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Ne soyez plus des consommateurs : soyez des utilisateurs


Invité Quasi-Modo

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Je découvre avec stupeur que les théories marketing confondent allègrement consommateur et utilisateur (pour le moins l'utilisateur est toujours un consommateur), alors même que cette distinction s'impose d'elle même chez celui qui doit arbitrer un budget. Je me demande à quel points l'assimilation de l'utilisateur à un consommateur est envisageable, le premier se rapportant à un usage rationnel de son porte-feuille et le second à l'obéissance à ses envies ou pulsions : ne conviendrait-il pas de faire une telle distinction entre consommateur et utilisateur, comme nous en faisons une entre science et religion ou entre raison et passion?

Consommer implique donc dans ce sens de céder à la pulsion d'achat, et peut aussi bien être le fruit d'une technique de vente agressive (comme chez ceux qui vous vendraient la Tour Eiffel) ou d'une publicité, tandis qu'une utilisation se fait toujours en vue d'un objectif concret et précis, et surtout un objectif préalablement défini. L'utilisateur pèse savamment le pour et le contre, il sait ce qu'il achète et son produit correspond à un besoin réel qu'il avait préalablement identifié avant d'entrer dans le magasin ou de consulter le moindre catalogue. Le consommateur se laisse bien plutôt entraîner par ses émotions, il est sensible au discours publicitaire ou au discours apologiste des vendeurs, si bien qu'il lui arrive de se laisser convaincre ou de décider son achat brutalement, sans même avoir la nécessité ou le besoin réel de l'utilisation du produit : idéalement il achète comme il prend.

Mais peut-on vraiment supposer qu'un achat se fasse de façon complètement irréfléchie ou irrationnelle et ne faudrait-il pas plutôt compter avec les biais cognitifs, l'imagination, ou d'autres types de besoin comme la reconnaissance sociale ou des manques affectifs par exemple? N'admet-on pas le plus souvent qu'un manipulateur (et nous pourrions donc en dire autant des vendeurs du type pitbull) doit au moins dans un premier temps et en apparence subvenir à un besoin précis chez sa victime, sans quoi son discours n'a aucune prise? Les victimes de sectes par exemple y entrent souvent parce qu'elles sont affectivement vulnérables et que les membres de la secte leur apporte un soutien affectif ou émotionnel conséquent, au moins au début.

Finalement et brièvement, quelle est la différence profonde entre le consommateur et l'utilisateur? L'utilisateur a compris que tout se paye, que ce soit en monnaie d'argent ou d'une autre façon, que le plus cher n'est pas forcément le plus adapté à ses besoins ni même le produit de la meilleure qualité. Il n'hésite pas à comparer ou à renoncer à son achat à tout instant s'il réalise qu'il ne lui correspond pas. Dans le fond nous aimerions tous être des utilisateurs et plus des consommateurs, parce que la rationalité va avec l'optimisation économique et que nous préférons avoir plus d'argent que moins d'argent pour la même peine. Que nous manque-t-il donc pour être de vrais utilisateurs et plus des consommateurs malgré nous?

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Membre, Cóínnéóídh mé do bhás, Posté(e)
Mórrígan Membre 14 035 messages
Cóínnéóídh mé do bhás,
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Il me paraît juste de pouvoir dépenser ce que l’on veut bien nous laisser, comme on en a envie. 

Radin ou dépensier, restez vous-même. 

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Membre, 8ans Posté(e)
bouddean Membre 11 942 messages
Maitre des forums‚ 8ans‚
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 Consommateur ou utilisateur de l'argent finalement ...

 

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 6 039 messages
If you don't want, you Kant...,
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Je pourrais résumer de manière lapidaire par: Consommer pour vivre et non vivre pour consommer !

 

On peut aussi se poser la question de la responsabilité de ceux qui mettent à disposition les produits consommés, qu'il y ait des consommateurs influençables est une chose, que les produits de consommation soient quelque part néfastes en est une autre. Si il n'y avait que des biens de consommations sains il ne resterait plus qu'à se demander la pertinence de se les approprier, et là on rejoint la dynamique économique, faire consommer pour entretenir la machinerie qui alimente à la fois les travailleurs et les consommateurs, qui ne sont que les mêmes personnes; il y a une mutuelle dépendance, comme on a pu encore s'en rendre compte avec la crise 2008-2017, c'est un peu le chien qui se mord la queue, c'est pour cela qu'il est toujours difficile de relancer le cycle ou d'anticiper son blocage, il y a une foultitude de paramètres qui interagissent de concert et rétro-activement.

C'est un cercle vicieux d'interdépendances, qui s'est diablement complexifié encore avec la mondialisation, nous avons autant de maitrise sur cette économie mondiale que sur le climat planétaire ! On peut certes forcer à tirer la couverture à soi comme le font la GAFA (  Google, Amazone... ) ou comme on peut ponctuellement le faire aujourd'hui avec la pluie sur un territoire, mais c'est toujours au détriment d'une autre chose plus loin. Aucun acteur n'a le contrôle total, que ce soit la finance, la politique, les entreprises, les producteurs ou les consommateurs...

