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« Boire un grand bol de sommeil noir... »

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satinvelours

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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il y a une heure, Blaquière a dit :

Je vais te faire rire ! Quand tu as mis ce poème de Lorca (la luna llena) j'ai pensé, vas savoir pourquoi : je vais le mettre en musique ?! C'était comme un réflexe ! Et paf, le post suivant tu mets Amancio Prada qui le chante ! J'étais grillé !!! D'un autre côté je me suis dit "à la place je vais RIEN FAIRE : ouf !" :)

C’est dommage ! Je t’ai coupé l’herbe sous le pied. Que cela ne t’empêche pas cependant de mettre en musique l’un des poèmes de Lorca, il y en a tant et ils sont si beaux. Je n’ai pas terminé de les explorer. Et c’est vrai, beaucoup supporteraient bien une mélodie. 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Mi niña se fue a la mar,
a contar olas y chinas,
pero se encontró, de pronto,
con el río de Sevilla.

Entre adelfas y campanas
cinco barcos se mecían,
con los remos en el agua
y las velas en la brisa.

¿Quién mira dentro la torre
enjaezada, de Sevilla?
Cinco voces contestaban
redondas como sortijas.

El cielo monta gallardo
al río, de orilla a orilla.
En el aire sonrosado,
cinco anillos se mecían.


Traduction :  André Belamich 


Allant au bord de la mer
Compter vagues et coquilles
Ma belle trouva bientôt
La rivière de Séville.

 Entre cloches et lauriers
Se balançaient cinq navires
Ayant les rames dans l’eau
Et les voiles à la brise.

 Qui regarde dans la tour
Caparaçonnée, là-haut ?
Cinq voix nous ont répondu 
Rondes comme des anneaux.

 Le ciel superbe montait
Le fleuve, assis sur ses rives.
Dans l’air à peine rougi
Cinq bagues se balançaient.

 

De la série « Andalouses » Aguilar. Poesies II

 

https://www.youtube.com/watch?v=rGgU8D8el1A

 

Modifié par satinvelours
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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 860 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, satinvelours a dit :

Mi niña se fue a la mar,
a contar olas y chinas,
pero se encontró, de pronto,
con el río de Sevilla.

Entre adelfas y campanas
cinco barcos se mecían,
con los remos en el agua
y las velas en la brisa.

¿Quién mira dentro la torre
enjaezada, de Sevilla?
Cinco voces contestaban
redondas como sortijas.

El cielo monta gallardo
al río, de orilla a orilla.
En el aire sonrosado,
cinco anillos se mecían.


Traduction :  André Belamich 


Allant au bord de la mer
Compter vagues et coquilles
Ma belle trouva bientôt
La rivière de Séville.

 Entre cloches et lauriers
Se balançaient cinq navires
Ayant les rames dans l’eau
Et les voiles à la brise.

 Qui regarde dans la tour
Caparaçonnée, là-haut ?
Cinq voix nous ont répondu 
Rondes comme des anneaux.

 Le ciel superbe montait
Le fleuve, assis sur ses rives.
Dans l’air à peine rougi
Cinq bagues se balançaient.

 

De la série « Andalouses » Aguilar. Poesies II

 

https://www.youtube.com/watch?v=rGgU8D8el1A

 

J'ai aussi pensé : ça, ça se chanterait bien !....

C'EST DÉJÀ FAIT !

Merci en tout cas ! Pour le poème et Ibañez !

Ça ressemble à une comptine pour les petits !...

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Gacela de la muerte oscura

 Quiero dormir el sueño de las manzanas,
alejarme del tumulto de los cementerios.
Quiero dormir el sueño de aquel niño
que quería cortarse el corazón en alta mar.

 No quiero que me repitan que los muertos no pierden la sangre;
que la boca podrida sigue pidiendo agua

No quiero enterarme de los martirios que da la hierba,
ni de la luna con boca de serpiente
que trabaja antes del amanecer.

 Quiero dormir un rato,
un rato, un minuto, un siglo;
pero que todos sepan que no he muerto;
que hay un establo de oro en mis labios;
que soy el pequeño amigo del viento Oeste;
que soy la sombra inmensa de mis lágrimas.

 Cúbreme por la aurora con un velo,
porque me arrojará puñados de hormigas,
y moja con agua dura mis zapatos
para que resbale la pinza de su alacrán.

