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La jeune génération se sent concernée par la pauvreté, c'est bien !


Gillet Guy

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Membre, 66ans Posté(e)
Gillet Guy Membre 143 messages
Baby Forumeur‚ 66ans‚
Posté(e)


Selon l'article 22 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 : "Toute personne, en tant que membre de la société, a le droit à la sécurité sociale, elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits sociaux, économiques et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité. grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte-tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays." Il faut spécifier surtout que l'accès à l'eau, à la nourriture, au logement, à l'éducation de base sont des droits vitaux qui relèvent du respect de la dignité humaine. Au regard de ces droits fondamentaux et fort de ma modeste expérience de Responsable-bénévole dans l'humanitaire, depuis peu, je vais à la rencontre d'écoliers ou de jeunes dans les collèges, lycées et universités pour témoigner d'un parcours associatif et surtout pour débattre avec eux sur ce thème de la pauvreté. Croyez bien que ces enfants ou adolescents sont très lucides, n'étant pas encore, si je puis dire, "pollués" par les idées reçues qui déforment gravement notre regard trop souvent suspicieux envers ceux qui sont différents de nous.


Utilisant la vidéo comme support dans mes interventions, je leur fais découvrir de petits reportages montrant des situations concrètes de familles, personnes seules ou SDF traversant des épreuves difficiles. Lors de nos échanges, ils prennent alors conscience que près de chez eux, il y a des pauvres qui souffrent en silence, ils en sont révoltés et sont aussi stupéfaits de découvrir que la France compte près de 9 millions de pauvres et plus de 150 000 personnes vivant dans la rue. Je les questionne par exemple pour leur demander ce qui, à leur avis, fait que des citoyens tombent ainsi dans la pauvreté et ils me répondent que ce peut être à cause de la perte d'un travail, d'une maladie, de factures impayées, etc... Et puis, j'utilise la mise en scène en demandant leur participation active, c'est ainsi que je peux m'asseoir dans la classe pour jouer le rôle d'un SDF, posé là sur le trottoir d'une grande ville. Je demande aux jeunes de jouer le rôle des piétons qui soit, passeront leur chemin sans me voir, soit me donneront une pièce, ou encore s'arrêteront pour me dire bonjour et discuter un moment avec moi.


Je me rends compte que c'est très pédagogique car avant tout visuel et, après ce jeu de rôles, on en discute pour décrypter les attitudes, observer ce qui a relevé de la prise en compte des personnes démunies ou, au contraire, de ce qui a relevé de l'indifférence, voire du rejet de l'autre qu'on ne veut pas prendre en compte. Les jeunes peuvent ainsi apprendre à dépasser les peurs, les freins si compréhensibles que nous pouvons avoir face à des personnes qui sont différentes dans leur aspect ou dans leur comportement qui sortent de la "norme". Tout ceci permet de sortir de sa zone de confort, comme me disait un étudiant, d'aller vers l'autre en osant faire le premier pas pour recréer un peu d'humanité. Ma démarche ne consiste pas à imposer à ces jeunes un point de vue, mais bien de les faire réfléchir par eux-mêmes pour prendre conscience, pour se forger une opinion personnelle afin de lutter surtout contre les préjugés qui tendent à stigmatiser ceux qui ne sont pas comme nous, pour moi c'est bien le but à atteindre !

 

Avec le soutien des chefs d'établissement, des enseignants ou des animateurs en Pastorale scolaire, tous tellement dévoués et passionnés par ce métier de l'éducation si essentiel, cette jeune génération pourra ensuite s'engager dans des actions caritatives concrètes au sein de leur établissement. C'est ainsi qu'un collège permet par exemple aux élèves d'aller à la rencontre de bénévoles dans une association, pour se rendre compte du travail effectué auprès des plus démunis, cela est vraiment très pédagogique. Autre exemple, après ma venue pour rencontrer des étudiants dans une faculté, la responsable des formations m'a dit que certains allaient se renseigner pour aller faire des maraudes le soir afin d'aller au devant des SDF. Pourtant, je ne leur avais rien proposer de concret mais eux-mêmes ont ainsi décidé de se bouger, de faire l'effort pour rencontrer des personnes en souffrance, c'est formidable !

