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Ethikomène (ou sur la morale et la philosophie)


Blaquière

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Un "nouveau" dialogue de PLATON !

 

ETHIKOMENE

 

Sur la morale (en politique ?) et la philosophie

 

Sophias, Ethikomène

 

1 PROLOGUE :

Définition de "l'homme moral" supérieur à l'homme sage selon Ethikomène.

 

SOPHIAS : – Ton pas est décidé, Ethikomène et ton air bien réjoui ! Aurais-tu conclu quelque bonne affaire pour ton négoce ou dois-tu l'illumination de ta mine à quelque heureuse rencontre ?

ETHIKOMENE : – Rien de tout cela, Sophias ! C'est mon esprit qui est charmé ; et l'admirable discours de Stésiphos que je quitte à l'instant en est la cause.

SO. : – La renommée de Stésiphos est grande en effet ; mais de quoi parlait-il donc ?

ETH. : – De l'homme moral, Sophias.

SO. : – Et il en faisait l'éloge, j'espère !

ETH. : – Plus encore ! De tous les biens que l'homme doit s'efforcer d'acquérir, c'est la morale, ou vertu, qu'il place en premier.

SO. : – Excellente parole, Ethikomène. Mais de la sagesse et du philosophe, qu'en dit-il ? Ne les place-t-il pas à égalité avec la vertu et "l'homme moral" ?

ETH. : – Du tout, Sophias ! Bien plus que celle du philosophe, la conduite de l'homme moral qui se conforme aux lois de la cité est digne d'éloge. Voilà ce qu'il affirme.

SO. : – Mais toi, Ethikomène, que t'en semble-t-il ?

ETH. : – La même chose, vraiment. L'homme vertueux, celui qui se conduit selon notre morale, pourra prétendre aux honneurs et à une situation enviée dans la cité, plus encore que le philosophe qui se tient en dehors du monde et de ses réalités.

SO. : – Et quel est-il, cet "homme moral" ?

ETH. : – Tout simplement celui qui recherche le bien, Sophias !

SO. : -- Qui recherche le bien pour tous, ou son bien propre ?

ETH. : – Eh ! Je vois où tu veux en venir ! Pas le bien de ses ennemis, par Zeus ! S'il cherchait le bien de ses ennemis, c'est son mal qu'il trouverait ! Dans son intérêt, l'homme moral recherche forcément son bien propre, se gardant de tout mal et de toute souffrance !

SO. : – Cet homme-là m'a tout l'air de savoir ce qu'il veut, Ethikomène ; et s'il parvient à ses fins, son existence sera tout à fait digne d'envie. Souhaitons lui cependant de ne manquer ni de jugement ni de volonté.

ETH. : – Et pourquoi donc, Sophias ?

SO. : – Pour discerner le bien du mal et vouloir le premier tout en refusant le second.

ETH. : – Tu n'es pas sérieux, Sophias ! Cela même un enfant pourrait le faire !

SO. : – Est-ce donc si simple à ton avis ?

ETH. : – Pour sûr ! Reconnaître la douleur quand elle se présente ne pose certainement pas de grandes difficultés !

SO. : – Ainsi donc, "l'homme moral" est celui qui saura aisément choisir dans son intérêt tout le bien possible et éviter non moins aisément, mal et souffrance.

ETH. : – C'est tout à fait cela.

 

 

 

 

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Membre, Posté(e)
Boutetractyxreqs Membre 5 959 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

La sagesse peut être différente de la morale car pour elle tout est question de gout, elle n'impose pas le bon gout contrairement à la morale.

