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Naissance du concept d’existence

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satinvelours

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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« Crainte et tremblement » édit. Rivage. 
 
Kierkegaard va faire l'analyse de deux figures qu'il rapproche et en même temps oppose : une figure païenne, Agamemnon et l'autre, figure biblique du sacrifice, Abraham.

Pour Kierkegaard Agamemnon représente le stade éthique. Il est une sorte de réification, de concrétisation de l'exigence éthique. Il est déchiré par le fait d'avoir à sacrifier, à immoler sa fille Iphigénie pour apaiser la colère d'Artémis qui bloque sa flotte à Aulis. Mais, dit Kierkegaard, Agamemnon comprend rationnellement les raisons de ce choix. Il comprend ce qui nécessite ce commandement.
 
Au contraire Abraham ne comprend pas les raisons qui font que Dieu lui demande de sacrifier son seul fils Isaac qu'il a eu si tard, alors qu'il ne l'espérait plus, lui qui a toujours suivi absolument les commandements de Dieu. Il ne comprend pas comment Dieu peut lui retirer ce qu'il vient de lui donner. Et comme il ne comprend pas il ne peut rien dire, il est réduit au silence. « Abraham se tait - mais il ne peut parler ; dans cette impossibilité réside la détresse et l'angoisse ».

Au travers de ces deux exemples on comprend que l'éthique n'est plus la finalité suprême, c'est donc un stade par lequel nous devons passer, parce que c'est un stade qui nous permet de dépasser le particulier dans le général. Nous hisser au-dessus de nous-mêmes, nous élever à la dimension du général, voire de l'universel, mais ce dépassement du particulier dans le général n'est pas une finalité en soi. Le stade éthique est simplement le passage obligé qui doit nous conduire vers l'exigence absolue, vers l'infini, en un mot vers Dieu.

Le moi ne peut simplement pas s'accomplir comme sujet universel, ce qui serait kantien et non Kierkegaardien, mais il veut s'ouvrir à quelque chose qui le dépasse, et d'une certaine façon l'anéantir, à savoir Dieu, dont l'éthicien commence à comprendre obscurément le lien, de par son existence propre, qui l’unit au Créateur, c'est-à-dire à celui dont toute existence procède.

Pour Kierkegaard ressaisir son existence, tenter de se la réapproprier et non pas la vivre, ni dans la dispersion esthétique, ni dans un pur devoir qui caractérise la sphère éthique, passe nécessairement par cette conversion intérieure qui nous révèle notre lien avec Dieu.

Voilà pourquoi l'arme de l'éthicien ce n'est plus l'ironie, comme on le retrouvait à la fin du stade éthique, mais c'est maintenant l'humour.

L'humour c'est ce qui nous permet d'une façon non agressive de convertir en chose agréable, en chose drôle, cette certitude que tout est vain et que, particulièrement, son propre moi est quelque chose d'incomplet si on ne lui adjoint pas Dieu.
L'ironie attaquait, l'humour essaye de marquer nos propres limites, mais masque aussi que ces limites, puisqu'elles sont connues, vont être acceptées.
 
Et cette acceptation dans l'humour de nos propres limites va nous acheminer au bord de l'éthique et nous permettre d'accomplir ce saut dans la foi. Cette disproportion de l'homme et de Dieu rien ne saurait la réduire. C'est pour cela qu'il convient de quitter la sphère de l'éthique et de sauter dans la sphère la foi.

 

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 480 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)
Il y a 16 heures, satinvelours a dit :

« Crainte et tremblement » édit. Rivage. 
 
Kierkegaard va faire l'analyse de deux figures qu'il rapproche et en même temps oppose : une figure païenne, Agamemnon et l'autre, figure biblique du sacrifice, Abraham.

Pour Kierkegaard Agamemnon représente le stade éthique. Il est une sorte de réification, de concrétisation de l'exigence éthique. Il est déchiré par le fait d'avoir à sacrifier, à immoler sa fille Iphigénie pour apaiser la colère d'Artémis qui bloque sa flotte à Aulis. Mais, dit Kierkegaard, Agamemnon comprend rationnellement les raisons de ce choix. Il comprend ce qui nécessite ce commandement.
 
Au contraire Abraham ne comprend pas les raisons qui font que Dieu lui demande de sacrifier son seul fils Isaac qu'il a eu si tard, alors qu'il ne l'espérait plus, lui qui a toujours suivi absolument les commandements de Dieu. Il ne comprend pas comment Dieu peut lui retirer ce qu'il vient de lui donner. Et comme il ne comprend pas il ne peut rien dire, il est réduit au silence. « Abraham se tait - mais il ne peut parler ; dans cette impossibilité réside la détresse et l'angoisse ».

