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Le sentiment de l'absurde peut-il nous rendre heureux ?

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tison2feu Membre 3 032 messages
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J'aimerais poursuivre en m'adressant successivement à Zeugma, Swam et Dompteur, même si ces trois réponses forment un tout.

 

@Zeugma. Sur la question de la condamnation à mort de Meursault, rien à ajouter sur le "Tu ne tueras pas" sinon que la thématique de L'Etranger me semble porter sur les chefs d'inculpation retenus. Meursault n'est pas tant condamné pour avoir tué un Arabe "dans le soleil" que ne pas avoir pleuré à la mort de sa mère. Tel est le scandale : celui de son indifférence et de sa non conformité aux moeurs en vigueur (règles de deuil à respecter impérativement durant un certain temps consistant à manifester ostentoirement de la compassion pour la personne décédée). Avec la nouvelle problématique que cela soulève.

 

@Swam. L'excipit de L'Etranger est à mes yeux optimiste dans la mesure où Meursault sait que si sa vie était à refaire, il s'ouvrirait de la même façon à la "tendre indifférence du monde" ; or, nous savons que Meursault est lui-même d'un naturel indifférent, non enclin à espérer quoi que ce soit de qui que ce soit. Si bien que s'établit une relation harmonieuse, tendre et complice, fraternel et jubilatoire, entre sa propre indifférence et celle du monde.

C'est en ces termes qu'il est intéressant d'établir un rapprochement avec la définition même du sentiment de l'absurde par Camus. Selon l'auteur du Mythe de Sisyphe, ce qui est absurde, c'est "la confrontation de cet irrationnel (du monde) et de ce désir éperdu de clarté dont l'appel résonne au plus profond de l'homme". Dans cette définition, il ne peut y avoir de commun dénominateur entre l'irrationalité du monde et le désir de rationalité de l'homme. Or, Meursault est sorti de cette aporie en trouvant un dénominateur commun : l'indifférence du monde est semblable à l'indifférence de son tempérament. Ainsi se crée entre lui et le monde un lien tendre, harmonieux, non discordant, non dissonant, non absurde. Et souvenons-nous alors que la société condamne à mort Meursault pour motif, entre autre, d'indifférence... 

 

@ Dompteur. Dans ton bel article sur la "permanence de l'absurde", tu fais à plusieurs reprises allusion à "l'indifférence du monde". Cette qualification me pose problème, parce que le monde, ce tout global, est décrit/qualifié par ce qu'il n'est pas, et nous pourrions allonger la liste : indifférent, irrationnel, inintelligible, insensé, immense, infini, intemporel, etc. En un mot : inhumain. Or, chaque matin, je suis davantage enclin à m'interroger, voire à m'émerveiller, sur ce qui est, plutôt que sur ce qui n'est pas. Il se trouve que dans l'excipit de L'Etranger, nous avons noté au même moment, par une coïncidence amusante, que la poésie y est très présente, ce qui signifie que le monde indifférent de Meursault est également appréhendé en terme positif, c'est-à-dire par ce qu'il est : un monde poétique. Même à mes yeux : beau, sublime, etc., mais qui mériterait d'être expérimenté/dévoilé non pas en recourant à l'intelligibilité humaine - celle de l'homme étant borné - mais par d'autres capacités cognitives. Cela supposerait d'avoir soi-même quelque grain de poésie et suffisamment de sens esthétique pour parvenir à entrer en harmonie avec la poésie et le sublime du tout global.

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Il y a 2 heures, tison2feu a dit :

@Swam. L'excipit de L'Etranger est à mes yeux optimiste dans la mesure où Meursault sait que si sa vie était à refaire, il s'ouvrirait de la même façon à la "tendre indifférence du monde" ; or, nous savons que Meursault est lui-même d'un naturel indifférent, non enclin à espérer quoi que ce soit de qui que ce soit. Si bien que s'établit une relation harmonieuse, tendre et complice, fraternel et jubilatoire, entre sa propre indifférence et celle du monde.

