Aller au contenu

Pourquoi respectez-vous les lois ou la morale ?

Noter ce sujet


Invité Quasi-Modo

Messages recommandés

Membre, 154ans Posté(e)
jul77 Membre 2 790 messages
Maitre des forums‚ 154ans‚
Posté(e)
Le 01/07/2021 à 19:19, Quasi-Modo a dit :

Simple question parfaitement innocente.

C'est une perte de temps. D'autant que la morale comme la loi est évolutive et que bien souvent on l'adapte plus ou moins à ce que l'on veut faire.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 38 422 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
Posté(e)
Le 01/07/2021 à 19:19, Quasi-Modo a dit :

Bonjour,

Simple question parfaitement innocente.

Emmanuel Kant est beaucoup moqué pour avoir dit que la religion était nécessaire à la morale/justice.

Et bien que ceux qui sont en désaccord nous donnent une seule bonne raison de respecter la loi ou la morale sans référence à aucune métaphysique !

Sauf que suivant les religions, les conceptions de la morale et de la justice peuvent varier grandement! Il n'existe ni une loi "absolue" ni une justice "absolue", sauf quelques principes élémentaires - genre "Tu ne tueras point". Et encore - certaines religions encouragent le meurtre des infidèles! En observant les animaux, on peut d'ailleurs se dire que certains de nos concepts moraux de base ne viennent pas de la religion - par exemple le rejet de l'inceste, le respect des parents -, mais sont ancrés dans les tréfonds de la mémoire ancestrale de notre espèce et de celles qui l'ont précédée. Au fond les religions n'ont fait qu'annexer autoritairement des notions qu'elles n'ont pas inventées, jouant là comme ailleurs leur rôle de parasite.

Modifié par Gouderien
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 487 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)
Il y a 17 heures, Quasi-Modo a dit :

Le lien entre philosophie et religion affleure tout au long de l'oeuvre philosophique d'Emmanuel Kant.

Il ne se cachait pas du fait que sa philosophie liée à la raison pratique l'avait ramené à la religion et la foi, bien qu'il ait réfuté dans un premier temps les prétentions de preuves de l'existence de Dieu de ses prédécesseurs. Tout est dans la question : que m'est-il permis d'espérer ?

Certes ce n'est plus de la croyance au sens le plus irrationnel qui soit, puisqu'on a alors affaire à une justification rationnelle de la foi, et en ce sens il faut la distinguer de la simple croyance.

Mais si, selon Kant, Dieu, la liberté et l'âme sont des idées/postulats nécessaires à l'action morale, si on en veut trouver de bonnes raisons de suivre ses grands principes. Notamment, agir moralement ne fait pas forcément de nous des êtres plus heureux, et il nous faut donc postuler un salut bienheureux post mortem pour convaincre les gens d'agir selon la loi morale.

Finalement, le seul philosophe à avoir un peu pris le contre pieds de ce que j'affirme c'est peut-être Sartre, car selon l'existentialisme sartrien, la liberté est la nature de l'Homme qui est un projet. On voit donc que même quelqu'un d'aussi radicalement athée que Sartre a besoin du concept métaphysique de liberté pour construire son projet philosophique. Mais on voit bien aussi que si on met en exergue la liberté, on ne trouvera aucune bonne raison de s'opposer à ceux qui décident de s'inventer la morale ou les lois de leur choix, et donc on ne peut pas juger autrui.

Dans l'existentialisme est un humanisme, Sartre essaye de répondre aux objections que lui font certains chrétiens, mais elles ne sont pas convaincantes à mes yeux, d'autant que dans sa philosophie il n'a jamais réussi à fonder un socle moral. La philosophie morale et politique chez Sartre est presque réduite à néant, et on comprend pourquoi : il lui manque l'essentiel pour la fonder. Selon Sartre, comme lors du cogito cartésien nous nous découvrons nous-mêmes, mais aussi tous les autres par la même occasion, on ne pourrait pas vouloir sa propre liberté sans vouloir par la même occasion celle des autres. Je trouve ce propos vague et injustifié, alors qu'une philosophie devrait justifier davantage ses vues.

Bonjour @quasimodo

Kant a été élevé dans une famille très pieuse et protestante, son éducation religieuse est le principal déterminant de son rapport à la religion dans sa philosophie

Il a aussi cette particularité d'avoir occupé une chaire de philosophie à l'université, un philosophe spécialiste et professionnel de la .... philosophie, un homme de son époque.

Il connaissait en profondeur la tradition philosophique qui le précédait ainsi que l'impasse duale de l'opposition entre les rationalistes comme Spinoza ou Descartes et des empiristes comme Berkeley, Locke ou Hume

Le siècle des lumières est le siècle du rationalisme qui amenait une étude critique sur toute la tradition philosophique ainsi que les fondements des religions.

