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Lettre d'un «salaud de patron» à Philippe Martinez


lepequenot

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Membre, Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche, 57ans Posté(e)
lepequenot Membre 3 914 messages
57ans‚ Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche,
Posté(e)

Seconde missive de Julien Leclerq à Adolfo Martinez:

Cher M. Martinez,

Vous devez recevoir une multitude de courrier ces temps-ci, je me permets néanmoins de vous glisser une seconde lettre une semaine après la première que vous ne semblez pas avoir lue. Ou pas comprise, en tout cas.

M. Martinez, ça suffit maintenant! La plaisanterie - absolument pas drôle - a assez duré. Je ne prétends pas porter la voix de l'ensemble des entrepreneurs que compte la France (vous ne m'en voudrez surement pas, vous qui prétendez chaque jour représenter l'ensemble des salariés alors qu'ils sont moins de 3% à vous suivre), et je ne saurais dire si c'est la tristesse ou la colère qui prédomine chez eux, ni même chez moi. Mais je crois pouvoir vous affirmer que nous en avons assez.

Nous en avons assez de vous voir opposer en permanence les salariés et les chefs d'entreprise. Vous l'avez tellement fait que les entrepreneurs ne veulent plus entendre parler du mot de patron, félicitations. Une entreprise, ce sont des hommes et des femmes qui oeuvrent ensemble dans un intérêt commun: celui que tout aille pour le mieux. La bonne santé de l'entreprise va de pair avec sa pérennité, et avec celle des emplois qu'elle porte, si vous ne comprenez ça je vous suggère de changer de métier.

Nous en avons assez de vous entendre justifier vos positions caricaturales par votre haine contre le gouvernement. «Valls et Hollande l'ont bien cherché», dîtes-vous. Je ne défendrai pas le pouvoir exécutif, duquel nous étions tous en droit - vous compris - d'attendre bien des choses et qui aura déçu beaucoup de monde. Mais ce que vous êtes en train de faire de notre pays dépasse largement le sort de ces responsables politiques qui ont de toute façon de grandes chances d'être poussés vers la sortie en mai prochain. Les conséquences des nombreux blocages dont vous êtes l'auteur seront désastreuses, notamment pour le tourisme, qui pèse 7% du PIB, pour ne citer que lui.

Nous en avons assez que vous vous cachiez derrière cette loi Travail pour expliquer votre action étouffante. Elle est devenue un détail, un prétexte, autour duquel soit dit en passant vous racontez là aussi un certain nombre de mensonges (je laisse la CFDT vous répondre sur ce point, ils sont certainement plus experts que moi). Je vous soupçonne même de vous en moquer totalement, bien trop content d'être à la une des médias depuis tant de temps (seule la météo a réussi à vous en éloigner, vous devez détester la pluie, non?)

Nous en avons assez que vous fassiez croire à nos jeunes qu'ils n'ont pas d'autre avenir possible que de se retrouver au chômage ou de se faire exploiter par les esclavagistes que nous sommes, nous dirigeants de PME. Vous rendez-vous compte de la responsabilité que vous avez quand vous sortez ce genre d'âneries?

Nous en avons assez de vous entendre assimiler le travail à une souffrance alors qu'il est une extraordinaire voie d'épanouissement quand on sait le choisir avec soin. La France permet de changer d'employeur et même de métier quand on est malheureux, le saviez-vous?

M. Martinez, les gens que vous emmerdez tous les jours depuis de longues semaines ne sont pas ceux que vous visez. Qui croyez-vous toucher quand vous bloquez les trains ou le métro? Qui croyez-vous toucher quand vous coupez l'électricité dans des foyers du Lot-et-Garonne, l'un des départements les plus pauvres de France au niveau du revenu par habitant? Croyez-vous sincèrement que ce sont ces «actionnaires richissimes» que vous honnissez? Ce jeudi à Nantes, vous avez débarqué non sans violence dans une soirée organisée par le Centre des Jeunes Dirigeants d'entreprise, mouvement associatif réputé pour les valeurs humanistes qu'il défend. Vous avez empêché l'évènement de se tenir. Seule conséquence? Aucunes recettes, qui devaient pourtant être reversées à deux fondations caritatives. Qui prétendez-vous défendre dans ce type d'initiatives lumineuses?