C'est en ces termes qu'il est intéressant d'établir un rapprochement avec la définition même du sentiment de l'absurde par Camus. Selon l'auteur du Mythe de Sisyphe, ce qui est absurde, c'est "la confrontation de cet irrationnel (du monde) et de ce désir éperdu de clarté dont l'appel résonne au plus profond de l'homme". Dans cette définition, il ne peut y avoir de commun dénominateur entre l'irrationalité du monde et le désir de rationalité de l'homme. Or, Meursault est sorti de cette aporie en trouvant un dénominateur commun : l'indifférence du monde est semblable à l'indifférence de son tempérament. Ainsi se crée entre lui et le monde un lien tendre, harmonieux, non discordant, non dissonant, non absurde. Et souvenons-nous alors que la société condamne à mort Meursault pour motif, entre autre, d'indifférence... 

Oui Tison tout cela me semble exact, mais je crois surtout qu'au moment de sa mort Meursault est heureux de ne pas culpabiliser, de ne pas avoir a se repentir de la vie (absurde ) qu'il a vécu (la tentative du pretre visait a cela et elle a failli réussir, mais Meursault a réagi par une sainte colère, colère inédite pour lui, et qui lui a permis de prendre conscience de la tendre indifférence du monde )

Ce qui me semble d'un pessimisme absolu dans cette oeuvre c'est précisément parce que Meursault en sort heureux.

Un homme absurde, vivant de façon absurde, et qui trouve le bonheur en comprenant qu'il est pareil a l'indifférence du monde, j'ai du mal a voir ou est la touche d'optimisme.

Ce serait un peu comme trouver le bonheur en enfer en devenant un démon tortionnaire.

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tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
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il y a une heure, swam a dit :

Oui Tison tout cela me semble exact, mais je crois surtout qu'au moment de sa mort Meursault est heureux de ne pas culpabiliser, de ne pas avoir a se repentir de la vie (absurde ) qu'il a vécu (la tentative du pretre visait a cela et elle a failli réussir, mais Meursault a réagi par une sainte colère, colère inédite pour lui, et qui lui a permis de prendre conscience de la tendre indifférence du monde )

Ce qui me semble d'un pessimisme absolu dans cette oeuvre c'est précisément parce que Meursault en sort heureux.

Un homme absurde, vivant de façon absurde, et qui trouve le bonheur en comprenant qu'il est pareil a l'indifférence du monde, j'ai du mal a voir ou est la touche d'optimisme.

Ce serait un peu comme trouver le bonheur en enfer en devenant un démon tortionnaire.

Meursault ne sort pas seulement heureux de cette épreuve ; il acquiert la conviction éblouissante que le moment étant venu de mourir, il a été heureux (cf. le texte) et que donc, si c'était à refaire, il ne changerait pas d'un iota son appréhension du monde. Seule, l'expérimentation de la mort toute proche pouvait lui permettre d'avoir la certitude que ses actes étaient bien en accord avec ses intuitions. Pour cette raison, il sort heureux de ce test ultime de la vie.

Ce n'est ni l'homme ni le monde qui sont absurdes, me semble-t-il, mais la confrontation de l'homme rationnel au monde irrationnel. La touche d'optimisme réside dans le fait qu'il est possible, pour un homme, d'atteindre ce qui relève de l'exploit, à savoir vivre en harmonie avec soi-même et avec le monde. Et dans l'indifférence de l'enfer des autres, qui n'est somme toute qu'anecdotique si l'on prend en considération le tout global.

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il y a 4 minutes, tison2feu a dit :

savoir vivre en harmonie avec soi-même et avec le monde.

Est ce vraiment suffisant ?

J'ai donné l'exemple du tortionnaire qui serait heureux en enfer si on lui donnait la possibilité d'exercer sa malfaisance.

 

 

 

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tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
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il y a une heure, swam a dit :

Est ce vraiment suffisant ?

J'ai donné l'exemple du tortionnaire qui serait heureux en enfer si on lui donnait la possibilité d'exercer sa malfaisance.