Au travers de ces deux exemples on comprend que l'éthique n'est plus la finalité suprême, c'est donc un stade par lequel nous devons passer, parce que c'est un stade qui nous permet de dépasser le particulier dans le général. Nous hisser au-dessus de nous-mêmes, nous élever à la dimension du général, voire de l'universel, mais ce dépassement du particulier dans le général n'est pas une finalité en soi. Le stade éthique est simplement le passage obligé qui doit nous conduire vers l'exigence absolue, vers l'infini, en un mot vers Dieu.

Le moi ne peut simplement pas s'accomplir comme sujet universel, ce qui serait kantien et non Kierkegaardien, mais il veut s'ouvrir à quelque chose qui le dépasse, et d'une certaine façon l'anéantir, à savoir Dieu, dont l'éthicien commence à comprendre obscurément le lien, de par son existence propre, qui l’unit au Créateur, c'est-à-dire à celui dont toute existence procède.

Pour Kierkegaard ressaisir son existence, tenter de se la réapproprier et non pas la vivre, ni dans la dispersion esthétique, ni dans un pur devoir qui caractérise la sphère éthique, passe nécessairement par cette conversion intérieure qui nous révèle notre lien avec Dieu.

Voilà pourquoi l'arme de l'éthicien ce n'est plus l'ironie, comme on le retrouvait à la fin du stade éthique, mais c'est maintenant l'humour.

L'humour c'est ce qui nous permet d'une façon non agressive de convertir en chose agréable, en chose drôle, cette certitude que tout est vain et que, particulièrement, son propre moi est quelque chose d'incomplet si on ne lui adjoint pas Dieu.
L'ironie attaquait, l'humour essaye de marquer nos propres limites, mais masque aussi que ces limites, puisqu'elles sont connues, vont être acceptées.
 
Et cette acceptation dans l'humour de nos propres limites va nous acheminer au bord de l'éthique et nous permettre d'accomplir ce saut dans la foi. Cette disproportion de l'homme et de Dieu rien ne saurait la réduire. C'est pour cela qu'il convient de quitter la sphère de l'éthique et de sauter dans la sphère la foi.

 

Il ne convient pas de sauter dans la foi comme il ne convient d'ailleurs pas de franchir le stade esthétique ou éthique...

L'existentialisme de Kierkegaard est une apologie du choix personnel du sujet et pas du tout l'objectivité d'un parcours

N'oublions pas que si vous êtes juive et si Kierkegaard est chrétien, c'est votre choix totalement subjectif arrivé à cette 34eme page d'avoir passé totalement sous silence les notions d'irrationalité et même d'absurde dans ce saut vers la foi.

Ou encore la place du christ et du pêché dans ce saut.

Au prochain épisode peut-être 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 17 heures, satinvelours a dit :

 
Et cette acceptation dans l'humour de nos propres limites va nous acheminer au bord de l'éthique et nous permettre d'accomplir ce saut dans la foi. Cette disproportion de l'homme et de Dieu rien ne saurait la réduire. C'est pour cela qu'il convient de quitter la sphère de l'éthique et de sauter dans la sphère la foi.

 

En résumé : Quand nous rions, nous croyons puisque Dieu est une blague...

Je suis d'accord !...

 On peut faire venir des raisonnements malins de très loin... Mais à l'arrivée on est bien obligé de constater que quand elle prend la forme d'un pouvoir, il n'y a rien de moins humoristique que la foi... (Le fanatisme.)

Modifié par Blaquière
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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 480 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)
Il y a 1 heure, Blaquière a dit :

En résumé : Quand nous rions, nous croyons puisque Dieu est une blague...

Je suis d'accord !...

 On peut faire venir des raisonnements malins de très loin... Mais à l'arrivée on est bien obligé de constater que quand elle prend la forme d'un pouvoir, il n'y a rien de moins humoristique que la foi... (Le fanatisme.)

Oui, mais l'humour n'est chez Kierkegaard que l'expression du paradoxe du stade éthique entre les règles sociales librement consenties et sa personnalité plus introvertie.

Rassure toi, avec crainte et tremblement qui cadre le stade religieux, on a dans le titre presque tout le programme...

En fait après l'ironie, l'humour puis le renoncement à la vérité qui sont les sorties de crise des différentes sphères, Kierkegaard trouve une dernière clé.

Le Christ cherche à libérer de ses tension celui qui lui tend l'oreille...

En traversant tous ses paradoxes précédents dans des formes d'angoisse, celle ci trouve a la jonction de l'instant présent et de l'éternité, dans le christ, l'amour du christ libérateur.