 Porque quiero dormir el sueño de las manzanas
para aprender un llanto que me limpie de tierra;
porque quiero vivir con aquel niño oscuro
que quería cortarse el corazón en alta mar.

 

 Traduction : Claude Couffon et Bernard Sesé

« Gacela » de la mort obscure

 Je veux dormir le sommeil des pommes,
Et m’éloigner du tumulte des cimetières.
Je veux dormir le sommeil de cet enfant
Qui voulait s’arracher le cœur en pleine mer.

Je ne veux pas que l’on me répète que les mots ne perdent pas leur sang ;
Que la bouche pourrie demande encor de l’eau.
Je ne veux rien savoir des martyres que donne de l’herbe,
Ni de la lune avec sa bouche de serpent
Qui travaille avant que l’aube naisse.

Je veux dormir un instant,
Un l’instant, une minute, un siècle ;
Mais que tous sachent bien que je ne suis pas mort ;
Qu’il y a sur mes lèvres une étable d’or ;
Que je suis le petit ami du vent d’ouest ;
Que je suis l’ombre immense de mes larmes.

Couvre-moi d’un voile dans l’aurore,
Car elle me lancera des poignées de fourmis,
Et mouille d’une eau dure mais souliers
Afin que glisse la pince de son scorpion.

Car je veux dormir le sommeil des pommes
Pour apprendre un sanglot qui de la terre me nettoie ;
Car je veux vivre avec cet enfant obscur
Qui voulait s’arracher le cœur en pleine mer.

 

Composée en 1934 cette gacela à été publiée en février 1936, à Madrid, dans la revue Floresta de Prosa y versos, nº 2.
Ce poème, chiffre et sceau de toute la poésie lorquienne, est la somme, épurée, stylisée, dense et fluide, d’un langage et d’un imaginaire structurés par les versants antagoniques de la vie et de la mort. Mais ici, c’est la mort elle-même qui subit un tragique dédoublement : la dissolution dans la grande matérialité liquide et maternelle de la mer y est infiniment désirée, le pourrissement dans la terre, les supplices de l’herbe dévorante, les fourmis et les scorpions, désespérément imminents, présents. Le silence compact de la pomme, refuge ultime de la pureté originelle dans le fruit mythique, rappelle deux vers saisissants de « L’Enfant Stanton » de Poète à New York : « le vivissime cancer plein de nuages et de thermomètres
et son chaste désir d’être pomme pour que les rossignols le piquent. »  
Aguilar Poésies III.

 

https://www.youtube.com/watch?v=noXj3zJqsjc

 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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BALCÓN

La Lola
canta saetas.
Los toreritos
la rodean,
y el barberillo
desde su puerta,
sigue los ritmos
con la cabeza.
Entre la albahaca
y la hierbabuena,
la Lola canta
saetas.
La Lola aquella,
que se miraba
tanto en la alberca.

 

Traduction : Pierre Darmangeat

Balcon

La Lola
chante des saetas.
Les torero 
l’entourent,
et le barbier,
devant sa porte,
suit le rythme 
avec la tête.
Entre le basilic
et la fleur de menthe,
la Lola chante
des saetas .
Cette Lola
qui se mirait
dans le bassin.

 

La Lola, chanteuse de saetas, qui séduit tous les hommes, n’aime quelle. Telle Narcisse, elle n’aime que son reflet dans l’eau.


https://www.youtube.com/watch?v=TkuzjpZTwZI

 

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 860 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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Le 02/03/2019 à 12:34, satinvelours a dit :

BALCÓN

La Lola
canta saetas.
Los toreritos
la rodean,
y el barberillo
desde su puerta,
sigue los ritmos
con la cabeza.
Entre la albahaca
y la hierbabuena,
la Lola canta
saetas.
La Lola aquella,
que se miraba
tanto en la alberca.

 

Traduction : Pierre Darmangeat

Balcon

La Lola
chante des saetas.
Les torero 
l’entourent,
et le barbier,
devant sa porte,
suit le rythme 
avec la tête.
Entre le basilic
et la fleur de menthe,
la Lola chante
des saetas .
Cette Lola
qui se mirait
dans le bassin.

 

La Lola, chanteuse de saetas, qui séduit tous les hommes, n’aime quelle. Telle Narcisse, elle n’aime que son reflet dans l’eau.


https://www.youtube.com/watch?v=TkuzjpZTwZI

 

Tu vas finir par me faire aimer le flamenco !