Non ce n'est pas suffisant en effet si on limite le tout global au seul monde des humains. Je n'ai pas dit non plus que je cautionne entièrement la pensée de Camus, je cherche juste à la comprendre dans un premier temps. Quand bien même il s'agirait de porter son regard sur l'unique monde des humains, eh bien oui nous pouvons imaginer ce tortionnaire heureux vivant en harmonie dans un monde infernal. Mais cette harmonie, qui se fait au détriment d'une partie des étants du monde, génère dissonance et dysharmonie pour les victimes. Cette harmonie sonne faux et m'oblige à rebondir. Je dois faire avec, ou mieux, c'est parce que ces dissonances existent qu'il est possible de viser toujours plus haut et de composer une symphonie plus belle et plus harmonieuse, faite d'assonances et de dissonances. La dissonance, la laideur et la souffrance potentialisent l'harmonie, la beauté et la joie. Telle me semble être la condition tragique de l'homme.

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nolibar Membre 1 194 messages
Forumeur survitaminé‚
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Il n’y a rien d’absurde ! C’est simplement que le Monde, à se comporter ainsi, à ses raisons que la raison de l’Homme ignore…

L’absurde, c’est peut-être de vouloir voir en toutes choses une raison d’être ?

Elles sont tout simplement, et cela suffit à justifier qu’elles soient

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Invité Lowy
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Invité Lowy
Invité Lowy Invités 0 message
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Beckett dans en attendant Godot: les deux clochards attendent...absurde attente de celui qu'ils ne connaissent apparemment pas , pour quelle raison l'attendent-ils aussi? mais l'attente leur donne une raison d'être , d'exister peut être....la scène où ils décident -tentent de se suicider mais s'il vient Godot...

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Le 16/03/2017 à 00:03, Invité Lowy a dit :

Beckett dans en attendant Godot: les deux clochards attendent...absurde attente de celui qu'ils ne connaissent apparemment pas , pour quelle raison l'attendent-ils aussi? mais l'attente leur donne une raison d'être , d'exister peut être....la scène où ils décident -tentent de se suicider mais s'il vient Godot...

Quoi !  Lowy est partie aussi ? 

Décidemment ce n'est pas pour rien que l'on dit: " ce sont toujours les meilleurs qui s'en vont"

 

Je suis désolé Lowy, j'aurais bien voulu répondre a ton dernier message mais je n'avais pas lu " en attendant godot"

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Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
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Le ‎2017‎-‎03‎-‎11 à 04:58, nolibar a dit :

Il n’y a rien d’absurde ! C’est simplement que le Monde, à se comporter ainsi, à ses raisons que la raison de l’Homme ignore…

L’absurde, c’est peut-être de vouloir voir en toutes choses une raison d’être ?

Elles sont tout simplement, et cela suffit à justifier qu’elles soient

Dans le problème de l'absurde, ce n'est pas tant le monde qui est absurde - où du moins pas le monde en tant qu'objet que je puis contempler de manière détachée, mais bien le monde en tant que j'y suis engagé. C'est l'existence finalement qui est absurde. Le monde agit comme un miroir qui me renvoie l'image de l'absurdité de mon existence.

C'est également quelque chose qui dépasse la stricte appréhension rationnelle de la question. Le problème de l'absurde ne résume pas au fait que la question "Pourquoi l'existence, pourquoi le monde ?" semble rationnellement insoluble, mais elle renvoie plutôt à la source même de notre désir de vivre, et à son ambiguïté, à ses paradoxes, à son insaisissabilité, surtout vis-à-vis de la réalité de la souffrance et de la mort.

Face à ces maux, l'homme a semble-t-il besoin d'une nourriture spirituelle qui soit plus riche qu'un simple "les choses sont comme elles sont". Cela n'empêche pas que cette pensée pourra faire partie de cette nourriture spirituelle, car le réalisme, à bonne dose, est fort nourrissant. Mais au final, elle demande à être autrement plus élaborée. Deux épices semblent en constituer des ingrédients essentiels: le sens esthétique et l'amour des hommes. La réponse au problème de l'absurde doit être belle et doit suinter l'amour.