C'est ici que Kierkegaard critique l'église officielle qui reste selon lui dans la convenance dogmatique en posant le bien ou le mal par exemple 

Parce que ce choix du bien ou du mal a beau être présent pour l'individu il faut l'éliminer pour Kierkegaard pour faire place au devenir de l'esprit pour l'éternité 

Le christ nous délivre d'ailleurs de nos pêchés pour qui se livre a lui, comme paradoxe de l'homme qu'il n'est pas tout à fait pour le Dieu qu'il tend à être..

Cette dernière liberté dissout le dernier paradoxe entre la finitude humaine et l'infinitude divine...qui est l'exigence première du christianisme 

Il rigolait pas tous les jours notre ami.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 480 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Toute la philosophie de Kierkegaard est contenue dans cette analyse de texte du très grand Mickaël Youn

Kierkegaard garde de l'esthétique de l'éthique et du religieux en lui...bien sûr

Mais il dit merde aux plaisirs juvénils, à sa fiancée et a sa carrière religieuse 

Et voici son vrai message qui est parfaitement intégré par satinvelours 

 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Le stade religieux
 
  Ce saut dans le stade religieux, stade ultime, révèle la foi définie par Kierkegaard qui souligne que la foi et l'existence religieuse sont des modalités d'existence dans laquelle nous n'avons plus aucune médiation possible.
 
Cette idée que dans la foi et dans l'existence religieuse nous ne disposons d'aucune médiation est une façon de dire que la foi excède la raison, excède les limites du concept et donc ne saurait être pensable. 

De ce point de vue Abraham justement consent à renoncer à sa raison, à l'ordre de sa pensée, d'où le fait qu'il devienne la figure emblématique de cette dernière sphère.
La foi nous arrache à la logique de la médiation et mobilise en nous la part irréductible à la raison que toute existence humaine possède, du moins c'est ce que pose Kierkegaard. La raison n'occupe qu'une partie de notre être et, à ce titre, n'a pas le droit de confisquer la totalité de cet être.

Il y a en chacun de nous place pour que la foi puisse se développer. C'est pour cela que la figure de style de la foi c'est le paradoxe qui manifeste à tout instant ce que Saint-Paul appelait « la folie de la foi ».

Il faut donc élever notre existence jusqu'au paradoxe et soutenir l'un et l'autre, ce qui apparaît inconciliable. Il va nous falloir tenir et soutenir des contradictions indépassables, qui produisent ce déchirement intérieur que nous vivons comme nous pouvons, c'est-à-dire d'une part le couple fini-infini ; temps-éternité ; bien-mal ; naissance-mort.

Cette troisième sphère ne s'atteint que « par suspension de l'ordre éthique ». 
 
L'idée chez Kierkegaard est qu'on ne peut pas s'élever par degré vers la foi qui se saisit de nous. 
Ce n'est pas le dernier degré de l'existence éthique qui, naturellement, va se lier au premier degré de la foi et donc de l'existence religieuse. Il y a bien une rupture.

Il existe, au-delà de la loi morale et de toutes les lois que nous élaborons et auxquelles nous obéissons, au-delà des lois éthiques, une loi absolue qui est celle de Dieu et qui commande bien au-delà du devoir. Ce commandement absolu arrache l'individu à la morale sociale, objective, et le précipite dans le vertige, c'est-à-dire une angoisse.
 
Commence enfin pour Kierkegaard la possibilité d'être soi, mais dans une dépossession de soi, c'est-à-dire dans un don de soi.
Il faut consentir à cesser d'être maître de soi, à cesser de disposer de soi, mais au contraire à faire don de soi, pour que se réalise, véritablement, et notre essence et surtout notre existence. L'idée que l'on peut peut-être laïciser, que l’on ne serait vraiment soi-même que dans le moment du don, que dans le moment du sacrifice version religieuse. Ce geste magnifique et aussi terrible s'analyse comme une échappée à soi-même.
 
Là on touche des thèmes absolument chers à toutes les philosophies existentialistes, c'est-à-dire cette échappée à soi c'est tout simplement ce que l'on appelle notre transcendance. Ce geste est l'expression de notre transcendance : je suis dans ce que j'offre de moi et, paradoxalement, je suis dans ce que j'ignorais posséder.

Il y a une relecture d'être et avoir. 


 

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 480 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Manque le Christ et son rôle à ce récit... manque également la notion d'absurdité tel que décrit par Kierkegaard et qui va par delà l'abandon du raisonnable.

Car enfin...s'il est totalement absurde de faire don de soi à Dieu...c'est simplement parce que ce don d'Abraham qui n'a pourtant aucun moyen de communication directe avec Dieu, consiste donc à s'auto persuader, sans contrôle extérieur de cet appel...et d'autre part que cette folie l'autorise à ôter la propre vie de son fils.

Bien sûr Dieu intervient dans la bible et fonde le raisonnement de Kierkegaard pour légitimer ce don de soi.

