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histoire de trois mots


satinvelours

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Si l'on regarde ces trois mots : philosophe, philosophie, philosopher, deux substantifs, le philosophe, la philosophie, et le verbe philosopher. Il y a quelque chose de curieux car le mot philosopher et le substantif philosophe apparemment sont antérieurs dans le temps au mot philosophie.
Il faut s'appuyer sur des documents qui nous montrent que le mot philosophe apparaît avant le mot philosophie.
C'est le mot philosophe qui est attribué à Pythagore. Diogène Laërce utilise une source de l'époque de Pythagore. Il raconte des anecdotes attribuées à Pythagore dans lesquelles il utilise lui-même le mot philosophie.

Pythagore reçu par le tyran Léon, admiratif de sa sagesse, lui pose la question de savoir comment il est devenu sage. Pythagore aurait répondu selon cette anecdote « je ne suis pas sage parce que personne n'est sage mis à part la divinité. Je ne suis qu'un philosophe ». C'est le témoignage le plus ancien concernant le mot philosophe.
Dans un autre passage il est raconté la même anecdote mais de façon différente. Pythagore  aurait dit que « sur la place publique des gens cherchent la figuration, les richesses, moi je ne cherche que la vérité comme tous les philosophes ».
S'il est vrai que Pythagore a prononcé ce mot, il a été daté vers la moitié du 6ème siècle.

Le mot philosophie a mis du temps à être accueilli dans un document. Parce que le document le plus ancien qui recueille le mot philosophie est daté de la moitié du cinquième siècle, c'est-à-dire juste un siècle après. C'est un texte de médecine « Traité de médecine ancienne» l'auteur y est anonyme. Cela ne veut pas dire que l'on a mis un siècle pour trouver un mot pour caractériser une discipline, la discipline qui consistait à philosopher.

L'auteur nous dit que le patient est un être humain et la définition de l'être humain il faut la chercher au-delà de la biologie, de l'anatomie. Il n'y a que la philosophie qui peut nous donner une réponse. La manière d'utiliser ce mot invite à croire que c'est déjà un mot connu. Dans un traité de médecine on aurait pu difficilement inventer un mot spécial. C'est un traité destiné à un public qui doit manipuler des notions habituelles à l'époque.
C'est le document le plus ancien qui nous a transmis le mot philosophie.


 

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Membre, Talon 1, 79ans Posté(e)
Talon 1 Membre 23 704 messages
79ans‚ Talon 1,
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J'apprends. Actuellement, le mot philosophie est employé à toutes les sauces. Après impacté, c'est le plus employé à tort.

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Membre, 69ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 69ans‚
Posté(e)
Il y a 3 heures, satinvelours a dit :

C'est le document le plus ancien qui nous a transmis le mot philosophie.

Il faut savoir que depuis disons Descartes, on n'utilise plus ce mot comme les anciens le faisaient, comme par exemple Pythagore, qui, entre parenthèse, s'est inspiré, dit-on, des Hindous pour sa sagesse et sa connaissance (particulièrement sur l'âme). Maintenant, le mot philosophie est synonyme de pensée athée, de pensée brute. Il en va de même avec le mot "science".

 

nuit_jour_citation_Bhagavad-gita.png

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Membre, 155ans Posté(e)
Don Juan Membre 2 695 messages
Mentor‚ 155ans‚
Posté(e)
Il y a 21 heures, Maroudiji a dit :

 

nuit_jour_citation_Bhagavad-gita.png

Ce qui signifie que l'homme éveillé voit et entend, etc, l'inverse de celui qui dort.

Une sorte d'inversion des valeurs, s'il s'agissait effectivement de valeurs.

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Membre, 69ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 69ans‚
Posté(e)

Cela ressemble surtout à l'exemple de la caverne de Platon.
Celui qui a deux voitures, une pour la semaine et une pour le dimanche, pense qu'il est à la pointe du progrès issu des Lumières, mais celui qui est éveillé constate plutôt la nescience qui recouvre l'intelligence de cette personne, qui ne voit pas les conséquences d'un tel choix de vie. Ou celui qui fume et qui pense que cela lui fait du bien alors qu'un autre sait que cela lui fait du mal.

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Membre, 155ans Posté(e)
Don Juan Membre 2 695 messages
Mentor‚ 155ans‚
Posté(e)
il y a 2 minutes, Maroudiji a dit :

Cela ressemble surtout à l'exemple de la caverne de Platon.
Celui qui a deux voitures, une pour la semaine et une pour le dimanche, pense qu'il est à la pointe du progrès issu des Lumières, mais celui qui est éveillé constate plutôt la nescience qui recouvre l'intelligence de cette personne, qui ne voit pas les conséquences d'un tel choix de vie. Ou celui qui fume et qui pense que cela lui fait du bien alors qu'un autre sait que cela lui fait du mal.

