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une bande de malabars milneufcentvingtiesque" ce style qui se regarde vagir.


Ai ton nu dieu

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Membre, 51ans Posté(e)
Ai ton nu dieu Membre 158 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

lettre de Léo Ferré à André Breton.

Nous, les poètes, nous devrions organiser de grandes farandoles, pitancher comme il se doit et dormir avec les demoiselles. Non, nous pensons, et jamais comme les autres. Quand il nous arrive de diverger dans nos élucubrations, on se tape dessus, à coup de plume, toujours. J’ai eu l’outrecuidance d’écrire en prose une préface, une introduction, une « note » si vous préférez – et cela pour vous laisser la concession du manifeste, concession que vous tenez d’une bande de malabars milneufcentvingtiesques qui avaient moins de panache que vous – je me suis donc « introduit » tout seul un petit livre de poésie où je pourfends le vers libre et l’écriture automatique sans penser que vous vous preniez pour le vers libre et pour l’écriture automatique et je ne savais pas que vous n’étiez que ça en définitive : un poète raté qui s’en remet aux forces complaisantes de l’inconscient. Vous avez rompu comme un palefrenier, en faisant fi de mon pinard, des ragoûts de Madeleine, et de ce petit quelque chose en plus de la pitance commune qui s’appelle l’Amour. Vous m’avez fait écrire une lettre indigente par un de vos « aides » dans ce style boursouflé dont vous êtes le tenancier et qui dans d’autres mains que les vôtres devient un pénible caca saupoudré de subjonctifs. Tel autre de vos « amis » et que par faiblesse et persuasion j’avais pris en affection jusqu’à le lire – car il signe aussi des vers libres – m’envoya dinguer toujours dans ce style qui se regarde vagir. Je passe l’intermède de votre revue « glacée » où en deux numéros j’allais du grand mec à la pâle petite chose

Bonjour,

j'aimerais savoir ce que  léo Férréo veut exprimer en parlant de "concession que vous tenez d'une bande de malabars milneufcentvingtiesque"

Et l'expression " m' envoya dinguer toujours dans ce style qui se regarde vagir.

que signifie "ce style qui se regarde vagir"

Je vous remercie pour votre aide.

Merci à Quérida13, à tison2feu, chupa chpi  d'avoir éclairé ma lanterne dans ce forum.

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Membre, Talon 1, 79ans Posté(e)
Talon 1 Membre 24 184 messages
79ans‚ Talon 1,
Posté(e)

Vagir, c'est pleurer.

Malabars, ce sont les Réunionnais venus de l'Inde (Tamil Nadu) après la fin du commerce de l'esclavage (la fin de l'esclavage est advenue plus tard). Mais dans ce texte, rien à voir. Malabar signifie aussi costaud, garde du corps.

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Membre, Posté(e)
CAL30 Membre 422 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

La concession du manifeste c'est peut-être une référence au manifeste du surréalisme qu'a écrit Breton et qui le met à la tête de ce groupe littéraire et artistique que Ferré désigne comme une bande de malabars milleneufcentvingtiesques. 

Envoyer dinguer ressemble à envoyer valdinguer une sorte de casse-toi tu pues et marche à l'ombre qu'un des amis de Breton a adressé à Ferré. 

Un style qui se regarde vagir c'est comme un orateur qui s'écoute parler, parce que le style est jugé boursouflé, suffisant, pédant.

Pour résumer on peut supposer que Léo Ferré était en conflit avec les surréalistes.

Je retiendrais comme intéressant l'adjectif inventé "milleneufcentvigntiesque" tellement Desprogien.

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 577 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

 Au sein du groupe des surréalistes des costauds  de la belle époque,( de 1920 ) avaient laissé le droit à André BRETON de s 'exprimer publiquement en leur nom .

Mais vraisemblablement, Ferré n'a pas eu le privilège,  pour avoir eu l'audace de pondre par ses propres moyens, une préface à son livre sans  l'aide d'André Breton, préface qui critique largement les bases de la poésie surréaliste (vers libres, écriture automatique) d'avoir été controversé publiquement,en face, directement,non:

il a reçu une lettre de rupture écrite dans un style pompeux, par un secrétaire pas très doué, un style que Ferré qualifie carrément de style de merde (caca) ,saupoudrée d'imparfaits du subjonctif dédaigneux et  qui le snobent imitant en cela mais fort mal, le style de Breton.

