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... La philosophie contemporaine


Invité Quasi-Modo

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 6 039 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

Je vais faire court contrairement à d'habitude, car je pense que j'ai dit ce que j'avais à dire sur le sujet, qui ne s'oppose pas obligatoirement à tout ce que tu as dit, après ces dernières précisions et rectifications. ( Je ne suis aucunement touché par ton commentaire précédent, et n'ai rien pris de travers )

Je me contenterai donc de répondre à ta question.

Et si, au final, nos représentations du monde n'étaient autres que le résultat d'une "précompréhension du monde" articulée par un certain moule cognitif ?

Il est certain que nous ne naissons pas vierge, par contre je ne suis pas sûr de bien interpréter le " moule cognitif ", celui-ci dans ta bouche serait-il inné ou acquis ?

Pour ma part, c'est un mélange des deux, nous sommes taillés d'une certaine manière, et réceptifs par nos sens et notre fonctionnement cérébral associé au monde environnent, notre appréhension du monde ainsi en construction, en devenir, est le fruit non du hasard, mais de facteur concomitants, tant donnés que contingents, soit par notre disposition particulière d'humain, soit par les expériences dès notre vie intra-utérine, puis celles conditionnées par les autres membres de notre appartenance.

Alors dans une certaine mesure nous sommes déterminés, nous avons une pré-compréhension avant même d'être conscients de nous même dans notre jeune âge, il est certes possible de rétablir ou rectifier les réflexes acquis dans une certaine mesure, mais notre donné biologique sera infiniment plus dur à détrôner, à contourner, une petite expérience ludique a été réalisée, et qui consiste à porter des instruments optiques censés reproduire la vision d'autres animaux, et rien que cette mise en condition, permet un tout petit peu de changer son point de vue, mais quel serait-il, avec l'adjonction de sens, ou de capacités, voire d'intensification de celles que nous possédons, comment cela pourrait-il influencer notre façon de concevoir le monde et les êtres qui le composent, et les relations que nous entretenons avec eux ?

Malgré nos limitations tant qualitative que quantitative, il semble bien que le monde ne tourne pas n'importe comment, et que nous soyons dotés de suffisamment d'outils pour en prendre la mesure, ce qui indirectement, nous conforte sur notre capabilité à transgresser ce que la nature nous a donné ou ce que l'on a fait de nous, ce qui ne va pas de soi non plus, puisque ceci demande un effort non négligeable, mais humain...

Nos pensées sur autrui seront toujours consubstantielles aux relations que nous entretenons avec eux, mais en dehors de ce cas, qui nous occupe grandement, mais pas exclusivement, nous pouvons nous targuer parfois de mettre le doigt sur quelque chose qui n'est pas spécifique à notre lignée, ni même certainement à notre espace local, et c'est très encourageant dans notre quête de compréhension.

Je serai quant à moi, comme dit au début, plus attentif à ce que nous n'avons pas vécu, à l'absence, et pourtant aucunement sans incidence, que ce qui influe par sa présence, bien plus facile à identifier, il est toujours incommensurablement plus problématique de faire face à l'inconnu/ignorance qu'au connu, qu'il soit juste ou perverti, bon au mauvais. C'est à dire non pas ce qui m'influence dans ce que je vis, mais ce qui ne m'influence pas directement et que je n'intègre absolument pas !

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 165 messages
Forumeur expérimenté‚
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Je vais faire court contrairement à d'habitude, car je pense que j'ai dit ce que j'avais à dire sur le sujet, qui ne s'oppose pas obligatoirement à tout ce que tu as dit, après ces dernières précisions et rectifications. ( Je ne suis aucunement touché par ton commentaire précédent, et n'ai rien pris de travers )

Je me contenterai donc de répondre à ta question.

Il est certain que nous ne naissons pas vierge, par contre je ne suis pas sûr de bien interpréter le " moule cognitif ", celui-ci dans ta bouche serait-il inné ou acquis ?

Pour faciliter une bonne "interprétation", tu as toujours la possibilité - et le devoir ! - de remonter à mon intervention précédente (portant sur ma réponse à ton analyse critique de la 3e "observation"), et de chercher à t'imprégner de l'esprit qui m'anime dans notre échange. Cet effort devant être réciproque, il va sans dire, puisque je vais devoir m'imprégner à mon tour de l'esprit qui t'anime.