 

Personnellement, comme d'autres, en rencontrant ces écoliers ou jeunes, je ne joue que le modeste rôle de témoin, pour mettre un coup de projecteur sur cette pauvreté bien réelle, afin qu'ils intègrent cette problématique sociétale sans jamais s'habituer au final à ce qui est intolérable ! Cette transmission de valeurs aussi indispensables que la fraternité, la solidarité, permettra d'entretenir l'espérance pour demain pour pouvoir créer un monde plus juste et moins déshumanisé, nous n'avons pas le choix si nous souhaitons sauvegarder la cohésion et la paix. Il semble vraiment que le message soit bien reçu 5 sur 5 par la jeune génération dont on peut espérer, j'en suis sûr, qu'elle ne se voilera pas la face devant les injustices intolérables. Pour finir, en vieil idéaliste bien imparfait que je suis, je rêve obstinément que les citoyens de demain pratiqueront une solidarité plus instinctive et naturelle et, pour cela, je reste persuadé que cela s'apprend dès le plus jeune âge. Cela permettra de toujours regarder la réalité en face et le monde s'en portera vraiment mieux, car on lui aura redonné son véritable sens, merci d'y croire aussi !


Guy GILLET

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Membre, 51ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 47 126 messages
Maitre des forums‚ 51ans‚
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Alors je viens de tomber sur un de ces nombreux messages "positifs" d'internet qui me dit qu'il n'y a pas plus riche que celui qui n'a besoin de rien... et là je te lis et j'ai l'impression que le pauvre est celui qui a besoin de tout. Est ce qu'il est envisageable de penser le pauvre en dehors d'une pensée de "possession"? Là tu annonces 9 millions de pauvres parce qu'on élève régulièrement le seuil de pauvreté (calculé sur la base de 60% du niveau médian): mon voisin a une augmentation et hop je suis pauvre parce que j'étais de l'autre coté encore hier.

 

Du coup tu proposes quoi concrètement pour endiguer la pauvreté? Parce que mathématiquement il faut soit que les gens renoncent être augmenté, voire qu'ils demandent à être payé moins pour faire baisser le niveau de la pauvreté... soit revoir le calcul de la pauvreté... soit suivre le précepte d’ascétisme prôné dans le message facebook positif et faire en sorte de ne plus rien désirer et de vivre comme Diogène de Sinope... 

 

On fait quoi? Parce que si les jeunes se disent "oh un pauvre dans la rue... Mmmm... c'est con pour lui" C'est peut être insuffisant... Même demander aux jeunes de leur filer 2€ dès qu'ils en voient parce que ça fait plaisir mais ce n'est pas ça qui va les faire sortir de la rue. Sauf s'ils croisent une centaine de jeunes par jour et qu'ils se font 200€ au black quotidiennement... 

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Invité narcejo
Invités, Posté(e)
Invité narcejo
Invité narcejo Invités 0 message
Posté(e)

C'est juste la mendicité agressive qui est proscrite dans les villes. Et, forcément, les autres s.d.f, on ne les voit plus, ce sont certes pas eux qui réclament des sous à la sortie de l'église.

Leurs ancêtres se faisaient passer pour des aveugles, des sourds muets, on en voit encore qui tiennent simplement un panonceau où y a marqué sobrement "j'ai faim". Cela a le mérite d'être moins hypocrite. Beaucoup de s.d.f venant d'Europe de l'Est, ne surtout pas leur demander de vous faire les lignes de la main, ça c'était ce qu'ils faisaient avant, maintenant ils ont tourné casaque, ils sont plus près d'un couteau éventuel que d'une boule de cristal.

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Membre, Talon 1, 79ans Posté(e)
Talon 1 Membre 23 962 messages
79ans‚ Talon 1,
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"Il n'est pas facile de pardonner aux malheureux le pouvoir qu'ils ont sur nous." Alain

 

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Membre, 51ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 47 126 messages
Maitre des forums‚ 51ans‚
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il y a 3 minutes, narcejo a dit :

C'est juste la mendicité agressive qui est proscrite dans les villes. Et, forcément, les autres s.d.f, on ne les voit plus, ce sont certes pas eux qui réclament des sous à la sortie de l'église.