 

Remarquable !

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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il y a une heure, Blaquière a dit :

Tu vas finir par me faire aimer le flamenco !

 

Remarquable !

Tu m'en vois ravie !

J'apprécie d'autant plus le flamenco depuis que j'étudie plus profondément la poésie de Lorca. C'est incontournable.

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Gacela de la terrible presencia


Yo quiero que el agua se quede sin cauce. 
Yo quiero que el viento se quede sin valles. 
 

Quiero que la noche se quede sin ojos 
y mi corazón sin la flor del oro. 


Que los bueyes hablen con las grandes hojas 
y que la lombriz se muera de sombra. 


Que brillen los dientes de la calavera 
y los amarillos inunden la seda. 


Puedo ver el duelo de la noche herida 
luchando enroscada con el mediodía. 


Resisto un ocaso de verde veneno 
y los arcos rotos donde sufre el tiempo. 


Pero no me enseñes tu limpio desnudo 
como un negro cactus abierto en los juncos. 


Déjame en un ansia de oscuros planetas, 
¡pero no me enseñes tu cintura fresca!

 

Traduction : Claude Gouffon et  Bernard Sesé

 « Gacela » de la terrible présence

 Je veux que l’eau demeure sans lit.
Je veux que le vent demeure sans vallées.

Je veux que la nuit demeure sans yeux
Et mon cœur sans la fleur de l’or ;

Que les bœufs parlent aux grandes feuilles
Et que le ver de terre se meure d’ombre ;

 Que brillent les dents de la tête de mort
Et que la jaunisse inonde la soie.

Je veux voir le duel de la nuit blessée
Qui lutte enlacée avec le midi.

 Je résiste au couchant de vert poison
Et aux arcs brisés où souffre le temps.

Mais n’éclaire pas ta nudité limpide
Comme un cactus noir ouvert dans les joncs.

Laisse-moi dans une angoisse de planètes obscures,
Mais ne me montre pas ta hanche fraîche.

 

 Poème tiré du recueil Divan du Tamarit.
Le grand arabisant Emilio García Gómez avait publié en 1930, chez Espasa–Calpe, une anthologie de poèmes arabo-andalous , Poemas arabigoandaluces que Lorca connaissait. De 1931 à 1934, il compose les casidas (qasidé) et les gacelas (ghazal), qui, regroupées en un Divan, portent le nom de la propriété d’un oncle de Lorca, la Huerta del Tamarit. C’était produire le testament d’une voix poétique singulière en la reliant, par le nom et seulement par le nom, à ses racines arabes et persanes ; c’était donner aussi à des formes strictes, bien codifiées, non respectées d’ailleurs, le nom propre d’une maison familiale, désormais transfigurée en lieu mythique de poésie ; c’était enfin sublimer l’itinéraire et l’imaginaire personnels en les inscrivant dans la vaste histoire de la poésie espagnole.
Le manuscrit du poète,  catalogué « rouge », confié à García Gómez, éminent savant d’extrême droite, ne sera pas publié en Espagne sous sa forme intégrale avant 1954. Mais Lorca a publié certains de ses poèmes séparément. Le recueil paraît à New York, à Colombia University, dans les numéros 3-4 de la Revista Hispánica Moderna en juillet-octobre 1940. Il contient douze gacelas et neuf casidas.
Ce poème fut publié à Barcelone, en 1935, dans Quaderns de Poesía, n° 3.
Aguilar. Poésies III.

 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Canción

 Por las ramas del laurel
vi dos palomas oscuras.
La una era el sol,
la otra la luna.
Vecinitas, les dije,
 ¿dónde está mi sepultura ? »
 En mi cola, dijo el sol.
 En mi garganta, dijo la luna.
Y yo que estaba caminando
con la tierra a la cintura
vi dos águilas de marmol
y una muchacha desnuda.
La una era la otra
y la muchacha era ninguna.
 Aguilitas, les dije,
 ¿dónde está mi sepultura ? »
 En mi cola, dijo el sol.
 En mi garganta, dijo la luna.
Por las ramas del cerezo
vi dos palomas desnudas,
la una era la otra
y las dos eran ninguna.

