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L'origine de la morale


system3

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Le 19/09/2021 à 20:14, CAL26 a dit :

Cette démarche est progressive parce qu'elle s'appuie notamment sur nos réseaux cérébraux de neurones miroirs. Ainsi les animaux sont plus respectés qu'il y a seulement un siècle parce que la science a pu observer une sensibilité (en termes de souffrance physique ou psychique) semblable à l'Homme, d'abord chez tous les mammifères et ensuite chez la plupart des animaux. Par ailleurs tous signes de souffrance détectés sans aide même de la science interpellent notre base neurale de l'empathie qui incite à interrompre ou faire interrompre cette souffrance chez un semblable être vivant.

Nos réseaux de neurones miroirs sont bien au contraire intrinsèquement liés à la violence et à l'immoralité car comme l'a bien vu René Girard, le désir mimétique est la source de la rivalité et de la violence. Les neurones miroirs n'ont jamais empêché la moindre violence, bien au contraire, c'est à cause d'eux que la violence arrive. Il est donc pour le moins gonflé de justifier la morale par l'existence des neurones miroirs qui, s'ils sont bien présents en chacun comme le démontre la biologie, ne permettraient en aucun cas d'expliquer pourquoi certaines personnes agissent de manière immorale : à t'écouter nous devrions tous être des saints parce que nous serions câblés pour ça.

Simplement, l'égale dignité morale de tous est indéfendable dans une perspective purement athée et matérialiste, car ou bien elle prétendra s'appuyer sur une qualité présente chez certains mais pas chez tous, fondant du même coup la supériorité morale inaliénable des uns par rapport aux autres (comme cela se voit chez ceux qui font de l'autonomie la valeur suprême, proclamant la nécessité de l'euthanasie comme un droit des personnes dépendantes ou mourantes, puisque leur vie de personne dépendante ne vaudrait plus rien et le meurtre deviendrait donc autorisé), ou bien cette qualité sera inéquitablement distribuée parmi les individus, par exemple la capacité à ressentir des émotions ou sensibilité, ou la capacité de raisonnement ou la raison, dont on ne voit pas dès lors ce qui empêcherait de considérer que les gens plus hypersensibles ou les gens plus rationnels/intelligents seraient davantage dignes que les autres, avec donc une valeur morale supérieure.

De plus la réciprocité est inexistante avec les animaux : jamais ils ne pourront exercer certains droits comme la possibilité de porter plainte, de voter ou de porter témoignage. Ils ne pourront jamais nous rendre la pareille dans un échange social, et dans l'optique où chacun aurait le même droit à la vie et à la sûreté, nous leur autoriserions même ce que nous même nous interdirions, à savoir tuer d'autres animaux. Cette perspective bobo-vegan me paraît sans issue et profondément fallacieuse, même si il faut concéder que nous consommons beaucoup trop de viande dans nos pays occidentaux modernes. En bref, jamais les animaux n'auront les mêmes droits que nous, pour la simple et bonne raison que la réciprocité, qui est la base de la vie sociale et morale, est impossible avec les animaux, et qu'ils ne seraient tout simplement pas capables d'exercer leurs droits. Cela met donc dans la perspective paradoxale de proclamer à la fois l'Homme égal et inférieur aux animaux, ce qui est intrinsèquement contradictoire. C'est pourquoi beaucoup d'animalistes sont aussi misanthropes : ils considèrent l'être humain inférieur aux animaux, et militent en faisant comme si les animaux étant les égaux des Hommes, ils devraient bénéficier d'une égale dignité qu'il nous est impossible de leur accorder de part la nature des échanges que nous pouvons avoir avec eux.