Leurs ancêtres se faisaient passer pour des aveugles, des sourds muets, on en voit encore qui tiennent simplement un panonceau où y a marqué sobrement "j'ai faim". Cela a le mérite d'être moins hypocrite. Beaucoup de s.d.f venant d'Europe de l'Est, ne surtout pas leur demander de vous faire les lignes de la main, ça c'était ce qu'ils faisaient avant, maintenant ils ont tourné casaque, ils sont plus près d'un couteau éventuel que d'une boule de cristal.

Et leurs ancêtres à eux étaient des pèlerins respectés et priés dans toutes les villes chrétiennes parce qu'ils avaient fait voeux de pauvreté, et ce faisant, ils touchaient à la sainteté. Aujourd'hui le pauvre ce n'est plus ni le pèlerin, ni le faux aveugle, c'est l'ouvrier exploité. Demain le pauvre sera encore quelqu'un d'autre. 

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Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 17 156 messages
Forumeur confit,
Posté(e)
il y a une heure, Gillet Guy a dit :

Selon l'article 22 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 : "Toute personne, en tant que membre de la société, a le droit à la sécurité sociale, elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits sociaux, économiques et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité. grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte-tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays."

Le droit des uns c’est nécessairement le produit du devoir des autres.

Quand un pays est en guerre, les citoyens de ce pays peuvent toujours exigés des droits, mais si l’état est détruit, les voeux pieux au sujet des droits de « l’hommiste » c’est du pipeau, vous en conviendrez ?

Je rectifie, ce n’est pas du pipeau, c’est une utopie, c’est-à-dire la cible vers laquelle on doit collectivement tendre, sans jamais l’atteindre complètement. Pas besoin d'en faire des tartines...

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Membre, 66ans Posté(e)
Gillet Guy Membre 143 messages
Baby Forumeur‚ 66ans‚
Posté(e)

Et bien, avec tout cela, je sens surtout de l'agressivité envers les pauvres, ces miséreux qu'on ne veut plus voir tellement ils sont sales, détestables et hypocrites. Peut-être avez-vous raison de les ignorer ? Nous avons la société qu'on mérite après tout ! Je ne jugerai personne n'étant pas meilleur ou plus malin que les autres et, idéaliste comme je suis, je continuerai donc avec d'autres d'aller à la rencontre des pauvres au niveau du porte-monnaie, mais riches de coeur quand ils me sourient parce que je me serai enfin intéressé à eux, que demandent-ils de plus au fond ??!!....

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Membre, 66ans Posté(e)
Gillet Guy Membre 143 messages
Baby Forumeur‚ 66ans‚
Posté(e)

Oh, encore une chose Talon 1 : "Il n'est pas facile non plus de pardonner aux riches tout l'argent qu'ils ne veulent pas partager !" Sachant qu'on n'a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard, au moment où ils quitteront cette satanée Terre, ils laisseront tout derrière eux, c'est peut-être la vraie justice au fond ??!!... Si jamais il rencontre un pauvre dans l'autre monde, celui-ci ne lui en voudra pas de ne rien lui donner puisqu'ils seront alors aussi pauvres l'un que l'autre........ à quoi se résume une vie au final, peut-être simplement au regard et à l'attention que l'on prote sur les autres, qui sait ! Je dis cela....... je sis rien !!...

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Invité Ink 82
Invités, Posté(e)
Invité Ink 82
Invité Ink 82 Invités 0 message
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Bonsoir Gillet Guy,

Et merci pour ce sujet. Je trouve drôle que vous ayez rapidement cerné quelques uns... J'ai beaucoup aimé votre rappel de la DDH qui pose une définition générale et claire en utilisant un mot clef qui transcende les variantes statistiques : la dignité.

C'est une notion importante qui englobe non seulement les problématiques matérielles mais aussi les considérations (les jugements ?) morales (un pauvre est-il un "défavorisé", un "exclu", un "exploité", un "choix" ?), et qui est judicieusement tout de suite collé à "l'accès" : et c'est bien tous les noeuds du débat. Etre pauvre en France n'est effectivement pas du tout la même chose qu'être pauvre en Suisse ou au Bangladesh : les niveaux de vie et les paliers d'accès n'étant pas les mêmes. C'est même assez inquiétant de devoir rappeler ces évidences . La considération d'une personne comme étant socialement insérée variera inéluctablement et par essence d'une société à une autre.

