Les préférences harmoniques ne sont pas innées.

Bonjour!

Voici un article passionnant pour qui s'intéresse à la musique, en particulier musiques d'autres horizons:

Dissonant tones sound fine to people not raised on Western music (en anglais)

Je vais résumer quelques parties tout en ajoutant quelques explications.

Le titre, déjà: "Les tons dissonants sonnent agréablement pour les gens n'ayant pas été éduqués à la musique occidentale"

Quelques bases très rapides en musique:

Dans une octave (l'espace entre un do et le prochain do), l'on distingue douze notes (en comptant le premier do), réparties à des distances proches mais pas exactement égales, correspondant à un demi-ton. Parmi ces douze notes, il existe différentes façons d'en choisir sept, selon quels tons et demi-tons l'on laisse entre; ce sont des gammes, dont les plus communes sont la majeure, la mineure, l'harmonique mineure, la mineure mélodique; chacune peut revêtir un caractère différent d'ailleurs, selon la base que l'on lui choisit parmi les sept (formant sept modes). Dans la musique populaire, il est très courant de ne choisir que cinq notes parmi les sept afin de former la gamme pentatonique si connue.

— En usant de combinaisons choisies de ces notes, l'on peut former des accords. L'accord le plus simple ne contient que trois notes, parmi une gamme de sept: la note principale, la tierce, la quinte. Sans rentrer dans les détails, la majorité des modes fixent la quinte alors que la tierce peut être mineure ou majeure, ce qui colore très différemment l'accord.

Nous sommes inconsciemment clairement formatés par ces bases, même sans solfège; ainsi, des musiques du monde peuvent sembler complètement dissonantes et incompréhensibles à la majorité des occidentaux les écoutant. C'est un peu le cas avec la musique arabe et la musique classique turque, basées sur une division de l'octave en vingt-quatre parties plutôt que douze, introduisant ainsi des quarts de tons (que beaucoup ne comprennent que comme des fausses notes, alors que c'est magnifique). C'est encore plus le cas avec des systèmes complètement différents, comme la musique thaïlandaise basée sur une division de l'octave en sept parties exactement égales et dont, donc, seule la note principale et l'équivalent de la "quinte diminuée" correspondent à des notes que nous connaissons.

Mais même en restant dans le même référentiel, nos bases dictent quels sont les accords que nous trouvons agréables, en particulier en fonction de leur position dans la musique et leur placement par rapport aux autres. Ainsi nous avons une préférence pour les accords 'consonants' par rapport aux accords 'dissonants' — à moins de trouver ceux-là dans des circonstances assez particulières, je pense à certains jazz complexes, pendant des transitions, qui ne sont pas du goût de tout le monde.

Cette étude porte seulement sur cet aspect, en particulier sur cette préférence envers les accords consonants. On savait qu'elle ne dépendait pas du fait que la personne ait un background musical (solfège, instrument); certains posaient alors l'idée qu'elle était innée. Or cette nouvelle étude, portant sur des boliviens vivants dans la jungle (les Tsimane) et des boliviens plus urbanisés, remet cela en question. Les premiers appréciaient autant les accords consonants que dissonants, et les derniers avaient une préférence pour les accords consonants, toutefois nettement moins marquée que des occidentaux. — Ainsi, l'expérience d'harmoniser un chant tsimane d'une manière consonante ou dissonante leur plaisait autant, esthétiquement.

La conclusion intéressante de cette étude: comprendre les tréfonds de la neuroscience requiert des études interculturelles. Ce constat qui était devenu une évidence pour certains autres domaines, comme l'ethnologie, devient de plus en plus clair pour les sciences expérimentales.

Les auteurs notent: "il est de plus en plus difficile cependant d'effectuer des recherches interculturelles" — à cause de l'expansion et de l'hégémonie de la culture occidentale, en l'occurrence musicale, de par le monde.

Vos réactions? :happy:

Salut,

Il suffit d'écouter un peu de musique japonaise ou chinoise pour s'en rendre compte.

Perso, j'ai du mal...!

Pour ce qui est de certaines sciences fondamentales, genre physique, ça ne semble pas être le cas, le langage utilisé et les maths semblent être compris par tous...

Je pense que l'on peut s'habituer à pas mal de chose. Apprécier des musiques différentes de la musique occidentale est une question de pratique.

Notamment, la musique japonaise ou chinoise surprend dans un premier moment mais elle devient agréable progressivement (en tous cas, je parle pour moi).

C'est vrai que si on faisait écouter de la musique dodécaphonique aux enfants dès leur plus jeune âge, ils finiraient sans doute par apprécier ça (pendant une courte période, avant de se jeter sur des musiques plus actuelles). Mais je ne vois pas au nom de quoi leur infliger une telle torture! :D

Je pense que l'on peut s'habituer à pas mal de chose. Apprécier des musiques différentes de la musique occidentale est une question de pratique.

Notamment, la musique japonaise ou chinoise surprend dans un premier moment mais elle devient agréable progressivement (en tous cas, je parle pour moi).

Bien d'accord, mais "s'habituer" est-il vraiment "apprécier" ?

C'est bien possible...

Pour le jazz par ex, j'aime bien, mais certains morceaux, trop dissonnants, même après les avoir écouté plusieurs fois...

Et si c'est une question culturelle, comment expliquer l'excellence orientale en musique classique européenne ?

Pas facile, mais intéressant !

Perso je trouve super tous ces differents styles de musique issues de cultures differentes. Ca prouve qu'il n'y a pas que notre mode de vie qui existe, et ça fait du bien je trouve. Je crois que j'arrive à apprecier la plupart des styles, par contre j'avoue que j'ai un peu de mal avec les chants religieux, même ceux de nos contrées Et le pire je crois pour moi c'est l'appel à la prière en haut des minarets. Une vrai torture pour moi, et je me demande comment les gens ne pètent pas les plombs en écoutant ça à longueur d'année

Voici une excellente vidéo pour décrypter le lien entre mathématiques et musique :

Nous nous habituons aux sons que nous enregistrons dans le ventre de notre mère. C'est pour cela que certaines langues étrangères nous sont difficiles à apprendre. Question de fréquences sonores différentes. Devenus adultes, nous percevons mal les sons différents.

Selon mon éducation et mon entourage je devrais être" formaté" pour ne supporter que de la musique occidentale et pourtant j'aime également la musique arabe, perse, japonaise.... et cela depuis ma très jeune enfance, alors que chez moi personne n'a écouté ce genre de musique. D'autre part je ne m'intéresse pas forcément à l'arrière plan culturel de cette musique "exotique", donc il s'agit bien des sons et seulement des sons qui provoquent une émotion chez moi, ce qui contredirait la thèse avancée précédemment.