Je constate simplement que tu as d'énormes préjugés envers les religions et les croyants, ce qui t'empêche de voir l'évidence qu'il n'y aura jamais cohérence du groupe dans le déni des origines religieuses et chrétiennes de notre civilisation. L'être humain est ainsi, il se demande d'où il vient, ce qui lui permet de savoir qui il est, et lui permet de déterminer où aller. De nos jours nous ne savons plus d'où nous venons car il y a déni des racines chrétiennes de la France, donc nous ne savons plus qui nous sommes ce qui cause des préoccupations identitaires à beaucoup, et nous ne savons donc plus où aller, ce qui se caractérise par le libéralisme mondialisé le plus aveugle et dérégulé qui soit.

Seule la réconciliation avec nos origines et nos enracinements pourront espérer peut-être des lendemains meilleurs, comme sauver la planète également. Il faut bien du mortier pour construire un mur, les briques (les individus) ne suffisent pas. D'ailleurs si au fond de ton âme tu éprouves que nous sommes tous égaux en dignité, en dépit de toute rationalité et de toute objectivité liée aux inégalités de compétences, de capacités et de situations de chacun, cela ne démontre qu'une seule chose : tu es chrétien sans le savoir.

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Membre, 51ans Posté(e)
CAL26 Membre 6 624 messages
Maitre des forums‚ 51ans‚
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il y a une heure, Quasi-Modo a dit :

Nos réseaux de neurones miroirs sont bien au contraire intrinsèquement liés à la violence et à l'immoralité car comme l'a bien vu René Girard, le désir mimétique est la source de la rivalité et de la violence. Les neurones miroirs n'ont jamais empêché la moindre violence, bien au contraire, c'est à cause d'eux que la violence arrive. Il est donc pour le moins gonflé de justifier la morale par l'existence des neurones miroirs qui, s'ils sont bien présents en chacun comme le démontre la biologie, ne permettraient en aucun cas d'expliquer pourquoi certaines personnes agissent de manière immorale : à t'écouter nous devrions tous être des saints parce que nous serions câblés pour ça.

Simplement, l'égale dignité morale de tous est indéfendable dans une perspective purement athée et matérialiste, car ou bien elle prétendra s'appuyer sur une qualité présente chez certains mais pas chez tous, fondant du même coup la supériorité morale inaliénable des uns par rapport aux autres (comme cela se voit chez ceux qui font de l'autonomie la valeur suprême, proclamant la nécessité de l'euthanasie comme un droit des personnes dépendantes ou mourantes, puisque leur vie de personne dépendante ne vaudrait plus rien et le meurtre deviendrait donc autorisé), ou bien cette qualité sera inéquitablement distribuée parmi les individus, par exemple la capacité à ressentir des émotions ou sensibilité, ou la capacité de raisonnement ou la raison, dont on ne voit pas dès lors ce qui empêcherait de considérer que les gens plus hypersensibles ou les gens plus rationnels/intelligents seraient davantage dignes que les autres, avec donc une valeur morale supérieure.

 

Ce que je trouve gonflé c'est de me répondre sur une partie de mon développement en occultant ce qui a précédé cette partie :

Le 19/09/2021 à 20:14, CAL26 a dit :

La dignité humaine est forcément une convention : elle nait puis fluctue de et par la société dans son ensemble.

La révolution française a affranchi brutalement notre pays des degrés de dignité attribués par la religion dès la naissance à des privilégiés et tous les hommes ont par leur naissance bénéficié d'une égalité et d'une liberté.

Donc le droit ou la convention nous attribue à l'avance, et quelle que soit nos singularités, une égale dignité. Ainsi parce que nous sommes humains nous sommes à notre naissance considérés comme des semblables, ayant une valeur commune.

La société ne s'arrête plus à la qualité d'être humain pour définir des ressemblances : l'ensemble du vivant devient le champ de notre morale.

Cette démarche est progressive parce qu'elle s'appuie notamment sur nos réseaux cérébraux de neurones miroirs. Ainsi les animaux sont plus respectés qu'il y a seulement un siècle parce que la science a pu observer une sensibilité (en termes de souffrance physique ou psychique) semblable à l'Homme, d'abord chez tous les mammifères et ensuite chez la plupart des animaux. Par ailleurs tous signes de souffrance détectés sans aide même de la science interpellent notre base neurale de l'empathie qui incite à interrompre ou faire interrompre cette souffrance chez un semblable être vivant.

