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Le «palimpseste de Sana'a» ou la folle histoire d'un autre Coran


azed1967

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azed1967 Membre 4 597 messages
Forumeur expérimenté‚ 58ans‚
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Le «palimpseste de Sana'a» ou la folle histoire d'un autre Coran

 

En 1972, des ouvriers yéménites ont déterré par hasard un des plus vieux Coran du monde. Des spécialistes ont alors découvert qu'on avait écrit par-dessus une version plus ancienne, bien différente du Coran que nous connaissons.

 

En 1972, un pan du faux plafond d’une très ancienne mosquée de Sana’a, la capitale du Yémen, s’effondre. Des ouvriers, présents sur les lieux, découvrent une cache remplie d’un fatras de manuscrits en très mauvais état. Ils les chargent dans vingt sacs à patates et les déposent dans une montée d’escalier du bâtiment. Ces parchemins auraient très bien pu rester à l’ombre encore longtemps si les autorités yéménites n’avaient pas eu le nez creux. Pressentant que les travailleurs ont peut-être fait par inadvertance une trouvaille, elles appellent des spécialistes allemands à la rescousse.

Ceux-ci leur donnent raison. En analysant ces lignes, ils découvrent parmi les plus anciennes versions retranscrites des sourates du prophète Mahomet. Surtout, ils se rendent compte qu’on n’a pas simplement mis la main sur un manuscrit mais sur un palimpseste, c’est-à-dire sur un ouvrage où chaque ligne d’écriture en recouvre une autre, plus ancienne. 

 

 

 

Plus surprenant encore, en se penchant sur la couche d’écriture la plus vieille, qui date de la seconde moitié du VIIe siècle après J.C (c’est-à-dire le Ier siècle selon le calendrier musulman), ils relèvent de nombreuses variations par rapport à la tradition officielle du Coran. L’anecdote est lourde de sens dans la mesure où le Coran, parole de Dieu par excellence, n’est pas censé s’empêtrer dans ce genre de contradictions et contestations.

L’islam, ça se passe d’abord à l’oral

A son origine, l’islam a d’ailleurs entretenu une relation complexe avec l’écriture. Si le Coran se retrouve dans les étals des libraires et sur les étagères des bibliothèques depuis plus de mille ans, la doctrine musulmane est avant tout affaire d’oralité. C’est par la voix que Mahomet dit avoir recueilli le message divin. Par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, Dieu lui délivre, directement en arabe, les préceptes de la nouvelle religion au compte-gouttes, sourate après sourate.

C’est pourquoi le Coran est considéré comme l’ouvrage parfait jusqu’à la moindre virgule, inimitable, inaltérable et inchangé depuis toujours: Dieu fait livre. C’est d’ailleurs une différence majeure avec les Evangiles, par exemple, qui ne sont, officiellement, «que» les témoignages d’apôtres, ayant certes côtoyé Dieu à travers Jésus, mais n’étant pas moins des hommes, sujets aux erreurs, variations etc.

 

Oralité aussi, car Mahomet n’a pas rédigé le Coran. Il a récité inlassablement ses sourates à La Mecque d’abord, puis à Médine après l’Hégire, puis de nouveau à La Mecque. Les premiers musulmans, sur son exemple, en mémorisent le texte par cœur ou, plus rarement, en écrivent des passages sur ce qui leur tombe sous la main. A la mort de Mahomet, il n’existe pas d’édition complète du Coran. François Déroche, professeur au Collège de France et dépositaire de la chaire d’Histoire du Coran, explique qu’il n’existe alors que quelques versions fragmentaires: «Nous savons par la tradition que des morceaux écrits circulent, mais c’est tout. Des témoignages qui nous racontent que telle personne dispose de tel passage.»

Une situation qui finit par inquiéter les anciens compagnons du prophète, d’autant plus que les musulmans sont, à l’époque, nombreux à mourir au combat. On craint qu’à ce rythme, il n’y ait bientôt plus grand monde pour se souvenir des paroles de Dieu. Abu Bakr, le premier calife, se laisse convaincre d’en commander une version intégrale et charge l’ancien scribe de Mahomet, Zayd ibn Thâbit, de mener cette tâche à bien. Zayd consigne l’ensemble dans des feuillets qu’il confie à son souverain. Mais celui-ci meurt et l’œuvre de Zayd revient à Hafsa, une des veuves de Mahomet.