 Traduction (je n'en connais pas l'auteur)

Sur les branches du laurier
j'ai vu deux colombes obscures.
L’ une était le soleil
l'autre la lune.
Mes petites voisines, leur dis-je,
où est donc ma sépulture ?
Dans ma traîne, dit le soleil.
Dans ma gorge, dit la lune.
Et moi qui cheminais
avec la terre à la ceinture
j'ai vu deux aigles de marbre
et une fille nue.
L’ une était l’ autre
et la fille n’ était personne.
Mes petits aigles, leur dis-je,
où est donc ma sépulture ?
Dans ma traîne, dit le soleil.
Dans ma gorge, a dit la lune.
Sur les branches du cerisier
j'ai vu deux colombes nues.
l'une était l’ autre
et les deux n’ étaient aucune.

 

Ce poème fait partie des Primeras canciones publiées en 1936, mais datées à titre indicatif de 1922.
Dès 1920, Pedro Salinas disait à Mathilde Pomès que lorca avait retrouvé la poésie espagnole : « Lorca a si bien retrouvé la poésie espagnole, que le monde entier a l’impression qu’il l’a créée », répondit-elle.

 

Musique ( très belle) de Paco Ibáñez 

 

Une autre interprétation par Isabel Parra

 

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 5 heures, satinvelours a dit :

Canción

 Por las ramas del laurel
vi dos palomas oscuras.
La una era el sol,
la otra la luna.
Vecinitas, les dije,
 ¿dónde está mi sepultura ? »
 En mi cola, dijo el sol.
 En mi garganta, dijo la luna.
Y yo que estaba caminando
con la tierra a la cintura
vi dos águilas de marmol
y una muchacha desnuda.
La una era la otra
y la muchacha era ninguna.
 Aguilitas, les dije,
 ¿dónde está mi sepultura ? »
 En mi cola, dijo el sol.
 En mi garganta, dijo la luna.
Por las ramas del cerezo
vi dos palomas desnudas,
la una era la otra
y las dos eran ninguna.

 Traduction (je n'en connais pas l'auteur)

Sur les branches du laurier
j'ai vu deux colombes obscures.
L’ une était le soleil
l'autre la lune.
Mes petites voisines, leur dis-je,
où est donc ma sépulture ?
Dans ma traîne, dit le soleil.
Dans ma gorge, dit la lune.
Et moi qui cheminais
avec la terre à la ceinture
j'ai vu deux aigles de marbre
et une fille nue.
L’ une était l’ autre
et la fille n’ était personne.
Mes petits aigles, leur dis-je,
où est donc ma sépulture ?
Dans ma traîne, dit le soleil.
Dans ma gorge, a dit la lune.
Sur les branches du cerisier
j'ai vu deux colombes nues.
l'une était l’ autre
et les deux n’ étaient aucune.

 

Ce poème fait partie des Primeras canciones publiées en 1936, mais datées à titre indicatif de 1922.
Dès 1920, Pedro Salinas disait à Mathilde Pomès que lorca avait retrouvé la poésie espagnole : « Lorca a si bien retrouvé la poésie espagnole, que le monde entier a l’impression qu’il l’a créée », répondit-elle.

 

Musique ( très belle) de Paco Ibáñez 

 

Une autre interprétation par Isabel Parra

 

 

 

Ces compositions musicales de Paco Ibańez et Isabel Parra sont très belles, en effet, et traduisent bien l'immense tendresse qui inonde la plupart des poèmes de Lorca. Mais quid du thème obsessif et obsédant de l'évocation de la mort qui, une fois encore, est au coeur de ce poème ? Cette mort effrayante qui nous guette et peut nous dévorer à chaque instant tel un ogre ?

Pour une autre interprétation musicale, bien plus suggestive, de ce thème lorquien de la mort, le musicien américain George Crumb (musique contemporaine) est parvenu, me semble-t-il, à traduire de façon originale ces aspects autrement plus déstabilisants, capricieux et effrayants de la mort dans son Songs, Drones, et Refrains of Death (1968), pour baryton, en s'inspirant de 4 poèmes de Lorca, dont la fameuse Casida de las palomas oscuras (précédé de La Guitarra, et suivi de Canción del jinete, 1960  et Casida del herido por el agua:

 

 

 

Dans un style musical plus reposant, il existe aussi une interprétation de ce poème Casida de las palomas oscuras en russe :

 

 

 

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 860 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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Merci @tison2feu pour ces deux versions.

La première est plus que surprenante ! On a presque de la peine à la prendre au sérieux.. Elle est... excessive! La russe reste assez classique, douce... Berçante...