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)

Je suis ébahi, voici que @Blaquière a dû se reconvertir en archéologue et qu'il a exhumé lors de ses fouilles un texte d'ancien grec de Platon :D

C'est marrant, mais je ne vois pas trop quelle est la morale de l'histoire, sauf peut-être à dire qu'il ne faut pas faire le bien de ses ennemis :p

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a 25 minutes, Quasi-Modo a dit :

Je suis ébahi, voici que @Blaquière a dû se reconvertir en archéologue et qu'il a exhumé lors de ses fouilles un texte d'ancien grec de Platon :D

C'est marrant, mais je ne vois pas trop quelle est la morale de l'histoire, sauf peut-être à dire qu'il ne faut pas faire le bien de ses ennemis :p

J'ai joué à Platon, là, (avec mon fils) J'en ai fait une caricature ! Il a fallu que j'ai plus de 40 ans pour comprendre  et imiter la manière de Platon ! Je vais mettre encore quelques pages de ce dialogue... mémorable! Je me souvins, quand on l'a écrit, c'était pour moi un vrai plaisir... Un bonheur...

J'ai presque envie de faire comme un faux... archéologique !!!

Je vais m'y amuser !...

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Une idée du manuscrit original...

Ethicomanus.thumb.jpg.b3f6cea15514e585598eef7ff2155687.jpg

:smile2:

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

2 : L'homme moral doit posséder une certaine science du bien.

 

SO. : – Mais après un effort prolongé au soleil, le coureur à pied ne trouverait-il pas agréable de se plonger dans une source glacée ?

ETH. : – Sans doute.

SO. : – Et s'il fait cela, ne risque-t-il pas d'en retirer quelque mal, par suite d'un trop violent refroidissement, alors même que c'est son bien qu'il croit obtenir?

ETH. : – En effet Sophias.

SO. : – Le bien n'est donc pas si évident à reconnaître.

ETH. : – Dans ce cas, certes ; mais ton coureur à pied est bien loin de l'homme moral dont nous parlons. Et les questions de morale demandent une bien plus grande élévation de l'esprit !

SO. : – Tu es bien heureux, Ethikomène, d'avoir été initié aux Grands Mystères avant de l'avoir été aux petits ! Je voulais simplement dire que pour vraiment atteindre le bien, l'homme moral doit savoir le distinguer du mal et donc posséder une certaine science de ce bien.

ETH. : – Sans contredit.

SO. : – Car sinon, il se croit moral sans l'être véritablement.

ETH. : – C'est aussi mon avis.

 

3 : Le vrai homme moral ne cherche pas son bien personnel mais LE bien.

 

SO. : – Représente-toi à présent non plus un coureur unique mais toute une multitude de coureurs à pied dont un seul serait avisé du danger de l'eau froide. Que doit-il faire ? Avertir les autres du danger ?

ETH. : – Pas s'il veut gagner, Sophias !

SO. : – Mais alors, sa victoire étant due plus à la ruse qu'à ses capacités véritable de coureur à pied, aura-t-elle grande valeur ?

ETH. : – Certainement pas !

SO. : – Mais si, en revanche, après avoir informé les autres concurrents il n'est pas le vainqueur, ne retirera-t-il pas de son généreux comportement, malgré sa défaite une plus grande renommée encore que le vainqueur lui-même ?

ETH. : – Je pense en effet que tu as raison.

SO. : – Ne crois-tu pas que l'homme moral, s'il fait passer le bien de tous avant son bien propre ou quelque bien particulier, suscitera lui aussi chez ses concitoyens une bien plus grande estime ?

ETH. : – Cela semble juste.

 

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Invité sera-angel
Invités, Posté(e)
Invité sera-angel
Invité sera-angel Invités 0 message
Posté(e)

Platon cherchait à faire le bien...dans un caractère purement idéal.

Mais bien sûr les mauvaises langues ( déjà présentes à cette époque) ont commencé à faire courir des bruits et rumeurs sur le fait que Platon nique..

Que sa recherche du bien était donc surtout charnelle..

C est ainsi qu est né et qu est resté le terme : amour platonique !

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a 5 minutes, sera-angel a dit :

Platon cherchait à faire le bien...dans un caractère purement idéal.

Mais bien sûr les mauvaises langues ( déjà présentes à cette époque) ont commencé à faire courir des bruits et rumeurs sur le fait que Platon nique..

Que sa recherche du bien était donc surtout charnelle..

C est ainsi qu est né et qu est resté le terme : amour platonique !

Platon? Inique !