Là où je prendrai distance avec votre démarche, même si je la comprends parfaitement et que je m'englobe dans la critique, c'est qu'elle conforte l'Etat dans son incurie, tant qu'il peut compter sur des substituts de bons coeurs à ses responsabilités constitutionnelles (respecter les DDR) et morales. Là où je la salue, c'est dans sa démarche inclusive de remettre dans la communauté nationale, donc d'insérer, celles et ceux qui sont laissés à son ban par le quidam.

J'en profite pour saluer cette belle démarche des "suspendus" qui m'est chère dans mon agglomération, qui consiste à prépayer un café, un livre, un dentifrice, une place de ciné... et d'en faire profiter une personne en situation de SDF.

Bonne soirée à vous

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Membre, 66ans Posté(e)
Gillet Guy Membre 143 messages
Baby Forumeur‚ 66ans‚
Posté(e)

Merci INK 82, je ne sais pas si j'ai cerné quelques uns sur ce forum, ce serait prétentieux car je ne les connais qu'à travers le clavier de l'ordi. Je dis ce que j'ai vu et ce peut être discutable, c'est bien le jeu d'un forum ! Effectivement, je le sais, les associations font le jeu de l'Etat qui est bien content au fond que des bénévoles servent, par leurs actions, à amortir les effets de la pauvreté et souvent, en tant que simple citoyen, j'ai interpellé des élus pour qu'ils prennent plus le problème à coeur. Grâce à eux cependant, nous avons pu obtenir ici un local, là du matériel, mais il faut se battre pour faire prendre conscience.

Autrement, oui, le but est bien d'insérer les plus démunis dans la société et de ne pas les laisser dans la pauvreté et on obtient des résultats même si c'est difficile, notre meilleure récompense, c'est quand ils retrouvent le sourire. Après, on ne change pas le monde, on tente d'être utile et d'être personnellement moins "pauvre" sur le plan humain. Merci pour le message !

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 5 heures, Talon 1 a dit :

"Il n'est pas facile de pardonner aux malheureux le pouvoir qu'ils ont sur nous." Alain

C'est peut-être la raison pour laquelle on se ressent souvent gêné ou tendu à proximité d'un SDF dont on va préférer penser qu'il joue la comédie (en généralisant le cas de quelques arnaqueurs) voir qu'ils n'ont qu'à se trouver un travail et que nous on ne nous a jamais fait de cadeaux.

Qu'est-ce qui dérange tant finalement dans l'extrême pauvreté ?

Je pense que les gens sentent qu'ils sont favorisés, privilégiés par rapport aux SDF, et qu'ils n'ont pas forcément plus de mérite qu'eux la plupart du temps. Il suffit parfois de traverser une mauvaise passe pour atterrir dans la rue, et cette misère injustifiable culpabilise les passants, en leur procurant même un sentiment d'insécurité.

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Membre, 51ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 47 126 messages
Maitre des forums‚ 51ans‚
Posté(e)
Il y a 3 heures, Gillet Guy a dit :

Et bien, avec tout cela, je sens surtout de l'agressivité envers les pauvres, ces miséreux qu'on ne veut plus voir tellement ils sont sales, détestables et hypocrites. Peut-être avez-vous raison de les ignorer ? Nous avons la société qu'on mérite après tout ! Je ne jugerai personne n'étant pas meilleur ou plus malin que les autres et, idéaliste comme je suis, je continuerai donc avec d'autres d'aller à la rencontre des pauvres au niveau du porte-monnaie, mais riches de coeur quand ils me sourient parce que je me serai enfin intéressé à eux, que demandent-ils de plus au fond ??!!....

Ce n'est pas de l'agressivité, du moins je ne crois pas... plus un ras le bol d'être moralisé. D'autant que tu n'apportes pas de solution sinon celle de prendre l'argent des riches pour donner aux pauvres, ce qui donne l'illusion que le pauvre est nécessairement victime de la société. Ce qui globalement est le cas et c'est pour cette raison que la France, ce pays à 9 millions de pauvres et à 150 000 SDF, s'est doté du meilleur système social du monde entier. Il n'y a pas un pays au monde où les précaires sont mieux pris en charge, pas un seul. Que ce ne soit pas suffisant, ok je veux bien l'entendre. Qu'il faut continuer de se mobiliser, oui absolument. Mais qu'on ne crache pas dans la soupe non plus: un pauvre en France ce n'est pas un pauvre en Chine ou au Brésil. Si demain je n'ai plus de boulot en France, j'ai une assistante sociale qui va me monter des dossiers pour toucher le chomage, voire le RSA si je n'ai pas droit au chomage, me trouver un appartement, m'obtenir la CMU et sa complémentaire gratuitement, m'obtenir les APL et tout ça pour maintenir mon niveau financier à celui d'un smicard.