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Absurde : Ce qui n'est pas réaliste/logique.

Il existe certaines personnes qui souffrent de la réalité/logique, assez pour avoir besoin de l'absurde pour être heureux.
Quant à savoir différencier, ce qui est pathologique, de ce qui ne l'est pas; ce qui est tolérable, de ce qui ne l'est pas; ... c'est un autre débat.

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il y a 46 minutes, Dompteur de mots a dit :

Dans le problème de l'absurde, ce n'est pas tant le monde qui est absurde - où du moins pas le monde en tant qu'objet que je puis contempler de manière détachée, mais bien le monde en tant que j'y suis engagé. C'est l'existence finalement qui est absurde. Le monde agit comme un miroir qui me renvoie l'image de l'absurdité de mon existence.

C'est également quelque chose qui dépasse la stricte appréhension rationnelle de la question. Le problème de l'absurde ne résume pas au fait que la question "Pourquoi l'existence, pourquoi le monde ?" semble rationnellement insoluble, mais elle renvoie plutôt à la source même de notre désir de vivre, et à son ambiguïté, à ses paradoxes, à son insaisissabilité, surtout vis-à-vis de la réalité de la souffrance et de la mort.

Face à ces maux, l'homme a semble-t-il besoin d'une nourriture spirituelle qui soit plus riche qu'un simple "les choses sont comme elles sont". Cela n'empêche pas que cette pensée pourra faire partie de cette nourriture spirituelle, car le réalisme, à bonne dose, est fort nourrissant. Mais au final, elle demande à être autrement plus élaborée. Deux épices semblent en constituer des ingrédients essentiels: le sens esthétique et l'amour des hommes. La réponse au problème de l'absurde doit être belle et doit suinter l'amour.

@nolibar a raison sur un point : le monde est. C'est nous, en tant qu'êtres raisonnants (résonnants), qui le qualifions, entre autre,  d'absurde. Ce faisant, nous lui donnons, paradoxalement, un sens : celui de n'en avoir pas. C'est donner un sens au monde, en excluant par là tous les autres sens que notre raison, notre imagination lui ont donné, lui donne, lui donneront, pourraient lui donner. C'est là que réside l'absurde, si on l'admet, de notre condition : avoir la capacité raisonnable de donner une infinité de sens à un monde qui n'en a pas. Dès lors, l'absurdité de notre condition ne réside pas tant dans le "pourquoi l'existence, pourquoi le monde..?", qui peut se résoudre dans une infinité de réponses, que dans le "à quoi bon notre capacité à donner un sens à ce monde, serait-ce l'absurde, à ce qui n'en a pas..?"                                                                                                     Et on peut pousser l'absurdité plus loin encore : du fait même que le monde, quand bien même il aurait un sens, nous est objectivement inaccessible, nous ne pourrions l'affirmer objectivement vrai quand bien même nous l'appréhenderions dans sa vérité pleine et entière, de par le caractère subjectif avéré de la raison.                                                                                  La réponse à l'absurde du monde est donc obligatoirement artistique : inventer. Ce qui nous mène au tout est art. La beauté sauvera le monde, sous toutes ses formes...                                                                                                                                

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zeugma Membre 670 messages
Baby Forumeur‚
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Il y a 13 heures, hdbecon a dit :

l'absurdité plus loin encore : du fait même que le monde, quand bien même il aurait un sens, nous est objectivement inaccessible, nous ne pourrions l'affirmer objectivement vrai quand bien même nous l'appréhenderions dans sa vérité pleine et entière, de par le caractère subjectif avéré de la raison.                                                                                  La réponse à l'absurde du monde est donc obligatoirement artistique : inventer. Ce qui nous mène au tout est art. La beauté sauvera le monde, sous toutes ses formes...                   

encore une version nihiliste de la présence humaine sur cette terre...

qui prouve simplement, non pas que le monde, si il a un sens, nous est inconnaissable, mais que "l'absurde" est une position qui signe une interminable confusion entre la signification et la quête du sens, car dire que la raison en étant déficiente à signifier l'objectivité à cause de sa subjectivité inhérente, condamne l'intelligence à n'être que "raison raisonnante"...