Il y a aussi la contrepèterie (je la dois à un copine)

Il ne faut pas confondre "Socrate" et "sa crotte" !

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Membre, Talon 1, 79ans Posté(e)
Talon 1 Membre 24 296 messages
79ans‚ Talon 1,
Posté(e)
il y a une heure, Blaquière a dit :

Une idée du manuscrit original...

Ethicomanus.thumb.jpg.b3f6cea15514e585598eef7ff2155687.jpg

:smile2:

Vérifiez l'orthographe.:D

C'est bien du boustrophédon : on lit la première ligne de gauche à droite, la deuxième de droite à gauche, et ainsi de suite.

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a 32 minutes, Talon 1 a dit :

Vérifiez l'orthographe.:D

C'est bien du boustrophédon : on lit la première ligne de gauche à droite, la deuxième de droite à gauche, et ainsi de suite.

J'y travaille :

ΕΘΙΚΟΜΕΝΕΣ

περί ηθική (πολιτευτής) και φιλοσοφία

Σοφίας, Εθικομενες

1 ΠΡΟΛΟΓΟΣ : Ορισμός του ηθικού ανθρώπου ανώτερου από τον σοφό άνθρωπο σύμφωνα ο Εθικομενες.

ΣΟΦΙΑΣ : - Το βήμα σου αποφασίζεται, ο Εθικομενες και η έκφρασή σου πολύ χαρούμενοι ! Θα κάνατε μια καλή συμφωνία για την επιχείρησή σας ή ο φωτισμός του προσώπου σου οφείλεται σε κάποια χαρούμενη συνάντηση;

ΕΘΙΚΟΜΕΝΕΣ : - Κανένα από αυτά, ο Σοφίας! Το μυαλό μου είναι γοητευμένος, και η αξιοθαύμαστη ομιλία του Στεσιφως που αφήνω μόλις τώρα είναι την αιτία.

 

(Merci "google traduction" ! Bon, c'est du grec moderne, hélas !)

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

4 : La difficulté d'être un homme moral.

 

SO. : – Ne dis-tu pas que c'est pour ses actions conformes au bien que l'homme moral est admiré dans la cité ?

ETH. : – Tout-a-fait.

SO. : – Mais admire-t-on ce qui est laid ?

ETH. : – Tu fais l'enfant, Sophias !

SO. : – Une action conforme au bien est donc aussi une belle action?

ETH. : – Bien sûr, le contraire serait étrange !

SO. : – De deux choses que l'on dit belles, laquelle sera supérieure à l'autre, et par tant la plus belle ; celle qui sera occasionnellement belle, ou belle en tout temps ?

ETH. : – Que veux-tu dire ?

SO. : – De deux statues identiques dont l'une a été sculptée dans le marbre le plus dur et l'autre modelée dans l'argile plastique, laquelle sera la plus belle?

ETH. : – Tu as bien dit que les deux statues étaient identiques ?

SO. : – En tout point !

ETH. : – Je les dirai donc aussi belles l'une que l'autre !

SO. : – Les trouveras-tu toujours pareillement belles lorsqu'après quelque intempérie, pluie ou vent, la statue d'argile commencera à s'éroder et que celle de marbre restera identique à elle-même ?

ETH. : – Non, bien sûr !

SO. : – En sorte qu'il faut à une statue être belle maintenant et toujours pour être vraiment belle.

ETH. : – Je te l'accorde.

SO. : – Pour réaliser laquelle de ces deux statues le sculpteur a-t-il le plus peiné ? Celle de marbre, tu en conviendras ?

ETH. : – Certainement. Mais nous sommes à nouveau bien loin de l'homme moral !

SO. : – En es-tu sûr ? Tu as dit toi-même que le bien était beau et le beau, bien ; es-tu toujours d'accord ?

ETH. : – Oui.

SO. : – Alors, s'il est difficile de faire le beau, il est aussi difficile de faire le bien ; et plus la contrainte sera grande, plus l’œuvre ou l'action seront belles et bonnes, comme par réaction. L'athlète le plus fort et le plus admiré est celui qui, soulevant le plus gros poids, est capable du plus grand effort. Et l'homme moral est d'autant plus digne d'éloge qu'il surmonte un grand nombre d'obstacles dans la recherche du bien.

