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Les pistes explosives de Bercy pour réduire les aides sociales

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Aides sociales : la prime d’activité dans le collimateur de l’exécutif

Le gouvernement assure que la diminution des aides sociales est un « non-sujet ». Pourtant, certains dispositifs, jugés trop onéreux, pourraient être revisités.

 

Les aides sociales vont-elles être diminuées ? La réponse de Benjamin Griveaux tient en quelques mots : c’est « un non-débat », a indiqué, mercredi 6 juin, le porte-parole du gouvernement, alors qu’il était interrogé par un journaliste, à l’issue du conseil des ministres. Manifestement agacé d’être, « pour la énième fois », questionné sur ce sujet hautement inflammable, il a suggéré à son interlocuteur de « lire » le budget 2018 : la loi de finances revalorise plusieurs allocations – celle pour les adultes handicapés et le minimum vieillesse, entre autres. « Ça a été voté (…), on n’y revient pas », a ajouté M. Griveaux, tout en reconnaissant que l’exécutif passe actuellement en revue l’ensemble des dispositifs pour évaluer leur « efficacité ».

Or, cette réflexion, engagée en toute discrétion depuis plusieurs semaines, a été subitement mise au grand jour, avec des prises de position qui suscitent le trouble jusqu’au sein de la majorité. A l’origine de ces remous, il y a les déclarations de deux membres du gouvernement issus de la droite : le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a estimé, le 20 mai, qu’« il [pouvait] être légitime de réduire la politique sociale sur l’emploi » si le chômage recule. Quelques jours après, son collègue chargé de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, lançait à propos des aides sociales : « Il y en a trop. » De quoi accréditer l’idée qu’un violent tour de vis est sur le point d’être donné.

Lire aussi :   Quatre questions sur les aides sociales en France

Le Canard enchaîné de mercredi avance d’ailleurs que sept milliards d’économies sur les aides sociales ont été demandés par Matignon. « C’est faux », rétorque un proche collaborateur du premier ministre, Edouard Philippe. « On ne raisonne pas par rapport à un quantum a priori », assure-t-on dans l’entourage de M. Darmanin. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a également apporté un démenti, mercredi, sur RTL.

« Versement social unique »

Pourtant, certaines prestations sont bel et bien dans le collimateur. A commencer par la prime d’activité, accordée aux travailleurs à faibles ressources. Fin 2017, quelque 2,67 millions de ménages la percevaient, un nombre en hausse de 7,5 % en un an. Le coût de ce complément de revenu est important – un peu plus de 5 milliards d’euros, l’an passé – et devrait encore s’accroître en 2018 pour atteindre près de 6 milliards en 2018. M. Darmanin trouve que le dispositif est onéreux et qu’il n’incite pas assez les personnes concernées à rester sur le marché du travail. Il est « mal ciblé sur le retour à l’emploi », renchérit une note de la direction du budget, qui préconise d’en exclure les « agents publics » et de remettre en question les « revalorisations exceptionnelles » programmées durant le quinquennat.

Toutefois, les pistes qui tiennent la corde (en particulier à Bercy) sont d’une autre nature : selon nos informations, qui recoupent celles déjà évoquées par Les Echos, il s’agirait de modifier le paramétrage de la prime, en abaissant le niveau de ressources à partir duquel on n’y a plus droit (actuellement 1,3 smic pour une personne célibataire). Le but étant de recentrer l’aide sur ceux qui en ont le plus besoin. « Les deux tiers des allocataires sont au-dessus du seuil de pauvreté », souligne une source au cœur du dossier. Ce faisant, des économies seraient ainsi dégagées qui pourraient être réaffectées à l’accompagnement de salariés précaires et de demandeurs d’emploi – une politique publique qui a été de moins en moins soutenue au fil des années et dont M. Philippe entend faire une priorité.

L’idée d’un « versement social unique », qui figurait parmi les promesses de campagne d’Emmanuel Macron, est également mentionnée par une source gouvernementale. L’objectif est double : octroyer toutes les allocations le même jour du mois, en prenant en compte les ressources récemment perçues par la personne (« un trimestre maximum », d’après le programme du candidat d’En marche !) ; rapprocher, voire fusionner, certains des dispositifs existants.