M. Martinez, vous acculez des commerçants, qui ont déjà bien du mal à joindre les deux bouts. Vous faites perdre du travail à des artisans, vous bloquez des TPE et des PME, et en premier lieu les salariés qui y travaillent. Les gens que vous touchez? C'est Nicolas, dont l'entreprise de transport est au chômage partiel faute de gasoil et qui flirte avec le dépôt de bilan. C'est Martine, hôtelière qui en quelques jours a perdu 80% de ses réservations pour le mois de juin, mois où la France devrait accueillir l'Europe entière, et qui ne sait comment verser ses salaires (le sien inclus, rassurez-vous) dans trois semaines. Je ne parle pas des familles que vous privez d'énergie, de courrier, ou les villes que vous paralysez en ne triant plus les déchets. Arrêtez de vous cacher derrière des faux-semblants et des discours à la mords-moi-le-nœud. Les personnes que vous impactez tous les jours, ce ne sont pas ceux qui ont des jets privés et que vous fustigez tant. Ceux-là, ça fait bien longtemps qu'ils ne prennent plus ni le métro ni le train.

Vous dites défendre l'intérêt des salariés? Ce sont pourtant des salariés qui ont écrit et imprimé les journaux que vous avez décidé de détruire la semaine dernière simplement parce qu'ils avaient refusé de publier l'une de vos tribunes.

Vous n'êtes pas un terroriste M. Martinez. Je suis navré que Pierre Gattaz ait employé ce terme à ne surtout pas galvauder, comme je regrette que la CFDT soit traitée de collabo par vos ouailles parce qu'elle a un avis différent du vôtre. «Collabo», cela revient à assimiler le gouvernement, le Medef, ou un certain nombre d'entreprises au régime nazi, un autre terme à ne pas galvauder non plus. Mais soyez vigilant M. Martinez: lorsque vous bloquez l'ensemble des journaux qui ne partagent pas votre point de vue, lorsque vous privez des foyers de matières premières aussi indispensables que l'électricité, ou quand vous débarquez violemment dans des «soirées de patrons» (ce sont vos termes) sans aucune intention de dialoguer, vous flirtez dangereusement avec des méthodes fascisantes. Bien sûr fasciste vous ne l'êtes pas non plus, et j'imagine facilement que vous détestez ce mot encore plus que le patronat. Prenez donc soin de vous en éloigner rapidement, et de fuir l'extrémisme dans lequel vous vous enfermez. J'ajoute au passage que couper le courant chez Pierre Gattaz, syndicaliste engagé comme vous, c'est un peu minable. Faites gaffe, il pourrait lancer un hashtag #desmerguezchezmartinez en représailles.

Où va s'arrêter la surenchère? Quelle issue peut-il y avoir à cet affrontement que vous avez choisi de mener? Nous avons déjà plusieurs fois frôlé la catastrophe. Chaque jour ou presque apporte son lot de blessés, et de bavures des deux côtés. Que se passera t-il lorsqu'immanquablement, dans quelques jours sans doute, l'un de ces blessés ne se relèvera pas?