C'est une évolution très complexe impossible à résumer ici mais elle est inhérente à notre société sans qu'il y ait besoin d'une référence extrinsèque et simpliste au sacré. Il me semble que seuls des croyants ont encore besoin de cette référence pour ne pas être immoraux. 

 

Alors le but n'est pas de me citer mais de rectifier  : je ne justifie pas la morale pas l'existence des neurones miroirs mais je précise bien "qu'elle s'appuie notamment sur les neurones miroirs" pour étendre son champ à l'ensemble du vivant.  En effet les neurones miroirs jouent un rôle dans l'émotion ressentie quand un pré-défini semblable (soit parce que c'est un autre être humain soit de plus en plus parce que c'est un autre être vivant chez qui on repère les signes de la douleur ressentie), mais je précise bien au préalable que les conditions qui vont engendrer cette empathie sont données par la société, le groupe et doivent donc être intégrées cognitivement.

Pour notre société qui agit de moins en moins selon la religion, le semblable ne l'est pas par Dieu mais par la société elle même qui ne s'appuie pas  sur des qualités qui seraient plus ou moins réparties ou qui pourraient être perdues dans certaines conditions,  la valeur égale se reçoit à la naissance et du fait de la naissance (nous naissons tous libres et égaux en droit).

Les animaux n'ont pas le même statut mais leurs droits s'étendent à mesure que la science leur découvre plus de points communs avec l'humain (ressentir la souffrance, des émotions voire éprouver des sentiments).

On peut donc voir que la dignité qui fonde la morale dans notre société laïque ne se comprend pas individu par individu mais par catégories d'êtres vivants : les humains du simple fait de l'être ont tous une égale dignité et par ailleurs les autres animaux des droits selon leur plus ou moins grande proximité de l'homme (les mammifères domestiqués ont plus de droits et sont donc plus l'objet d'interdits moraux que les insectes par exemple).

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Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
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Le 18/09/2021 à 04:36, system3 a dit :

Comment l'homme auto-domestiqué peut-il se surpasser tout en évitant de transgresser les lois de la morale en société ?

En devenant lui-même un créateur de valeurs. Et hop ! Le topic est résolu.

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system3 Membre 625 messages
Forumeur expérimenté‚
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Il y a 8 heures, Dompteur de mots a dit :

En devenant lui-même un créateur de valeurs. Et hop ! Le topic est résolu.

Oui c’est effectivement une bonne réponse. Ceci dit je vois un risque dans cela et c’est encore et toujours le nihilisme. Car créer des valeurs peut nous amener à des illusions de l’au-delà, en fait on risque de s’inventer des valeurs telles que celles des religions notamment chrétienne. Mais là où on pourrait y voir une issue de sortie c’est que ces valeurs doivent et ne peuvent être créés que par l’homme qui est déjà devenu lui-même : le surhomme.

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Demsky Membre 9 741 messages
Maitre des forums‚
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Citation

 Anecdote: lors d'une séance de sensibilisation à la sécurité routière et à l'éco-conduite, j'ai remarqué que celui qui avait eu la vitesse moyenne de conduite en ville la plus élevée, au-delà des 50Km/h qui plus est, était aussi celui qui avait par ailleurs les pires réflexes pour éviter un obstacles ou un imprévu sur la route lors d'une simulation, en aucun cas, il ne s'est remis en cause à la suite de cela ! Il a repris sa vie comme si de rien n'était. ) 

Qu' est-ce que prévoit le contrat dans ce cas ? Rien ? 

