Aller au contenu

Le sentiment de l'absurde peut-il nous rendre heureux ?

Noter ce sujet


Invité

Messages recommandés

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)
Comment interprétez vous les dernières phrases du roman de Camus " l'étranger", optimiste, pessimiste ?
 
Et moi aussi je me suis senti prés a tout revivre.
Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois a la tendre indifférence du monde.
De l'éprouver si pareil a moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore.
Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait a souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.
 
Modifié par swam
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Invité Lowy
Invités, Posté(e)
Invité Lowy
Invité Lowy Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 1 heure, swam a dit :
Comment interprétez vous les dernières phrases du roman de Camus " l'étranger", optimiste, pessimiste ?
 

ni l'un; ni l'autre: juste réaliste avec toute l'absurdité que ça comporte.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 1 heure, swam a dit :

Comment interprétez vous les dernières phrases du roman de Camus " l'étranger", optimiste, pessimiste ?

Peut-on parler d'un absurde optimiste, d'un absurde pessimiste..?

Bonne question. Meursault se dit "prêt à tout revivre. " entendons : vivre à nouveau la même absurdité. Parce qu'il est "purgé du mal", "vidé d'espoir". Cette "grande colère", qui l'a purgé, c'est l'affrontement avec l'aumônier, son refus du secours de la religion, son refus de donner un sens à son existence et au monde : c'est dans ce sens que Meursault est heureux ; l'adéquation entre l'absurde de son existence et l'absurde de l'existence du monde. Meursault sait que sa vie est absurde, que le monde est absurde. Il n'est pas une absurdité dans un monde qui a sens, ou le sensé dans un monde absurde. C'est lui qui est le plus sensé, le plus vrai, quand le monde autour de lui donne un sens à ce qui n'en a pas. Il est en harmonie avec lui-même et le monde.

L' Etranger est le roman du factuel : Meursault nait, vit une suite de faits, meurt. Ces faits, il refuse de leur donner un sens. Ni regrets, ni remords. c'est pour cela qu'il est condamné à mort. On peut rapprocher Meursault du prince Mychkine, l'idiot de Dostoïevski, pour leur volonté de vivre leur vérité quoiqu'il arrive...

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)
il y a 3 minutes, hdbecon a dit :

Peut-on parler d'un absurde optimiste, d'un absurde pessimiste..?

Bonne question. Meursault se dit "prêt à tout revivre. " entendons : vivre à nouveau la même absurdité. Parce qu'il est "purgé du mal", "vidé d'espoir". Cette "grande colère", qui l'a purgé, c'est l'affrontement avec l'aumônier, son refus du secours de la religion, son refus de donner un sens à son existence et au monde : c'est dans ce sens que Meursault est heureux ; l'adéquation entre l'absurde de son existence et l'absurde de l'existence du monde. Meursault sait que sa vie est absurde, que le monde est absurde. Il n'est pas une absurdité dans un monde qui a sens, ou le sensé dans un monde absurde. C'est lui qui est le plus sensé, le plus vrai, quand le monde autour de lui donne un sens à ce qui n'en a pas. Il est en harmonie avec lui-même et le monde.

L' Etranger est le roman du factuel : Meursault nait, vit une suite de faits, meurt. Ces faits, il refuse de leur donner un sens. Ni regrets, ni remords. c'est pour cela qu'il est condamné à mort. On peut rapprocher Meursault du prince Mychkine, l'idiot de Dostoïevski, pour leur volonté de vivre leur vérité quoiqu'il arrive...

Oui, je crois que nous avons la meme lecture ( métonymie ).

Meursault est heureux  a postériori, comme une justification de la vie absurde qu'il a mené.

Mais comme il prend conscience avant de mourir que l'univers est absurde, il comprend qu'il a eu raison.

Et s'il voudrait etre accueilli avec des cris de haine avant de rendre son dernier souffle c'est parce que la haine participe de l'absurde, contrairement a l'amour.