Lire aussi :   Baisse des aides sociales : Bruno Le Maire sème le trouble jusque dans la majorité

Réinsertion professionnelle

L’exécutif a d’ailleurs envisagé de supprimer l’allocation de solidarité spécifique (ASS), attribuée aux chômeurs en fin de droit, pour la remplacer par un autre dispositif. Une hypothèse qui avait déjà été mise sur la table durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, avant d’être écartée : il s’agissait de « marier » l’ASS et le revenu de solidarité active (RSA), au motif – notamment – que les bénéficiaires de ces deux dispositifs offrent un profil similaire, rappelle Julien Damon, professeur associé à Sciences Po. Ce scénario, qui a donc récemment resurgi, ne serait plus d’actualité, d’après une source gouvernementale.

Enfin, le « contrat d’engagements réciproques », signés par les bénéficiaires du RSA, pourrait être revisité, afin de mettre davantage l’accent sur leur réinsertion professionnelle.

« Il faut que le travail paye. C’est un élément important de notre projet. » Aurélien Taché, député LRM

Certaines de ces orientations jettent un malaise chez les alliés de l’exécutif. La « prime d’activité est l’une des aides les plus intelligentes qui soient », affirme Aurélien Taché, député LRM du Val-d’Oise. Y toucher, de quelque manière que ce soit, est, selon lui, une mauvaise idée. « Il faut que le travail paye, et pas seulement pour les premiers de cordée. C’est un élément important de notre projet et il faut donc que l’augmentation que nous avons promise se fasse », complète-t-il en faisant allusion aux revalorisations graduelles prévues durant la législature.

Ancien membre actif de l’équipe de campagne de M. Macron et actuel président délégué du Conseil d’analyse économique, Philippe Martin est sur la même ligne : « La prime d’activité fonctionne très bien. Elle a deux objectifs qu’elle atteint, à savoir réduire la pauvreté et inciter les futurs bénéficiaires à reprendre un travail. » Si le nombre de personnes relevant de ce dispositif s’accroît, c’est parce que beaucoup d’entre elles ont retrouvé du travail, à temps partiel ou pour une durée momentanée, insiste François Soulage, président du collectif Alerte, qui fédère des associations soutenant les plus démunis : « Il n’y a pas d’effet d’aubaine. »

Rien n’est arbitré, temporisent plusieurs sources gouvernementales. Une partie du voile devrait être levée, lorsque sera présentée la stratégie de lutte contre la pauvreté, en juillet, en principe.

https://abonnes.lemonde.fr/politique/article/2018/06/07/les-aides-sociales-dans-le-collimateur-de-l-executif_5311021_823448.html

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« Réduire les dépenses sociales entraînerait une hausse des inégalités et de la pauvreté en France »

Dans cette chronique, le chercheur au CNRS Thibault Gajdos explique pourquoi établir un lien entre l’emploi et la lutte contre la pauvreté et les inégalités relève de la pure fiction.

 

Tendances France. Le premier ministre a brillamment conclu le ­concours des idées reçues sur les dépenses sociales lancé par le gouvernement, en déclarant, le 30 mai : « Nous ne sommes pas au niveau de service et d’efficacité que les Français sont en droit d’attendre. Près de neuf millions de personnes pauvres, et un enfant sur cinq vivant dans une famille pauvre. Tout cela alors même que nous sommes le pays d’Europe qui a le plus haut niveau de dépenses sociales. »

En France, les dépenses sociales par habitant nous place à un niveau proche de l’Allemagne

La France est-elle le pays d’Europe qui a le plus haut niveau de dépenses sociales ? Oui, si l’on regarde la proportion du produit intérieur brut (PIB) consacrée aux dépenses sociales : la France a consacré, en 2015, 34,2 % de son PIB à la protection sociale, contre, par exemple, 29 % pour l’Allemagne. Mais cet indicateur est mécaniquement d’autant plus grand que le PIB est faible. Il reflète donc autant le niveau du PIB que celui des dépenses sociales. Par ailleurs, il ne tient pas compte de la taille de la population concernée, ce qui n’a guère de sens.