Mais que fait alors ce grand connard divin  pour arrêter le bras armé d'imbéciles qui contre toute raison massacrent au nom de Dieu, au nom de leur folie ?

Qu'un intégriste au nom de sa philosophie bafoue la mienne, voila le prix à payer pour cette foi qu'il va sans dire je ne partage pas

Visiblement Kierkegaard a gardé suffisamment de moralité et n'a agit qu'en toute moralité...

Faites ce que je dis ?

Même pas...

Parce que toi qui est juif, comprends tu ce fol appel de Dieu ?

 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Les stoïciens mais aussi l'épicurisme, ces grandes écoles nous avaient habitués à concevoir être et avoir comme étant deux ordres opposés et à nous faire comprendre qu'à défaut d'être, nous nous préoccupions d'avoir et nous essayions de compenser ce déficit ontologique par une manie obsessionnelle de la possession.

Chez Kierkegaard on obtient la révélation de l'être, ce que je suis vraiment, en passant par l'avoir, c'est-à-dire s'offrir, donner tout ce que l'on pense avoir pour justement dans cette dépossession fonder son être et le justifier
Et pour arriver au dernier des paradoxes alors, seulement à ce moment-là, je me reconnais dans ce que j'ignorais de moi.

Ceci exige une relation de l'individu à ce qui l'excède et le dépasse, c'est-à-dire l'absolu, c'est-à-dire Dieu.

 On retrouve Abraham, et Kierkegaard souligne justement que chez Abraham c'est la foi qui le sauve de l'absurdité de la foi.
Il y a un saut dont je ne sais jamais ce qu'il me vaudra, mais précisément parce que je ne le sais pas, je le fais.
C'est cela la foi, c'est ce qui va sauver Abraham.
Ce rapport absolu à l'absolu se vit dans l'existence au travers de ce que Kierkegaard appelle l'angoisse.

 « Le concept d'angoisse » et « Post-scriptum aux miettes philosophiques ». 

Dans le Post-scriptum Kierkegaard parle de deux postures religieuses.

Première posture où Dieu nous apparaît comme l'équivalent de la loi morale, c'est le Dieu prescripteur, le Dieu des dix commandements, le Dieu qui exige et à qui l'on doit obéir.

Deuxième posture c'est cette posture qui commande cette rupture radicale avec les lois de l'éthique. Cette posture nous arrache au monde et à nous-mêmes.
Ici commence ce que Kierkegaard appelle le religieux. 

De la même façon chez Kant la moralité passait par la purification de la volonté.
C'est-à-dire on ne peut s'élever dans la morale et devenir des êtres moraux que si nous purifions notre volonté, si nous transformons notre volonté en volonté bonne, en volonté qui n'exige que le devoir pour le devoir, ce qui va éliminer toutes les autres motivations.
 
De la même façon chez Kierkegaard il nous faut élever notre volonté, la purifier dans cette élévation « Vouloir infiniment et vouloir l'infini » (éternité de l'instant).
Vouloir infiniment c'est vouloir que l'instant du choix soit de l'instant comme éternité, pensée de l'éternel retour. Cela signifie que nous sommes conduits à vouloir que l'instant du choix soit choix de l'instant comme éternité. L'instant est un atome d'éternité.
 
Tel est le paradoxe absolu qu'offre, seulement, aux yeux de Kierkegaard la religion chrétienne qui la distingue de toute autre religion puisque c'est ce dont nous parle le mystère de l'incarnation et ce à quoi invite ce mystère, puisque Dieu éternel s'est révélé aux hommes dans le temps, c'est-à-dire dans une existence humaine donc nécessairement limitée dans le temps, mais aussi comme origine du temps.


 

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 480 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)

Je ne vois pas le don de soi comme le passage de l'avoir à l'être chez Kierkegaard..

Au contraire l'existentialisme qu'il initie porte son analyse sur l'évolution de l'être

Toutes les crises qu'il décrit sont relatives à l'être.

Le sujet de l'avoir et de l'être sont passionnants mais je ne situe pas même chez les grecs cette réflexion même si un contrexemple doit bien pouvoir se trouver...

Etre c'est aussi le devenir ex sistere et donc exister, c'est étymologiquement "se tenir hors de soi" avec cette projection dans le temps où Heidegger vous sera bien plus utile que Kierkegaard...

Son Dasein reprend pour partie cette idée que sans lui, il y aurait un monde mais que le monde ne serait pas

Creusez donc plutôt de ce côté là...

Vous y retrouverez aussi cette notion d'être au travers du regard de l'autre que vous aviez abordé 

En revanche votre réflexion est intéressante bien sûr notamment dans le langage et en hébreu par exemple "j'ai" est remplacé par "ceci est à moi", beaucoup plus indirect.