 

 

Par contre je ne suis pas du tout d'accord avec ton dernier paragraphe, le prince Mychkine, "l'idiot" est exactement le contraire de Meursault l'homme absurde.

Et tout le monde finit par le reconnaitre.

On peut certes etre inébranlable dans sa vérité, mais il y a de sacrées différences entre les vérités.

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)
il y a 19 minutes, swam a dit :

Par contre je ne suis pas du tout d'accord avec ton dernier paragraphe, le prince Mychkine, "l'idiot" est exactement le contraire de Meursault l'homme absurde.

Et tout le monde finit par le reconnaitre.

On peut certes etre inébranlable dans sa vérité, mais il y a de sacrées différences entre les vérités.

Ils son contraires dans leurs idées, mais identiques dans leur principe...

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Obsédé textuel, 71ans Posté(e)
Gouderien Membre 34 539 messages
71ans‚ Obsédé textuel,
Posté(e)
Il y a 4 heures, swam a dit :
Comment interprétez vous les dernières phrases du roman de Camus " l'étranger", optimiste, pessimiste ?
 
Et moi aussi je me suis senti prés a tout revivre.
Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois a la tendre indifférence du monde.
De l'éprouver si pareil a moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore.
Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait a souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.
 

J'ai lu Camus il y a longtemps, et je n'ai jamais replongé dedans, fort heureusement.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)
à l’instant, Gouderien a dit :

J'ai lu Camus il y a longtemps, et je n'ai jamais replongé dedans, fort heureusement.

Dans "il faut imaginer Sisyphe heureux", il ne prend pas du tout la meme position face a l'absurde.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 21 heures, swam a dit :

Dans "il faut imaginer Sisyphe heureux", il ne prend pas du tout la meme position face a l'absurde.

 

Ah. Qu'est ce qui te fait dire ça ?

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
Posté(e)
il y a une heure, Théia a dit :

 

Ah. Qu'est ce qui te fait dire ça ?

Il ne fait que répéter ce que les autres disent.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)

Je n'ai vu personne évoquer le Mythe de Sisyphe avant lui sur ce topic.

Les deux oeuvres ont été écrites quasiment en même temps, toutes deux traitent de l'absurde, elles s'enrichissent et se complètent, alors je suis curieuse de savoir ce qui fait dire à Swam que Camus n'y "prend pas du tout la même position face à l'absurde". Il a surement une bonne raison, j'aimerais juste savoir à quoi il pense.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 19 heures, Maroudiji a dit :

Il ne fait que répéter ce que les autres disent.

Oui c'est ça maroudiji, dans toutes mes interventions ici je ne fais que répéter ce que les autres disent, je n'ai aucune originalité, je suis creux, je n'ai rien a dire, je n'émets jamais aucune idée.

C'est mon portrait que tu fais ici ou le tien ?

 

Les humains sont incroyables !  Toujours a voir chez les autres leurs propres défauts, la paille et la poutre....

Les incohérents vous trouvent incohérent, les hypocrites  vous trouvent hypocrites, les coquilles vides vous trouvent creux, les suiveurs pensent que vous n'avez aucune originalité, les nuisibles vous trouvent manipulateur, les mal-comprenant pensent que vous ne comprenez rien, les egos boursouflés vous trouvent prétentieux, les égocentriques pensent que vous n'avez aucune générosité.....

 

Heureusement il y a quelques exceptions que l'on remarque tout de suite, tellement elles se démarquent des autres.

Modifié par swam
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 18 heures, Théia a dit :

Je n'ai vu personne évoquer le Mythe de Sisyphe avant lui sur ce topic.

Les deux oeuvres ont été écrites quasiment en même temps, toutes deux traitent de l'absurde, elles s'enrichissent et se complètent, alors je suis curieuse de savoir ce qui fait dire à Swam que Camus n'y "prend pas du tout la même position face à l'absurde". Il a surement une bonne raison, j'aimerais juste savoir à quoi il pense.

Bonjour Théia,

 

Oui elles ont eté écrites dans la meme année.

