Aller au contenu

écrivez l'horreur


QUENTIN Antuoro

Messages recommandés

Membre, Posté(e)
QUENTIN Antuoro Membre 40 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Il y a 5 heures, Criterium a dit :

Quentin dut se rendre à l'évidence : il s'était perdu en forêt. Ah, ils riraient bien, ses amis, s'ils savaient ! Et puis ses parents aussi, qui depuis longtemps lui avaient avoué qu'ils le voyaient comme un bon-à-rien : ne verraient-ils pas là une nouvelle preuve de ce verdict ? Tout ça parce qu'il avait décidé d'enfin prendre sa vie en main, de ré-organiser son emploi du temps, de faire de l'exercice... c'était ainsi que, tous les samedis matin, il joggait jusqu'aux bois — à chaque fois un peu plus loin — pour démarrer son week-end sur une note énergisante. Et cette fois-ci, il était allé un peu trop loin.

Les sentiers serpentaient, avec trop de chemins alternatifs et de virages pour tout à fait s'y retrouver. D'habitude, chacun est marqué par des petits indicateurs colorés ; mais pas ici. Il aurait quand même dû prendre une carte... il ne s'était juste pas imaginé que s'égarer par ici fût possible. Et pourtant, il l'avait fait. — Alors il tournait en rond, tentait de se ré-imaginer des souvenirs d'avoir déjà vu tel ou tel arbre ; se demandait s'il devait résoudre le problème comme un labyrinthe, en tournant à droite à chaque intersection et en laissant de petites marques (cailloux, branches pliées) derrière lui.

La lumière s'obscurcissait. Il n'arrivait pas à savoir si la journée était déjà passée, ou si ça n'étaient que les prémisses — quelle veine — d'une averse et d'un orage. Bientôt, il faisait aussi sombre qu'au crépuscule. Les pas, sur les sentiers mal entretenus et trop racineux, se faisaient de plus en plus imprécis. Mais ce ne fut pas ça qui soudain lui glaça le sang. Non. — ce fut plutôt, doucereuse, menaçante, rusée... : la voix...

— "Quentin... Le märchand de säble va venir te chercher..."

Bravot a toi tu a merveilleusement bien écrit ♡ 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, nyctalope, 40ans Posté(e)
Criterium Membre 2 874 messages
40ans‚ nyctalope,
Posté(e)

L'invité-surprise.

Il se pinça pour se convaincre qu'il n'avait pas rêvé. Cela marchait-il vraiment — il ne le savait pas ; mais n'était-ce pas ce que l'on était censé faire ? Se pincer la peau, fortement, ressentir la brève douleur, et puis se dire que tout devait donc être vrai ? Ou devrait-on chercher une douleur plus aiguë, à la manière des anciens croque-morts ?

Apparemment, la scène ne changea pas. Point de réveil ; point de transformation agréable. La pièce était toujours aussi sombre et silencieuse. Quentin restait immobile, réalisant alors à quel point — puisque c'était vrai — il avait désormais un gros problème duquel s'occuper. Il fallait trouver une solution — et vite.

Car à ses pieds, il y avait une silhouette immobile. La tête tournée vers le sol. Et autour des cheveux sales, le tapis était devenu rouge sombre, presque noir. Le sang qui ne s'était pas imbibé au tapis formait déjà d'horribles caillots autour du mort.

Il venait de rentrer de voyage. Il avait ouvert la porte de son appartement. Il avait découvert la scène. Qui était l'inconnu ? Qu'était-il venu faire ici ? Pourquoi est-ce que cela tombait sur lui et pas sur un autre ?

Évidemment, il faudrait appeler la police — il n'y avait pas le temps de se poser et de souffler. Il faudrait même le faire aussitôt. Mais... tout d'abord... peut-être... Quentin devrait peut-être, quand même, se débarrasser de quelques petites choses compromettantes gardées çà et là dans l'appartement... les sacs de drogue, les armes de poing...

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, nyctalope, 40ans Posté(e)
Criterium Membre 2 874 messages
40ans‚ nyctalope,
Posté(e)

Une affaire sombre.

— "Venez voir à l'intérieur ; ça s'est passé au premier étage."

Le détective Quentin Antuoro grommela un juron en jetant le reste de sa cigarette au sol, sans aucun égard pour l'environnement. Ce n'était même pas un désamour écologique, mais plutôt le fait que toute la rue était déjà jonchée de détritus, alors il ne voyait plus l'utilité d'une poubelle. Vieilles ferrailles, canettes de soda et de bière ; une machine à laver éventrée, et les pièces détachées d'autres appareils électroménagers moins identifiables s'entassaient le long du caniveau. L'endroit était sale, et les nombreuses plantes qui repoussaient entre les objets avaient l'air bien triste de devoir grandir dans un tel lieu.