 

Sinon, il y a plusieurs dimensions à la manipulation, tu n'as abordé qu'une seule facette, celle de répondre à une pulsion préexistante et qui nous " échappe ", mais il y a plus subtil où la réaction ne se fait qu'après coup car reposant sur des mécanismes sociaux fondamentaux ( réciprocité ou engagement ): http://www.unairneuf.org/2008/09/manipulé-parce-que-je-le-veux-bien.html

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
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Il y a 3 heures, deja-utilise a dit :

Je pourrais résumer de manière lapidaire par: Consommer pour vivre et non vivre pour consommer !

Excellent résumé! ;)

La difficulté étant de trouver le mode d'emploi qui permet de consommer pour vivre : les fêtes de Noël et leur lot d'exubérance et d'excès consuméristes. Malheureusement je pense que nous nous faisons tous avoir parfois, le marketing étant ce qu'il est!

Il y a 3 heures, deja-utilise a dit :

On peut aussi se poser la question de la responsabilité de ceux qui mettent à disposition les produits consommés, qu'il y ait des consommateurs influençables est une chose, que les produits de consommation soient quelque part néfastes en est une autre. Si il n'y avait que des biens de consommations sains il ne resterait plus qu'à se demander la pertinence de se les approprier, et là on rejoint la dynamique économique, faire consommer pour entretenir la machinerie qui alimente à la fois les travailleurs et les consommateurs, qui ne sont que les mêmes personnes; il y a une mutuelle dépendance, comme on a pu encore s'en rendre compte avec la crise 2008-2017, c'est un peu le chien qui se mord la queue, c'est pour cela qu'il est toujours difficile de relancer le cycle ou d'anticiper son blocage, il y a une foultitude de paramètres qui interagissent de concert et rétro-activement.

Tout à fait vrai, les produits mis à disposition sont parfois simplement mal conçus, et en cela les associations de consommateurs sont heureusement d'une grande aide quand le préjudice est manifeste.

Il y a 3 heures, deja-utilise a dit :

Sinon, il y a plusieurs dimensions à la manipulation, tu n'as abordé qu'une seule facette, celle de répondre à une pulsion préexistante et qui nous " échappe ", mais il y a plus subtil où la réaction ne se fait qu'après coup car reposant sur des mécanismes sociaux fondamentaux ( réciprocité ou engagement ): http://www.unairneuf.org/2008/09/manipulé-parce-que-je-le-veux-bien.html

Effectivement la psychologie sociale est bluffante à tout niveau, et je connais un peu (de loin) ces techniques d'engagement que par ailleurs nous utilisons parfois spontanément sans en être conscients! Mais cette approche a un côté déstabilisant dans le fait qu'elle donne peu d'importance à l'intra psychique et qu'elle demeure efficace en terme de prédictions : de quoi mettre en doute que ce soit nos pensées qui soient à l'origine de nos actes.

Peut-être comme dans la théorie de la rationalisation, les pensées sont elles uniquement des façons commodes pour notre cerveau de justifier à postériori nos choix et notre mode de vie. Hegel ne disait-il pas que la chouette de Minerve ne s'envole qu'une fois la nuit tombée, ce qui est vu comme une métaphore du fait que le philosophe conceptualise à postériori, une fois au repos et en prenant du recul?

 

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 6 039 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)
Il y a 21 heures, Quasi-Modo a dit :

La difficulté étant de trouver le mode d'emploi qui permet de consommer pour vivre : les fêtes de Noël et leur lot d'exubérance et d'excès consuméristes. Malheureusement je pense que nous nous faisons tous avoir parfois, le marketing étant ce qu'il est!

J'entends ce que tu dis, et je le déplore aussi, mais tout n'est pas à mettre sur le compte du merchandising, nos mœurs et cultures y sont pour beaucoup, que l'on pense à la Toussaint et la ruée sur les fleurs, à Noël et l'abatage par exemple des sapins en masse et la Saint Sylvestre et son lot de tueries et de maltraitance animale pour satisfaire un moment " convivial ", ou la nourriture Hallal, etc... Nous sommes coincés dans des habitudes, des traditions qu'il nous est difficile de remettre en question à cause du regard d'autrui, et ce, pour chacun de nous - c'est comme souvent lors d'une agression d'une personne à la vue et à la barbe d'une foule, où chacun n'ose pas agir/intervenir ne sachant pas la réaction des autres - nous sommes comme paralysés, pris au piège du " quelles seront les réactions des autres vis à vis de moi ", imparable !

