Sylvie Ohayon : l'incroyable parcours de cette enfant des cités devenue cinéaste et romancière

Vous avez grandi à la cité des 4 000, avant de travailler dans la pub puis de devenir romancière. Il n'y a pas de déterminisme social ?

Sylvie Ohayon : Il y a surtout eu, en ce qui me concerne, un désir de liberté. Or, c'est le fait d'avoir de l'argent qui permet d'acheter des livres, d'aller au spectacle ou de voyager. Pour y arriver et s'en sortir, il n'y avait qu'une solution : travailler à l'école. Mais si les études furent un effort, lire et écrire sont un plaisir.

Vous dites que la Courneuve vous a construite avec une forme de violence et, aussi, d'intégrité morale. Pourquoi ?

La violence et l'exaltation des valeurs républicaines, je les ai connues dans ma famille. Et la cité rassemble des gens qui ont peu en commun, la pauvreté n'arrangeant rien. Mais quand on n'a rien à cacher, les rapports sont directs et intègres.

Bonsoir,

j'aimerais savoir ce que le déterminisme social dans cet interview.

j'ai regardé sur wikipédia mais pour  moi c'est très confus

Merci pour votre aide.

Notre origine détermine notre futur.

Classification des citoyens romains:

• • • par l'origine (patriciens, plébéiens)

    • par l'ordre (sénateurs, chevaliers, peuple)

    • par droit d'image (leur père avait obtenu une magistrature curule: la noblesse)

A parents pauvres et peu élevés socialement, enfants pauvres et peu élevés socialement.C'est la réplication sociale du modèle parental. Comme si la pauvreté et la misère étaient transmis...génétiquement!

Il y a 8 heures, Ai ton nu dieu a dit :

j'aimerais savoir ce que le déterminisme social dans cet interview.

Le « déterminisme » « social » c’est une théorie intellectualiste qui est intimement persuadé que les individus sont ce qu’ils sont et qu’ils n’ont aucun libre arbitre de leur condition.

Si à ma naissance je suis homme ou je suis femme, incontestablement je suis déterminé biologiquement par mon sexe, il s’agit bien ici d’une détermination préalable.

Cependant, joindre le mot « social » en qualificatif à ce terme est tellement vaste de sens pour les uns comme pour les autres, qu’il ne veut à mon sens plus rien dire du tout.

S’il suffisait de penser ou de classer intellectuellement les choses pour se convaincre de la justesse de nos idées, c’est très largement insuffisant, il faut les vivre pour en mesurer toute la pertinence.

Pour ma part, les individus sont beaucoup plus façonnés par leur réaction, face à leurs expériences vécus de tous ordres, que par une détermination programmatique quelconque qui voudrait que l’on soit ceci ou cela pour toujours.

Les discours envers les personnes habitant les cités sont très durs, il y a là beaucoup de préjugés de classe, beaucoup de méchanceté gratuite, de fatuité ...Le journaliste lui dit à mots couverts: vous avez été élevée dans un milieu de cons pourquoi n'avez vous pas reproduit le schéma...Comment se fait-il que l'ascenseur social ait fonctionné pour vous, alors qu'il ne fonctionne que très rarement!?

La réponse ne tarde pas: j'ai pris plaisir à apprendre à lire et à écrire. J'ai vite compris que si je voulais faire des choses qui m'intéressaient dans la vie, il fallait que je bosse et je me suis mise au travail. L'écrivain a très bien compris l'allusion à mots couverts du journaliste, elle rappelle que si  dans les cités les rapports sont peut -être simples, un poil violents, ils sont francs, directs et cash et que les valeurs de la république y sont fortes!