 

Il y a 2 ans j'avais entendu sur France Culture une "spécialiste" de Camus dire que "l'étranger" est une oeuvre trés pessimiste ( ça ce n'est pas original ) mais que la fin ( que j'ai cité )se terminait sur une note d'espoir.

Ce qui n'est pas du tout mon avis, la fin est le couronnement de l'absurde.

Le seul moyen d'etre heureux dans ce monde absurde, c'est d'etre un homme absurde, étranger aux etres et aux choses, une sorte de zombie.

 

Alors que dans son " il faut imaginer Sisyphe heureux", Sisyphe est l'anti Meursault, c'est un lutteur, un "homme révolté".

Dans un monde absurde, le bonheur consiste a lutter contre l'absurde.

Devenir plus fort a chaque fois que l'on s'oppose a l'absurde, a chaque fois que l'on pousse "sa pierre".

La construction du sens a besoin de l'absurde, par les tentatives que l'on fait pour grognoter sur lui un peu de terrain.

 

 

 

C'est ainsi que moi je comprend ces 2 oeuvres, et Camus etait sans doute beaucoup plus proche de Sisyphe que de Meursault.

 

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Le ‎2017‎-‎03‎-‎04 à 09:54, swam a dit :
Comment interprétez vous les dernières phrases du roman de Camus " l'étranger", optimiste, pessimiste ?

Et moi aussi je me suis senti prés a tout revivre. Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois a la tendre indifférence du monde.
De l'éprouver si pareil a moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore.
Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait a souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.

L'idée semble être de montrer que le personnage, engourdi par le nihilisme, embrasse finalement cette absence de sens. À la toute fin du roman, il se révèle comme un Sisyphe qui, pris dans son destin, poussant sa roche, sourit à son labeur insensé. L'intervention du prêtre lui donne tout simplement le recul nécessaire afin d'apprécier cette perspective. Il y a donc une touche d'optimisme. Si on peut appeler ça de l'optimisme. Pas sûr qu'on le peut.

Sincèrement, lorsque j'ai lu le roman, j'ai trouvé que la fin était un peu bâclée. J'aurais voulu qu'il se termine par un point d'interrogation. L'ouvrage aurait alors parfaitement introduit l'atmosphère de départ et l'interrogation auxquels répond le Mythe de Sisyphe. C'est comme si Camus n'avait pas pu résister à nous plaquer sa thèse, comme si le philosophe avait parlé plus fort que le romancier.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)
il y a 19 minutes, Dompteur de mots a dit :

L'idée semble être de montrer que le personnage, engourdi par le nihilisme, embrasse finalement cette absence de sens. À la toute fin du roman, il se révèle comme un Sisyphe qui, pris dans son destin, poussant sa roche, sourit à son labeur insensé. L'intervention du prêtre lui donne tout simplement le recul nécessaire afin d'apprécier cette perspective. Il y a donc une touche d'optimisme. Si on peut appeler ça de l'optimisme. Pas sûr qu'on le peut.

 

Je dirais plutot que son nihilisme naturel, son indifférence aux etres et aux événements, se trouve validé tout a la fin par la prise de conscience qu'en étant ce qu'il est, il est semblable a l'univers, et donc qu'il a vécu comme il fallait, il a eu raison.

Pour ce qui est du labeur également, je ne vois pas du tout Meursault comme un homme laborieux, contrairement a Sisyphe, il ne prend part a rien.

 

Pour moi c'est une oeuvre d'un pessimisme absolu, mais son "Sisyphe heureux" en prend le contre-pied.

 

 

 

 

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Le 04/03/2017 à 18:29, hdbecon a dit :

Peut-on parler d'un absurde optimiste, d'un absurde pessimiste..?