On peut sentir votre construction mentale qui n'est pas du tout celle de Kierkegaard 

L'avoir sur le mode consommation est pourtant ce que je retiens de vous dans cette place que vous accordez à être

Vous confondez votre synthèse personnelle probablement très riche, votre philosophie et la consommation d'auteurs sur le mode avoir qui vous invitent pourtant à être.

A l'école, ce mode de consommation dans la compréhension, avoir des livres...se comprend 

Mais être n'est pas retirer l'être de l'autre, ce qu'il est.

Dites simplement "je pense que" et développez

Car cette simple construction vous fera devenir donc exister pour finir par être.

Vous avez ce deficit de l'être.

D'ou ce topic

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Membre, 39ans Posté(e)
sassa35 Membre 479 messages
Baby Forumeur‚ 39ans‚
Posté(e)

salut à tous 

je trouve ce sujet assez simple . comme tout le reste . je n'ai pas besoin de lire des bouquins .

ou écouter n'importe quel autre savant. le faite d'être née veut dire que je suis là . donc présent 

conscient , ce n'est pas pour rien qu'on pleure tous à la naissance . c'est la seule manière pour un nouveau née 

de s'exprimer . il exprime ces émotions tout simplement , comme quoi il est bien vivant , et surement content et heureux,

d'être là. sinon pourquoi il serait née ? après chacun peut l’interpréter comme il veut . en tout cas c'est comme ça que je prends 

les choses , en tant qu' être humain . et bon vivant et cela va de soit . tous ces écrivains , philosophes , les grands hommes qui ont marqués leurs temps , ils ont rien de plus que nous , pas plus intelligent qu'un autre , ils n'ont rien inventer pour moi , en tout cas rien qui m'étonne ou qui me surprenne , ils racontent leurs vies tous simplement , leurs vérités à eux qui leurs est propre , il y aura toujours un autre pour le contredire . la vie est belle et y a de la place pour tout le monde . il n'y a pas trente six mille manière de connaitre la vie , à part de la vivre soi même , par ces propres yeux, cela va de soi. tu ne peux pas prétendre à une chose que tu ne connais pas , du moins l'avoir vécu par toi même .la vie est une expérience magnifique , dont on se rend pas compte nous les êtres humains. faut la vivre sa vie . faire ce qu'on aime vraiment . ce qui nous touche le plus au cœur . dans quoi on se perd carrément , quand on est plongée dedans , ou y a plus rien qui compte autour , on peut passer des heures là dessus , voir des journées entières y a plus rien qui compte à par votre passion , parce que c'est le cœur qui parle .

la vie faut la prendre  comme un jeu , en tout cas merci celui qui a inventé le concept de jeu vidéo . il a tout compris à la vie.

quand on dit faite l'amour et pas la guerre . c'est vrai .

y a rien de plus simple , comme la vie en lui même , quand tu prends toujours les choses du bon côté .

la vie est belle et non un fardeau. 

   

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 480 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)
Il y a 8 heures, sassa35 a dit :

 

la vie faut la prendre  comme un jeu , en tout cas merci celui qui a inventé le concept de jeu vidéo . il a tout compris à la vie.

 

Ce point ci, je le comprends parfaitement et je l'ai même vécu.

On pourrait en discuter si celà te dit.

Il est peut-être question de degré .. demeure la dangerosité 

Pendant que le jeu vidéo passe, ta vie trépasse, c'est ma thèse ..

Les êtres de sang et de chair proches de toi comptent sur toi.

L'introspection et le retrait quels que soient l'artificialité de leur mise en oeuvre ne sont bons que dans leur mise en oeuvre dans l'ouverture et dans la disponibilité d'esprit.

Il y a un endormissement dans l'éveil, un éveil après tout endormissement.

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Membre, 39ans Posté(e)
sassa35 Membre 479 messages
Baby Forumeur‚ 39ans‚
Posté(e)

Salut à toi 

Je suis tout oui pour qu'on en parle. C'est tout le principe du forum, on est là pour apprendre. On a tous des choses à s'apporter en tant qu'être vivant. Et quand je dis la vie est un jeu, faut pas tout prendre à la lettre. Ça veut juste dire pour moi, que la vie n'est qu'une suite logique, ta vie c'est ce que tu en fait, y a pas de hasard. 