jusqu'à survaloriser le beau en lieu et place du bien et du vrai...triste défaite de ces humains gavés d'idéalisation du signifiant, et oublieux de leur nature intellectuelle contemplative, qui ne recherche le beau que pour son émotion et donc finissent dans un "sentiment plus ou moins absurde "du réel réinventé, alors que l'acte contemplatif touche l'être de chaque réalité et connait donc le monde comme présence actuelle objective...mais cela on en vit ou on en dévie...pour vous c'est de toute évidence une déviance...

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Il y a 3 heures, zeugma a dit :

encore une version nihiliste de la présence humaine sur cette terre...

Du tout. C'est le contraire. C'est parce que le rapport humain au monde est absurde que l'être humain évolue, grâce à sa capacité infinie de l'inventer, l'interpréter, l'imaginer, l'esthétiser à l'infini. C'est paradoxalement confronté au à l'absurde, au vide, que l'esprit humain peut évoluer à l'infini...

Il y a 3 heures, zeugma a dit :

qui prouve simplement, non pas que le monde, si il a un sens, nous est inconnaissable, mais que "l'absurde" est une position qui signe une interminable confusion entre la signification et la quête du sens, car dire que la raison en étant déficiente à signifier l'objectivité à cause de sa subjectivité inhérente, condamne l'intelligence à n'être que "raison raisonnante"...

Raison "résonnante", écho de la réalité changeante, qui ne nous est accessible que par ses manifestations successives, que nous interprétons...

Il y a 3 heures, zeugma a dit :

jusqu'à survaloriser le beau en lieu et place du bien et du vrai...triste défaite de ces humains gavés d'idéalisation du signifiant, et oublieux de leur nature intellectuelle contemplative, qui ne recherche le beau que pour son émotion et donc finissent dans un "sentiment plus ou moins absurde "du réel réinventé, alors que l'acte contemplatif touche l'être de chaque réalité et connait donc le monde comme présence actuelle objective...mais cela on en vit ou on en dévie...pour vous c'est de toute évidence une déviance...

Quand j'écris que la beauté sauvera le monde, je me réfère en clin d'œil à une discussion antérieure avec @Dompteur de mots où était évoqué Dostoïevski. C'est parce que nous avons forcément une vision esthétisée du monde que nous pouvons imaginer Sisyphe heureux, en réponse au sujet de @swam : c'est parce que Sisyphe peut imaginer, inventer, esthétiser son rocher qu'il peut supporter l'absurde de sa condition : on peut être heureux de pousser sans répit son rocher philosophique, religieux, artistique. C'est parce que le monde n'a aucun sens que la grandeur de l'homme consiste à lui en trouver un...

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zeugma Membre 670 messages
Baby Forumeur‚
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Il y a 18 heures, hdbecon a dit :

Du tout. C'est le contraire. C'est parce que le rapport humain au monde est 4 absurde que l'être humain évolue, grâce à sa capacité infinie de 2 l'inventer, l'interpréter, l'imaginer, l'esthétiser à l'infini. C'est paradoxalement confronté au à l'absurde, au 3 vide, que l'esprit humain peut évoluer à 1 l'infini...

  1. pourtant cette notion d'infini de la potentialité du faire et de la pensée, pose un problème de circonvolution du nécessaire et du superflus...
  2. la position qui prétend que les plus grandes avancées se font pendants les guerres sont faites en vue des guerres donc dans l'absurde et ce n'est pas pour moi recevable...
  3. le vide n'est même pas un repoussoir...il est l'espace de non décision pour des personnes qui ne veulent pas prendre en compte les limites naturelles de leur présence individuelle...
  4. et si le rapport de l'humain au monde est absurde, c'est que vous attribuez à toutes ses erreurs la même place, et la même importance, alors que les erreurs sont elles aussi de nature différentes...

