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Il y a 80 ans... le drame de mai 1940 (2)


Gouderien

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Membre, Obsédé textuel, 72ans Posté(e)
Gouderien Membre 34 661 messages
72ans‚ Obsédé textuel,
Posté(e)

Toute la fureur de la guerre-éclair s’abattit sur les Pays-Bas et la Belgique. Les Allemands employèrent les grands moyens, pour masquer le fait qu’il ne s’agissait que d’une diversion ; une diversion à grande échelle, il est vrai. L’armée hollandais fut réduite à merci en quatre jours seulement ; peu avant la capitulation des Pays-Bas, la Luftwaffe infligea à Rotterdam l’un des premiers bombardements du terreur du conflit, tuant plus de 800 personnes. Les Allemands prétendirent ensuite qu’il s’agissait d’une erreur. La reine Wilhelmine et son gouvernement se réfugièrent à Londres.

La Belgique fut soumise à un assaut aussi violent. Dès le 10 mai, moins d’une centaine de soldats du génie allemands furent parachutés sur la forteresse d’Eban-Emael, qui défendait le canal Albert, et s’en emparèrent ; elle était jugée inexpugnable. Mais Français et Britanniques, appliquant une stratégie préparée de longue date, pénétrèrent en Belgique. Tandis que l’armée belge se repliait sur la Dyle, où les Alliés devaient venir la rejoindre, un million de soldats français et britanniques entrèrent dans le pays, déterminés à affronter l’envahisseur. Mais pendant ce temps, à l’insu des Alliés, sept des divisions blindées du Reich traversaient le Luxembourg sans tirer un coup de feu, et fonçaient vers le sud. Les unités de cavalerie françaises qui avançaient à l’extrême-est du front belge se heurtèrent à quelques-uns des éléments de cette armada blindée, et furent brutalement repoussées – sans soupçonner un instant à quoi elles avaient affaire…

A Londres, Winston Churchill remplaça Neville Chamberlain en tant que Premier ministre. C’était l’un des événements les plus importants du conflit car, contrairement à son prédécesseur, Churchill était décidé à faire la guerre – et à la gagner.

« …Il me semblait que toute ma vie passée n'avait été qu'une préparation à cette heure et à cette épreuve, écrit-il dans ses Mémoires. Pendant onze ans, j'avais été tenu à l'écart de toute politique gouvernementale, et cela m'avait dispensé de prendre part aux luttes habituelles des partis. Les avertissements que j'avais donnés pendant les six dernières années avaient été si nombreux, si précis, et ils étaient maintenant si terriblement justifiés par les événements, que personne ne pouvait me contredire aujourd'hui. Je ne pouvais être tenu pour responsable ni de la guerre elle-même, ni du manque de préparation du pays. J'estimais n'être pas dépourvu d'expérience, et j'étais sûr de ne pas échouer. Quelle que fût donc mon impatience d'en arriver au lendemain matin, je dormis d'un bon sommeil et n'eus besoin d'aucun rêve pour me réconforter. La réalité vaut mieux que les rêves."

Pendant que les Allemands entraient en Belgique les 11 et 12 mai, la grosse masse des Panzers traversa les Ardennes. En Belgique, les premiers combats de chars ne furent pas défavorables aux Français ; il est vrai que les Allemands n’avaient engagé dans ce secteur qu’une fraction de leurs blindés.

Et le 13 mai, les Allemands, arrivés discrètement devant la Meuse, commencèrent immédiatement à la traverser. Dès midi, Rommel, chef de la 7e Panzerdivision, créa une première tête de pont dans la région de Dinant. Mais c’est à Sedan que les Panzers déferlèrent en masse. Assommés par les bombardiers en piqué « Stuka », les Français résistèrent de leur mieux, mais commencèrent à céder du terrain. Quelques blindés allemands réussirent à traverser la Meuse, immédiatement suivis par d’autres. Très rapidement, des signes de panique apparurent parmi les unités françaises, y compris dans des troupes qui n’avaient pas encore vu un soldat allemand. A 20 heures, une large tête de pont (7 km sur 6) avait été créée par la 1re Panzerdivision sur la rive gauche de la Meuse. A minuit, au sud de Sedan, la pénétration allemande était suffisamment profonde pour permettre aux pionniers du 19e Panzerkorps de mettre en service des ponts de bateaux. La percée était un fait accompli...

Le lendemain 14 mai, tandis que les combats se poursuivaient en Belgique, les Allemands continuèrent à agrandir leurs têtes de pont. L’aviation de bombardement alliée se sacrifia pour tenter de détruire les ponts lancés sur la Meuse, mais en vain. Alors que l’exode des populations civiles des Ardennes et du nord de la France commençait, la panique, qui avait touché certaines unités françaises, n’épargna pas les états-majors. Au soir, le général Huntziger, chef de la IIe armée, craignant d'être tourné, téléphona au GQG, afin de recevoir des instructions. "Faites pour le mieux", lui répondit le général Georges, commandant en chef du front du Nord-Est, ce qui était une manière peu élégante d'esquiver ses responsabilités. Huntziger replia alors son aile gauche à l'est de la Meuse. La brèche ouverte par les Allemands se trouva donc agrandie.

