Lecture partagée - Les pionniers de la conquête spatiale

il y a 8 minutes, January a dit :

Apollo IX (la palisse…). Cette mission-là était du type opérationnelle : Mac Divitt, Scott et Schweikart

il y a 8 minutes, January a dit :

Puis Apollo X, mélange de VIII et IX : Stafford, Young et Cernan

  ........... Cernan, Stafford, Young 

Divitt, Scott et Schweikart transpiraient dans les simulateurs, répétaient à l’infini les parades aux centaines de pannes et de situations délicates possibles. Et ce qui devait arriver arriva, mettant fin aux spéculations mystérieuses nées des difficultés rencontrées sur le plan médical par les équipages des vols précédents : ils se retrouvèrent enrhumés et, comme le chef-toubib de la NASA les avait sous la main, il fut enfin découvert que ces « rhumes » n’étaient rien d’autre que de l’épuisement physique et mental.

A vouloir trop bien faire, on avait dépassé le point critique et, au lieu de glisser dans la capsule un équipage au sommet de sa forme, on faisait partir un trio de malades…

Le chef-toubib, Berry, se fâcha : il fallait laisser ces hommes se reposer et reprendre pleinement tous leurs moyens sinon des catastrophes se produiraient. Il fit tant et si bien qu’il obtint le report du lancement d’Apollo IX de trois jours, la veille de la date initialement prévue.

Les trois astronautes tombèrent alors dans les plumes et dormirent, dormirent…

Trois jours plus tard on les lançait, frais et dispos, et après trois heures de vol ils commencèrent un impressionnant numéro de trapèze orbital. Pour la première fois des noms-codes furent attribués : le CSM était gumdrop (boule de gomme) et le LM spider (l’araignée). Boule de gomme s’éloigna lentement du dernier étage de Saturn et le carénage qui le coiffait éclata, laissant apparaître un cauchemar bosselé, un cône noir d’un mètre de diamètre enfoncé dans le crâne comme un bout d’entonnoir branché dans une tête : l’Araignée montrait son dos.

Il est plus simple de poster maintenant un dessin plutôt que des explications qui seraient très longues et moins compréhensibles. Voici donc le schéma des opérations à réaliser :

Pour Apollo IX on s’arrête à la septième figure pour revenir à la sixième, puisqu’ils n’aluniront pas.

Les astronautes testèrent L’Araignée accouplée à Boule de gomme. La séparation se fit sans heurt, les astronautes Mac Divitt et Schweikart testèrent sa maniabilité , sortirent pour tester leurs combinaisons lunaires, huit heures d’essais en tout, avant de revenir auprès du CSM après avoir largué l’étage de descente du LM. Mac Divitt et Schweikart revinrent de nouveau dans Boule de gomme après un arrimage réussi, le LM fut éjecté et s’en alla vers l’espace lointain, à jamais perdu.

c'est trés compliqué !!

je me demande si une nouvelle navette spatiale ,à long rayon d'action ,ne serait pas plus "simple " !!!

il y a 47 minutes, boeingue a dit :

c'est trés compliqué !!

je me demande si une nouvelle navette spatiale ,à long rayon d'action ,ne serait pas plus "simple " !!!

C'est très compliqué oui, mais il est pourtant probable que lorsque nous serons prêts à aller sur Mars, on utilisera peu ou prou le même système... 

Après cinq journées de plus en orbite terrestre, accumulant les observations géographiques et géologiques et apportant de l’eau au moulin de ceux qui rêvaient d’une grosse station orbitale, les astronautes rentrèrent et se posèrent à 5 kilomètres du porte-avions et avec la bénédiction de tous ils s’en allèrent se reposer.

Deux mois plus tard Tom Stafford, Gene Cernan et John Young s’envolèrent de cap canaveral pour le vol le plus frustrant de l’histoire. Leurs vaisseaux se nommaient Charlie Brown (CSM) et Snoopy (LM). Comme Apollo VIII ils disparurent derrière la Lune. Ils accrochèrent l’orbite lunaire en souplesse, le petit train spatial fonctionnait merveilleusement. Bientôt Cernan et Stafford s’en furent dans Snoopy en laissant Young tout seul à bord du CSM. Snoopy survola la lune à près de 8000 km/h à 16 km d’altitude seulement. Lorsqu’ils survolèrent « la mer de la tranquillité », ils annoncèrent que ça n’était pas gagné quant à la douceur du relief, pour l’alunissage d’Armstrong et Aldrin…

il y a 32 minutes, January a dit :

Charlie Brown (CSM) et Snoopy (LM)

Snoopy a été dans l'espace. Il est trop fort  

Cependant ils ne virent pas d’obstacles infranchissables et à leur avis, si Armstrong avait assez de carburant pour traîner un peu en finale comme un hélicoptère, afin de choisir une plateforme à peu près correcte, l’alunissage était faisable. A Mission Control, l’ambiance frisait la jubilation.