Il se dirigea d'un pas rapide vers la maison de campagne, dont les murs suintaient de crasse. La porte avait été bloquée en position ouverte ; il se retrouva soudain dans le salon, et comprit immédiatement que l'intérieur serait en bien plus mauvais état que l'extérieur. Ce fut l'odeur, surtout, qui annonçait le tableau. Celle du vieux lait caillé, de la sueur de sans-abri, de la moisissure noire et de la viande faisandée... — c'était tout cela à la fois : une odeur qui prenait à la gorge, saisissante, et bien qu'elle se conjuguât de divers arômes en fonction des pièces. À côté du matelas du salon, c'était celle des punaises de lit — dans la cuisine, celle de la nourriture avariée et pourrissante. L'endroit était un véritable taudis. Sale, un innommable amas de cartons gras, de poussière, de salissures ; chacun des murs semblait être recouvert d'une fine couche de graisse poisseuse. Les amoncellements de détritus donnaient à chaque surface plane l'impression d'une poubelle à ciel ouvert. Le détective avait vu des squats en piteux état, mais rarement aussi malsains que dans cette maison.

De longues années de travail l'avaient rendu insensible à ces odeurs et à ces horreurs. Ça ne lui faisait plus rien. Quentin était dur, blasé. Le visage inexpressif, il s'engagea plus précautionneusement dans l'escalier en bois. C'était là que, marche après marche, une fragrance bien connue s'adjoignait au parfum — une qu'il reconnaissait aussitôt, si caractéristique, si perceptible : l'odeur de cadavre.

Là-haut, son adjoint avait lui aussi endossé un air grave, le regard dur. Le petit nouveau, lui, par contre, était blême ; il allait restituer son déjeuner d'une minute à l'autre. D'un hochement de tête, Quentin le congédia. La chambre recelait une véritable scène d'horreur. Une boucherie. Les morceaux de corps étaient éparpillés les uns avec les autres, et l'on ne pouvait pas tout de suite savoir combien de personnes y avaient été accointée post-mortem : trois, quatre, cinq ?

Il lui semblait que partout il voyait rouge. Le rouge sombre, presque noir, du sang séché et coagulé.

— "Il y a juste un problème", fit l'adjoint.

— "On dirait déjà un gros problème qui tache", grogna-t-il.

— "Regardez cette photo. Elle était dans le cadre posé contre la table de chevet : là-bas, à ce coin-ci de la pièce."

Le détective Quentin Antuoro saisit la photo qu'il lui tendait, d'un geste tout d'abord nonchalant. Puis, il trembla. Combien de temps s'était-il passé depuis la dernière fois où il avait senti son cœur manquer défaillir, en chute libre ? Ça devait dater de sa toute première affaire, lorsqu'il était encore bleu... le crime d'Ivry-sur-Seine... Et ces sensations qui lui venaient à nouveau... sans prévenir. Il ne pouvait rien y faire. Il paraissait tétanisé — hypnotisé par l'objet, mais surtout par ses implications. Et toutes les questions qui s'étaient embouteillées à l'esprit jusqu'à le rendre muet, stupide.

Car c'était une photo de sa femme, avec un homme inconnu ; celui dont les morceaux jonchaient le sol.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, nyctalope, 40ans Posté(e)
Criterium Membre 2 874 messages
40ans‚ nyctalope,
Posté(e)

L'enveloppe.

Quelle longue journée ! Quentin Antuoro, jeune professionnel, était bien content de revenir dans son appartement du centre-ville, après toutes ces heures à courir dans tous les sens. Des meetings, des briefings, des documents à amender, des mails à envoyer, tant de petites choses qui se bataillaient pour une constante attention... Heureusement, la journée était enfin terminée. Tout s'était bien passé.

Il alluma l'interrupteur, retrouva son salon. Il se déchaussa, attrapa un verre de thé froid, qu'il portait à ses lèvres. Enfin, il pouvait s'asseoir, s'allonger même... Quel calme, quel repos...

Ce fut à ce moment-là qu'il remarqua l'enveloppe. Quelqu'un avait glissé une lettre sous sa porte ; elle s'était retrouvée légèrement de côté, il ne l'avait pas immédiatement remarquée en rentrant. Il s'en empara. Étrange — pas d'adresse de retour. En revanche, elle lui était bien adressée : "Quentin Antuoro" écrit avec de grandes lettres à l'encre noire. Il déplia le papier que l'enveloppe révéla.

Ses mains tremblèrent.

"17h30 : Place Ste-Hélène. 18h10 : Arrêt de bus à T**. 19h25 : Il est rentré chez lui." et ainsi de suite.

Car ce que la feuille contenait, c'était son emploi du temps, à la minute près, pour les deux dernières semaines. On le traquait.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 3 semaines après...
Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 550 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
Posté(e)

Qu'étais-je?

Du bleu et du noir. Peut-être.

Je vivais. Peut-être.

Je pensais. Donc, je devais être. Mais quoi donc?

Je ne me sentais aucune substance. Je n'avais pas de corps. Je ne voyais que du bleu et du noir.

Mais comment? Avais-je donc des yeux?

J'aurais voulu avoir une bouche. Pour hurler ma terreur. Retrouver une consistance autour de ce cri.

Mais je n'étais rien.

Rien dans du bleu et du noir.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×