ETH. : – C'est la vérité ; mais tu empruntes bien des détours.

SO. : – C'est précisément que la connaissance de la vérité n'est pas si simple ! L'homme moral sera donc celui qui, outre la connaissance du bien, saura s'armer de courage pour l'appliquer, ne reculant devant aucune difficulté.

ETH. : – C'est juste.

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

@deja-utilise ça fait plaisir d'avoir un peu une réaction !

C'est dur quand on a l'impression de parler dans le vide ! :)

 

(A part Le Merle qui fait souvent l'effort de se signaler, bien sûr)

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 6 039 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

 

Citation

C'est dur quand on a l'impression de parler dans le vide !

Tout dépend sans doute des personnes ! Je suppose que l'on peut prendre cet espace comme son journal intime après tout, du moment que ça puisse s'approcher bon an mal an de la philosophie.

 

Sinon, et quand bien même je salue l'exercice de ta part, il s'avère que tout ne coule pas de source. Si certes, sur le plan méthodique et l'objectif, n'importe qui d'un peu futé serait capable de te suivre, ou du moins Sophias dans sa rhétorique, il faut quand même soulever une difficulté de taille et non des moindres, sa mise en application dans la vie de tous les jours. Un peu comme Pyrrhon qui doutant de tout, voulait suspendre son jugement, si dans le principe on ne peut être que d'accord, son argumentation est solide, dans la réalité de la vie, on ne peut honnêtement ou décemment pas en rester là.  

 

Prenons deux exemples analogiques, pour mieux s'en faire une idée, le premier serait de tomber par exemple d'accord sur l'idée que Bien écrire c'est important, qu'il faut le faire, avec des raisons convaincantes, mais malheureusement, il est fort probable que nous ne nous entendions pas en revanche sur ce qu'est Bien écrire concrètement, pour certains ce sera d'user de belles phrases, d'autres d'y mettre ses sentiments sincères, certains de dire quelque chose du monde avec rigueur, voire avec une formule mathématique, d'aucuns de dire le vrai, et d'autres encore pourquoi pas de le présenter sous forme d'une démonstration, d'y mettre des images, de la couleur, des circonvolutions livresques, des citations à tout bout de champs, de la concision, de manière romancée, etc, etc... Ce n'est donc pas si simple à mettre en application, même si l'idée première semblait l'être.

Le deuxième exemple illustratif, ce serait qu'une fois un objectif défini, comme une destination, on se questionne sur le chemin à emprunter et comment, devons-nous nous y rendre à pied, c'est économique, écologique et assez libre de nos mouvements, mais ce sera long et éreintant sans doute, voire dangereux, on peut s'y rendre à dos d'animal, mais cela demande une certaine organisation tout au long du trajet, nous sommes dépendants d'écuries, de soin et de nourriture pour l'animal, de même on peut avoir un cas de conscience d'utiliser une bête comme moyen de portage ou de savoir qu'on risque de la tuer à la tâche, on peut envisager de s'y rendre en voiture, si des routes peuvent y mener, il faudra quand même prévoir des ravitaillements en carburant, et peut-être des dépannages, de l'entretien courant, et donc des couts conséquents en plus de notre propre alimentation, ce sera plus rapide mais en contre partie ce sera aussi plus polluant, aussi bien avec un décalage géographique que temporel, la pollution pour jouir de cette auto n'étant pas sous nos yeux présentement et localement, il y a un effet d'éloignement que nous aurons du mal à bien jauger pour notre voyage en tête.