De plus, Ferré a été critiqué  par le truchement d'une simple revue littéraire qui l' autrefois encensé pour le faire passer désormais pour le dernier des minables. Breton ne lui a pas fait l'honneur d'une confrontation publique et Ferré s'en sent particulièrement offensé. Breton l'a congédié comme un domestique,(=un palefrenier: c'est le personnel d'écurie qui s'occupe d'entretenir le pelage et la litière des chevaux) sans envisager que Ferré l'aimait bien, l'avait invité (avec ragoûts cuisinés par la femme de la maison, Madeleine,et son pinard..et là il regrette de s'être mis en  frais d'épicerie!).De plus un de ses amis qu'il lui a présenté lui a fait le même type de lettre de rupture dans ce style qui s'écoute parler...Et même vagir (=hurler comme un bébé braillard...).

Etant donné la valeur qu'accord Ferré à la nourriture et à l'hospitalité, oui, se mettre en frais d'épicerie, est bien relatif aux repas qui ont été organisés pour Breton.Et là on voit bien que Ferré regrette bien d'avoir invité le poète surréaliste et il regrette l'argent dépensé pour le recevoir, car il pense que Breton ne se définit finalement lui-même, que par ce pauvre art que Ferré méprise, tout comptes faits.

En bref, il lui dit ta poésie est de la pacotille et toi, l'homme qui en es l'auteur, tu  ne vaux pas grand chose, car tu es incapable d'amour et d'amitié et tu es incapable de franchise  et tes amis sont à ranger dans le même sac!

 

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 577 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)
il y a 31 minutes, querida13 a dit :

 Au sein du groupe des surréalistes des costauds  de la belle époque,( de 1920 ) avaient laissé le droit à André BRETON de s 'exprimer publiquement en leur nom .

Mais vraisemblablement, Ferré n'a pas eu le privilège,  pour avoir eu l'audace de pondre par ses propres moyens, une préface à son livre sans  l'aide d'André Breton, préface qui critique largement les bases de la poésie surréaliste (vers libres, écriture automatique) d'avoir été controversé publiquement:

il a reçu une lettre de rupture écrite dans un style pompeux, par un secrétaire pas très doué, rédigée dans un style de merde (caca) saupoudrée d'imparfaits du subjonctif dédaigneux et  qui le snobent imitant  en cela mais fort mal, le style de Breton.

De plus, Ferré a été critiqué  par le truchement d'une simple revue littéraire qui l' autrefois encensé pour le faire passer désormais pour le dernier des minables. Breton ne lui a pas fait l'honneur d'une confrontation publique. Breton l'a congédié comme un domestique,(=un palefrenier: c'est le personnel d'écurie qui s'occupe d'entretenir le pelage et la litière des chevaux) sans envisager que Ferré l'aimait bien, l'avait invité (avec ragoûts cuisinés par la femme de la maison, Madeleine,et son pinard..et là il regrette de s'être mis en  frais d'épicerie!).

De plus un de ses amis, membre u groupe des surréalistes,qu'il lui a présenté dont Ferré a lu les poèmes, lui a fait le même type de lettre de rupture dans ce style qui s'écoute parler ....Et même vagir (=hurler comme un bébé braillard...).et l'a éjecté de ses relations (=envoyer dinguer)...

Etant donné la valeur qu'accord Ferré à la nourriture et à l'hospitalité, oui, se mettre en frais d'épicerie, est bien relatif aux repas qui ont été organisés pour Breton. Et là on voit bien que Ferré regrette bien d'avoir invité le poète surréaliste et il regrette l'argent dépensé pour le recevoir, car il pense que Breton ne se définit finalement lui-même, que par ce pauvre art que Ferré méprise, tout comptes faits. En bref, il lui dit ta poésie est de la pacotille et toi, l'homme qui en es l'auteur, tu  ne vaux pas grand chose, car tu es incapable d'amour et d'amitié! et tes amis sont de la même veine que toi!