Les philosophes du siècle des lumières s'inscrivent bien dans la tradition antique avec une foi inébranlable dans la raison de l'homme et les nouvelles sciences expérimentales venaient éclairer la philosophie avec comme tâche de jeter les bases rationnelles de la religion et de la morale

La religion...devait...trouver des racines rationnelles, ce qu'on appelle les "religions naturelles", les principaux philosophes étant d'entrée et comme Kant croyants, Newton, Descartes.... partageaient ce point de vue et la croyance en l'immortalité de l'âme relevait davantage de la raison que de la foi

Les philosophes voulaient dépoussiérer toutes ces professions de foi aux dogmes arbitraires qui venaient se substituer au "véritable message" de la religiosité, cun Dieu plus philosophique que théologique qui se serait manifesté lors de la création et serait resté discret depuis sa création, c'est le moment de développement de l'idée du déisme avec dieu comme cause première et causa sui

Des rationalistes pour qui la raison était donc le fondement.... opposé aux empiristes pour qui seuls nos sens nous permettaient d'expérimenter notre rapport au monde

Les rationalistes philosophes plutôt d'une tradition catholique, les protestants plutôt d'une tradition faisant appel au mécanisme de la foi

Kant a proposé une sortie à cette impassé sur un double aspect

Pour lui, la raison comme la perception jouent un rôle dans notre rapport au monde, et l'espace comme le temps sont les formes a priori de notre sensibilité, ce ne sont pas des choses "en soi" mais des mécanismes fondant la causalité inscrits dans notre représentation humaine du monde, nous poussant à rechercher aux conséquences les causes, nous poussant aux questions philosophiques de l'origine du monde

L'espace et le temps vus comme des éléments constitutifs de l'homme et non des formes a priori extérieurs à lui via la conscience de l'homme.

La conscience est formée à partir du monde extérieur mais en retour, les choses extérieures sont formées à partir de la conscience

La loi de causalité est déplacée de l'expérience à la raison humaine et s'impose à tous comme l'a priori de notre sensibilité à partir duquel tout raisonnement humain s'inscrit

Un renversement surnommé "sa révolution copernicienne" et c'es cette révolution qui inspire la première partie de son épitaphe

"deux choses ne cessent de remplir mon coeur d'admiration et de respect plus ma pensée s'y attache et s'y applique : le ciel étoilé au dessus de moi et la loi morale en moi"

Le rapport au ciel étoilé représente cette partie de notre forme a priori de sensibilité d'homme

Mais l'affaire qui nous occupait concerne davantage le fondement... rationalisé... de la religion

S'il est protestant, il ne prêche pas par les révélations ni par les textes saints...

Kant ne contentait pas de mettre en avant la foi caractéristque des protestants devant les offensives rationnalistes des catholiques afin de donner un fondement à Dieu donc aux religions

Bien sûr... la foi l'amène à ses conclusions, il est élevé dans ce monde et par une éducation qui l'y amènent

Mais pour lui, la foi en une âme immortelle, en l'existence de dieu comme au libre arbitre sont des postulats pratiques

Postulat est quelque chose qu'on affirme sans démonstration (contrairement aux essais de Descartes tirés de la notion d'être parfait par exemple) et pratique relève.... de la morale

Pour Kant, c'est une nécessité morale que d'accepter l'existence de Dieu

Kant ressent dans le bien et le mal une distinction qui est inscrite en nous, un fondement réel duquel nul homme ne sait s'extraire, exactement de la même manière que la loi de causalité est inscrite en a priori de la sensibilité pour les hommes comme un fondement premier

Cette faculté de distinguer le bien du mal est toute aussi innée et est le fondement de la vie morale de tout homme, quel que soit l'époque exactement comme la loi de causalité et de notre expérience du temps et de l'espace est innée pour tout homme et pour toute époque, aussi bien que les lois physique s'imposent aux objets ou que 2+2 font 4 en base 10 en mathématiques

Il reformule cette loi morale comme un imératif catégorique et commence par dire "agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu veux qu'elle devienne en même temps une loi universelle"

Quand j'agis moralement, j'ai fondé mon action sur une morale que je souhaite m'appliquer aussi bien que je souhaiterai qu'elle s'applique pour l'ensemble de l'humanité, ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse...

Cette loi morale est aussi absolue et universelle à l'homme que le principe de causalité

Et comme il faut que tu sentes que c'est ton devoir d'agir ainsi, on parle souvent pour Kant d'éthique du devoir

Une éthique qui présuppose que ... tout homme... doit naturellement choisir en toute liberté, en libre arbitre, la déclinaison des lois morales qui vont le guider et guider ses actions, un tri dans l'ensemble des déclinaisons morales et religieuses qui lui sont offertes ou inscrites dans son éducation

Pour Kant nous sommes à la foi corps et raison

Des êtres sensibles soumis à la loi de causalité et des êtres de raison qui choisissent eux mêmes les causes qu'on va décider de servir alors que les animaux par exemple ne ressentiraient que désirs et besoins, émotions tout au plus

Kant dépasse l'opposition rationalisme / empirisme par une approche maniant habilement l'homme qui ressent et ne peut que ressentir que monté avec ses lunettes de causalité pour appréhender le monde et doté de la raison qui lui permet de faire de ses expériences le chemin personnel qui servent la loi universelle de moralité qui est inscrite également en chaque homme dans son appréhension du bien et du mal

Du point de vue religieux...Kant déplace la question religieuse du métaphysique vers le terrain moral dans lequel Dieu est une idée régulatrice naturelle

Comprend bien que finalement, la moralité et cette loi de moralité est PREMIERE chez kant, il faut agir pour être digne du salut quelle que soit la règle religieuse que tu décides de servir plutôt que de se battre pour le salut selon des textes sur lesquels la question de la moralité n'est pas première

Reprend l'épitaphe de KANT.... les lois morales...c'est ce qu'il écrit en dernier, sa fierté de faire de son expérience de causalité et de l'empirisme de son rapport au monde ce choix rationnel de servir les lois morales qui le conduisent à l'idée de Dieu

Je ne commente pas Sartre plus le temps mais à l'occasion 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement

×