Si les enseignements de Dieu sont sauvegardés, on ne peut toujours pas parler d’un Coran, en tout cas tel que nous le connaissons aujourd’hui. C’est ici qu’intervient le calife Othman, qui règne de 644 à 656. Il s’aperçoit qu’il existe plusieurs manières de réciter le texte. Il emprunte donc à Hafsa son exemplaire, en fait une recension et ordonne de brûler les autres. Il n’y aura plus d’autre façon de réciter (le nom de Coran signifie par ailleurs «récitation») que celle-ci. Le premier Coran officiel est né. 

Othman en expédie d’ailleurs des copies dans les villes de son Empire. «C’est cet envoi du Coran dans les grandes villes qui constitue l’originalité de la recension d’Othman. Et puis, il publie un texte qui jusque-là était entièrement dans le cadre privé. On peut déjà parler de canon même si le Coran voulu par Othman n’est pas aussi fermé, fixe qu’il le deviendra à compter du IXe siècle», analyse François Déroche.

Le palimpseste de Sana’a va faire les frais de ce qu’on appelle la vulgate othmanienne. Pour une raison bien compréhensible, les hommes du Calife ont cherché à en effacer le texte avant d’écrire une mouture plus orthodoxe du Coran par-dessus. En effet, la couche scripturaire la plus ancienne présente en plusieurs points des distances avec le canon othmanien. Vous avez dit hérésie, polémique intellectuelle ou simple erreur de scribe?

Variations sur le même islam

Le palimpseste de Sana’a n’est pas le seul à présenter des différences avec le texte officiel. La tradition musulmane reconnaît jusqu'à quatorze lectures différentes du Coran, ou variantes (mais le texte de base reste le même), chacune recevant le nom de «Qira’at». Mais les particularités qui truffent le texte de Sana’a sont totalement inédites.

Alors, que trouve-t-on de si original sur ces fameux parchemins? Peu de choses, peut-être, aux yeux du commun des mortels, mais beaucoup du point de vue des spécialistes et de la tradition. On remarque l’ordre différent des sourates, quelques embellissements dans la forme, des divergences en termes d’orthographe, mais surtout des changements dans le texte, des phrases entières formulées très différemment du codex d’Othman. Le verset 33 de la sourate 24, dite de «La Lumière» fournit un exemple des libertés que prend le texte par rapport au canon. Là où le Coran officiel prescrit «Donnez-leur quelque peu de ces biens que Dieu vous a accordés», le palimpseste de Sana’a lui ne renvoie qu’un écho déformé…et plus concret: «Donnez-leur une partie de l’argent que Dieu vous a donné.»

Il peut s’agir là de la part de création que les scribes ont parfois pris en couchant le Coran sur le papier, ou plutôt sur le parchemin. Ou plutôt, comme l’indique Asma Hilali, chercheuse auprès du département des études coraniques de l’Institut des études ismaéliennes de Londres, et l’une des grandes spécialistes du palimpseste, le scribe de Sana’a fixe probablement ce qu’il faut entendre par certains mots du livre sacré, jugés trop obscurs. François Déroche fait partie des très rares experts à avoir eu l’occasion d’examiner le palimpseste:

«Ce qui est remarquable, ici, de toutes les variantes coraniques, c’est que dans l’ouvrage de Sana’a, on constate une continuité textuelle là où ailleurs, les différences n’apparaissent que comme des pics saillants, isolés, dans un texte autrement identique au canon. On a cette fois-ci un ensemble. Peut-être qu’au moment de la rédaction sur ces vieux parchemins retrouvés à Sana’a, la conception du texte différait légèrement, qu’on y incorporait des gloses, directement intégrées dans le texte, jouxtant des enseignements du Prophète. Il ne s’agit pas d’une simple corruption du Coran d’Othman mais d’une forme indépendante. Quand on compare les deux versions, on a l’impression de deux traditions qui se chevauchent et le manuscrit de Sana’a montrerait la fin de l’une d’entre elles.»