vous...."Raison "résonnante", écho de la réalité changeante, qui ne nous est accessible que par ses manifestations successives, que nous interprétons... "

je pense et j'espère que vous ne confondez pas l'adéquation de l'intelligence au réel qui est garante de véracité de son jugement, et l'écho de la raison en ce qu'elle saisie de son propre positionnement logique et discursif, car la raison est nécessairement dans une auto-cohérence et une auto-évaluation logique de son discours et son efficience progressive...mais l'intelligence ne se réduit pas à la raison....n'est-ce-pas...?

vous...."C'est parce que le monde n'a aucun sens que la grandeur de l'homme consiste à lui en trouver un... "

cette assertion est assez conforme à nos trois derniers siècles d'usures et de sutures, car nous avons user et abuser des biens terrestres de façons immodérées et ravageuses, de nous avons dû aussi fermer des plaies qui dans leurs symbolisation cicatricielle, prétendent valoriser notre bravoure et notre domination sur la rudesse de la nature, (maladie, famine, inconfort du froid et de l'insécurité)...mais qu'avons nous construit ? (épidémies nouvelles, malnutrition persistante, stress quotidien, insécurité des guerres et autres agressions, pollutions, dérèglement climatique, dépendance énergétique majeure, soumission au système financier pour tout développement, etc...) si vous semblez satisfait de cette inventivité, libre à vous mais moi je ne marche pas dans cette voie destructrice généralisée...

il faut faire le tri dans toutes nos inventions et baliser l'effectuation des nos futurs...

ce n'est que là, que toute coopération doit prendre un sens, identifier la place de l'humanité dans la nature...

commençons par sauver "la vie"avant de sauver des vies, c'est à dire retrouvons une osmose entre notre présence humaine et notre milieu de vie...

 

cela devrait déjà occuper un bon siècle d'inventivités...:hello:

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Le ‎23‎/‎03‎/‎2017 à 08:04, zeugma a dit :

pourtant cette notion d'infini de la potentialité du faire et de la pensée, pose un problème de circonvolution du nécessaire et du superflu...

Il y a une différence entre le penser et le faire. La notion de potentialité tendant vers l'infini s'entend pour la pensée. La concrétisation suit loin derrière. Première circonvolution. Dans un monde esthétisé de fait, le nécessaire et le superflu sont plus complexes à circonvenir. Qu'est-ce que le nécessaire..? Manger, boire, se reproduire, dormir, survivre. Tous les efforts de la pensée ne devraient, dans un monde raisonnable, tendre qu'à ces fins. Or, nous vivons, du fait de notre conscience d'être au monde, dans notre rapport à celui-ci, dans le superflu. La conscience humaine, même, ne peut-elle pas se considérer dans ce contexte de l'absurde comme superflue..? Après tout, si le monde est absurde, notre pouvoir de connaissance, de réflexion ne l'est-il pas plus encore, dans son caractère vain..? C'est le sens de l'à quoi bon que je rajouterais au pourquoi. Dès lors, le superflu ne devient-il pas nécessaire à l'homme, comme seul moyen d'exprimer sa conscience..? La philosophie, dans le cadre de l'absurde, est superflue : pourtant, nous sommes ici à discuter ensemble. Parce que ce superflu nous est nécessaire : nous sommes nés pour réfléchir, inventer, quand bien même dans l'absolu, cela est vain : nous poussons notre rocher. Il faut imaginer Sisyphe heureux...

 

Le ‎23‎/‎03‎/‎2017 à 08:04, zeugma a dit :

la position qui prétend que les plus grandes avancées se font pendants les guerres sont faites en vue des guerres donc dans l'absurde et ce n'est pas pour moi recevable...

Je n'entends pas ton argument...

 

Le ‎23‎/‎03‎/‎2017 à 08:04, zeugma a dit :

le vide n'est même pas un repoussoir...il est l'espace de non décision pour des personnes qui ne veulent pas prendre en compte les limites naturelles de leur présence individuelle...