M. Martinez, la semaine dernière vous avez été pris à partie par un «petit» entrepreneur breton, devant lequel vous êtes resté les bras croisés, lui apportant comme seule réponse que «vous ne bloquez rien du tout» (ah bon??). Je vous invite à prendre quelques secondes de votre temps pour jeter un œil à la vidéo qui en résulte. Même excédé, même à bout, même en détresse, il n'y avait aucune violence en lui, ni dans ses gestes ni dans ses propos. C'est cela M. Martinez vouloir le dialogue. Quand on me demande la première qualité nécessaire pour être un bon entrepreneur, je réponds toujours «savoir se remettre en question». J'ose croire que cette qualité ne serait pas en trop pour le syndicaliste que vous êtes. Si vous en êtes incapable, peut-être serait-il bon que vous suiviez une formation (le gouvernement a mis le paquet à ce niveau-là, profitez-en!).

J'insiste, M. Martinez, sur le fait que je ne suis un fervent défenseur ni du gouvernement, qui aurait dû choisir une approche bien différente, ni de cette loi travail qui ne créera pas beaucoup d'emplois, le sujet n'est pas là. Le sujet, c'est la facture qui ne cesse de s'alourdir pour des milliers de petites boites que vous étouffez un peu plus chaque jour. Ces petites boites qui sont le tissu économique français, ces petites boites qui sont les seules susceptibles de créer de l'emploi et donc de réduire les fractures sociales que compte la France. Ces petites boites, M. Martinez, je vous le répète: ce ne sont pas seulement leurs patrons que vous détestez tant, ce sont aussi les salariés qui y travaillent.

Bien vu mr Leclerq

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Membre, 77ans Posté(e)
Scrongneugneu Membre 6 167 messages
Forumeur vétéran‚ 77ans‚
Posté(e)

Pour moi c'est plutôt au privé de se battre et de se mettre au niveau du public. Par ailleurs le public coûte moins cher que le privé, n'ayant pas pour objectif de créer du bénéfice. Donc en gros si on privatisait tout le public... ben pas mal de gosses n'iraient pas à l'école vu que les parents ne pourraient pas payer. Tu parle de l'armée... Des armées privés donc? Comme au moyen age quoi... Un bon vieux système féodal. C'est le progrès ça?

Et alors ! Le privé finance un service public qui devrait être a son service, non l'inverse. Où voit-tu que tous nos enfants ne puissent pas aller à l'école ? Un service de qualité, avec les mêmes droits pour tous, fait partie de cette justice sociale normale. Que l'Etat protège juridiquement ses agents est tout aussi normal.

Quand à ta vision de l'économie, où le public coûte moins cher que le privé...à mon avis, une bonne formation, normale et non partisane avec des oeillères, me semble nécessaire. Et ce n'est que le privé qui a droit au chômage et à la précarité.

L'Etat ne devrait s'occuper, dans ce siècle, car avant c'était avant, que des structures régaliennes; éducation, santé, armée, police, secours..., tout ce qui est à but commercial, le privé sait faire, gérer par des politiciens çà donne ? SNCF 50 milliards de dette...pour seule exemple...

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Membre, 37ans Posté(e)
Scipion0610 Membre 2 674 messages
Forumeur expérimenté‚ 37ans‚
Posté(e)

Et alors ! Le privé finance un service public qui devrait être a son service, non l'inverse. Où voit-tu que tous nos enfants ne puissent pas aller à l'école ? Un service de qualité, avec les mêmes droits pour tous, fait partie de cette justice sociale normale. Que l'Etat protège juridiquement ses agents est tout aussi normal.

Quand à ta vision de l'économie, où le public coûte moins cher que le privé...à mon avis, une bonne formation, normale et non partisane avec des oeillères, me semble nécessaire. Et ce n'est que le privé qui a droit au chômage et à la précarité.

L'Etat ne devrait s'occuper, dans ce siècle, car avant c'était avant, que des structures régaliennes; éducation, santé, armée, police, secours..., tout ce qui est à but commercial, le privé sait faire, gérer par des politiciens çà donne ? SNCF 50 milliards de dette...pour seule exemple...

Dans le cas des enfants je disais cela dans le cas où l'école seraient privatisées mais visiblement c'est pas ce que tu disais donc on s'est juste mal compris.