En l’espace de quelques heures on en apprit plus sur l’aspect de certaines régions lunaires qu’en des siècles d’astronomie. Bien sûr les observations n’étaient pas de la même nature scientifique, mais elles n’en apparaissaient que plus réalistes. Les trois observateurs, Young d’un peu plus loin que Cernan et Stafford, avaient la langue bien pendue.

Après un arrimage réussi, ils arrivèrent tranquillement au moment de larguer l’étage inférieur de Snoopy. Le LM, filant toujours au ras des dunes, se mit soudain, de lui-même, à virevolter. « Fils de pute ! » brailla Cernan surpris.

Mission Control se glaça en une seconde, les cœurs loupèrent des battements, les phalanges se crispèrent pendant que 20 paires d’yeux fouillaient les écrans parsemés de chiffres, en quête de l’information annonçant une catastrophe – oui, le LM s’était lancé dans un Immelmann imprévu.

il y a 19 minutes, Kâli a dit :

Snoopy a été dans l'espace. Il est trop fort  

Et depuis, il est resté coincé sur le toit de sa niche ! 

Stafford se jeta sur les commandes manuelles et tenta de récupérer Snoopy qui tournoyait.

Ah ! Vous ne savez pas ce qu’est un Immelmann ? C’est une figure de voltige :  une acrobatie de base (demi looping et demi tonneau) qui présente de l'intérêt en combat aérien. Elle aurait été inventée par l'as allemand Max Immelmann pendant la première guerre mondiale. La manœuvre consiste à surprendre ses adversaires par l'arrière, bien qu'en se présentant de face. Ce sont les britanniques qui ont baptisé cette figure du nom de Immelmann Turn.

Ils mirent trois minutes à identifier le problème : un interrupteur malencontreusement poussé sur sa position « automatique ». Ils reprirent la situation en main.

Plus tard on leur demanda s’ils n’avaient pas enclenché l’interrupteur fautif sans s’en rendre compte, en le cognant lors d’un mouvement ?

A cette occasion, Buzz Aldrin  affirma que revêtu de son scaphandre, il se sentait capable de rentrer dans quelqu’un sans s’en rendre compte.

Cette tenue, c’était plus de vingt couches superposées de tissu ignifugé, de plastique, fibre de verre et même un tissu parcouru d’une myriade de tuyaux capillaires de quelques microns permettant de faire circuler l’eau de refroidissement tout autour du corps du porteur.

Cet incident rappela à tous  qu’il ne fallait jamais se laisser aller à trop d’exubérance, physique ou mentale, dans cette aventure.

Les trois astronautes revenus sur Terre, des centaines de milliers de personnes réalisèrent que le moment était venu : le prochain coup serait le bon…

il y a 2 minutes, January a dit :

Immelmann

Apollo, le onzième…

La NASA se retrouva débordée par les demandes des médias. Aldrin répondit très sincèrement qu’il avait peur oui, peur de ne pas être à la hauteur. Armstrong lui, resta absolument secret. Quant à Collins, il était si à l’aise, brillant et aimable que les médias en vinrent à se demander pourquoi ce n’était pas lui le commandant de bord…

Et la mi-juillet arriva. Les services de presse de Houston et du Cap furent obligés d’engager du personnel extérieur. Les hôtels, motels et pensions de Cocoa Beach étaient depuis longtemps réservés jusqu’à la dernière chambrette.

A l’aube du 16 juillet les trois astronautes furent réveillés par Deke Slayton. Fred Haise était depuis déjà un moment dans le module de commande, à tout préparer, comme il l’avait fait pour Apollo VIII.

Les trois astronautes débarquèrent au pied de Saturn, empruntèrent l’ascenseur. On les introduisit dans Apollo avec les difficultés habituelles.

Neuf secondes avant le lift-off, l’allumage des cinq FI s’effectua normalement et les poussées se stabilisèrent. Au zéro pile la fusée se libéra des bras de retenue et amorça son ascension au ras des poutrelles rouges de la tour, frappées à tour de rôle par des rivières de flammes qui se fractionnaient en dizaines de cascades hystériques. Le sol commença à trembler et les vibrations se propagèrent jusqu’au site de presse où se déclenchèrent automatiquement les scènes de cris, larmes, trépignements, crises d’hébétude et de patriotisme incontrôlé.

Apollo XI était parti, Von Braun et ses hommes triomphaient de façon écrasante.

il y a 23 minutes, January a dit :

Les trois astronautes

il y a 24 minutes, January a dit :

Les hôtels, motels et pensions de Cocoa Beach étaient depuis longtemps réservés jusqu’à la dernière chambrette.

il y a 23 minutes, January a dit :

Apollo XI était parti

Après un peu plus de dix minutes ce fut la mise en orbite, puis la TLI, l’extraction du LM de son abri au sommet du S IV-B et la mise en croisière vers la Lune.