 

Le bien agir pour certains, les vainqueurs, peut leur apparaitre comme une faiblesse, seule la victoire compte, il n'y aura dès lors pas de reconnaissance sur l'acte vertueux, mais au contraire il sera dévalorisé ou hué, ou simplement incompris, et n'aura alors pas d'effet pédagogique ou émancipateur pour autrui, hormis son protagoniste qui devra se contenter d'agir en son âme et conscience uniquement, les autres étant affairés à maximiser leurs gains et minimiser leurs pertes, seule réalité tangible à leur yeux, en tant qu'êtres autonomes et libres d'agir à leur guise, sous couvert des règles imparfaites de la cité. Pourquoi faire plus pour avoir moins, quand je peux faire moins pour avoir plus ?! Pour ces personnes là, c'est inconcevable, incompréhensible, bien trop éloigné de leurs aspirations immédiates, de leurs réactions animalesques ou de leur volonté de puissance. Comme le disait lors d'un entretien dans un magasine de Sciences Humaines, Didier Pleux nous rappellent que l'Homme ne sait pas " s'empêcher ", ce que confirme également, par la science, Sébastien Bohler avec son livre " Le bug Humain ".

La raison est bien peu de chose face à des forces bien plus puissantes qu'elle, et c'est bien parce que l'on serait accompagné ou guidé par une vive émotion bienfaisante que la raison pourrait s'opposer ou rectifier ce que d'autres volitions l'inclineraient pourtant à entreprendre, une des émotions salvatrices, si ce n'est la seule, serait la sensibilité, grande oubliée de la tradition philosophique, et pourtant...  

Les deux jumelées ( raison et sensibilité ) permettrait une plus grande conscientisation ou une élévation morale supérieure ou plus droite, sans tomber de temps à autres, faiblesse oblige, faillible que nous sommes, dans la compensation morale qui guette la moindre interstice pour s'engouffrer.  

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

@deja-utilise

Je pensais hier que toute "pensée" était composite se composant peu ou prou de trois éléments.

 Il y a l'objet, le matériau proprement dit, ce dont il s'agit ; je parle de la terre ou de Dieu ou du style... (Bien sûr il est question de définir ce sujet au mieux).

Puis il y a le "programme" que l'on applique à cet objet-sujet. On lui attribue un qualité ou un action.  C'est la proposition. Entre la logique et la linguistique ou la grammaire. Dieu est infini, la terre ronde et le style beau...

Mais le troisième élément c'est celui qui met tout en œuvre : le sujet "pensant". C'est lui qui va choisir et le matériau (qui va le définir) et le programme à lui appliquer. En fonction de son intention, de sa volonté, de sa sensibilité comme tu as dit. En un sens c'est bien elle qui dirige tout.

Le sujet pensant est un sujet sensible. Et tout (l'objet le programme de pensée) est au service de sa volonté (1), donc de sa sensibilité.

 

Tu parles aussi du style. Ce serait si intéressant d'en parler, d'approfondir ce sujet.

 Qu'est-ce qui fait (dans notre personnalité) que nous serons sensibles à tel ou tel style plutôt qu'à tel autre ?

Là encore, c'est notre sensibilité !

 l'opposition Sartre-Camus.... Sartre que je trouve si brillant, si précis et qui met le style au service du sens. Camus et son écriture blanche, morne... St John Perse  et sa grandiloquence que moi je trouve insupportable et que d'autres admirent... D'autres qui ont une écriture "fleurie", trop riche comme une photo ou un peinture trop colorées... comme une vulgarité... qui enlise le sens.

"la sensibilité, grande oubliée de la tradition philosophique, et pourtant... " C'est une grande vérité, ça !  Il faudrait faire le détour par la psychologie, la psychanalyse, les philosophes y  sont allergiques en général !

Tiens, il me reste une ou deux pages pour finir mon dialogue... Et si je m'empêchais de les mettre? Est-ce que ce serait (enfin !) un acte philosophique ?  :)

 

PS : mon dialogue est une parodie, il a la qualité (l'humour) et le défaut (caricatural)  d'une parodie...

 

(1) et c'est cette volonté, ce désir de départ à l'origine de la pensée qui fait la différence entre l'esprit religieux et l'esprit scientifique ou philosophique. (ds notre discussion d'hier). C'est là que la différence est "amusante" ! La motivation de l'esprit religieux c'est de montrer que tout va aller obligatoirement vers Dieu, tandis que l'esprit scientifique ou philosophique est prêt à aller n'importe où... pourvu que ce ne soit pas vers Dieu (ou ses ayants droit !)