Ni de formule magique. Tu es ce que tu es un être faite de chère et d'esprit. Donc ta vie, tu peux en faire ce que tu veux. Tu en es seul maître à bord. Faut se libérer l'esprit et arrêter de s'encombrer de tous ces croyances inutiles. Faut juste mettre du cœur et beaucoup d'amour dans tous ce que l'on fait. C'est comme ça qu'on apprend. Dans la vie faut jamais forcer, tout doit se faire naturellement, du moment que tu force, c'est qu'il y a un souci, ce n'est pas pour rien, qu'ils aient d'autres symptômes qui apparaissent, quand l'on fait des choses qui nous ressemblent pas ou que l'on force. Des douleurs, physiques, voir psychique, c'est juste des signes de ton moi intérieur qui te fait comprendre que tu te trompe de chemin et il serait temps de passer à autre chose. Dès fois ça peut aller plus loin que ça. Des accidents très graves de la vie, qui peuvent aller jusqu'à l'handicap ou voir la mort d'un proche. C'est triste, mais que des signes qui t'envoie ton moi intérieur. La vie est pleine de surprises et nous apprend tous les jours. L'essentiel n'est pas forcément devant nos yeux. Faut savoir regarder avec son cœur, avec les yeux d'un enfant, toujours dans l'émerveillement. Parce que la vie est vraiment belle. L'une des plus belles expériences de l'univers. Donc faut la savourer sa vie et non la subir. 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Kierkegaard médite longuement sur le fait que ce qui est éternel a cherché à se manifester dans une existence précise, singulière, individuelle et limitée dans le temps. Ce qui existe vraiment doit exister au travers de ce qu'on appelle l'existant.
L'existence ne peut être pensée d'une façon générale, abstraite. C'est de son expérience à soi comme existant que nous devons partir et non pas nous réfugier dans les sphères hégéliennes.

Nous sommes des êtres en situation dit Sartre c'est-à-dire que nécessairement nous nous déployons dans l'histoire, nous apparaissons dans un moment d'histoire, nous sommes pétris d'historicité, et en même temps notre existence n'est pas détachable de l'ensemble des événements qui constituent notre environnement.
Cet ensemble d'événements constitue ce que Sartre appelle « être en situation ». Il faut toujours partir de cet être concret, incarné, désirant, en situation, pour pouvoir tenter de ressaisir ce qui pour nous est exister.

Ce saut dans la foi nous révèle notre transcendance, autre thème cher à l'existentialisme.

Pour Sartre ce ne sera pas le saut dans la foi, ce sera notre liberté, le fait que jamais rien ne nous est imposé. « Nous sommes condamnés à être libres » c'est-à-dire que même dans les situations les plus invraisemblables où j'éprouve des contraintes, néanmoins face à ces contraintes j'éprouve ma liberté puisque, de ces contraintes, je puis choisir de  vivre ou de mourir.
Dans l'absolu nous avons toujours le choix mais nous voulons ignorer que c'est un choix.
Cette transcendance sera renommée de façon différente.

Pour Kierkegaard elle se révèle à nous dans sa pureté et dans sa force au travers de ce saut dans la foi, mais pour les existentialistes athées ce sera dans l'épreuve de la liberté, ou la tentation du suicide chez Camus ou la révolte.
Ce pouvoir de dire non manifeste et ma liberté et ma transcendance.  Ce refus profond de me laisser enfermer, déterminer par telle situation, configuration d'événements extérieurs qui me bloqueraient, me figeraient, moi, et anéantiraient ma liberté.
 
C'est cette élévation vers Dieu qui nous révèle à nous-mêmes, qui nous permet de nous sentir justifiés, ce qui nous permet de vivre notre existence intensément, avec foi, avec passion, avec détermination.
 
On retrouvera le même propos chez Sartre dans « L'être et le néant » à propos de l'amour.
Ce que nous cherchons dans l'amour dit Sartre c'est à être justifié, à exister par l'autre. Sans le désir de l'autre, sans l'amour de l'autre, sans le regard de l'autre sur moi, je n'éprouve aucune justification, puisque je m'éprouve au contraire comme radicalement contingent, donc n'ayant aucune nécessité.
J'existe mais j'aurais très bien pu ne pas exister, et cette justification je vais la chercher dans l'amour, sous toutes ses formes et plus particulièrement dans la relation amoureuse.

Exister c'est éprouver la nécessité de sa liberté. Mais mettre en acte ou en œuvre sa liberté c'est renoncer à l'idée que nous pourrions donner de nous ou obtenir de nous une vérité unique, suprême. C'est renoncer à l'objectivité. Nous ne saurons jamais, et certainement pas à l'instant de notre mort, ce que nous sommes.
Renoncement à la vérité, renoncement à la connaissance objective de soi puisque nous sommes irrémédiablement en situation.
 
C'est ce que nous dit Kierkegaard dans son post-scriptum définitif aux miettes philosophiques, la subjectivité, c'est la non vérité.


 

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 480 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Je ne vois plus les jeux vidéo mais c'est pas bien important...

L'effort comme l'adversité pour moi font aussi partie de la vie comme des moteurs pour se grandir.

Tout est question de degré 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

On en retire deux idées riches pour l'existentialisme :
- Exister c'est tendre indéfiniment vers notre identité à jamais refusée, à jamais impossible. Aucune existence n'est totalisable pour quiconque.
- Exister c'est faire le pari de notre liberté, à défaut de la connaissance que nous pouvons avoir de nous-mêmes.