Le palimpseste est donc bien un objet unique dans la tradition musulmane mais il ne faut cependant pas exagérer la portée de son originalité. Autant que les chercheurs et les archéologues aient pu déchiffrer le texte depuis les années 70, ils n’y ont rien trouvé de révolutionnaire sur le plan du dogme.

 

On ne peut pas toujours non plus écarter la possibilité d’inattentions ou d’erreurs bien humaines dans l’écriture car si la parole divine est parfaite, il y a toutes les chances pour que la main des scribes le soit moins. Et leurs fautes de transcriptions sont nombreuses dans l’histoire du Coran. L’islamologue Claude Gilliot remarque d’ailleurs que le sacro-saint Coran othmanien ne l’était pas tant que ça selon des exégètes anciens qui accusaient certains termes d’être des «fautes de scribes» et voulaient donc leur en substituer d’autres. 

Les tenants d’une secte musulmane de l’époque allaient même plus loin, jusqu’à contester la présence dans le Coran de la sourate 12, qu’ils estimaient trop profane car elle dépeint une histoire d’amour pour le moins tourmentée entre Joseph (fils de Jacob dans l’Ancien testament) et une femme mariée.

L’hypothèse scolaire

Si on y voit un peu plus clair, on ne peut toujours pas statuer sur la nature de ce texte presque totalement effacé, recouvert par d’autres lignes d’écritures. Asma Hilali, qui a longuement scruté la partie immergée de l’iceberg comme sa partie émergée, a noté un détail capital au début de la sourate 9, inscrite dans la phase la plus ancienne du parchemin.

Ici, elle commence par ce que les musulmans ont appelé la Basmala, c’est-à-dire cette formule composée des mots suivants «Au nom de Dieu, clément et miséricordieux» et qui ouvre tous les chapitres du Livre… ou presque, car justement, la sourate 9 est la seule exception. L’erreur n’est pas passée inaperçue, à l’époque, car un peu plus bas, on lit cette correction: «Ne dis pas: –Au nom de Dieu»

Ce coup de règle sur les doigts a mis la puce à l’oreille de l’islamologue: l’écriture la plus récente, la plus lisible, présenterait bien les fragments d’un Coran fait pour le culte et la foi tandis que l’autre, plus ancien, qu’on a voulu effacer, n’aurait été peut-être qu’un «support pédagogique», un exercice scolaire qui aurait plus ou moins mal tourné pour son auteur et qui aurait fini par laisser sa place au texte saint. «Oui, c’est visiblement une notation à usage pratique», confirme François Déroche, qui demeure cependant réservé quant à cette hypothèse: «Je ne suis pas convaincu par l’idée du support pédagogique, car la matérialité du manuscrit est semblable à celle des Coran des mosquées. Et puis c’est un in-quarto, bien que la qualité du manuscrit ne soit pas d’une qualité extraordinaire, sa taille représente en soi un investissement conséquent.»

Ecrit il y a plus de 1.300 ans, le Coran de Sana'a conserve toujours son unicité comme son mystère. Comme quoi, on en trouve des histoires au fond des sacs à patates.

 

http://www.slate.fr/story/102373/coran-palimpseste-sanaa

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Membre, Debout les morts..., 76ans Posté(e)
Anatole1949 Membre 37 577 messages
76ans‚ Debout les morts...,
Posté(e)

" C’est par la voix que Mahomet dit avoir recueilli le message divin. Par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, Dieu lui délivre, directement en arabe, les préceptes de la nouvelle religion au compte-gouttes, sourate après sourate. "

Dieu parle donc arabe et pour les flamands il n'a rien prévu au niveau linguistique ? :smile2:

" Les premiers musulmans, sur son exemple, en mémorisent le texte par cœur ou, plus rarement, en écrivent des passages sur ce qui leur tombe sous la main. A la mort de Mahomet, il n’existe pas d’édition complète du Coran. "

En mémorisant... c'est comme avec le Christ qui lui non plus n'a rien écrit, après sa mort comme à celle de Mahomet, les disciples à la mémoire d’éléphant peuvent radoter n'importe quoi, le principal intéressé n'est plus là pour les contrarier...

Vraiment du n'importe quoi !