Le vide n'est effectivement pas un repoussoir. Je le définirais comme notre rapport au monde. C'est l'écart entre le monde objet de notre réflexion et notre réflexion au monde. Entre le monde tel qu'il est et notre conception du monde. Quand j'écris le monde tel qu'il est, j'entends le monde tel qu'il évolue. Le monde est en évolution perpétuelle, c'est une des raisons de la complexité de le concevoir. C'est dans cette différence que j'entends le vide. plus qu'un espace de non-décision, ce qu'il peut aussi être, pour celui, comme Meursault, qui choisit de ne pas vivre, dans le sens où il laisse le monde influer sur sa vie, où il se conforme à son influence, sans lui-même influer directement sur lui, je l'entends comme un espace d'incertitude, de conscience de la vanité de la conscience et de la raison, et de décision : le moment où l'on choisit de quelle façon on entend remplir ce vide, si on décide de le remplir. Le vide est l'endroit où nait ou meurt la volonté de vivre...

 

Le ‎23‎/‎03‎/‎2017 à 08:04, zeugma a dit :

et si le rapport de l'humain au monde est absurde, c'est que vous attribuez à toutes ses erreurs la même place, et la même importance, alors que les erreurs sont elles aussi de nature différentes...

C'est le rapport humain au monde qui est absurde. L'humain, lui, est une conscience au monde. Dans son rapport au monde, il lui faut bien pousser son rocher. Sisyphe est heureux quand il sait, paradoxalement, que son rapport au monde est absurde. Parce qu'il a conscience que ce rocher qui l'accompagne, il ne pourra jamais le connaître dans ses moindres détails : il pourra en voir , toucher chaque aspérité,  le sentir, le goûter, en entendre chaque bruit spécifique, il ne le connaitra encore que superficiellement : pour le connaître, il lui faudrait le briser pour en explorer l'intérieur, arrêter de pousser. C'est de cette méconnaissance  que Sisyphe tire son bonheur : il peut par l'imagination choisir l'intérieur de son rocher, l'habiter, le décorer à sa guise. C'est la richesse de l'homme de pouvoir choisir son illusion, son erreur. Il y a donc autant d'erreurs différentes que de rochers...

 

Le ‎23‎/‎03‎/‎2017 à 08:04, zeugma a dit :

je pense et j'espère que vous ne confondez pas l'adéquation de l'intelligence au réel qui est garante de véracité de son jugement, et l'écho de la raison en ce qu'elle saisie de son propre positionnement logique et discursif, car la raison est nécessairement dans une auto-cohérence et une auto-évaluation logique de son discours et son efficience progressive...mais l'intelligence ne se réduit pas à la raison....n'est-ce-pas...?

C'est tout de même la raison qui évalue, analyse, met en forme et décide du moyen d'expression de nos sensations, intuitions, ou sentiments. Autant de filtres entre nous et le monde, qui en font l'absurde et la richesse. Un tableau de Van Gogh en dit autant sur le monde qu'une pièce de Shakespeare. Notre raison conçoit le monde plus qu'elle ne l'explique. Je suis assis sur une chaise. Cette chaise, je peux l'expliquer dans ses moindres détails, en tant qu'elle est chaise. Ainsi du monde. Si je peux expliquer la chaise, en tant qu'elle est chaise ici et maintenant, je conçois que cette chaise n'a pas toujours existé, n'existera pas toujours. Que les différents matériaux qui composent cette chaises ont existé sous d'autres formes, existerons sous d'autres. Que la chaise que je vois ici et maintenant n'est qu'une conception éphémère. Ainsi du monde...

 

Le ‎23‎/‎03‎/‎2017 à 08:04, zeugma a dit :

vous...."C'est parce que le monde n'a aucun sens que la grandeur de l'homme consiste à lui en trouver un... "

cette assertion est assez conforme à nos trois derniers siècles d'usures et de sutures, car nous avons user et abuser des biens terrestres de façons immodérées et ravageuses, de nous avons dû aussi fermer des plaies qui dans leurs symbolisation cicatricielle, prétendent valoriser notre bravoure et notre domination sur la rudesse de la nature, (maladie, famine, inconfort du froid et de l'insécurité)...mais qu'avons nous construit ? (épidémies nouvelles, malnutrition persistante, stress quotidien, insécurité des guerres et autres agressions, pollutions, dérèglement climatique, dépendance énergétique majeure, soumission au système financier pour tout développement, etc...) si vous semblez satisfait de cette inventivité, libre à vous mais moi je ne marche pas dans cette voie destructrice généralisée...