 

Après un pauvre c'est aussi un toxico ou un alcoolique qui balance toutes ses thunes dans les drogues, les clopes et l'alcool. Et là du coup tu comprendras que ça fait chier le mec qui se lève à 6h pour bosser qu'une partie de son salaire arrive dans les poches d'un mec qui en a rien à foutre du système, qui te crache à la gueule et te traite de gros con parce que tu vas bosser... 

 

On a ces deux images du pauvre, le travailleur pauvre qui est obligé de dormir dans sa voiture parce que l'immobilier parisien est impitoyable, et le pauvre punk qui fait la manche pour se payer des bières. Aujourd'hui je pense que 99.999% de la population trouve totalement inacceptable qu'un travailleur dorme dans sa bagnole et soit pauvre, alors qu'il ne boit pas, qu'il ne fume pas, qu'il ne se drogue pas, qu'il ne joue pas son loyer au tiercé... Et je pense que 99.999% de la population ne souhaite pas filer de la thune à des punks à chiens qui veulent se saouler avec notre salaire...

 

il y a 6 minutes, Quasi-Modo a dit :

C'est peut-être la raison pour laquelle on se ressent souvent gêné ou tendu à proximité d'un SDF dont on va préférer penser qu'il joue la comédie (en généralisant le cas de quelques arnaqueurs) voir qu'ils n'ont qu'à se trouver un travail et que nous on ne nous a jamais fait de cadeaux.

Qu'est-ce qui dérange tant finalement dans l'extrême pauvreté ?

Je pense que les gens sentent qu'ils sont favorisés, privilégiés par rapport aux SDF, et qu'ils n'ont pas forcément plus de mérite qu'eux la plupart du temps. Il suffit parfois de traverser une mauvaise passe pour atterrir dans la rue, et cette misère injustifiable culpabilise les passants, en leur procurant même un sentiment d'insécurité.

Et puis des fois c'est drôle, comme cet été en ville où une dame nous aborde en nous expliquant qu'elle est femme de ménage et qu'elle n'a pas pu avoir son salaire et qu'il lui manque 3 euros pour s'acheter un sandwich... et qui se barre sans dire merci alors qu'on allait lui acheter un sandwich qu'elle allait pouvoir choisir dans la boulangerie.

 

C'est aussi ça la pauvreté: un commerce malsain de la culpabilité ou de la gentillesse des gens. De là on se dit quoi? C'est quoi l'image du pauvre après ce genre de menteurs? 

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)

Quelque part il y a une peur des gens très pauvres.

Il y a une certaine culpabilité latente que certains refusent violemment de ressentir à la vue d'un miséreux, préférant alors responsabiliser les pauvres.

Et en même temps une vulnérabilité évidente des pauvres qui rend plausible la nécessité de leur venir en aide, tandis qu'en général chacun a appris à calculer égoïstement son intérêt et craint d'avoir des ennuis.

Il y a aussi le fait que notre système basé sur le capitalisme libéral se prétende parfait, l'horizon indépassable de l'Histoire, ce qui fait des SDF des "victimes collatérales" pour le bien de la société voir de l'humanité. Donc personne ne voit de solution et tout le monde se renvoie la balle.

 

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)
il y a 29 minutes, Crabe_fantome a dit :

C'est aussi ça la pauvreté: un commerce malsain de la culpabilité ou de la gentillesse des gens. De là on se dit quoi? C'est quoi l'image du pauvre après ce genre de menteurs?

Pourtant il y a des vrais pauvres qui ne joignent pas les deux bouts. Ce qu'il faut se dire quand on veut donner c'est qu'il vaut mieux se faire avoir parfois que de passer à côté d'un miséreux qui aurait eu besoin de nous. Généralement c'est visible quand on voit un SDF.

