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Pour en finir avec le rasoir d'Occam...


Invité Quasi-Modo

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Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

"On ne doit pas multiplier des êtres sans nécessité" cette maxime de Guillaume d'Ockham (1285-1349), anglais, moine franciscain est tournée contre les êtres universaux. Les êtres universaux ce sont les concepts, les abstractions. Pour Ockham il n' y a pas d'homme en général, d'arbre en général, de beauté en général, etc. ce ne sont là que des mots qui sont "une intention de l'âme qui ne se distingue pas de l'acte même de la pensée". Ce sont donc des productions de la pensée. Les abstractions peuvent être des instruments commodes pour classer, catégoriser, etc., mais ces abstractions sont des créations pures et ne correspondent à aucune réalité.

Cette tendance des hommes à faire des abstractions une réalité indépendante conduit à la métaphysique et à la création d'êtres inexistants, dénués de toute nécessité (d'où le rasoir : il faut couper ces êtres non nécessaires).

La démarche réaliste du moine va attirer sur lui les foudres du pape, il devra s'exiler. En effet dans sa philosophie Ockham rejette Dieu dans le domaine exclusif de la foi, tandis que seule la raison doit permettre à l'homme de s'orienter dans un monde fait de réalités singulières (Dieu étant une abstraction pure). Il annonce le siècle des Lumières et l'idée de laïcité.

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Membre, le corps sur Terre, l'esprit ailleurs , 54ans Posté(e)
pascalin Membre 15 340 messages
54ans‚ le corps sur Terre, l'esprit ailleurs ,
Posté(e)

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Euh c'est pas de moi ça, c'est de Quasi-Modo :

 

Il y a 15 heures, Quasi-Modo a dit :

Ainsi 99% du temps, quand une personne prétend utiliser le rasoir d'Occam comme un argument, il s'agit d'une espèce d'argument d'autorité déguisé, comme un fameux tour de passe-passe avec lequel nous allons vouloir substituer une pensée à une autre en la jugeant plus pertinente qu'une autre pour expliquer les apparences, ou simplement pour insinuer que l'autre raconte n'importe quoi, sans tenir compte des progrès de l'épistémologie et notamment de l'incommensurabilité des théories entre elles par exemple.

 

 

 

 

 

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Membre, Posté(e)
Garalacass Membre 1 029 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
il y a 28 minutes, pascalin a dit :

 

Euh c'est pas de moi ça, c'est de Quasi-Modo

 

Oui, j’ai vu.  J’ai probablement surligné ce que je voulais citer de l’intervention de Quasi à partir de la tienne où tu le cites en entier.

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 5 heures, Garalacass a dit :

Effectivement, il le dit d'une autre manière. C'est confondre le faux et le superflu. Une hypothèse superflue n'est pas forcément fausse et il me semble que c'est bien l'erreur que beaucoup de personnes font.

Je me demande même si ce n'est pas ça qui te dérange bien plus finalement que l'utilisation du rasoir d'Occam pour ce qu'il est et  qui n'est pas un principe sans pertinence. :)

Tu as bien raison sur le fait que c'est cela qui me dérange : identifier le faux et le superflu, ou pour le dire autrement, le vrai et le vraisemblable ou le nécessaire, comme si la nature ou la réalité avait des comptes à rendre à la raison humaine et devait toujours se comporter de façon simple pour cette dernière. ;)

il y a 10 minutes, Garalacass a dit :

Oui, j’ai vu.  J’ai probablement surligné ce que je voulais citer de l’intervention de Quasi à partir de la tienne où tu le cites en entier.

C'est un crime de lèse-pascalin madame! :sleep:

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)
Il y a 20 heures, aliochaverkiev a dit :

"On ne doit pas multiplier des êtres sans nécessité" cette maxime de Guillaume d'Ockham (1285-1349), anglais, moine franciscain est tournée contre les êtres universaux. Les êtres universaux ce sont les concepts, les abstractions. Pour Ockham il n' y a pas d'homme en général, d'arbre en général, de beauté en général, etc. ce ne sont là que des mots qui sont "une intention de l'âme qui ne se distingue pas de l'acte même de la pensée". Ce sont donc des productions de la pensée. Les abstractions peuvent être des instruments commodes pour classer, catégoriser, etc., mais ces abstractions sont des créations pures et ne correspondent à aucune réalité.

Cette tendance des hommes à faire des abstractions une réalité indépendante conduit à la métaphysique et à la création d'êtres inexistants, dénués de toute nécessité (d'où le rasoir : il faut couper ces êtres non nécessaires).

