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D’autres doux feux ravis encor par Prométhée


Ai ton nu dieu

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Membre, 51ans Posté(e)
Ai ton nu dieu Membre 158 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

je contemple souvent le ciel de ma mémoire
Poème de Marcel Proust

Le temps efface tout comme effacent les vagues
Les travaux des enfants sur le sable aplani
Nous oublierons ces mots si précis et si vagues
Derrière qui chacun nous sentions l’infini.

Le temps efface tout il n’éteint pas les yeux
Qu’ils soient d’opale ou d’étoile ou d’eau claire
Beaux comme dans le ciel ou chez un lapidaire
Ils brûleront pour nous d’un feu triste ou joyeux.

Les uns joyaux volés de leur écrin vivant
Jetteront dans mon cœur leurs durs reflets de pierre
Comme au jour où sertis, scellés dans la paupière
Ils luisaient d’un éclat précieux et décevant.

D’autres doux feux ravis encor par Prométhée
Étincelle d’amour qui brillait dans leurs yeux
Pour notre cher tourment nous l’avons emportée
Clartés trop pures ou bijoux trop précieux.

Constellez à jamais le ciel de ma mémoire
Inextinguibles yeux de celles que j’aimai
Rêvez comme des morts, luisez comme des gloires
Mon cœur sera brillant comme une nuit de Mai.

L’oubli comme une brume efface les visages
Les gestes adorés au divin autrefois,
Par qui nous fûmes fous, par qui nous fûmes sages
Charmes d’égarement et symboles de foi.

Le temps efface tout l’intimité des soirs
Mes deux mains dans son cou vierge comme la neige
Ses regards caressants mes nerfs comme un arpège
Le printemps secouant sur nous ses encensoirs.

D’autres, les yeux pourtant d’une joyeuse femme,
Ainsi que des chagrins étaient vastes et noirs
Épouvante des nuits et mystère des soirs
Entre ces cils charmants tenait toute son âme

Et son cœur était vain comme un regard joyeux.
D’autres comme la mer si changeante et si douce
Nous égaraient vers l’âme enfouie en ses yeux
Comme en ces soirs marins où l’inconnu nous pousse.

Mer des yeux sur tes eaux claires nous naviguâmes
Le désir gonflait nos voiles si rapiécées
Nous partions oublieux des tempêtes passées
Sur les regards à la découverte des âmes.

Tant de regards divers, les âmes si pareilles
Vieux prisonniers des yeux nous sommes bien déçus
Nous aurions dû rester à dormir sous la treille
Mais vous seriez parti même eussiez-vous tout su

Pour avoir dans le cœur ces yeux pleins de promesses
Comme une mer le soir rêveuse de soleil
Vous avez accompli d’inutiles prouesses
Pour atteindre au pays de rêve qui, vermeil,

Se lamentait d’extase au-delà des eaux vraies
Sous l’arche sainte d’un nuage cru prophète
Mais il est doux d’avoir pour un rêve ces plaies
Et votre souvenir brille comme une fête.

Bonsoir,

J’aimerais savoir comment vous interprétez les vers suivants:

D’autres doux feux ravis encor par Prométhée

Pourquoi l'auteur par de Prométhée?

Se lamentait d’extase au-delà des eaux vraies
Sous l’arche sainte d’un nuage cru prophète
Mais il est doux d’avoir pour un rêve ces plaies

Que veut  dire Proust dans les derniers vers  cités ci-dessus.

Merci pour votre aide

 

 

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Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Prométhée est le titan qui a volé le feu des dieux et l’ a donné aux humains (feu divin qui symbolise le savoir), d’où le vers : feux ravis encor par Prométhée.

Je ne vois pas ce qui vous pose problème dans les derniers vers. Un nuage forme une arche dans le ciel, l’auteur y voit la venue d’un prophète, bon cela fait partie de la culture juive. Remettez ces vers dans le contexte pour les comprendre.

 

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 106 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 9 heures, Ai ton nu dieu a dit :

J’aimerais savoir comment vous interprétez les vers suivants:

D’autres doux feux ravis encor par Prométhée

Pourquoi l'auteur par de Prométhée?

Se lamentait d’extase au-delà des eaux vraies
Sous l’arche sainte d’un nuage cru prophète
Mais il est doux d’avoir pour un rêve ces plaies

Que veut  dire Proust dans les derniers vers  cités ci-dessus.

Merci pour votre aide

 

 

Rien à ajouter à l'intervention précédente, mais formulé autrement :

1/ Tel Prométhée, le poète a volé les yeux ("doux feux") de personnes qu'il a aimées. Le feu, au sens propre, ainsi que le comportement de voleur (évoqué déjà dans la la strophe précédente : "Les uns joyaux volés de leur écrin vivant") justifient pleinement l'analogie avec le mythe de Prométhée. 

2/ Le mot "prophète" semble faire écho à "ces yeux pleins de promesses". Le poète, transporté - au sens propre et figuré - en une terre de rêve, a cru que ce nuage symbolisait la venue d'un prophète. Le transport amoureux du poète, dont la mère est juive, prend une tournure nettement mystique, soulignée par des termes à forte connotation religieuse (lamentation, extase, arche sainte --> Arche Sainte juive, prophète, plaies). 

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