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 3 heures, Blaquière a dit :

Merci @tison2feu pour ces deux versions.

La première est plus que surprenante ! On a presque de la peine à la prendre au sérieux.. Elle est... excessive! La russe reste assez classique, douce... Berçante...

Dans la version américaine tout est surréalité, comme dans un conte pour petit dont le conteur souligne les passages effrayants. Par son côté excessif et fantaisiste, qui me fait penser terriblement à Salvador Dalí et aux dadaïstes !, je crois que cette version musicale n'aurait pas déplu à Lorca. Car même les berceuses espagnoles se distinguent des autres berceuses européennes par leur côté excessif : " la beauté de l’Espagne n’est pas sereine, douce, apaisée, mais ardente, à vif, excessive » (Conférence de Lorca sur "Les berceuses").

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 860 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

Tout-à-fait ! Et puis Lorca était amoureux de Dali. Tout est surprenant en Espagne ! Lorca fusillé par les franquistes, et Dali qui vénérait Franco...

La Mort ! L'Espagne flirte avec la mort. Je ne saurais pas dire si c'est du réalisme ou une fascination. C'est étonnant...

Je me souviens (je l'ai déjà raconté mais c'est trop espagnol, je ne m'en lasse pas!) Un jour à une station service, j'avais un voiture à essence (une blanche !) et je me trompe, j'y mets du diesel...  j'étais avec ma femme et mon fils. Je fais quelques centaines de mètres et elle se met à tousser (pas ma femme, la voiture !) J'ai juste pu revenir à la station avec la voiture qui tressautait... Je raconte mon fait au pompiste... Il m'a vidé et "lavé" le réservoir... super sympa! Il m'avait vu affolé, et il me rend la voiture impeccable. Là il me fait en guise de conclusion : "Todo tiene remedio menos la muerte !"

C'était pas un garagiste philosophe : juste un garagiste espagnol !

Et j'ai pensé : "pas de doute, on est vraiment en Espagne !"

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

@tison2feu

Surprenant ! Je ne connaissais ni l’une ni l’autre de ces vidéos.

De la première vidéo, George Crumb, je retiens la manière d’interpréter le poème presque théâtrale. L’ambiance musicale est très subjective. L’ensemble est assez sombre et rend bien l’atmosphère du texte de Lorca.

Pour la deuxième vidéo il faut se laisser porter par la musicalité de la langue, c’est étonnant, très agréable à l’écoute.

Ces deux vidéos sont une découverte pour moi. Merci

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Del sueño al aire libre

Flor de jazmín y toro degollado.
Pavimento infinito. Mapa. Sala. Arpa. Alba.
La niña sueña un toro de jazmines
y el toro es un sangriento crepúsculo que brama.

Si el cielo fuera un niño pequeñito,
los jazmines tendrían mitad de noche oscura,
y el toro circo azul sin lidiadores,
y un corazón al pie de una columna.

Pero el cielo es un elefante
y el jazmín es un agua sin sangre
y la niña es un ramo nocturno
por el inmenso pavimento oscuro.

Entre el jazmín y el toro
o garfios de marfil o gente dormida.
En el jazmín un elefante y nubes 
y en el toro el esqueleto de la niña.

Traduction : Nadine Ly

« Casida » du songe en plein air

Fleur de jasmin et taureau égorgé.
Pavement infini. Carte. Salle. Harpe. Et aube.
La fillette imagine un taureau de jasmin
Et le taureau est un sanglant crépuscule qui brame.

Si le ciel était un tout petit enfant
Les jasmins auraient une mi - nuit obscure,
Et le taureau un cirque bleu sans combattants
Avec un cœur au pied d’une colonne.

Mets le ciel est un éléphant, 
Le jasmin est une eau exsangue
Et la fille un bouquet nocturne
Sur l’immense pavement sombre.

Entre le jasmin et le taureau
Des crochets d’ivoire ou des gens endormis.
Dans le jasmin un éléphant et des nuages,
Dans le taureau le squelette de la fillette.