" C’est pourquoi le Coran est considéré comme l’ouvrage parfait jusqu’à la moindre virgule, inimitable, inaltérable et inchangé depuis toujours: Dieu fait livre. "

Faudrait pas trop pousser trop loin la perfection farce quand même...:(

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Invité philkeun
Invités, Posté(e)
Invité philkeun
Invité philkeun Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 3 heures, azed1967 a dit :

Le «palimpseste de Sana'a» ou la folle histoire d'un autre Coran

 

En 1972, des ouvriers yéménites ont déterré par hasard un des plus vieux Coran du monde. Des spécialistes ont alors découvert qu'on avait écrit par-dessus une version plus ancienne, bien différente du Coran que nous connaissons.

 

En 1972, un pan du faux plafond d’une très ancienne mosquée de Sana’a, la capitale du Yémen, s’effondre. Des ouvriers, présents sur les lieux, découvrent une cache remplie d’un fatras de manuscrits en très mauvais état. Ils les chargent dans vingt sacs à patates et les déposent dans une montée d’escalier du bâtiment. Ces parchemins auraient très bien pu rester à l’ombre encore longtemps si les autorités yéménites n’avaient pas eu le nez creux. Pressentant que les travailleurs ont peut-être fait par inadvertance une trouvaille, elles appellent des spécialistes allemands à la rescousse.

Ceux-ci leur donnent raison. En analysant ces lignes, ils découvrent parmi les plus anciennes versions retranscrites des sourates du prophète Mahomet. Surtout, ils se rendent compte qu’on n’a pas simplement mis la main sur un manuscrit mais sur un palimpseste, c’est-à-dire sur un ouvrage où chaque ligne d’écriture en recouvre une autre, plus ancienne. 

 

 

 

Plus surprenant encore, en se penchant sur la couche d’écriture la plus vieille, qui date de la seconde moitié du VIIe siècle après J.C (c’est-à-dire le Ier siècle selon le calendrier musulman), ils relèvent de nombreuses variations par rapport à la tradition officielle du Coran. L’anecdote est lourde de sens dans la mesure où le Coran, parole de Dieu par excellence, n’est pas censé s’empêtrer dans ce genre de contradictions et contestations.

L’islam, ça se passe d’abord à l’oral

A son origine, l’islam a d’ailleurs entretenu une relation complexe avec l’écriture. Si le Coran se retrouve dans les étals des libraires et sur les étagères des bibliothèques depuis plus de mille ans, la doctrine musulmane est avant tout affaire d’oralité. C’est par la voix que Mahomet dit avoir recueilli le message divin. Par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, Dieu lui délivre, directement en arabe, les préceptes de la nouvelle religion au compte-gouttes, sourate après sourate.

C’est pourquoi le Coran est considéré comme l’ouvrage parfait jusqu’à la moindre virgule, inimitable, inaltérable et inchangé depuis toujours: Dieu fait livre. C’est d’ailleurs une différence majeure avec les Evangiles, par exemple, qui ne sont, officiellement, «que» les témoignages d’apôtres, ayant certes côtoyé Dieu à travers Jésus, mais n’étant pas moins des hommes, sujets aux erreurs, variations etc.

 

Oralité aussi, car Mahomet n’a pas rédigé le Coran. Il a récité inlassablement ses sourates à La Mecque d’abord, puis à Médine après l’Hégire, puis de nouveau à La Mecque. Les premiers musulmans, sur son exemple, en mémorisent le texte par cœur ou, plus rarement, en écrivent des passages sur ce qui leur tombe sous la main. A la mort de Mahomet, il n’existe pas d’édition complète du Coran. François Déroche, professeur au Collège de France et dépositaire de la chaire d’Histoire du Coran, explique qu’il n’existe alors que quelques versions fragmentaires: «Nous savons par la tradition que des morceaux écrits circulent, mais c’est tout. Des témoignages qui nous racontent que telle personne dispose de tel passage.»