Oui un service public coûtera toujours moins cher qu'un service privé. Le public n'a pas pour objectif de créer du bénéfice, c'est donc logique qu'il coûte moins cher.

"Car avant c'était avant"? Il est où l'argument?

Le privé sait gérer? Et les crises économiques...?

Par ailleurs, je pense qu'il serait antidémocratique de confier des pan entier de notre société (l'économie par exemple) à des gens que l'on a pas choisi et qui n'ont pas pour objectif l’intérêt commun mais leur propre intérêt.

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Membre, 80ans Posté(e)
bibifricotin Membre 12 828 messages
Mentor‚ 80ans‚
Posté(e)

Comment fait un petit patron qui voit son activité réduite à zéro mais qui doit malgré tout continuer à payer ses charges et ses fournisseurs, il embauche?

Ils font comme dans la lettre de ce patron en confirmant que cette réforme ne sert à rien et tout repart. thumbsup.gif

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Membre, 80ans Posté(e)
bibifricotin Membre 12 828 messages
Mentor‚ 80ans‚
Posté(e)

.

Si j'avais une baguette magique, je réduirai l'Etat à une fonction minimum, ce qui permettrait de diviser au minimum l'impôt par 2, aussi pour les patrons que pour les salariés. Cela permettrait aux entreprises de leur faciliter la vie et de grandir sereinement.

Je ne pense pas que les entreprises qui remplaceront les services de l'Etat le fassent gratuitement, je pense qu'au contraire elles voudront de gaver.

Donc, moins d'impôts mais plus de cotisations, primes d'assurances, etc... plus aussi de ségrégation entre citoyens suivant leur niveau de risque thumbdown.gif

Il ne faut pas trop vite cracher dans la soupe.

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  • 2 semaines après...
Membre, Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis, 53ans Posté(e)
DroitDeRéponse Membre 91 133 messages
53ans‚ Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis,
Posté(e)

Avant de parler des fonctions importantes de l'Etat comme l'éducation, il y a plein de fonctions de l'Etat qu'on pourrait supprimer et qui coutent énormément d'argent. Déjà commencer par réduire drastiquement le nombre de députés, élus et autres cumul de mandat... Ensuite, il faudrait penser à privatiser certains domaines. Parmi cette liste, on pourrait supprimer pas mal de ministères:

https://lannuaire.service-public.fr/gouvernement

Voilà, les idées sont là mais tant qu'on sera dirigé par des énarques, le système restera verrouillé.

C'est vrai que j'ai hâte que nos ministères soient tenus par des pointures du forum

J'imagine la tronche des types à Bercy quand le ministre leur dira qu'il ne croit pas aux chiffres et qu'on leur fait dire ce qu'on veut :D

Pour info l'impôt sur les sociétés en France est plutôt faible , la note vient des charges qui alimentent un truc qui bouffe une grosse part du PIB qui s'appelle la sécu .

En divisant par 2 ca va grincer des dents , mais je pense qu'axa est à fond pour ton idée .

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Membre, 46ans Posté(e)
renard79 Membre 3 212 messages
Baby Forumeur‚ 46ans‚
Posté(e)

Salut DDR, tu veux en venir où?

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Membre, Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche, 57ans Posté(e)
lepequenot Membre 3 914 messages
57ans‚ Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche,
Posté(e)

C'est vrai que j'ai hâte que nos ministères soient tenus par des pointures du forum

Sans aller jusque là :D si on mettait un médecin à la santé, un général à la défense, un économiste à Bercy, un magistrat à la justice, un ingénieur à l'industrie, un commissaire à l'intérieur...Bref des gens qui on pratiqué ses secteurs dans leur vie professionnelle et qui en connaissent le fonctionnement et les problèmes, je pense que ça serait plus efficace que de mettre des énarques qui passent de la défense à la culture puis à l'économie sans connaitre rien dans ces domaines.

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