Il y a tellement de façons de se faire du bien ou du mal, vous semblez  assez sensible sur cette question de fumer ou pas, mais qui n'est pas à sa façon dans une forme d'autodestruction à un moment ou l'autre ?

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Membre, 69ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 69ans‚
Posté(e)

Je donne cet exemple parce qu'il est devenu compréhensible, tout comme est devenu compréhensible le végétarisme. Ces arguments banals tombaient dans le vide autrefois.


ob_9cc85c_arendt-sartre-camus-cigarette.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 867 messages
If you don't want, you Kant...,
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Je n'y vois rien d'anormal quant à moi, c'est simplement l'évolution du langage qui le dicte, de manière assez erratique, comme on peut le voir sur le sigle l.a.s.e.r, qui est devenu un mot à part entière, puis dernièrement un nouveau s'est créé à partir du premier, comme lasériser, de même le mot espèce est très ancien et fortement employé en science de l'évolution ou même en biologie comparative, mais son dérivé le spécisme est extrêmement récent, il y en a sans doute bien d'autres avec ce décalage temporel.

 

Il m'arrive fréquemment d'étendre les mots qui me manquent à partir d'un existant, le dernier en date " nombreusement ", procédure tout à fait possible en anglais, non autorisée en français, je prends donc le gauche...

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Quand on pose la question à Pythagore « comment es-tu devenu sage ? », il répond qu'il n'est pas sage mais s'est acheminé vers la sagesse. Il n'est pas encore sage il n'est que philosophe. Il y a déjà un lien entre sage et philosophe.
Le mot Sofia en grec veut dire sagesse. Dans le mot philosophia il y a le mot sagesse, il y a donc un rapport entre la sagesse et la philosophie.
Quand on est philo-sophe cela veut dire que l'on s'achemine vers la sagesse. On ne la possède pas encore. Quelqu'un qui dit être un philosophe avoue qu'il n'est pas encore un sage, mais qu'il désire le devenir. C'est peut-être pour cela que l'on a inventé ce mot qui veut dire « tendre vers la sagesse ». Mais c'est traduit en général par amour de la sagesse.
 

Il y a plusieurs verbes et substantifs pour ce mot amour. Le verbe utilisé quand on a forgé le mot philosophie c'est le verbe phileo.
Ce n'est pas exactement aimer la sagesse, c'est désirer s'approprier la sagesse. Toujours en parlant d'amour, dans un verbe grec, il y a le désir de s'approprier quelque chose qui nous manque.

Dans le mot philosophie il y a ce désir de s'approprier une sagesse qui nous manque. 

Le mot grec est Sophia. Mais les mots évoluent. On trouve le mot chez Homère et les philosophes arrivent quelques siècles après Homère.
Dans la langue grecque actuelle le mot Sophia existe toujours. La racine n'a jamais changé. Dans la racine il y a le sens originaire du mot. A partir de la racine il y a des variations.
 A l'origine chez Homère, les textes les plus anciens, les poèmes, le mot sagesse, Sophia, est synonyme d'une technique d'adresse, une capacité presque manuelle. Homère dans l'Iliade, au chant 15, parle de la sagesse d'un charpentier. C'est Athéna qui lui a appris son métier.


Le mot Sophia est synonyme de technique, mais d'une technique universelle. Un sage devient un généraliste du savoir. Ce sera quelques siècles après la définition du sage stoïcien. 
Dans la philosophie il y a un devenir cyclique. Au début Thalès est considéré comme sage. Quelques années après c'est un philosophe, Pythagore, qui se réclame de la philosophie.
La philosophie stoïcienne dira l'idéal du philosophe c'est de devenir sage. On revient à l'origine. A force d'aimer la sagesse, on devient sage. 


Le sage stoïcien sera celui qui possédera une imperturbabilité totale parce qu'il connaît tout, il sait tout. Il sait qu'il y a des choses qu'il faut maîtriser et des choses qui échappent de la maîtrise. A partir de là la sagesse du sage stoïcien est une sorte de sagesse universelle. 
A l'origine, à l'époque de Thalès, Pythagore, le mot Sofia n'a pas encore ce sens d'une sagesse universelle, mais elle se rapproche de quelque chose de plus abstrait que la technique qui consiste tout simplement à regarder les planètes, ou les chiffres dans le cas de mathématiciens. Un philosophe est celui qui possède une sagesse et qui en désire une autre. 

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