Une situation qui finit par inquiéter les anciens compagnons du prophète, d’autant plus que les musulmans sont, à l’époque, nombreux à mourir au combat. On craint qu’à ce rythme, il n’y ait bientôt plus grand monde pour se souvenir des paroles de Dieu. Abu Bakr, le premier calife, se laisse convaincre d’en commander une version intégrale et charge l’ancien scribe de Mahomet, Zayd ibn Thâbit, de mener cette tâche à bien. Zayd consigne l’ensemble dans des feuillets qu’il confie à son souverain. Mais celui-ci meurt et l’œuvre de Zayd revient à Hafsa, une des veuves de Mahomet.

Si les enseignements de Dieu sont sauvegardés, on ne peut toujours pas parler d’un Coran, en tout cas tel que nous le connaissons aujourd’hui. C’est ici qu’intervient le calife Othman, qui règne de 644 à 656. Il s’aperçoit qu’il existe plusieurs manières de réciter le texte. Il emprunte donc à Hafsa son exemplaire, en fait une recension et ordonne de brûler les autres. Il n’y aura plus d’autre façon de réciter (le nom de Coran signifie par ailleurs «récitation») que celle-ci. Le premier Coran officiel est né. 

Othman en expédie d’ailleurs des copies dans les villes de son Empire. «C’est cet envoi du Coran dans les grandes villes qui constitue l’originalité de la recension d’Othman. Et puis, il publie un texte qui jusque-là était entièrement dans le cadre privé. On peut déjà parler de canon même si le Coran voulu par Othman n’est pas aussi fermé, fixe qu’il le deviendra à compter du IXe siècle», analyse François Déroche.

Le palimpseste de Sana’a va faire les frais de ce qu’on appelle la vulgate othmanienne. Pour une raison bien compréhensible, les hommes du Calife ont cherché à en effacer le texte avant d’écrire une mouture plus orthodoxe du Coran par-dessus. En effet, la couche scripturaire la plus ancienne présente en plusieurs points des distances avec le canon othmanien. Vous avez dit hérésie, polémique intellectuelle ou simple erreur de scribe?

Variations sur le même islam

Le palimpseste de Sana’a n’est pas le seul à présenter des différences avec le texte officiel. La tradition musulmane reconnaît jusqu'à quatorze lectures différentes du Coran, ou variantes (mais le texte de base reste le même), chacune recevant le nom de «Qira’at». Mais les particularités qui truffent le texte de Sana’a sont totalement inédites.

Alors, que trouve-t-on de si original sur ces fameux parchemins? Peu de choses, peut-être, aux yeux du commun des mortels, mais beaucoup du point de vue des spécialistes et de la tradition. On remarque l’ordre différent des sourates, quelques embellissements dans la forme, des divergences en termes d’orthographe, mais surtout des changements dans le texte, des phrases entières formulées très différemment du codex d’Othman. Le verset 33 de la sourate 24, dite de «La Lumière» fournit un exemple des libertés que prend le texte par rapport au canon. Là où le Coran officiel prescrit «Donnez-leur quelque peu de ces biens que Dieu vous a accordés», le palimpseste de Sana’a lui ne renvoie qu’un écho déformé…et plus concret: «Donnez-leur une partie de l’argent que Dieu vous a donné.»

Il peut s’agir là de la part de création que les scribes ont parfois pris en couchant le Coran sur le papier, ou plutôt sur le parchemin. Ou plutôt, comme l’indique Asma Hilali, chercheuse auprès du département des études coraniques de l’Institut des études ismaéliennes de Londres, et l’une des grandes spécialistes du palimpseste, le scribe de Sana’a fixe probablement ce qu’il faut entendre par certains mots du livre sacré, jugés trop obscurs. François Déroche fait partie des très rares experts à avoir eu l’occasion d’examiner le palimpseste:

«Ce qui est remarquable, ici, de toutes les variantes coraniques, c’est que dans l’ouvrage de Sana’a, on constate une continuité textuelle là où ailleurs, les différences n’apparaissent que comme des pics saillants, isolés, dans un texte autrement identique au canon. On a cette fois-ci un ensemble. Peut-être qu’au moment de la rédaction sur ces vieux parchemins retrouvés à Sana’a, la conception du texte différait légèrement, qu’on y incorporait des gloses, directement intégrées dans le texte, jouxtant des enseignements du Prophète. Il ne s’agit pas d’une simple corruption du Coran d’Othman mais d’une forme indépendante. Quand on compare les deux versions, on a l’impression de deux traditions qui se chevauchent et le manuscrit de Sana’a montrerait la fin de l’une d’entre elles.»