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Membre, 51ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 47 126 messages
Maitre des forums‚ 51ans‚
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à l’instant, Quasi-Modo a dit :

Pourtant il y a des vrais pauvres qui ne joignent pas les deux bouts. Ce qu'il faut se dire quand on veut donner c'est qu'il vaut mieux se faire avoir parfois que de passer à côté d'un miséreux qui aurait eu besoin de nous. Généralement c'est visible quand on voit un SDF.

Je crois que c'est Voltaire qui avait cette idée vis à vis de la justice, estimant qu'il valait mieux, dans le doute, acquitter plus de coupables qu'enfermer à tort un innocent.

 

Quand à joindre les deux bouts si on vient d'avoir un accident de la vie oui, le système est là pour nous, pour nous protéger et nous garder la tête hors de l'eau... Mais je vais me faire l'avocat du diable: comment peut on ne pas joindre les deux bouts lorsqu'on a pas eu d'accident de vie? La plupart des gens établissent un budget: je gagne tant, j'ai besoin de tant pour manger, tant pour dormir, tant pour me déplacer et tant pour mes loisirs s'il me reste quelque chose. Les clopes c'est un budget de 3000€ par an? L'alcool n'est pas nécessaire non plus... Les jeux et paris sont même plutôt nuisible... Un smartphone ou une télé c'est 600€ alors qu'une carte de bibliothèque et médiathèque c'est gratuit. 

 

Je veux dire par là qu'on a tous lu la cigale et la fourmi, et que la cigale n'arrive pas à joindre les deux bouts mais elle a une bonne raison à ça. Et que moi aussi j'aurais du mal à joindre les deux bouts en louant un appartement dans les beaux quartiers, en m'achetant une BMW à crédit, ainsi qu'un smartphone, une télé, des sneakers qui déchirent, un paquet de clopes par jour, de l'alcool pour les soirs et les weekend etc. Rien de plus facile à ne plus joindre les deux bouts en cédant aux sirènes du capitalisme, parce que les gens adorent faire du shopping. Même des riches se retrouvent interdit bancaire parce qu'ils ne savent pas gérer leur salaire. Et encore une fois je ne parle pas de riche qui se prennent un divorce, une maladie ou un décès dans les dents, et qu'à l'instar de n'importe qui ils ont droit à notre soutien. 

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Membre, 76ans Posté(e)
Scrongneugneu Membre 6 106 messages
Forumeur vétéran‚ 76ans‚
Posté(e)
Il y a 16 heures, Gillet Guy a dit :


Selon l'article 22 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 : "Toute personne, en tant que membre de la société, a le droit à la sécurité sociale, elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits sociaux, économiques et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité. grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte-tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays." 

 

Il est bien de citer certains articles des droits de l'homme, mais elle dit que nous naissons tous égaux en droit, mais aussi que nul n'a le droit de nuire à la liberté d'autrui.

Est-ce le cas de nos jours ?...pour faire simple, droits à retraite, blocages par entrave à la circulation...

Quand aux bons sentiments, même le Général Mac Arthur fut en capacité de faire de magnifiques discours sur la jeunesse;

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 9 heures, Crabe_fantome a dit :

Mais je vais me faire l'avocat du diable: comment peut on ne pas joindre les deux bouts lorsqu'on a pas eu d'accident de vie?

Comment peut-on en juger juste sur les apparences d'une personne ? Et le terme "accident de vie" est si générique qu'il concernera bien tous les SDF étant donné que l'arrivée dans la rue se fait brutalement en général. Tu réponds comme si le pauvre devait être responsable de sa pauvreté, sans doute puisque cela te rassurerait.

Certaines situations ne permettent pas de vivre correctement, même si il y a des aides deça-delà. Je crois que tu n'as pas idée des impasses inextricables (parfois administratives, mais pas que) dans lesquelles certaines personnes peuvent tomber sans que ce soit de leur faute. Ce sont souvent des événements qui s'enchaînent de façon incontrôlable comme si le sort s'acharnait sur la même personne ou la même famille.

Prenons ne serait-ce que l'exemple très simpliste mais fréquent d'une personne dont l'enfant nouveau-né a un handicap qui l'oblige à cesser de travailler pour assurer son éducation. Ou le fait de développer une maladie grave, ou simplement d'être un chômeur arrivé en fin de droits qui ne retrouve pas de travail.