Ce poème-devinette s’éclaire singulièrement à la lumière des réseaux obsédants d’association d’images et de mots qui configurent le langage poétique de Lorca. Comme dans bien d’autres textes, et notamment ceux de New York, la fillette est la lune- enfant, dont le croissant frêle et blanc feint les cornes blanches du taureau. Ce dernier, littéralement défini comme sanglant crépuscule qui brame, est identifié à la grande puissance nocturne, alors que les jasmins blancs figurent la lumière diurne, avec son ciel-éléphant et ses nuages.
Cette casida est l’un des premiers poèmes du Divan que Lorca ait écrit
Aguilar. Hommage à Federico García Lorca.

 

 

 

Une autre interprétation, tout à fait différente, mélancolique. J'hésite à savoir celle qui convient le mieux au texte.

 

 

 

 

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 860 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
Il y a 8 heures, satinvelours a dit :

 

La vache ! y'a du nerf, là !

J'aime bien ! Tant va la cruche à l'eau, qu'à la fin, faut qu'elle explose !

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Je poste à nouveau la Baladilla de los tres ríos qui se trouve quelques pages au dessus. J’ai trouvé deux interprétations que je n’avais pas repérées. Je les trouve magnifiques, l’une comme l’autre.

Baladilla de los tres ríos

El río Guadalquivir 
va entre naranjos y olivos. 
Los dos ríos de Granada 
bajan de la nieve al trigo. 

¡Ay, amor 
que se fue y no vino! 

El río Guadalquivir 
tiene las barbas granates. 
Los dos ríos de Granada 
uno llanto y otro sangre. 

¡Ay, amor 
que se fue por el aire! 


Para los barcos de vela, 
Sevilla tiene un camino; 
por el agua de Granada 
sólo reman los suspiros. 

¡Ay, amor 
que se fue y no vino! Guadalquivir, alta torre 
y viento en los naranjales. 
Dauro y Genil, torrecillas 
muertas sobre los estanques, 

¡Ay, amor 
que se fue por el aire! 

¡Quién dirá que el agua lleva 
un fuego fatuo de gritos! 

¡Ay, amor 
que se fue y no vino! 

Lleva azahar, lleva olivas, 
Andalucía, a tus mares. 

¡Ay, amor 
que se fue por el aire!

 

 

 

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tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Le 11/03/2019 à 11:54, satinvelours a dit :

Je poste à nouveau la Baladilla de los tres ríos qui se trouve quelques pages au dessus. J’ai trouvé deux interprétations que je n’avais pas repérées. Je les trouve magnifiques, l’une comme l’autre.

 

 

Ce poème de Lorca continue d'inspirer les chanteurs actuels, comme par exemple Carmen Linares qui chante cette "Baladilla" avec beaucoup de sentiment ; ici le chant est une bulería, considérée parfois comme faisant partie des cantes chicos (petits chants) par opposition aux cantes grandes (grands chants ou chants profonds), mais la "Dame du chant" fait des prodiges.

Pour l'analyse de ce poème, voici une étude très intéressante (mais en espagnol) : https://cvc.cervantes.es/literatura/criticon/PDF/087-088-089/087-088-089_695.pdf  avec des trouvailles parfois surprenantes, comme par exemple l'inversion de l'anagramme formé en partie avec les mots espagnols GRANATES / SANGRE ("grenat" / "sang") dans la deuxième strophe du poème !

 

 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)
Le 12/03/2019 à 19:23, tison2feu a dit :

 

Ce poème de Lorca continue d'inspirer les chanteurs actuels, comme par exemple Carmen Linares qui chante cette "Baladilla" avec beaucoup de sentiment ; ici le chant est une bulería, considérée parfois comme faisant partie des cantes chicos (petits chants) par opposition aux cantes grandes (grands chants ou chants profonds), mais la "Dame du chant" fait des prodiges.

Pour l'analyse de ce poème, voici une étude très intéressante (mais en espagnol) : https://cvc.cervantes.es/literatura/criticon/PDF/087-088-089/087-088-089_695.pdf  avec des trouvailles parfois surprenantes, comme par exemple l'inversion de l'anagramme formé en partie avec les mots espagnols GRANATES / SANGRE ("grenat" / "sang") dans la deuxième strophe du poème !

 

 

L’interprétation de Carmen Linares de la Baladilla est très agréable à écouter.  J’avais d’ailleurs cherché parmi son répertoire mais n’avait point trouvé.

 J’ai lu avec intérêt cette étude du poème de Lorca très détaillé et très complète, me semble-t-il car je ne suis pas spécialiste.  Il fallait aussi cette référence à Manuel de Falla et son « Amor brujo. Merci.

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