L'esprit scientifique est donc sans doute plus libre, mais en quelque sorte "formaté" à un second degré ! Disons qu'il se pose des barrières a priori. Mais le sait. Il emprunte et cherche les chemins qui ne passent pas par Dieu.

Tandis que l'esprit religieux évitera les chemins qui ne passent pas par Dieu... (Sans le savoir ?)

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Le 01/03/2020 à 12:43, Boutetractyxreqs a dit :

La sagesse peut être différente de la morale car pour elle tout est question de gout, elle n'impose pas le bon gout contrairement à la morale.

Je relis ce que tu as dit et j'en suis étonné !

 Ne pourrait-on pas dire plutôt le contraire, à savoir que la morale est une question de goût (elle est variable et particulière) quand la sagesse est ou au moins se voudrait plus universelle ?

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

J'ai fait un gros effort philosophique : celui de m'empêcher de m'empêcher , alors, voilà la suite....

 

5 : Le sage philosophe doit connaître le bien.

 

SO. : – Et du philosophe que Stésiphos ne semble pas particulièrement porter dans son coeur ; qu'en penses-tu toi-même ?

ETH. : – La même chose que lui : c'est l'homme qui communique le trouble de son esprit à tous ceux qui l'écoutent. Et il fait bien, si tu veux m'en croire, de rester à l'écart des affaires de la cité !

SO. : – Tu es bien sévère à son égard, Ethikomène. Le philosophe n'est-il pas celui qui, comme son nom l'indique, aime la sagesse ?

ETH. : – Sans doute.

SO. : – Et pour l'aimer, ne faut-il pas savoir ce qu'elle est ou tout au moins en avoir quelque idée ?

ETH. : – Ma fois oui ; mais où veux-tu en venir ?

SO. : – Je veux simplement essayer de savoir avec ton aide qui est l'homme sage ; de même que nous avons tenté de connaître de plus près l'homme moral.

ETH. : – Soit !

SO. : La sagesse est-elle la science qui a pour objet la souffrance, la douleur, la faiblesse et la lâcheté ?

ETH. : – Tu te moques de moi, Sophias !

SO. : – Réponds-moi plutôt : a-t-elle pour objet la connaissance de ces choses que l'on regroupe habituellement sous le terme plus général de mal ?

ETH. : Non bien sûr ! Ce serait plutôt le contraire.

SO. : – c'est donc la science du courage, de la force, en un mot, du bien.

ETH. : – C'est évident.

 

 

6 Il n'y a qu'un seul bien.

 

SO. : – Hé ! Ne vois-tu pas ce que je vois ?

ETH. : – Quoi donc ?

SO. : – Peut-il y avoir deux biens à connaître ?

ETH. : – Je ne comprends pas ta question, Sophias.

SO. : – Le bien est-il semblable à lui-même ou différent ?

ETH. : – Mais pas Zeus ! je ne sais pas ce que tu veux dire !

SO. : – Le non-bien peut-il être le bien ?

ETH. : – Tu t'amuses à faire l'ignorant, Sophias !

SO. : – Il n'y a donc qu'un seul bien ?

ETH. : – Hé ! absolument.

 

(à suivre)

 

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Allez, je termine !

 

7 CONCLUSION :

L'homme moral doit être sage et l'homme sage est forcément moral.

 

SO. : – N'avons nous pas dit tout à l'heure que l'homme moral possédait la connaissance du bien ?

ETH. : – Oui.

SO. : – Ne disons-nous pas à présent la même chose du sage ?

ETH. : -- Je le crois bien.

SO. : – Et nous venons de dire à l'instant qu'il n'y a qu'un seul bien.

ETH. : – En effet.

SO. : – C'est donc le même bien que doivent connaître l'homme moral et le sage.

ETH. : – C'est tout a fait la vérité, Sophias ; et c'est bien pour cela que l'homme moral est supérieur : il a non seulement la connaissance, comme l'homme sage, mais en plus, par sa vertu d'homme moral, il a la puissance d'agir !