C'est dans cette brèche que l'existentialisme athée va s'engouffrer.

Dans les chapitres de L'être et le néant sur autrui Sartre écrit, ce que je vise en l'autre quel que soit le mode relationnel qui est le mien à cet autre, c'est sa liberté. C'est l'autre comme conscience libre que je reconnais dans le travail de la reconnaissance.
 
La relation amoureuse ne fait que dévoiler la contradiction dans laquelle tout un chacun se débat, c'est-à-dire cette nécessité qui me pousse à confisquer la liberté de l'autre. En lui conférant sa liberté je me mets en danger. De la même façon que l'autre m'a choisi librement, gratuitement, il peut parfaitement m'abandonner librement, gratuitement. Symétrie des positions. 

Et pour essayer de  me rassurer sur cette question je vais tenter par tous les moyens de choséifier l'autre, comme dira Sartre, c'est-à-dire le déposséder de sa liberté. L'humain, le monde c'est la liberté c'est-à-dire la transcendance.
 
Et de l'autre côté je ne supporte pas d'être aimé par une chose. Donc je veux à la fois déposséder l'autre de sa liberté, et en même temps je dois poser cette liberté car je ne peux attendre la moindre reconnaissance de quelqu'un à qui je ne confère pas la liberté. 

aux yeux de Sartre, toute relation lorsqu’elle est intense, et  plus elle est intense, nous fait expérimenter cette contradiction.

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Membre, 39ans Posté(e)
sassa35 Membre 479 messages
Baby Forumeur‚ 39ans‚
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Sachez vous égarer

Oui, sachez vous perdre , osez emprunter des chemins mal tracés , allez là ou vous n'avez pas de repères.

C'est dans la connaissance de vous que vous cheminez , pour toujours mieux appréhender la personne que vous êtes .

Quel intérêt y aurait -il alors à rester sur les chemins déjà balisés , déjà connus , sur ceux ou rien ne peut vous arriver ?

De temps en temps , aventurez - vous hors des sentiers , coupez à travers les champs , offrez- vous un peu d'espace, cessez de tourner en rond sur ces parties que vous avez déjà quadrillées. Un peu d'audace !

  • Waouh 1
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Membre, 39ans Posté(e)
sassa35 Membre 479 messages
Baby Forumeur‚ 39ans‚
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L'humain vit avec des concepts qui sont faussés dés sa naissance, en raison de l'éducation qu'il a reçue et qu'ont reçue ses parents . Les bases de départ sont faussées , elles ne sont pas ce qu'elles devraient être . Alors , pendant toute sa vie , il vit sur des basses faussées , il ne sait pas ce qu'il est réellement  et il n'a pas connaissance de ses capacités.

Une de ces fausses bases est de dire à un enfant , comme on vous l'a dit , qu'il deviendra un vieillard et qu'il mourra .

A partir de ce moment - là il y a acceptation du vieillissement , parce qu'on vous a dit: " c'est obligatoire ! Le corps s'use , le corps vieillit ! Il y a l'enfance , l'adolescence , la maturité et la vieillesse". 

Ce n'est pas ainsi que cela devrait se passer ! Il y a naissance de l'être  , son enfance (qui devrait être beaucoup plus courte ) 

puis son épanouissement qui pourrait durer des centaines  voir des milliers d'années.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 480 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Je vois davantage de vertu dans la mort.

Celle des autres pour commencer.

Toutes les morts que je connais sont arrivées aux autres et ça fait longtemps que ça dure.

Oui mais...pas moi.

Rahhh les cons.

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Jaspers ou l'existence comme possible
 
Rapidement présenté :
Karl Jaspers est un psychiatre et philosophe allemand 1883-1969.
Un problème permettra de comprendre sa conception de l’existence : il naît avec un problème bronchitique sévère s'accompagnant de troubles cardiaques très graves.
Dans son autobiographie il dit très clairement que c'est la maladie qui a déterminé la totalité de son existence, ses choix politiques, ses études de médecine et son entrée en philosophie.

Son opposition au régime nazi le désigne comme déporté potentiel. 
 
En 1931 il obtient un poste d'enseignement philosophique à l'université de Heidelberg où Kant a officié toute sa vie. Il se fait retirer ce poste en 1937, il est mis à pied par les nazis, et interdit de publication.
 1958 : La bombe atomique et l'avenir de l'homme sera son dernier grand texte.
 
La position de ce philosophe s’enracine totalement dans l'histoire.

Il y a une relative continuité entre Kierkegaard et Jaspers, puisque pour lui également l'existence n'est pas objectivable, n'est pas véritablement conceptualisable, véritablement pensable.
Jaspers partage avec Kierkegaard son horreur, le même mépris du système et, d'autre part, de toute philosophie savante.
 