 

 

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 141 messages
Forumeur expérimenté‚
Posté(e)

Juste quelques petits détails supplémentaires, même si l'essentiel est dit par Cal (Salut à toi !) et par Querida. Histoire de peaufiner !

1/ "la concession du manifeste" = les artistes Surréalistes laissent l'initiative à Breton de rédiger le premier Manifeste du Surréalisme en 1924 (https://biblio.wiki/wiki/Manifeste_du_surréalisme) et, ce faisant, Breton devient le chef de file naturel de ce mouvement. Concession, action de concéder.

"malabars" = grands, forts. Dans la bouche du poète Léo Ferré, ce terme est à prendre au sens figuré, de même que nous disons les "forts" en maths, les "grands" de ce monde. Même sens que "balèzes", "grosses pointures", avoir "une carrure", etc.

"milneufcentvingtiesques" = caractéristique des années 20. La terminaison en -ESQUE signifie "caractéristique de", parfois non sans une pointe comique ou péjorative, ce qui semble être le cas dans la bouche de Ferré (http://www.persee.fr/doc/igram_0222-9838_1993_num_58_1_3153). Les années 20, au sortir de la guerre de 14-18, se caractérisent par un vent de folie, de démesure, de fête, d'enthousiasme, de liberté, de rêves, de foi en l'amour et en un avenir meilleur (avec ses slogans surréalistes comme "transformer le monde" de Marx, "changer la vie" en souvenir de Rimbaud).

2/ "envoyer dinguer" = se débarrasser de façon expéditive et cavalière d’une personne gênante. Ferré aime employer de temps en temps des expressions familières. Envoyer dinguer, envoyer balader, envoyer sur les roses, envoyer paître, etc. Ferré choisit "dinguer" qui évoque le balancement des cloches, sans doute pour la puissance évocatrice du choc reçu, un peu comme s'il recevait un coup de massue.

"toujours dans ce style qui se regarde vagir". Rien à ajouter à ce qui a été dit supra. Si nous avons un doute sur le sens de cette expression, nous savons que chez Ferré, très souvent les phrases se répondent, s'éclaircissent les unes les autres. Le style dont il est question a été décrit juste auparavant : "dans ce style boursouflé dont vous êtes le tenancier et qui dans d’autres mains que les vôtres devient un pénible caca saupoudré de subjonctifs". Style pédant de celui qui s'écoute parler, c'est-à-dire de celui qui parle plutôt pour soi-même que pour celui qui est en face de lui et qui privilégie la forme sur le fond. Cela devient d'autant plus agaçant lorsque celui qui parle s'exprime en beuglant, en poussant des cris.

Pour en savoir plus sur les motifs de la brouille entre Ferré et Breton, j'ai trouvé un long article très éclairant intitulé "Léo Ferré et les Surréalistes : nouveaux éléments" (http://leoferre.hautetfort.com/archive/2007/11/25/leo-ferre-et-les-surrealistes-nouveaux-elements.html). Mais la lecture attentive de l'extrait proposé par Ai ton nu dieu nous met sur la piste, notamment cette phrase : "Vous avez rompu comme un palefrenier, en faisant fi de mon pinard, des ragoûts de Madeleine, et de ce petit quelque chose en plus de la pitance commune qui s’appelle l’Amour". Contrairement à m'zelle Querida, je ne crois pas un instant qu'il faille accorder quelque importance aux frais d'épicerie occasionnés lors de ces rencontres, mais avant tout à "ce petit quelque chose en plus... qui s'appelle l'Amour" (avec un A majuscule). Ferré se place ici sur le terrain affectif et c'est bien sur ce terrain-là que lui et sa femme Madeleine n'ont jamais été payés de retour par Breton. La représentation du Ballet de Ferré venait d'être un fiasco, mais Breton n'a jamais eu le moindre mot de réconfort, ce qui est indigne de la part d'un ami véritable. Peut-être s'était-il créé, dans l'inconscient de Ferré, un véritable rapport affectif père-fils (Ferré, qui avait 20 ans de moins que Breton, se sentait incompris par son propre père).

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