A 1h30 du matin le 15, après avoir eu une conversation téléphonique avec son supérieur hiérarchique, le général Billotte, commandant du 1er groupe d’armées, le général Corap, chef de la IXe armée, décida à son tour de replier ses unités, et d'abandonner le cours de la Meuse au nord de Sedan.

Les décisions d'Huntziger et de Corap scellèrent le sort de la France. Ce qui n'était qu'une brèche allait devenir un trou béant de plus de soixante kilomètres de large, par lequel une masse formidable de 1.800 chars allemands allait se ruer, dans une offensive-éclair qui ne s'arrêterait qu'à la mer.

Dans le volume 3 de ses Mémoires, Churchill rapporte qu'il fut réveillé à 7h30 du matin par un coup de téléphone d'un Paul Reynaud "fort ému". Voici le récit de cette étonnante conversation :

"- Nous sommes battus, me dit-il.

Comme je ne répondais pas immédiatement, il répéta :

- Nous sommes battus, nous avons perdu la bataille.

- Cela n'a certainement pas pu arriver si vite, répondis-je.

Mais il reprit :

- Le front est percé près de Sedan, ils passent en masse avec des chars et des voitures blindées. (Tel était le sens de ses paroles sinon les termes mêmes qu'il employa.)

Je déclarai alors :

- L'expérience a montré qu'au bout d'un certain temps une offensive s'éteint d'elle-même. Je me souviens du 21 mars 1918. Dans cinq ou six jours, ils seront obligés de s'arrêter pour attendre leur ravitaillement, et ce sera alors le moment de la contre-attaque. J'ai appris cela dans le temps, de la bouche même du maréchal Foch.

Sans aucun doute, c'était bien ce que nous avions toujours vu dans le passé et ce que nous aurions dû revoir à présent. Néanmoins, le président du Conseil revint à la phrase par laquelle il avait commencé, et qui certes ne se trouva que trop véridique : "Nous sommes battus, nous avons perdu la bataille." Je lui dis alors que j'étais prêt à aller causer avec lui."

Le bombardier en piqué Ju87 "Stuka".

Stuka.jpg

         Troupes allemandes franchissant la Meuse à Sedan.

 

Sedan.jpg

        Général Georges.

Georges-titre.png

     Général Rommel.

Rommel.png

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Membre, Posté(e)
lumic Membre 9 417 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

Oui ,  mais  il n ' y a pas que la dėfaite qui compte ...

Si vous pouviez trouver , chercher les faits d ' armes Français et ils existent , ce serait pas mal ...

Me semble que il y ' a eu 100 000 morts dans les militaires , ce n ' est pas rien contre les  nazies ...

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Membre, Obsédé textuel, 72ans Posté(e)
Gouderien Membre 34 661 messages
72ans‚ Obsédé textuel,
Posté(e)
il y a 2 minutes, lumic a dit :

Oui ,  mais  il n ' y a pas que la dėfaite qui compte ...

Si vous pouviez trouver , chercher les faits d ' armes Français et ils existent , ce serait pas mal ...

Me semble que il y ' a eu 100 000 morts dans les militaires , ce n ' est pas rien contre les  nazies ...

100.000 morts? 60.000 plutôt. Je vous conseille le livre "les Mythes de la Seconde Guerre mondiale" par Jean Lopez et Olivier Wievorka (2 volumes). Il y a eu effectivement des faits d'armes… mais à Sedan le 13 mai 1940, c'était plutôt "Sauve qui peut!"

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Membre, Beluga-Pangolin, Posté(e)
BELUGA Membre 15 220 messages
Beluga-Pangolin,
Posté(e)

60 000 ou  100 000 morts, de toutes façons, c'était déjà trop...

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Membre, 64ans Posté(e)
pila Membre 18 571 messages
Baby Forumeur‚ 64ans‚
Posté(e)

L'Etat-Major n'a pas cru bon de croire en l'éventualité d'une invasion par une forêt. Mais les chars écrasent les arbres ! Pas de bol.

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Membre, Obsédé textuel, 72ans Posté(e)
Gouderien Membre 34 661 messages
72ans‚ Obsédé textuel,
Posté(e)

Petit oubli : c'est le 13 mai 1940 que Churchill prononce à la Chambre des communes le fameux discours dans lequel il déclare :  "Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, du travail, des larmes et de la sueur."

Je cite beaucoup Churchill pour plusieurs raisons :

- J'adore le personnage, même s'il n'est pas exempt de défauts;

- C'est un excellent écrivain. D'ailleurs les 12 volumes de ses "Mémoires sur la Seconde Guerre mondiale" lui ont valu le prix Nobel de littérature, même s'il a été beaucoup aidé pour la rédaction de cette œuvre;

- Ses Mémoires sont le témoignage d'un des principaux acteurs du drame. Ça ne veut pas dire qu'il s'agit d'un récit complet, ou totalement objectif. Avec Churchill, il faut parfois savoir lire entre les lignes. Quand un sujet le gêne vraiment, il n'en parle pas du tout. Enfin, ces Mémoires datent du début des années cinquante, et portent le poids des préjugés de cette époque. Des sujets encore considérés comme secrets ne sont pas évoqués. Et la traduction française a carrément "oublié" certains jugements ou passages peu flatteurs pour notre égo national.

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