Le palimpseste est donc bien un objet unique dans la tradition musulmane mais il ne faut cependant pas exagérer la portée de son originalité. Autant que les chercheurs et les archéologues aient pu déchiffrer le texte depuis les années 70, ils n’y ont rien trouvé de révolutionnaire sur le plan du dogme.

 

On ne peut pas toujours non plus écarter la possibilité d’inattentions ou d’erreurs bien humaines dans l’écriture car si la parole divine est parfaite, il y a toutes les chances pour que la main des scribes le soit moins. Et leurs fautes de transcriptions sont nombreuses dans l’histoire du Coran. L’islamologue Claude Gilliot remarque d’ailleurs que le sacro-saint Coran othmanien ne l’était pas tant que ça selon des exégètes anciens qui accusaient certains termes d’être des «fautes de scribes» et voulaient donc leur en substituer d’autres. 

Les tenants d’une secte musulmane de l’époque allaient même plus loin, jusqu’à contester la présence dans le Coran de la sourate 12, qu’ils estimaient trop profane car elle dépeint une histoire d’amour pour le moins tourmentée entre Joseph (fils de Jacob dans l’Ancien testament) et une femme mariée.

L’hypothèse scolaire

Si on y voit un peu plus clair, on ne peut toujours pas statuer sur la nature de ce texte presque totalement effacé, recouvert par d’autres lignes d’écritures. Asma Hilali, qui a longuement scruté la partie immergée de l’iceberg comme sa partie émergée, a noté un détail capital au début de la sourate 9, inscrite dans la phase la plus ancienne du parchemin.

Ici, elle commence par ce que les musulmans ont appelé la Basmala, c’est-à-dire cette formule composée des mots suivants «Au nom de Dieu, clément et miséricordieux» et qui ouvre tous les chapitres du Livre… ou presque, car justement, la sourate 9 est la seule exception. L’erreur n’est pas passée inaperçue, à l’époque, car un peu plus bas, on lit cette correction: «Ne dis pas: –Au nom de Dieu»

Ce coup de règle sur les doigts a mis la puce à l’oreille de l’islamologue: l’écriture la plus récente, la plus lisible, présenterait bien les fragments d’un Coran fait pour le culte et la foi tandis que l’autre, plus ancien, qu’on a voulu effacer, n’aurait été peut-être qu’un «support pédagogique», un exercice scolaire qui aurait plus ou moins mal tourné pour son auteur et qui aurait fini par laisser sa place au texte saint. «Oui, c’est visiblement une notation à usage pratique», confirme François Déroche, qui demeure cependant réservé quant à cette hypothèse: «Je ne suis pas convaincu par l’idée du support pédagogique, car la matérialité du manuscrit est semblable à celle des Coran des mosquées. Et puis c’est un in-quarto, bien que la qualité du manuscrit ne soit pas d’une qualité extraordinaire, sa taille représente en soi un investissement conséquent.»

Ecrit il y a plus de 1.300 ans, le Coran de Sana'a conserve toujours son unicité comme son mystère. Comme quoi, on en trouve des histoires au fond des sacs à patates.

 

http://www.slate.fr/story/102373/coran-palimpseste-sanaa

Salut,

Que ce soit par l'Histoire, ou par les Sciences, la claque mise dans la tronche des religieux dogmatiques de tous poils est sonore, retentissante, et réjouissante.

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Membre, 58ans Posté(e)
azed1967 Membre 4 597 messages
Forumeur expérimenté‚ 58ans‚
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il y a 14 minutes, Anatole1949 a dit :

" C’est par la voix que Mahomet dit avoir recueilli le message divin. Par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, Dieu lui délivre, directement en arabe, les préceptes de la nouvelle religion au compte-gouttes, sourate après sourate. "

Dieu parle donc arabe et pour les flamands il n'a rien prévu au niveau linguistique ? :smile2:

" Les premiers musulmans, sur son exemple, en mémorisent le texte par cœur ou, plus rarement, en écrivent des passages sur ce qui leur tombe sous la main. A la mort de Mahomet, il n’existe pas d’édition complète du Coran. "

En mémorisant... c'est comme avec le Christ qui lui non plus n'a rien écrit, après sa mort comme à celle de Mahomet, les disciples à la mémoire d’éléphant peuvent radoter n'importe quoi, le principal intéressé n'est plus là pour les contrarier...