     

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
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Le 03/10/2021 à 13:59, CAL26 a dit :

Ce que je trouve gonflé c'est de me répondre sur une partie de mon développement en occultant ce qui a précédé cette partie :

 

Alors le but n'est pas de me citer mais de rectifier  : je ne justifie pas la morale pas l'existence des neurones miroirs mais je précise bien "qu'elle s'appuie notamment sur les neurones miroirs" pour étendre son champ à l'ensemble du vivant.  En effet les neurones miroirs jouent un rôle dans l'émotion ressentie quand un pré-défini semblable (soit parce que c'est un autre être humain soit de plus en plus parce que c'est un autre être vivant chez qui on repère les signes de la douleur ressentie), mais je précise bien au préalable que les conditions qui vont engendrer cette empathie sont données par la société, le groupe et doivent donc être intégrées cognitivement.

Pour notre société qui agit de moins en moins selon la religion, le semblable ne l'est pas par Dieu mais par la société elle même qui ne s'appuie pas  sur des qualités qui seraient plus ou moins réparties ou qui pourraient être perdues dans certaines conditions,  la valeur égale se reçoit à la naissance et du fait de la naissance (nous naissons tous libres et égaux en droit).

Les animaux n'ont pas le même statut mais leurs droits s'étendent à mesure que la science leur découvre plus de points communs avec l'humain (ressentir la souffrance, des émotions voire éprouver des sentiments).

On peut donc voir que la dignité qui fonde la morale dans notre société laïque ne se comprend pas individu par individu mais par catégories d'êtres vivants : les humains du simple fait de l'être ont tous une égale dignité et par ailleurs les autres animaux des droits selon leur plus ou moins grande proximité de l'homme (les mammifères domestiqués ont plus de droits et sont donc plus l'objet d'interdits moraux que les insectes par exemple).

Il ne suffit pas de proclamer le droit comme un absolu alors que ce n'est qu'un aspect formel qui doit être sous-tendu par une philosophie morale plus profonde. Sinon que pourrais-tu répondre à celui qui, du jour au lendemain, prendrait le pouvoir, et déciderait d'une main de fer qu'il voudrait gazer telle ou telle partie de la population, sous prétexte qu'elle n'aurait pas la même valeur que le reste ou serait carrément nuisible ? Si il n'y a pas philosophiquement quelque chose de substantiel en dessous, il suffit de changer le texte de la constitution et l'affaire est jouée. On reste dans ce que je dénonçais : le conformisme, l'obéissance aveugle, l'habitude, et la peur du gendarme, qui mène d'ailleurs à la collaboration lorsque l'époque s'y prête.

Il se trouve que si certains ont pu résister à la barbarie nazie c'est précisément parce qu'il existe une dimension de l'esprit humain qui échappe inconditionnellement à cette logique de conformisme et d'habitude dans le respect des règles (Arendt aurait parlé de la banalité du mal), ce qui permet de fonder la morale et le respect de l'altérité. Ces racines sont dans le christianisme, qui a toujours été du côté des pauvres, des opprimés, des exclus, des étrangers, etc. et dans le fond, rien n'est plus subversif que le christianisme dont la véritable nature est anarchiste et non dogmatique, ou en tout cas qui aura toujours distingué entre l'esprit et la loi. C'est tout simplement l'Amour du prochain qui en est le principe.

Par nature, la civilisation chrétienne s'est construite dans l'intérêt et l'amour de l'altérité, en dépit des nombreuses dérives, ce qui est d'ailleurs un trait distinctif qui la différencie de la civilisation arabo-musulmane, qui s'est construite non seulement en opposition au christianisme, mais dans le rejet ou l'avilissement de toute altérité (comme l'a bien vu Lévi-Strauss qui était un progressiste convaincu, proclamant qu'il n'y avait de barbare que celui qui parlait de barbarie, mais qui a eu des hauts-le-coeur lorsqu'il a étudié la culture des bédouins et de l'islam).

L'idée de Saint Augustin : Aime et fais ce que tu veux, est simplement l'acte de foi de l'anarchisme chrétien, car toutes les lois peuvent être enfreintes par amour, et cette sentence exprime précisément que ce doit être le seul critère, à l'image de Jésus qui s'est interposé entre la foule qui voulait la lapider et la femme adultère, pour clamer à la foule que cette femme avait peut-être enfreint la Loi par amour, et que celui qui n'avait jamais péché devait lui jeter le première pierre.