il faut faire le tri dans toutes nos inventions et baliser l'effectuation des nos futurs...

ce n'est que là, que toute coopération doit prendre un sens, identifier la place de l'humanité dans la nature...

commençons par sauver "la vie"avant de sauver des vies, c'est à dire retrouvons une osmose entre notre présence humaine et notre milieu de vie...

 

cela devrait déjà occuper un bon siècle d'inventivités...:hello:

Nous sommes des êtres pensants pour le meilleur et pour le pire. On peut voir tout en noir, tout en blanc, tout en gris, tout en couleur. C'est à nous de décider. Nous avons aujourd'hui le pouvoir, par internet, de relier les consciences. Le monde virtuel prend le pas sur le monde réel, pour le meilleur et pour le pire. A nous de l'utiliser pour le meilleur. L'avènement du virtuel n'amène t-il pas d'ailleurs à repenser le monde du point de vue platonicien..?

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Le 21/03/2017 à 18:37, Demonax a dit :

Absurde : Ce qui n'est pas réaliste/logique.

Si ce n'était que cela l'absurde, ce ne serait pas la peine de se tourmenter.

Est ce que les personnes qui étudient la mécanique quantique en sortent hantées par la souffrance ?

 

Non le probème de l'absurde c'est: 

Est ce que la vie vaut la peine d'etre vécue ?

A quoi ça sert tout ça ?

Qu'est ce qui a une importance ?

Qu'est ce que je fais la ?

 

 

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Le 22/03/2017 à 12:31, hdbecon a dit :

Du tout. C'est le contraire. C'est parce que le rapport humain au monde est absurde que l'être humain évolue, grâce à sa capacité infinie de l'inventer, l'interpréter, l'imaginer, l'esthétiser à l'infini. C'est paradoxalement confronté au à l'absurde, au vide, que l'esprit humain peut évoluer à l'infini..

Si on évolue c'est parce que l'on ne croit pas a l'absurde, on ne veut pas y croire, on cherche des solutions, on se débat tant que l'on peut.

Je ne pense pas que l'esthétisme soit une réponse a l'absurde, que la beauté puisse sauver le monde.

Ce qui est beau peut etre dépourvu de sens, d'une beauté froide et indifférente.

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il y a 49 minutes, hdbecon a dit :

C'est le rapport humain au monde qui est absurde. L'humain, lui, est une conscience au monde. Dans son rapport au monde, il lui faut bien pousser son rocher. Sisyphe est heureux quand il sait, paradoxalement, que son rapport au monde est absurde. Parce qu'il a conscience que ce rocher qui l'accompagne, il ne pourra jamais le connaître dans ses moindres détails : il pourra en voir , toucher chaque aspérité,  le sentir, le goûter, en entendre chaque bruit spécifique, il ne le connaitra encore que superficiellement : pour le connaître, il lui faudrait le briser pour en explorer l'intérieur, arrêter de pousser. C'est de cette méconnaissance  que Sisyphe tire son bonheur : il peut par l'imagination choisir l'intérieur de son rocher, l'habiter, le décorer à sa guise. C'est la richesse de l'homme de pouvoir choisir son illusion, son erreur. Il y a donc autant d'erreurs différentes que de rochers...

C'est vraiment curieux comme interprétation du " Sisyphe heureux"

Selon moi Sisyphe n'en a rien a faire d'étudier son rocher, de l'esthétiser, il trouve son "bonheur" dans le fait de repousser toujours ce qui l'écrase, d'exercer sa force, de ne pas renoncer.

Plus l'ennemi est fort plus cela prouve notre force.

 

C'est a rapprocher de la célèbre tirade de Pascal:

L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien.

 

Je pense également aux freres Karamazov, un long passage ou Ivan discute avec un sage.

 

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