voir comment Nietzsche, en détestant la démocratie, l'humanisme, en prenant le parti du fort face au faible, et en proclamant la venue du surhumain, fût idéologiquement un allié de poids pour les nazis, tandis que son projet de société avait beaucoup de similitudes avec celui du parti nazi, le racisme et l'antisémitisme en moins, la seule différence avec le nazisme étant fondamentalement que ce dernier va cristalliser la question du fort et du surhumain en termes de race et d'antisémitisme.

Oui je crois que tu as raison même si je ne veux pas me prononcer plus sur la relation des idées de Nietzsche avec les nazis, je pense qu'il y a beaucoup à dire...

Par contre ce qui me frappe c'est qu'en réalité la morale n'est pas uniquement une question "folkloriquement" relevant du domaine du sacré. Bien au contraire il est aujourd'hui clairement établi que la morale était depuis tout le temps un élément crucial à la survie de l'espèce humaine. Car l'homme contrairement aux autres animaux possède une conscience et cela fait qu'en plus d'une adaptation et d'une évolution purement biologique il a aussi besoin d'évoluer sur le plan de la conscience et le développement de la morale est un des piliers de cet aspect de son évolution. La morale est le garant de la survie de l'espèce humaine. Or il semble que Nietzsche n'a pas du tout vu cet aspect vital de la morale des hommes.

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Invité Quasi-Modo
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Posté(e)
Le 20/11/2021 à 14:39, system3 a dit :

Oui je crois que tu as raison même si je ne veux pas me prononcer plus sur la relation des idées de Nietzsche avec les nazis, je pense qu'il y a beaucoup à dire...

Par contre ce qui me frappe c'est qu'en réalité la morale n'est pas uniquement une question "folkloriquement" relevant du domaine du sacré. Bien au contraire il est aujourd'hui clairement établi que la morale était depuis tout le temps un élément crucial à la survie de l'espèce humaine. Car l'homme contrairement aux autres animaux possède une conscience et cela fait qu'en plus d'une adaptation et d'une évolution purement biologique il a aussi besoin d'évoluer sur le plan de la conscience et le développement de la morale est un des piliers de cet aspect de son évolution. La morale est le garant de la survie de l'espèce humaine. Or il semble que Nietzsche n'a pas du tout vu cet aspect vital de la morale des hommes.

Totalement vrai. La morale est liée au sens, aux valeurs et à la métaphysique, et c'est un besoin chez l'être humain. C'est une illusion occidentaliste, comme je le développe dans mon autre sujet sur l'utilitarisme, de penser que la morale puisse être utilitariste, car ce serait faire complètement fi de la nature humaine et de ses valeurs morales dans ce qu'elles ont de plus profond. Non seulement l'Homme fait de la métaphysique comme il respire, mais le besoin de sens est un besoin vital qui met en jeu notre intégrité mentale et physique.

En revanche, le cadre de pensée néo-libéral et nietzschéen est intéressant à étudier, car je pense que Heidegger a bien vu à quel point notre époque actuelle du capitalisme libéral mondialisé n'était que l'émanation de la métaphysique Nietzschéenne (et il ajoutait que Nietzsche était le dernier métaphysicien). Cela a été repris par exemple dans Jacques Ellul et sa description du système technicien, avec la thèse de l'autonomie de la technique qui va complètement contre l'idée de l'instrumentalisme technique.

Je m'explique. Le monde de la technique suivrait son propre développement de façon totalement indépendante de la volonté des Hommes selon son impératif que ce qui peut être fait doit être fait par le truchement de la compétition internationale acharnée. C'est le contraire de l'idée de l'instrumentalisme technique qui exprime que la technique n'est qu'un instrument et qu'il nous suffirait de nous saisir politiquement des enjeux qu'elle pose pour reprendre le contrôle de la mondialisation et de la société.

Non, la mondialisation est inarrêtable, quoiqu'il en coûte et quoiqu'il arrive. Peut-être que la solution de retrait social optée par Heidegger avec son concept de Gelassenheit (laisser exister le monde et se retirer) est la meilleure dans le fond. Je l'ignore. Mais elle impliquerait de cesser de chercher le sens dans une forme d'éthique bouddhiste qui ne dit pas son nom, ce qui est contraire à ce que nous sommes profondément.