L'institution de l'Eglise a toujours été profondément conservatrice car elle est le fait d'Hommes de leur époque soucieux de conserver et asseoir leurs privilèges, et l'athéisme humaniste plus progressiste, en conservant l'exigence chrétienne d'égale dignité de chaque être humain, et en se mettant du côté de l'Histoire humaine, dans le libéralisme qui pense le droit à partir de l'exception notamment, n'a fait que vouloir réaliser le projet chrétien, contre les conservateurs de l'Eglise, en espérant simplement, sans toujours en être conscients, en faire internaliser les valeurs d'Amour du prochain et de l'Autre, pour proclamer le règne de l'humanité réconciliée avec elle-même, sans référence à une transcendance ou à un Dieu qui deviendrait obsolète pour des individus/citoyens dont le respect et la fraternité (autre nom de l'amour du prochain) seraient acquis par leur éducation.

C'est le plus étrange que dans le civilisation chrétienne, ceux qui se sont rebellés contre les autorités ecclésiastiques et leurs abus ou dérives de toutes sortes, pour construire l'humanisme des Lumières, furent ceux qui voulaient véritablement réaliser le projet chrétien. Rien n'est plus chrétien dans son inspiration, par exemple, que le marxisme qui, s'inspirant de la dialectique hégélienne en la déformant (car les marxistes oublient bien souvent de comprendre pourquoi et comment Hegel était conservateur), a voulu déclarer que la religion était l'opium du peuple pour faire advenir le paradis sur Terre en incarnant la fin de l'Histoire et l'Homme nouveau.

Tous cela aura donné les ignobles totalitarismes communistes que l'on connaît, car en se coupant de leurs racines chrétiennes et des conclusions conservatrices de Hegel qu'ils ont trahi (cf. Marx, Feuerbach, Stirner), ces conceptions révolutionnaires, ont complètement oublié la nature anarchiste ou intrinsèquement subversive du christianisme dont, sans le savoir, ils s'étaient inspirés. En conservant une structure et des institutions rigides, avec une hiérarchie implacable, et en affirmant la fin de l'Histoire, la dérive ne pouvait plus manquer d'arriver en proclamant un Homme nouveau, et ce fût l'apparition des goulags.

C'est l'idéal du christianisme au contraire que l'Amour nous libère de la Loi. Déjà en distinguant l'esprit et la lettre, puis en faisant de l'amour du prochain le seul critère de l'action morale, ceci n'étant pas possible à codifier dans un texte de loi ou dans des principes moraux rigides de façon cohérente et définitive comme le veulent les totalitarismes, mais tout juste montrable en silence, comme le fait la maxime de Saint Augustin, qui mérite d'être adaptée à chaque situation et aura une traduction différente dans diverses époques et sous des régimes politiques différents.

Tu peux dire que la société doit donner son aval au point de vue symbolique et structurel pour que les neurones miroirs permettent l'empathie, mais pour que cette empathie puisse concerner tout le monde à priori, et donc pour que ladite société élargisse le champ des êtres humains dignes de recevoir l'empathie, il faut une société chrétienne qui défende l'égale dignité de tous, l'entraide et la charité chrétiennes dans l'amour de l'Autre, et il est alors clair que ton analyse est incomplète et imparfaite car elle ne permet pas d'expliquer que ce projet d'une humanité composée d'individus de dignité égale soit valable.

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Membre, 51ans Posté(e)
CAL26 Membre 6 624 messages
Maitre des forums‚ 51ans‚
Posté(e)
Il y a 7 heures, Quasi-Modo a dit :

Il ne suffit pas de proclamer le droit comme un absolu alors que ce n'est qu'un aspect formel qui doit être sous-tendu par une philosophie morale plus profonde. Sinon que pourrais-tu répondre à celui qui, du jour au lendemain, prendrait le pouvoir, et déciderait d'une main de fer qu'il voudrait gazer telle ou telle partie de la population, sous prétexte qu'elle n'aurait pas la même valeur que le reste ou serait carrément nuisible ? Si il n'y a pas philosophiquement quelque chose de substantiel en dessous, il suffit de changer le texte de la constitution et l'affaire est jouée. On reste dans ce que je dénonçais : le conformisme, l'obéissance aveugle, l'habitude, et la peur du gendarme, qui mène d'ailleurs à la collaboration lorsque l'époque s'y prête.