Vraiment du n'importe quoi !

" C’est pourquoi le Coran est considéré comme l’ouvrage parfait jusqu’à la moindre virgule, inimitable, inaltérable et inchangé depuis toujours: Dieu fait livre. "

Faudrait pas trop pousser trop loin la perfection farce quand même...:(

il y a des mots communs entre l'arabe et le flamand pour info !

l'arabe est une très très ancienne langue. ... et dieu ne s'est pas exprimé directement aux prophète mais via des archanges. qui eux ne sont pas humains, ...

il y a 1 minute, philkeun a dit :

Salut,

Que ce soit par l'Histoire, ou par les Sciences, la claque mise dans la tronche des religieux dogmatiques de tous poils est sonore, retentissante, et réjouissante.

salut,

 

le coran veut dire récitation et est donc oral à a base, l'écrit a suivi bien après. c'est vrai que l'énorme majorité des musulmans ont sacralisé le coran d'othman,... il y a des pièces de monnaies de l'époque du prophète où figure des verest coraniques qui ne sont pas dans le coran officiel. les wahabites sont une calamité pour l'islam,.. ils ont même fracassé la pierre noire de leurs pieds au début du wahabisme.

le coran dit qu'il venu our qu'on raisonne, et certains résonne plus qu'autre chose, ...

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Membre, Debout les morts..., 76ans Posté(e)
Anatole1949 Membre 37 577 messages
76ans‚ Debout les morts...,
Posté(e)
à l’instant, azed1967 a dit :

il y a des mots communs entre l'arabe et le flamand pour info !

l'arabe est une très très ancienne langue. ... et dieu ne s'est pas exprimé directement aux prophète mais via des archanges. qui eux ne sont pas humains, ...

Des "pas humains" avec des ailes qui parlent arabe :smile2:

Les pieds Nickelés tu connais ?

 

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Membre, 58ans Posté(e)
azed1967 Membre 4 597 messages
Forumeur expérimenté‚ 58ans‚
Posté(e)
il y a 16 minutes, Anatole1949 a dit :

Des "pas humains" avec des ailes qui parlent arabe :smile2:

Les pieds Nickelés tu connais ?

 

et les polyglotes tu connais ??? moise en quelle langue dieu s'est il adressé à lui ???

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Membre, Debout les morts..., 76ans Posté(e)
Anatole1949 Membre 37 577 messages
76ans‚ Debout les morts...,
Posté(e)
il y a 6 minutes, azed1967 a dit :

et les polyglotes tu connais ??? moise en quelle langue dieu s'est il adressé à lui ???

Laisse chercher, il doit bien y avoir un enregistrement quelque part...

Plus sérieusement, tu y crois vraiment à toutes ces histoires ?

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Membre, 58ans Posté(e)
azed1967 Membre 4 597 messages
Forumeur expérimenté‚ 58ans‚
Posté(e)
il y a 2 minutes, Anatole1949 a dit :

Laisse chercher, il doit bien y avoir un enregistrement quelque part...

Plus sérieusement, tu y crois vraiment à toutes ces histoires ?

est ce q'un illetré imam(guide de caravanes ) et commerçants pouvait pondre une parole digne des moukhalakat ????

 

il y a 30 minutes, Anatole1949 a dit :

Des "pas humains" avec des ailes qui parlent arabe :smile2:

Les pieds Nickelés tu connais ?

 

vas faire un tour chez les summériens et autres babyloniens en passant par les égyptiens antique ou les grecs. des êtres ailés sont présent dans ces cultures

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Membre, Posté(e)
Constantinople Membre 18 329 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
il y a une heure, azed1967 a dit :

 

le coran veut dire récitation et est donc oral à a base, l'écrit a suivi bien après. c'est vrai que l'énorme majorité des musulmans ont sacralisé le coran d'othman,... il y a des pièces de monnaies de l'époque du prophète où figure des verest coraniques qui ne sont pas dans le coran officiel. les wahabites sont une calamité pour l'islam,.. ils ont même fracassé la pierre noire de leurs pieds au début du wahabisme.

le coran dit qu'il venu our qu'on raisonne, et certains résonne plus qu'autre chose, ...