Trois jours après le lancement, ils passèrent derrière la Lune et y allumèrent le SPS afin de se freiner pour accrocher l’orbite. Ce fut parfait et à leur réapparition, Armstrong déclara : « Elle est comme sur les photos mais il y a, lorsqu’on la contemple, la même différence qu’entre un match de football vu à la télévision et sur le stade. »

Les journalistes de Houston étaient malheureux. Il semblait bien que la descente vers la Lune ne serait commentée que par des séries de chiffres et des phrases techniques aussi excitantes que des check-lists…  Ca n’était pas du reportage facile, même pour ceux habitués aux dialogues radio d’aviation. Les seuls qui évoluaient à l’aise étaient les anciens, ceux qui avaient vécu les vols depuis l’époque Mercury.

Quand ceux-là hurleraient, les autres sauraient qu’Apollo XI aurait touché la Lune.

Les astronautes s’en furent inspecter le LM. Ils mirent tous les systèmes en action à bord de l’engin lunaire – dont le nom de code serait Aigle – (le CSM se nommait Columbia) et au tour suivant Aldrin annonça qu’il avait le site d’alunissage en vue. Sur la mer de la Tranquillité se levait l’aube d’un drôle de jour…

Après leur reconnaissance ils dormirent, alors que sur Terre de plus en plus de gens se branchaient sur leur odyssée et se demandaient comment ces hommes trouvaient la force d’aller roupiller avant l’alunissage.

Durant leur sommeil les vaisseaux étaient toujours surveillés par les ingénieurs de Mission Control, qui disposaient sur leurs consoles de plus d’informations que les astronautes eux-mêmes. En cas de problème, on ferait sonner les alarmes instantanément.

Cinq heures plus tard Armstrong passa dans le LM et Aldrin se préparait à le rejoindre.

Ils s’engouffrèrent une nouvelle fois derrière la Lune et s’y séparèrent. Lorsqu’ils ressortiraient ils seraient en très longue finale : il resterait, une fois atteint le point bas de l’orbite, à allumer en rétro le moteur de descente et alors commencerait la finale proprement dite.

Mission Control s’enfonça dans le calme, essayant de profiter des 40 minutes de survol de l’arrière de la Lune pour se bâtir une concentration d’acier…

Il fut établi plus tard que 600 millions de personnes se mirent à l’écoute du direct à ce moment-là, soit en fait à peu près tous les habitants des pays dits développés.

Les astronautes réapparurent à la seconde voulue et les communications radio crachèrent, atroces, des phrases entières hachées menu. Tout le monde devenait nerveux, il fallait résoudre ce problème, obtenir une communication claire.

Ce fut Pete Conrad qui suggéra une manœuvre permettant une meilleure orientation des antennes émettrices du LM. Ca marcha.

Armstrong et Aldrin dévalaient maintenant l’orbite comme des bolides, se rapprochant vertigineusement du point bas et de l’allumage du moteur de descente.

Collins appela : « Tout est impeccable, c’est formidable !

- C’est sûr… Columbia, nous pensons perdre ton signal radio via l’antenne à grand gain pendant qu’ils descendront, terminé.

Collins : Roger. Tu t’en fous un peu, pas vrai ?

- Parfaitement mon bon monsieur »

Le pauvre Collins était désormais relégué à l’arrière-plan.

A bord d’Aigle, la séquence d’allumage se déroulait. Les paramètres regroupés sous le nom de télémesure entraient directement dans une batterie d’ordinateurs majestueux tapis dans une immense pièce du Centre de Houston. Si le computeur embarqué était soudain pris de malaise, et si les transmissions radio se maintenaient, les circuits de guidage du LM seraient alors alimentés par les ordinateurs de Houston. C’est pourquoi les ondes radio devaient rester claires, sinon l’équipage n’aurait plus qu’à tout reprendre en main et tenter de se sortir de là tout seul.

Ils écraseraient en vitesse le bouton d’avortement, abandonnant l’alunissage, totalement impossible sans un minimum d’indications instrumentales. L’étage de descente serait alors largué et chuterait vers la Lune, le petit moteur de l’étage de remontée s’allumerait aussitôt et ils fileraient vers la sécurité de l’orbite parcourue par le solitaire Collins.

Mais tout fonctionna parfaitement, le moteur de descente s’alluma, Aigle fila encore à près de 6000 km/h, juste au dessous des 15 kilomètres d’altitude. Toutes les phases se déroulèrent sans problème. Il était temps d’entamer la phase d’approche. La trajectoire était calculée pour que la vitesse et l’altitude tendent de plus en plus vers le zéro, le point d’immobilisation correspondant au toucher des patins sur la surface.