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Membre, 66ans Posté(e)
Gillet Guy Membre 143 messages
Baby Forumeur‚ 66ans‚
Posté(e)

Merci pour toutes ces réponses et ces avis différents sur le sujet, cela montre que vous êtes loin d'être indifférents à la pauvreté. Certains, parmi vous, sont suspicieux vis à vis des pauvres, d'autres les défendent, c'est le jeu d'un forum et tous les messages sont intéressants. Le vrai moyen de se faire une idée sur la question, c'est d'aller frapper à la porte d'une association pour voir comment les bénévoles travaillent, pour rencontrer aussi des personnes ou familles démunies venant chercher une aide.

On va à la rencontre déjà d'humains ayant un parcours de vie différent, ayant traversé des accidents de la vie qui bien souvent s'accumulent car c'est bien une spirale infernale qui fait tomber dans la pauvreté. Cependant, au milieu de ce tableau plutôt noir, je peux vous assurer que dans ces associations, vous trouvez surtout, pour l'avoir vécu, beaucoup de chaleur humaine et le regard porté évite le jugement car le bénévole est d'abord là pour réconforter et aider.

J'ai lu ici aussi que la pauvreté pouvait faire peur et être repoussante, c'est vrai, car on a en face de nous des exemples de ce que l'on pourrait devenir un jour car personne n'est à l'abri, c'est pareil pour la maladie. Continuez de réagir, c'est intéressant et instructif pour moi, merci !

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Membre, 51ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 47 126 messages
Maitre des forums‚ 51ans‚
Posté(e)
Il y a 1 heure, Quasi-Modo a dit :

Prenons ne serait-ce que l'exemple très simpliste mais fréquent d'une personne dont l'enfant nouveau-né a un handicap qui l'oblige à cesser de travailler pour assurer son éducation. Ou le fait de développer une maladie grave, ou simplement d'être un chômeur arrivé en fin de droits qui ne retrouve pas de travail.

Dans la vie il y a les choses que nous maîtrisons (notre liberté de penser et d'action) et les choses que nous ne maîtrisons pas (la santé, l'économie mondiale, les résultats sportifs etc.). Un enfant né handicapé et qui s'impose aux parents (qui ont pourtant fait faire des examens et tout s'est révélé normal) c'est quelque chose que nous ne maîtrisons pas... Comme un AVC ou un infarctus qui frappe un soutien de famille qui bossait comme un fou et qui ramenait l'essentiel de son salaire pour faire vivre sa famille...

Le chômeur qui ne trouve pas de travail, il y a évidemment les deux cas: l'ex de ma nana qui n'a pas envie de payer une pension alimentaire trop lourde ou ma pote qui touche plus au chômage que si elle devait rebosser... et la personne qui se lève tôt pour aller poser des CV et rencontrer les décideurs afin de montrer sa détermination. Je pense qu'il y a moyen de jeter un oeil sur chaque situation pour voir ce qu'il en est et se faire un avis... Un avis comme savoir pourquoi ce pote d'enfance choisi toujours des nanas qui vont lui pourrir la vie ou pourquoi cette amie tombe toujours sur des connards. C'est peut être la malchance, c'est peut être un schéma vicieux qui s'est installé dans leur manière de penser.

 

Il y a 2 heures, Quasi-Modo a dit :

Certaines situations ne permettent pas de vivre correctement, même si il y a des aides deça-delà. Je crois que tu n'as pas idée des impasses inextricables (parfois administratives, mais pas que) dans lesquelles certaines personnes peuvent tomber sans que ce soit de leur faute. Ce sont souvent des événements qui s'enchaînent de façon incontrôlable comme si le sort s'acharnait sur la même personne ou la même famille.

C'est quoi justement "vivre correctement"? Pour le moine cistercien c'est une paillasse dans un monastère austère avec des horaires cadrés et du silence. Pour Paris Hilton c'est des followers, David Guetta et de la coke de bonne qualité sur un yacht. Encore une fois, si c'est une question de malchance, le système français est là pour eux. Ce qu'ils n'auront pas en Chine, aux USA ou en Inde par exemple.

 

Il y a 2 heures, Quasi-Modo a dit :

Tu réponds comme si le pauvre devait être responsable de sa pauvreté, sans doute puisque cela te rassurerait.