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Invité hell-spawn
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Invité hell-spawn
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Le 01/11/2021 à 11:00, Quasi-Modo a dit :

https://journals.openedition.org/noesis/382

Nietzsche est-il plus proche de l'humanisme ou d'un anti-humanisme selon vous ?

Si certains structuralistes ont, dans la lignée de toute la gauche communiste d'un Michel Foucault notamment, conclu à la mort de l'Homme, n'ont-ils pas crié victoire un peu facilement ?

Pas vraiment un humanisme puisque pour lui l'homme est quelque chose qui doit être surmonté, les bons sentiments, la morale, sont les armes des faibles selon N., il essaye toujours de voir ce qu'il y a derriere.

Sa réflexion consiste  a déterminer ce qui permet le plein développement de l'homme, ce qui maximise son potentiel.

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Invité Quasi-Modo
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Invité Quasi-Modo
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Mais précisément puisque la morale est un besoin quasi-physiologique ou biologique, et que Nietzsche était bien un être humain, je pense qu'il est assez clair que le surhumain n'est que le prototype du Christ, dont il est convenu qu'il fût le premier humaniste. Il avait donc des préoccupations morales, malgré son apologie de l'immoralisme.

Probablement qu'il faut surtout comprendre la recherche du surhumain de Nietzsche comme la volonté individuelle de devenir semblable au Christ, et donc d'incorporer toutes les valeurs. Nietzsche défendait les forces actives contre les forces réactives, mais n'oublions pas que vouloir détruire ou défaire les forces réactives ne serait qu'une réaction, tandis que comme il l'exprime lui-même, la spiritualisation lui permet de souhaiter longue vie à ses ennemis, et d'intégrer corporellement la nécessité des antagonismes.

Je pense que Nietzsche était contre l'humanisme, comme Stirner est contre l'humanisme. Parce que c'est selon lui une idole et un symptôme du nihilisme, mais il disait aussi que son ennemi était celui qui ne voulait pas se créer soi-même, c'est-à-dire créer de nouvelles valeurs. Toute l'entreprise nietzschéenne peut être vue comme la volonté d'incarner le Christ, de devenir le Christ, sans que cela lui soit imposé de l'extérieur par ce qu'il appellerait des forces réactives et nihilistes. Il faut que les valeurs auxquelles le surhumain adhère soient une création et qu'elles viennent de l'intérieur, voilà pourquoi il dénonce la moraline, mais cela ne signifie pas qu'il ait de réelles accointances avec le nazisme pour autant, ni qu'il n'ait aucune valeur morale.

Le Christ sur la croix n'a plus aucun ressentiment, à l'image du surhumain : il pardonne à ceux dont il sait qu'ils vont le tuer, dans un mouvement d'amour universel, après avoir porté en lui "tous les péchés du monde", c'est-à-dire en ayant internalisé et spiritualisé toutes les valeurs, affirmatives comme négatives, actives comme réactives, et incarner cette unité du tout Autre pour sauver l'humanité, ce qui vaudra cette remarque de Saint Paul : "Il n'y a plus ni homme, ni femme, ni juif, ni non-juif, etc..".

Finalement le débat reste ouvert, mais à la réflexion, Nietzsche ne voulait que spiritualiser, internaliser, incorporer au sens biologique les valeurs antagonistes pour transfigurer les valeurs dans le grand style, et devenir le Christ qui est avant tout un humaniste. Il ne dénonce le faible que parce qu'il est destructeur et mesquin, mais il n'y a pas de volonté particulière de le dominer ou de l'exterminer de la part du fort ou du surhumain, contrairement à ce qu'ont fait les nazis. Je crois surtout que les nazis qui s'en sont inspirés ne l'ont pas compris, même si l'erreur d'interprétation est tout à fait intelligible et compréhensible, et que certains d'entre nous ont d'ailleurs fait la même. Il disait lui-même que son ennemi est celui qui ne veut pas se créer soi-même, donc créer ces nouvelles valeurs.

C'est ce qui permet de comprendre qu'il détestait le christianisme mais qu'il admirait le Christ. Il voulait devenir à son image en incorporant par lui-même et en lui-même ses valeurs. Comme n'importe quel chrétien finalement.

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