En effet c'est de l'existence et particulièrement ce qu'on appelle l'existant qu'il va falloir partir. La première question que l'on pourrait se poser : 
 
Peut-on penser l'existence ?
 
Non, on ne peut penser l'existence. C’est une des premières raisons que Jaspers va expliquer pour justifier le fait que l'existence est à la fois ce qui nous est donné et ce qui nous est retiré dans cette expérience existentielle qui est la nôtre. Toute existence renvoie à ce que Jaspers appelle l'englobant. Il faut partir de cette notion pour peu à peu pénétrer dans sa pensée.

Ce terme d'englobant est un terme qui pourrait être synonyme de totalité, de tout, mais néanmoins on peut observer deux choses :
 
1) Ce ne sont pas ces termes que Jaspers utilise. Cette non-utilisation peut être assimilée à un refus car effectivement les termes de tout, de totalité que l'on trouve dans la grande philosophie spéculative allemande font trop référence à l'idéalisme et aux abstractions propres aux philosophies idéalistes (Hegel).
Parler de totalité eut été trop hégélien.
 
2) L'utilisation du participe présent qui induit une idée d'un processus qui n'est pas achevé, qui est en train de se faire et dément totalement l'idée d'une totalité absolument achevée. Si cette totalité existe quelque part, en tout cas l'homme et la pensée discursive de l'homme ne peuvent absolument pas la penser.


 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Qu'est-ce donc que l'englobant ?
L'englobant chez Jaspers est cette « totalité » à jamais achevée, c'est la réconciliation de deux choses nécessaires à notre pensée : d'une part l'existence d'un sujet qui pense, et de l'autre côté un objet qui s'offre à cette pensée.

Toute la philosophie de Jaspers commence par l'idée d'une scission nécessaire. Il rappelle que depuis Platon penser revient en effet à se donner ou à poser un objet qui est nécessairement autre, différent de notre pensée et la pensée ne va pouvoir s'effectuer, c'est-à-dire accomplir sa tâche de pensée, qu'en se saisissant de cet objet et en s'opposant à lui.
 
On appelle donc pensée analytique la pensée occidentale qui ne peut procéder que par division successive sujet-objet.
Mais tout se passe comme si Jaspers nous faisait comprendre qu'on ne peut diviser qu'à partir d'une unité préconstituée. C'est-à-dire si je dois diviser c'est que nécessairement j'ai à ma disposition quelque chose qui ne l'est pas encore. Il nous faut admettre que préside à la pensée analytique, celle qui va diviser en sujet-objet, les choses pour pouvoir penser, puis ensuite construire des catégories de pensées différentes et précises, que préside à cette pensée quelque chose qui est un et qui un peu comme un horizon, ce que Heidegger appelle l'horizon de toute pensée, l'être, permettrait cette pensée et que Jaspers va nommer comme étant l'englobant.
 
L'intérêt de l'englobant et cette tâche aveugle de la pensée, nécessaire à ce mouvement de la pensée et néanmoins jamais pensable en tant que telle. Il y a dans le terme englober l'idée que l'on va rassembler quelque chose et maintenir ces choses, néanmoins distinctes, ensemble et les protégeant d'autres choses. C'est cette dimension chaleureuse et véritablement humaine qui va caractériser la pensée de Jaspers.
Cette pensée de l’englobant est centrale dans la pensée de Jaspers. 
 
Au travers de cette idée d'un englobant, pour Jaspers la tâche véritable de la pensée qui se confond avec la philosophie est paradoxale, cela explique qu’il va entrer lui aussi dans le champ philosophique et d’une façon paradoxale, puisqu'il s'agit de malmener la pensée, c'est-à-dire de la confronter sans cesse à ses propres limites. Ses propres limites qui sont, dans la philosophie occidentale, dans la culture occidentale, celles de la raison.

Malmener la pensée, la confronter à ses limites c'est la confronter aux limites de la raison, de la rationalité et de ce point de vue là il faut se rappeler une chose, c’est la formation de médecin puis de psychiatre de Jaspers.
Il a une expérience professionnelle de ce qu'on appelle la folie, plus exactement la maladie mentale dont on peut considérer qu'elle représente une brèche dans la raison, et, de l'autre côté, cette expérience là l'amènera à travailler sur certains auteurs qui ont été frappés par la folie, Strindberg, Van Gogh, Swedenborg et Hölderlin, quatre créateurs dont on sait qu'ils ont sombré un moment, parfois très jeunes pour certains, dans la folie en général, dans la schizophrénie puisque le diagnostic commun à ces quatre penseurs et créateurs c'est le diagnostic de schizophrénie.

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