Bonne question. Meursault se dit "prêt à tout revivre. " entendons : vivre à nouveau la même absurdité. Parce qu'il est "purgé du mal", "vidé d'espoir". Cette "grande colère", qui l'a purgé, c'est l'affrontement avec l'aumônier, son refus du secours de la religion, son refus de donner un sens à son existence et au monde : c'est dans ce sens que Meursault est heureux ; l'adéquation entre l'absurde de son existence et l'absurde de l'existence du monde. Meursault sait que sa vie est absurde, que le monde est absurde. Il n'est pas une absurdité dans un monde qui a sens, ou le sensé dans un monde absurde. C'est lui qui est le plus sensé, le plus vrai, quand le monde autour de lui donne un sens à ce qui n'en a pas. Il est en harmonie avec lui-même et le monde.

L' Etranger est le roman du factuel : Meursault nait, vit une suite de faits, meurt. Ces faits, il refuse de leur donner un sens. Ni regrets, ni remords. c'est pour cela qu'il est condamné à mort. On peut rapprocher Meursault du prince Mychkine, l'idiot de Dostoïevski, pour leur volonté de vivre leur vérité quoiqu'il arrive...

J'ajouterai juste à ta fin de phrase "volonté de vivre leur vérité quoiqu'il arrive, en toute innocence...", ce qui justifierait ce parallèle, également établi par Sartre, avec le personnage de Muichkine vivant "dans un perpétuel présent, nuancé de sourires et d'indifférence". 

Innocence coupable, aux yeux de la société, de celui qui n'aime pas comme les autres sa mère ou sa compagne.  

L'approche de la mort est l'heure de vérité, s'il en est. Meursault aurait pu douter de lui face à la mort, mais en présence de l'aumônier, il n'abdique en rien sa vérité qui fait de lui le scandale de la société. Mieux encore, il se trouve conforté à l'idée de ne jamais vivre dans l'espoir. Si la vie était à refaire, il serait prêt plus que jamais à revivre sa vie dans cette même relation absurde entre lui et le monde.

Modifié par tison2feu
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
il y a 9 minutes, tison2feu a dit :

J'ajouterai juste à ta fin de phrase "volonté de vivre leur vérité quoiqu'il arrive, en toute innocence...", ce qui justifierait ce parallèle, également établi par Sartre, avec le personnage de Muichkine vivant "dans un perpétuel présent, nuancé de sourires et d'indifférence". 

Comment peut-on affirmer que Muichkine vit dans l'indifférence ? Une certaine forme d'innocence, oui, mais de l'indifférence ? N'est-il pas tout sauf indifférent ? En fait, les deux ressemblances que je vois entre Meursault et Muichkine, c'est leur marginalité et leur solitude.

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Il y a 21 heures, swam a dit :

Je dirais plutot que son nihilisme naturel, son indifférence aux etres et aux événements, se trouve validé tout a la fin par la prise de conscience qu'en étant ce qu'il est, il est semblable a l'univers, et donc qu'il a vécu comme il fallait, il a eu raison.

Hmmm. La fin du roman me semble marquer une véritable nouveauté dans l'univers intérieur de Meursault. Soudainement, le texte rompt avec la froideur et la factualité de la narration et Camus insère quelques envolées poétiques, de manière à nous faire saisir ce soudain bouleversement intérieur.

Il y a 21 heures, swam a dit :

Pour ce qui est du labeur également, je ne vois pas du tout Meursault comme un homme laborieux, contrairement a Sisyphe, il ne prend part a rien.

C'est-à-dire que le labeur de Sisyphe, c'est l'existence elle-même. Mais, chose sûre, Meursault n'est pas un être révolté.

Il y a 21 heures, swam a dit :

Pour moi c'est une oeuvre d'un pessimisme absolu, mais son "Sisyphe heureux" en prend le contre-pied.

Pourquoi pessimiste ?

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 22 heures, swam a dit :

 

Je dirais plutot que son nihilisme naturel, son indifférence aux etres et aux événements, se trouve validé tout a la fin par la prise de conscience qu'en étant ce qu'il est, il est semblable a l'univers, et donc qu'il a vécu comme il fallait, il a eu raison.

Pour ce qui est du labeur également, je ne vois pas du tout Meursault comme un homme laborieux, contrairement a Sisyphe, il ne prend part a rien.