SO. : – Ne claironne pas ta victoire, Ethikomène ; garde un peu de pitié pour le vieil homme que je suis ! Et prenons surtout garde de ne pas brûler les étapes de notre recherche. Il nous faut encore éclaircir un point.

ETH. : – Parle, Sophias !

SO. : – N'y a-t-il pas dans le bien, lorsqu'on le connaît, un impératif qui nous force à lui obéir ?

ETH. : – Qu'entends-tu par là ?

SO. : – Connaître le bien c'est savoir que le bien est meilleur que le mal.

ETH. : – Sans contredit.

SO. : – Et qu'il est de loin préférable.

ETH. : – Oui.

SO. : – Celui qui préfère le bien agira-t-il en vue du mal ?

ETH. : – Pas du tout !

SO. : – L'homme sage agira donc en vue du bien.

ETH. : – C'est évident !

SO. : – Et celui qui agit en vue du bien n'est-ce pas celui-là même que nous appelions tout à l'heure l'homme moral ?

ETH. : – Je ne sais comment cela se fait, Sophias ; mais il me semble que tu as raison.

SO. : – Il te semble seulement ou tu en es-tu tout à fait sûr ?

ETH. : – J'en suis sûr.

SO. : – Ne vois-tu donc toujours pas ce que je vois ?

ETH. : – Quoi donc ?

SO. : – Que si l'on en croit ce que nous venons de dire, l'homme moral et le sage ne sont qu'un seul et même homme.

ETH. : – Tu as raison.

 

                                                    FIN

 

 

 

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Membre, 48ans Posté(e)
Fraction Membre 7 000 messages
Maitre des forums‚ 48ans‚
Posté(e)
Le 01/03/2020 à 12:36, Blaquière a dit :

Un "nouveau" dialogue de PLATON !

 

ETHIKOMENE

 

Sur la morale (en politique ?) et la philosophie

 

Sophias, Ethikomène

 

1 PROLOGUE :

Définition de "l'homme moral" supérieur à l'homme sage selon Ethikomène.

 

SOPHIAS : – Ton pas est décidé, Ethikomène et ton air bien réjoui ! Aurais-tu conclu quelque bonne affaire pour ton négoce ou dois-tu l'illumination de ta mine à quelque heureuse rencontre ?

ETHIKOMENE : – Rien de tout cela, Sophias ! C'est mon esprit qui est charmé ; et l'admirable discours de Stésiphos que je quitte à l'instant en est la cause.

SO. : – La renommée de Stésiphos est grande en effet ; mais de quoi parlait-il donc ?

ETH. : – De l'homme moral, Sophias.

SO. : – Et il en faisait l'éloge, j'espère !

ETH. : – Plus encore ! De tous les biens que l'homme doit s'efforcer d'acquérir, c'est la morale, ou vertu, qu'il place en premier.

SO. : – Excellente parole, Ethikomène. Mais de la sagesse et du philosophe, qu'en dit-il ? Ne les place-t-il pas à égalité avec la vertu et "l'homme moral" ?

ETH. : – Du tout, Sophias ! Bien plus que celle du philosophe, la conduite de l'homme moral qui se conforme aux lois de la cité est digne d'éloge. Voilà ce qu'il affirme.

SO. : – Mais toi, Ethikomène, que t'en semble-t-il ?

ETH. : – La même chose, vraiment. L'homme vertueux, celui qui se conduit selon notre morale, pourra prétendre aux honneurs et à une situation enviée dans la cité, plus encore que le philosophe qui se tient en dehors du monde et de ses réalités.

SO. : – Et quel est-il, cet "homme moral" ?

ETH. : – Tout simplement celui qui recherche le bien, Sophias !

SO. : -- Qui recherche le bien pour tous, ou son bien propre ?

ETH. : – Eh ! Je vois où tu veux en venir ! Pas le bien de ses ennemis, par Zeus ! S'il cherchait le bien de ses ennemis, c'est son mal qu'il trouverait ! Dans son intérêt, l'homme moral recherche forcément son bien propre, se gardant de tout mal et de toute souffrance !