Il se trouve que si certains ont pu résister à la barbarie nazie c'est précisément parce qu'il existe une dimension de l'esprit humain qui échappe inconditionnellement à cette logique de conformisme et d'habitude dans le respect des règles (Arendt aurait parlé de la banalité du mal), ce qui permet de fonder la morale et le respect de l'altérité. Ces racines sont dans le christianisme, qui a toujours été du côté des pauvres, des opprimés, des exclus, des étrangers, etc. et dans le fond, rien n'est plus subversif que le christianisme dont la véritable nature est anarchiste et non dogmatique, ou en tout cas qui aura toujours distingué entre l'esprit et la loi. C'est tout simplement l'Amour du prochain qui en est le principe.

Par nature, la civilisation chrétienne s'est construite dans l'intérêt et l'amour de l'altérité, en dépit des nombreuses dérives, ce qui est d'ailleurs un trait distinctif qui la différencie de la civilisation arabo-musulmane, qui s'est construite non seulement en opposition au christianisme, mais dans le rejet ou l'avilissement de toute altérité (comme l'a bien vu Lévi-Strauss qui était un progressiste convaincu, proclamant qu'il n'y avait de barbare que celui qui parlait de barbarie, mais qui a eu des hauts-le-coeur lorsqu'il a étudié la culture des bédouins et de l'islam).

L'idée de Saint Augustin : Aime et fais ce que tu veux, est simplement l'acte de foi de l'anarchisme chrétien, car toutes les lois peuvent être enfreintes par amour, et cette sentence exprime précisément que ce doit être le seul critère, à l'image de Jésus qui s'est interposé entre la foule qui voulait la lapider et la femme adultère, pour clamer à la foule que cette femme avait peut-être enfreint la Loi par amour, et que celui qui n'avait jamais péché devait lui jeter le première pierre.

L'institution de l'Eglise a toujours été profondément conservatrice car elle est le fait d'Hommes de leur époque soucieux de conserver et asseoir leurs privilèges, et l'athéisme humaniste plus progressiste, en conservant l'exigence chrétienne d'égale dignité de chaque être humain, et en se mettant du côté de l'Histoire humaine, dans le libéralisme qui pense le droit à partir de l'exception notamment, n'a fait que vouloir réaliser le projet chrétien, contre les conservateurs de l'Eglise, en espérant simplement, sans toujours en être conscients, en faire internaliser les valeurs d'Amour du prochain et de l'Autre, pour proclamer le règne de l'humanité réconciliée avec elle-même, sans référence à une transcendance ou à un Dieu qui deviendrait obsolète pour des individus/citoyens dont le respect et la fraternité (autre nom de l'amour du prochain) seraient acquis par leur éducation.

C'est le plus étrange que dans le civilisation chrétienne, ceux qui se sont rebellés contre les autorités ecclésiastiques et leurs abus ou dérives de toutes sortes, pour construire l'humanisme des Lumières, furent ceux qui voulaient véritablement réaliser le projet chrétien. Rien n'est plus chrétien dans son inspiration, par exemple, que le marxisme qui, s'inspirant de la dialectique hégélienne en la déformant (car les marxistes oublient bien souvent de comprendre pourquoi et comment Hegel était conservateur), a voulu déclarer que la religion était l'opium du peuple pour faire advenir le paradis sur Terre en incarnant la fin de l'Histoire et l'Homme nouveau.