 

Pour moi c'est une oeuvre d'un pessimisme absolu, mais son "Sisyphe heureux" en prend le contre-pied.

 

 

 

 

 

 

Il y a bien sûr un décalage entre le roman et sa traduction philosophique. Mais, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi pour conclure à un pessimisme absolu se dégageant de L'Etranger. La nature est un personnage du roman qui reste omniprésent jusqu'à l'excipit où, après le départ du curé, il est précisé :

"Lui parti, j'ai retrouvé le calme. J'étais épuisé et je me suis jeté sur ma couchette. Je crois que j'ai dormi parce que je me suis réveillé avec des étoiles sur le visage. Des bruits de campagne montaient jusqu'à moi. Des odeurs de nuit, de terre et de sel rafraîchissaient mes tempes. La merveilleuse paix de cet été endormi entrait en moi comme une marée. À ce moment, et à la limite de la nuit, des sirènes ont hurlé. Elles annonçaient des départs pour un monde qui maintenant m'était à jamais indifférent. Pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai pensé à maman. Il m'a semblé que je comprenais pourquoi à la fin d'une vie elle avait pris un « fiancé », pourquoi elle avait joué à recommencer. Là-bas, là-bas aussi, autour de cet asile où des vies s'éteignaient, le soir était comme une trêve mélancolique. Si près de la mort, maman devait s'y sentir libérée et prête à tout revivre. Personne, personne n'avait le droit de pleurer sur elle. Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre (...)". 

Ne peut-on déceler un semblant d'osmose entre la "tendre" indifférence de la nature et l'indifférence pourtant complice de Meursault ? (Peut-être faut-il être Latin pour comprendre cela !). A la fin du roman, nous savons que cette relation entre la nature et Meursault est absurde mais "fraternelle". Le pessimisme n'est pas absolu parce que Meursault n'est jamais véritablement seul. Il a des frères d'indifférence, comme nous pourrions avoir des compagnons d'infortune.

Cette nature n'est-elle pas extraordinaire puisque, souvenons-nous en, Meursault se trouve " devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles" ?! En clair, la nature est chargé de mystères/signes - telle est l'illumination finale du roman ! - dont le sens est de ne pas avoir de sens ! C'est là où je décroche complètement avec la pensée invraisemblable de Camus... Camus est viscéralement, comme je puis l'être moi-même, un amoureux de la nature mais il ne veut pas l'avouer pour la commodité d'une démonstration à laquelle je ne peux adhérer.

Modifié par tison2feu
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)
il y a 23 minutes, Dompteur de mots a dit :

Pourquoi pessimiste ?

Parce que la vérité révélée tout a la fin c'est qu'il n'existe qu'un univers indifférent.

Meursault le trouve fraternel a lui parce que lui meme est indifférent a tout.

 

Il souhaite meme etre accueilli avec des cris de haine lors de son exécution, car s' il était accueilli plutot avec un peu d'amour, de pitié ou de compassion, cela voudrait dire qu'il s'est trompé toute sa vie.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
il y a 44 minutes, swam a dit :

Meursault le trouve fraternel a lui parce que lui meme est indifférent a tout.

 

Il souhaite meme etre accueilli avec des cris de haine lors de son exécution, car s' il était accueilli plutot avec un peu d'amour, de pitié ou de compassion, cela voudrait dire qu'il s'est trompé toute sa vie.

Ou plus probablement parce que ni Meursault ni la nature ne s'aviseraient de porter des jugements sur autrui. Ainsi appréhendée, l'indifférence ne serait-elle pas une condition préalable (être "purgé du mal") à la mise en oeuvre de toute fraternité digne de ce nom ? Le mal est dans le jugement, non pas dans l'expression de l'émotion amoureuse.

Ou dit encore autrement, Meursault est viscéralement indifférent au monde des humains qui portent des cris de haine, à savoir des jugements sur autrui.

Modifié par tison2feu
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement

×