SO. : – Cet homme-là m'a tout l'air de savoir ce qu'il veut, Ethikomène ; et s'il parvient à ses fins, son existence sera tout à fait digne d'envie. Souhaitons lui cependant de ne manquer ni de jugement ni de volonté.

ETH. : – Et pourquoi donc, Sophias ?

SO. : – Pour discerner le bien du mal et vouloir le premier tout en refusant le second.

ETH. : – Tu n'es pas sérieux, Sophias ! Cela même un enfant pourrait le faire !

SO. : – Est-ce donc si simple à ton avis ?

ETH. : – Pour sûr ! Reconnaître la douleur quand elle se présente ne pose certainement pas de grandes difficultés !

SO. : – Ainsi donc, "l'homme moral" est celui qui saura aisément choisir dans son intérêt tout le bien possible et éviter non moins aisément, mal et souffrance.

ETH. : – C'est tout à fait cela.

 

 

 

 

Bonjour,

Cet éloge de la morale montre « qui » nous sommes.

Mais il ne montre pas « quoi » nous sommes.

Le sujet humain, l’être humain, et la chose humaine coexistent dans un certain parallélisme, dont le « code de la route » est partiellement indéterminé.

D’où la diversité culturelle et la biodiversité des personnalités : chaque culture, chaque personnalité est le fruit d’une adaptation particulière à sa condition.

Ce qui signifie que la plupart des vérités sont conjoncturelles et que le Bien est aussi fait d’adaptabilité.

 

J’ai une illustration fétiche qui explicite la relation paralléliste entre la morale et la sagesse :

« On ne peut distribuer que les richesses qu’on a créées. »

Cet exemple montre à la fois le parallélisme impartial entre le sujet et la chose, et l’indétermination du choix.

Vulgairement parlant : la politique de l’offre a l’argument chronologique, mais la politique de la demande a l’argument référentiel.

 

Le bien propre mûrit en bien général, voire en bien absolu.

C’est l’électronique animale (sens, représentation, moteur) qui s’extrapole en électronique personnelle (morale, justice, sagesse).

L’opérateur de cette métamorphose c’est l’empathie et la reconnaissance.

Nous sommes ce que nous reconnaissons : le pays qui reconnaîtra l’argent sera reconnu par la loi de l’argent (demande et offre), l’homme qui reconnaîtra la vérité sera reconnu par la loi de la vérité (nécessité et suffisance).

 

Cordialement, Fraction

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Membre, Posté(e)
Boutetractyxreqs Membre 5 959 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Le 05/03/2020 à 09:30, Blaquière a dit :

Je relis ce que tu as dit et j'en suis étonné !

 Ne pourrait-on pas dire plutôt le contraire, à savoir que la morale est une question de goût (elle est variable et particulière) quand la sagesse est ou au moins se voudrait plus universelle ?

La sagesse 

Du latin populaire *sabius, de latin sapiens (« qui a du goût »), participe présent de sapĕre « avoir du goût ; être dans son bon sens ; avoir du jugement ; s’y connaître » ; 

De l’indo-européen commun *sap [1] (« sentir ») 

La morale

du radical indo-européen commun [2] *ma- (« bon » 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a 10 minutes, Boutetractyxreqs a dit :

La sagesse 

Du latin populaire *sabius, de latin sapiens (« qui a du goût »), participe présent de sapĕre « avoir du goût ; être dans son bon sens ; avoir du jugement ; s’y connaître » ; 

De l’indo-européen commun *sap [1] (« sentir ») 

La morale

du radical indo-européen commun [2] *ma- (« bon » 

Je suis admiratif !

La sagesse, le SAVoir comme une SAVeur...

L'idée me plaît !

Il faut tout que je reprenne à zéro ! :)

 

Mais ne risque-t-on pas de ne prendre pour vrai que ce qui nous plaît ? Que ce qui a bonne saveur ?

Le "savoir savoureux"... Le chapitre n'est pas clos !

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