Simple curiosité, vous avez déjà lu le Coran en faisant abstraction du dogme sunnite et de l'histoire de l'ange venu violenter Mahomet pour lui faire descendre un livre intangible contenant la parole divine  ? 

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Membre, 58ans Posté(e)
azed1967 Membre 4 597 messages
Forumeur expérimenté‚ 58ans‚
Posté(e)
à l’instant, Constantinople a dit :

Simple curiosité, vous avez déjà lu le Coran en faisant abstraction du dogme sunnite et de l'histoire de l'ange venu violenter Mahomet pour lui faire descendre un livre intangible contenant la parole divine  ? 

le sunnisme n'existait pas à cette époque. et c'est pas un livre qui est descendu mais une récitation (coran)

sinon oui le coran commence par "lis !" c'est ce que l'ange a dit à mohamed.

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Membre+, 27ans Posté(e)
metal guru Membre+ 33 559 messages
Maitre des forums‚ 27ans‚
Posté(e)

J'avais fait un topic sur la falsification du Coran il y a quelques années :

 

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Membre, Posté(e)
Constantinople Membre 18 329 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Il y a 1 heure, azed1967 a dit :

le sunnisme n'existait pas à cette époque. et c'est pas un livre qui est descendu mais une récitation (coran)

sinon oui le coran commence par "lis !" c'est ce que l'ange a dit à mohamed.

Il n'existait pas à l'époque mais le dogme orthodoxe dont cette tradition s'est érigée championne a dessiné les crédos de la foi islamique, et le statut du Coran, sans parler de la "biographie" proto musulmane autour de la figure de Mahomet.

Non mais je te demande ton avis perso, tu as vraiment l'impression que tous les feuillets contenus dans le Coran sont des paroles de Dieu transmises par un ange et retransmise tel quel ?

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Membre, Debout les morts..., 76ans Posté(e)
Anatole1949 Membre 37 577 messages
76ans‚ Debout les morts...,
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Il y a 4 heures, azed1967 a dit :

est ce q'un illetré imam(guide de caravanes ) et commerçants pouvait pondre une parole digne des moukhalakat ????

 

vas faire un tour chez les summériens et autres babyloniens en passant par les égyptiens antique ou les grecs. des êtres ailés sont présent dans ces cultures

Les égyptiens n'étaient pas musulmans et ils 'en portaient très bien...

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Membre, 58ans Posté(e)
azed1967 Membre 4 597 messages
Forumeur expérimenté‚ 58ans‚
Posté(e)
Il y a 16 heures, Anatole1949 a dit :

Les égyptiens n'étaient pas musulmans et ils 'en portaient très bien...

qui a dit qu'ils étaient musulmans à part toi ??

haggar mère d'ismael était égyptienne.

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
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Le 12/07/2017 à 14:38, azed1967 a dit :

est ce q'un illetré imam(guide de caravanes ) et commerçants pouvait pondre une parole digne des moukhalakat ????

Prétendu illettré, pour mieux imposer l'idée que le coran lui a été dicté.....

Mahomet (vers 570-632) est le nom français de Muhammad ("le Loué", le "Glorifié"), prophète, fondateur de l'islam.
Orphelin de père, il est élevé par son oncle, chef de clan et riche marchand de La Mecque. Ses voyages avec son oncle et comme caravanier lui font connaître des Juifs et des moines chrétiens. Il fait aussi la connaissance de Khadidja, une riche veuve, de quinze ans son aînée qu'il l'épouse à l'âge de 25 ans et dont il eut quatre filles. A l'âge de 40 ans, instruit du judaïsme et du christianisme, il revient d'une de ses périodes d'ascèse et de méditation dans une grotte en affirmant avoir eu une Révélation de l'ange Gabriel qui lui aurait transmis la parole divine.

Jeune il épouse une riche veuve de 15 ans son ainée

Vieux barbon il épouse une fillette....

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