Une mesure alternative, proposée par Eurostat, est le niveau de dépenses de protection sociale par habitant. En France, les dépenses sociales par habitant s’élevaient en 2015 à 11 180 euros, ce qui nous place au cinquième rang au sein de l’Europe des Douze [Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni et Portugal] et à un niveau proche de l’Allemagne (10 839 euros).

Pure fiction

Sont-elles inefficaces, comme l’affirme le premier ministre ? Les dépenses sociales (hors pensions) permettent de réduire la pauvreté de dix points en France, ce qui nous place au sixième rang de l’Europe des Douze. L’Allemagne, notamment, fait moins bien, avec une baisse de 8,8 points. Une comparaison des inégalités de revenus, mesurées par l’indice de Gini, donne un résultat similaire.

l’ampleur et l’efficacité de notre système de protection sociale sont dans la moyenne des pays comparables au sein de l’Union européenne

En somme, l’ampleur et l’efficacité de notre système de protection sociale sont dans la moyenne des pays comparables au sein de l’Union européenne. Ce qui, bien sûr, ne veut pas dire qu’il ne peut pas être amélioré. Cela tombe bien, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a des idées sur la question. Dans une tribune publiée dans Le Parisien le 26 mai, il écrit que « la meilleure des politiques sociales, c’est de permettre à chacun (…) de trouver un emploi ». Malheureusement, ce lien entre l’emploi et la lutte contre la pauvreté et les inégalités est une pure fiction : non seulement il n’a jamais été démontré, mais les contre-exemples sont nombreux.

Ainsi, entre 1970 et la fin des années 1990, le taux de chômage en France n’a cessé de croître, passant de moins de 3 % à presque 10 %, tandis que le taux de pauvreté baissait de 18 % à 13,5 %. ­Inversement, entre 2010 et 2016, le taux de chômage en Allemagne a baissé de 7 % à 4,1 %, tandis que le taux de pauvreté augmentait de 15,6 % à 16,5 %.

Augmentation des inégalités

Les cas des Etats-Unis et du Royaume-Uni sont à cet égard éclairants. L’analyse des effets respectifs des revenus du travail et du système de prestations sociales sur les inégalités entre 1980 et 2015 (« Income inequality and the labour market in Britain and the US », Richard Blundell, RobertJoyce, Agnes Norris Keiller et James P. Ziliak, Journal of Public Economics, 2018, lien vers PDF en anglais) montre que ces deux pays ont connu une augmentation des inégalités des revenus du travail et une détérioration de l’emploi. Pourtant, les inégalités des revenus disponibles ont été relativement contenues en Grande-Bretagne, tandis qu’elles ont explosé aux Etats-Unis.

Benjamin Griveaux prétend se battre pour « l’homme pauvre ». Il pourrait lui demander son avis

Les auteurs montrent que cette différence s’explique surtout par l’ampleur des dépenses sociales mises en place par les gouvernements travaillistes britanniques, entre 1997 et 2010, en faveur des salariés les moins bien payés et des personnes sans emploi.

C’est exactement le choix auquel nous faisons face : il ne fait aucun doute que réduire les dépenses sociales entraînerait une hausse des inégalités et de la pauvreté en France. Benjamin Griveaux prétend, pour reprendre ses propres mots, se battre pour « l’homme pauvre ». Il pourrait lui demander son avis.

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Membre, 64ans Posté(e)
pila Membre 18 571 messages
Baby Forumeur‚ 64ans‚
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Tiens ! J'ai une idée ! Si on supprimait les allocs à partir du 5ème enfant ? Des allocs pour les quatre premiers; puis plus rien pour les autres !

Il n'y a pas que les africains qui ont des tonnes d'enfants ! Il y a aussi les tradi-cathos ! Leur contraception : le retrait ! :cool:

Pourquoi faire tant d'enfants si c'est pour que les autres les assument ?

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