 

À défaut d'avoir une solution définitive à cet imbroglio économico-psychologique, je peux déjà proposer de réduire - toutes - ses consommations, d'autant plus sur les points sensibles et chercher à trouver des alternatives, tout en acceptant d'y perdre quelque chose, les petits ruisseaux faisant les grandes rivières. Il y a eu les encouragements sur les sacs plastiques, aidés par des décisions politiques, il ne tient qu'à nous par exemple de se réfréner à prendre l'avion et de partir à l'autre bout du monde dès que possible pour le strict plaisir, ou de prendre la voiture le week-end pour voir et se faire voir en ville, de limiter son alimentation carnée et de prêter attention à la méthode d'élevage du " produit " issu de l'animal ( plein air versus en batterie dans des hangars jusqu'à l'abatage ), de ne pas changer de téléphone chaque année sous prétexte que l'opérateur le propose, essayer de réparer ses biens ou leur donner une deuxième vie, par exemple le " beau " pantalon pour les sorties occasionnelles une fois qu'il est un peu passé, peut servir pour aller au travail, et puis quand il n'est plus présentable s'en servir pour bricoler ou jardiner plutôt que d'acheter 3 pantalons distincts pour ces trois domaines, investir dans des accumulateurs plutôt que des piles jetables, etc... Des petites attentions quotidiennes multipliées par le nombre d'habitants ne seraient pas rien dans la balance, jusqu'à ce que l'humanité s'assagisse un peu plus, en proposant des produits plus légitimes, plus aboutis, mieux pensés dans toutes les dimensions et impacts prévisibles, pour le bien de tous... les êtres vivants, d'ici comme d'ailleurs.   

 

Citation

Tout à fait vrai, les produits mis à disposition sont parfois simplement mal conçus, et en cela les associations de consommateurs sont heureusement d'une grande aide quand le préjudice est manifeste.

L'éducation, l'information et de discuter avec son entourage pour faire prendre conscience sont les meilleures armes à notre disposition, faire remonter un problème jusqu'à la pleine conscience.

 

Citation

Mais cette approche a un côté déstabilisant dans le fait qu'elle donne peu d'importance à l'intra psychique et qu'elle demeure efficace en terme de prédictions : de quoi mettre en doute que ce soit nos pensées qui soient à l'origine de nos actes.

Oui, mais c'est toujours en mettant en exergue ce genre de processus que l'on pourra s'en prémunir, tout en restant serein.

Que l'on songe aux appels téléphoniques de démarchages commerciaux, le télé-opérateur fait un métier ingrat mais il reste un être humain, il nous faut trouver un moyen poli de déjouer la technique manipulatoire mis en place pour nous inciter à franchir un pas/cap, celui dont j'use facilement c'est de dire ou de demander si leur offre fonctionne pour les locataires, c'est toujours suffisant pour les arrêter si le service est en lien avec la maison, dans les autres cas, par exemple pour des surgelés, je leur dis aimablement et assez rapidement pour couper court à la conversation, que ma réponse est non, et suite à cela ils tentent de me faire parler pour appliquer une de leurs techniques qui est prêtes à être dégainée, je leur donne gentiment le coup de grâce en leur disant que je n'ai tout simplement pas à me justifier, sur ce je leur souhaite une bonne journée, soit il/elle balbutie quelque chose de similaire, soit la personne me raccroche au nez, mais moi je repars avec ma conscience tranquille et sans violence/agressivité déclenchée/suscitée pour le reste de la journée. 

 

Citation

Peut-être comme dans la théorie de la rationalisation, les pensées sont elles uniquement des façons commodes pour notre cerveau de justifier à postériori nos choix et notre mode de vie. Hegel ne disait-il pas que la chouette de Minerve ne s'envole qu'une fois la nuit tombée, ce qui est vu comme une métaphore du fait que le philosophe conceptualise à postériori, une fois au repos et en prenant du recul?

Oui cela arrive aussi, de se justifier après coup, c'est un biais qui a été mis en évidence, même en cas de mauvais jugement ou d'erreur complète sur les opinions/convictions, la fin justifiant les moyens, les gens se raccrochent aux branches pour ne pas perdre ni la face, ni ce à quoi ils croient.

La seule solution, réfléchir longuement, être honnête avec soi-même et avoir un profond désir de savoir véritablement, il n'y a que dans cette perspective que l'on peut avoir une chance de s'apercevoir de nos errements, de nos a priori, de nos parti-pris, opinions arrêtées, de nos habitus, de nos héritages éducatifs ou autres conditionnements, voire de nos diverses pulsions, le prix à payer est un temps considérable dépenser à faire ce ménage, et l'acquisition d'une lucidité qui apporte son lot de désillusions, comme dans le même temps, l'ablation d'une joie naïve de vivre qui se déversait dans tout et n'importe quoi...

 

Je prône une philosophie appliquée, une qui se fasse en temps réel, non reportée à plus tard, et qui serait sinon édulcorée par cette mise à distance temporelle, chaque problème doit impérieusement être cadré et solutionné au mieux à l'instant T, il y a des problèmes dans la vie qui se présentent à nous et qui réclament une décision de notre part dans l' " ici et maintenant ", car bien des évènements font montre d'un caractère irréversible, mieux vaut alors être en mesure d'y faire face, comme le pompier pro qui s'entraine régulièrement pour pouvoir être opérationnel le jour J. On pourrait dire que c'est un cercle vertueux, plus je " m'entraine " plus je suis à même de faire ce qu'il faut le moment venu, m'incitant à mieux décortiquer ce qui s'est passé pour être encore plus " performant " la prochaine fois en ayant une boite à outils efficace et en même temps une gymnastique spirituelle qui facilite l'effort brutal/inattendu pour le dire pragmatiquement.

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