Tous cela aura donné les ignobles totalitarismes communistes que l'on connaît, car en se coupant de leurs racines chrétiennes et des conclusions conservatrices de Hegel qu'ils ont trahi (cf. Marx, Feuerbach, Stirner), ces conceptions révolutionnaires, ont complètement oublié la nature anarchiste ou intrinsèquement subversive du christianisme dont, sans le savoir, ils s'étaient inspirés. En conservant une structure et des institutions rigides, avec une hiérarchie implacable, et en affirmant la fin de l'Histoire, la dérive ne pouvait plus manquer d'arriver en proclamant un Homme nouveau, et ce fût l'apparition des goulags.

C'est l'idéal du christianisme au contraire que l'Amour nous libère de la Loi. Déjà en distinguant l'esprit et la lettre, puis en faisant de l'amour du prochain le seul critère de l'action morale, ceci n'étant pas possible à codifier dans un texte de loi ou dans des principes moraux rigides de façon cohérente et définitive comme le veulent les totalitarismes, mais tout juste montrable en silence, comme le fait la maxime de Saint Augustin, qui mérite d'être adaptée à chaque situation et aura une traduction différente dans diverses époques et sous des régimes politiques différents.

Tu peux dire que la société doit donner son aval au point de vue symbolique et structurel pour que les neurones miroirs permettent l'empathie, mais pour que cette empathie puisse concerner tout le monde à priori, et donc pour que ladite société élargisse le champ des êtres humains dignes de recevoir l'empathie, il faut une société chrétienne qui défende l'égale dignité de tous, l'entraide et la charité chrétiennes dans l'amour de l'Autre, et il est alors clair que ton analyse est incomplète et imparfaite car elle ne permet pas d'expliquer que ce projet d'une humanité composée d'individus de dignité égale soit valable.

Je ne combats absolument pas les monothéismes et d'autant moins le Christianisme,  mais étant non croyant je les replace dans le contexte historique qui les ont vu apparaître : l'Antiquité.

Ils ont constitué une étape importante pour les sociétés humaines en donnant des bases solides  aux règles morales dans des groupes humains devenus plus difficiles à contrôler par leur population et l'augmentation des moyens de production.

Depuis cette Antiquité, de nouvelles étapes ont été franchies par les sociétés humaines et pour adhérer à des valeurs notamment humanistes il n'est plus nécessaire de fonder la morale sur une puissance transcendantale. Ce qu'a notamment apporté le siècle des lumières, c'est cette idée qu'éduquer chacun était bénéfique pour tous, sûrement la meilleure arme contre les dictatures en tous genres.

En l'occurrence la racine peut être la même que ce que tu dis du christianisme  : valoriser chaque individu pour le bien du groupe. 

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Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
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Il y a 9 heures, system3 a dit :

Oui c’est effectivement une bonne réponse. Ceci dit je vois un risque dans cela et c’est encore et toujours le nihilisme. Car créer des valeurs peut nous amener à des illusions de l’au-delà, en fait on risque de s’inventer des valeurs telles que celles des religions notamment chrétienne. Mais là où on pourrait y voir une issue de sortie c’est que ces valeurs doivent et ne peuvent être créés que par l’homme qui est déjà devenu lui-même : le surhomme.

Un risque, certes. Mais Nietzsche n'appelait-il pas les "philosophes du dangereux" à entrer en scène ?

Par ailleurs, si l'on a bien suivi toutes les étapes du manuel, il est peu probable que l'on en vienne à créer de nouvelles valeurs à saveur chrétienne.

Enfin, j'ajoute que toute la philosophie de Nietzsche en est une d'artiste. Toute sa réflexion vise à débarrasser l'homme des entraves qui empêchent l'avènement de son âme d'artiste, de créateur de son propre destin. Et la morale est l'une de celles-là. Car le grand art pour Nietzsche est celui qui célèbre les forces dionysiaques de l'être, celui qui traduit nos instincts sous une forme plastique, et qui donc se place par-delà le bien et le mal. Souvenons-nous après tout qu' "il faut porter en soi un chaos pour mettre au monde une étoile dansante."

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