En tout ce qui ne me rassurerait pas, ce serait de confier ma liberté aux Etats et de les rendre responsable de ce que je suis. Les Etats sont un terreau qui vont favoriser telles ou telles actions en fonction de ce qui les arranges politiquement et démocratiquement. La France est un pays où on est globalement libre de faire ce qu'on veut, tant qu'on ne veut pas tuer des gens (code pénal), exploiter des ouvriers en les sous payant (code du travail), ne pas aller bosser alors qu'on a signé un contrat (code du travail) etc. En plus avec l'Europe on est libre d'aller chercher du travail ailleurs... Après tu vas me dire qu'il faut pour ça savoir parler anglais, allemand, espagnol, italien, portugais ou grec, et je te répondrais que oui, il faut bosser pour avoir cette liberté de pouvoir vivre dans un autre pays. Comme il faut bosser pour décrocher un diplôme, comme il faut bosser pour faire le travail qu'on veut faire...

Si notre pauvre est une cigale qui estimait que l'école ne servait à rien, on a une idée de pourquoi il en est là. Sans jugement, juste d'un point de vu factuel. D'autant que sans diplôme il a pu aussi se former pour monter son entreprise, ou il a décidé de grimper les échelons dans l'armée... Et je ne te parle pas de faire des écoles de commerce à 60 000€ à l'année, je te parle de juste bosser dans une fac publique pour décrocher le niveau qui va te permettre de faire avocat, médecin ou prof... Et quand bien même tu n'es pas fait pour les études mais que tu bosses quand même, ouvrier chez Renault ou Safran ça gagne plutôt bien.

 

Donc chaque situation est à étudier entre le pauvre qui n'a pas envie de participer à la société, et le pauvre qui a envie de participer à la société mais qui rencontre des accidents de parcours.

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Membre, 51ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 47 126 messages
Maitre des forums‚ 51ans‚
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il y a 19 minutes, Gillet Guy a dit :

Merci pour toutes ces réponses et ces avis différents sur le sujet, cela montre que vous êtes loin d'être indifférents à la pauvreté. Certains, parmi vous, sont suspicieux vis à vis des pauvres, d'autres les défendent, c'est le jeu d'un forum et tous les messages sont intéressants. Le vrai moyen de se faire une idée sur la question, c'est d'aller frapper à la porte d'une association pour voir comment les bénévoles travaillent, pour rencontrer aussi des personnes ou familles démunies venant chercher une aide.

On va à la rencontre déjà d'humains ayant un parcours de vie différent, ayant traversé des accidents de la vie qui bien souvent s'accumulent car c'est bien une spirale infernale qui fait tomber dans la pauvreté. Cependant, au milieu de ce tableau plutôt noir, je peux vous assurer que dans ces associations, vous trouvez surtout, pour l'avoir vécu, beaucoup de chaleur humaine et le regard porté évite le jugement car le bénévole est d'abord là pour réconforter et aider.

J'ai lu ici aussi que la pauvreté pouvait faire peur et être repoussante, c'est vrai, car on a en face de nous des exemples de ce que l'on pourrait devenir un jour car personne n'est à l'abri, c'est pareil pour la maladie. Continuez de réagir, c'est intéressant et instructif pour moi, merci !

Au sein des associations qui va rencontrer de tout... Je vois aux Restos du coeur, tu as des gens qui viennent se servir alors qu'ils n'en ont pas besoin... On sait qu'il y a des gens qui ne viennent pas se servir parce qu'ils ont honte... il y a des bénévoles le coeur sur la main, et des bénévoles qui viennent se montrer ou discuter de leurs problèmes existentiels ou parce qu'ils se sentent inutiles... Je me suis aussi rapproché de l'association Les petits frères des pauvres, mais ce n'est pas parce que je suis un mec sympa (en fait je n'ai aucune empathie) mais j'adore les histoires et y a que les vieux qui ont des histoires extraordinaires (question de probabilité sans doute, plus on vit, plus on expérimente) du coup on établi une relation d'échange de temps. Mon bénéficiaire parce qu'elle a envie de compagnie et moi parce que j'ai envie qu'on me raconte des histoires. La relation est intéressée mais elle fonctionne parce que tout le monde y trouve son compte. 

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