La démarche réaliste du moine va attirer sur lui les foudres du pape, il devra s'exiler. En effet dans sa philosophie Ockham rejette Dieu dans le domaine exclusif de la foi, tandis que seule la raison doit permettre à l'homme de s'orienter dans un monde fait de réalités singulières (Dieu étant une abstraction pure). Il annonce le siècle des Lumières et l'idée de laïcité.

Guillaume d’Ockham, Personnage très complexe est un des derniers philosophes de la période médiévale.

 Il défend la liberté infinie de Dieu. Dieu peut choisir d’être irrationnel. Rien de plus conforme à l’orthodoxie. Dieu peut choisir par exemple de rompre avec l’ordre du monde. Pour un aristotélicien, il y a une identité entre l’ordre du monde rationnel et la volonté de Dieu. L’argument ici est que si Dieu est rationnel il est soumis au principe de raison. S’il est soumis au principe de raison, il n’est pas omnipotent. 

Ockham, lui, défend que Dieu est tellement grand, il nous échappe tellement qu’il peut très bien être irrationnel puisque notre raison n’est pas à la hauteur de celle de Dieu. Il y a une espèce de déconnection entre l’ordre du monde et la volonté de Dieu. De ce principe métaphysique Ockham tire un certain nombre de conséquences. Dieu n’est pas forcément responsable de l’ordre du monde tel qu’il est. On peut donc étudier l’ordre du monde en tant que tel sans passer par la théologie. Il y a une séparation du travail : étudier la théologie et étudier l’ordre du monde.

Cette séparation provoque une révolution. L’idée que l’on peut réhabiliter dans cette perspective des individus.  Les individus ont une valeur intrinsèque. Le nominalisme de G. Ockham  est une première valorisation de l’individualité qui n’est pas prise dans une totalité. 

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Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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il y a 43 minutes, satinvelours a dit :

Il y a une espèce de déconnection entre l’ordre du monde et la volonté de Dieu.

Surtout quand on ne définit pas le monde en question.

il y a 43 minutes, satinvelours a dit :

Dieu n’est pas forcément responsable de l’ordre du monde tel qu’il est.

Qui donc est responsable, le Diable ?

il y a 44 minutes, satinvelours a dit :

Il y a une séparation du travail : étudier la théologie et étudier l’ordre du monde

C'est le médecin qui a ouvert un corps et qui n'a point vu d'âme.
Et encore un autre qui a vu un handicapé et a conclu que ce n'est point là l'oeuvre de Dieu.

il y a 49 minutes, satinvelours a dit :

Cette séparation provoque une révolution

graffiti-medecine-chirurgie-science-medi

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Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
il y a une heure, satinvelours a dit :

Guillaume d’Ockham, Personnage très complexe est un des derniers philosophes de la période médiévale.

 Il défend la liberté infinie de Dieu. Dieu peut choisir d’être irrationnel. Rien de plus conforme à l’orthodoxie. Dieu peut choisir par exemple de rompre avec l’ordre du monde. Pour un aristotélicien, il y a une identité entre l’ordre du monde rationnel et la volonté de Dieu. L’argument ici est que si Dieu est rationnel il est soumis au principe de raison. S’il est soumis au principe de raison, il n’est pas omnipotent. 

Ockham, lui, défend que Dieu est tellement grand, il nous échappe tellement qu’il peut très bien être irrationnel puisque notre raison n’est pas à la hauteur de celle de Dieu. Il y a une espèce de déconnection entre l’ordre du monde et la volonté de Dieu. De ce principe métaphysique Ockham tire un certain nombre de conséquences. Dieu n’est pas forcément responsable de l’ordre du monde tel qu’il est. On peut donc étudier l’ordre du monde en tant que tel sans passer par la théologie. Il y a une séparation du travail : étudier la théologie et étudier l’ordre du monde.

Cette séparation provoque une révolution. L’idée que l’on peut réhabiliter dans cette perspective des individus.  Les individus ont une valeur intrinsèque. Le nominalisme de G. Ockham  est une première valorisation de l’individualité qui n’est pas prise dans une totalité. 

La pensée d'Occam est en effet révolutionnaire, surtout quand on voit à quelle date il a émis ces idées. Il a aussi écrit un traité de logique. Il  n'annonce pas seulement l'émergence de l'individu, libéré des généralisations englobantes, mais il annonce aussi l'avènement de la science (la physique surtout)  en libérant l'exercice de la raison de toute considération théologique.

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Garalacass Membre 1 029 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Le 18/11/2017 à 21:15, Quasi-Modo a dit :

comme si la nature ou la réalité avait des comptes à rendre à la raison humaine et devait toujours se comporter de façon simple pour cette dernière.

Farpaitement !

Pourquoi la nature n'aurait-elle pas le droit d'être surnaturelle !?

:D

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