Faute de ne pas procéder ainsi, tu peux et tu as raison bien sûr de m'interroger. Il allait de soi que cette expression vague de "moule cognitif" devait être entendue comme synonyme de "filtre linguistique", si tu avais tenu compte de ce que j'ai écrit précédemment : "Le langage influence inévitablement la formulation de nos nouvelles représentations en leur imposant un certain moule cognitif", d'où ce concept fort de "précompréhension du monde" qui nous est inculquée lors de l'apprentissage de notre langue maternelle.

Ton argumentation consistait, sauf erreur de ma part, à mettre en doute l'importance de cette influence linguistique et à prôner de manière générale davantage l'exercice du doute en toutes choses, en accordant davantage de place à d'autres facteurs non-linguistiques, à l'inconnu, etc. Or, j'ai tenté de te retourner cet argument en te précisant que cette 3e "proposition" (ainsi que les autres propositions d'ailleurs) fait le départ au doute et va à l'encontre de l'opinion commune selon laquelle il n'y aurait pas de précompréhension du monde articulée selon un filtre linguistique. Je t'accorde que ces "observations" sont présentées de manière péremptoire, et peuvent inciter à penser que nos amis pragmatistes ne douteraient de rien sur ces questions. Mais il faut recevoir ces "observations" plutôt comme une description de points de convergence sur lesquels ces philosophes se retrouvent même si leurs conclusions s'avèrent diamétralement opposées.

C'était une bonne chose de me questionner, mais pourquoi ne pas attendre de prendre connaissance de ma réponse à ta question avant de te lancer dans un long développement sur l'inné et l'acquis, etc. ?! C'est pourtant dans ce sens que je plaidais précisément dans ma dernière intervention, cher Déjà : éviter par tous les moyens un effet d'éparpillement et de dilution de la discussion, bien souvent dû à un réflexe d'anticipation... même si le développement qui suit est très loin d'être dénué d'intérêt :

Pour ma part, c'est un mélange des deux, nous sommes taillés d'une certaine manière, et réceptifs par nos sens et notre fonctionnement cérébral associé au monde environnent, notre appréhension du monde ainsi en construction, en devenir, est le fruit non du hasard, mais de facteur concomitants, tant donnés que contingents, soit par notre disposition particulière d'humain, soit par les expériences dès notre vie intra-utérine, puis celles conditionnées par les autres membres de notre appartenance.

Alors dans une certaine mesure nous sommes déterminés, nous avons une pré-compréhension avant même d'être conscients de nous même dans notre jeune âge, il est certes possible de rétablir ou rectifier les réflexes acquis dans une certaine mesure, mais notre donné biologique sera infiniment plus dur à détrôner, à contourner, une petite expérience ludique a été réalisée, et qui consiste à porter des instruments optiques censés reproduire la vision d'autres animaux, et rien que cette mise en condition, permet un tout petit peu de changer son point de vue, mais quel serait-il, avec l'adjonction de sens, ou de capacités, voire d'intensification de celles que nous possédons, comment cela pourrait-il influencer notre façon de concevoir le monde et les êtres qui le composent, et les relations que nous entretenons avec eux ?

Malgré nos limitations tant qualitative que quantitative, il semble bien que le monde ne tourne pas n'importe comment, et que nous soyons dotés de suffisamment d'outils pour en prendre la mesure, ce qui indirectement, nous conforte sur notre capabilité à transgresser ce que la nature nous a donné ou ce que l'on a fait de nous, ce qui ne va pas de soi non plus, puisque ceci demande un effort non négligeable, mais humain...

Nos pensées sur autrui seront toujours consubstantielles aux relations que nous entretenons avec eux, mais en dehors de ce cas, qui nous occupe grandement, mais pas exclusivement, nous pouvons nous targuer parfois de mettre le doigt sur quelque chose qui n'est pas spécifique à notre lignée, ni même certainement à notre espace local, et c'est très encourageant dans notre quête de compréhension.

Je serai quant à moi, comme dit au début, plus attentif à ce que nous n'avons pas vécu, à l'absence, et pourtant aucunement sans incidence, que ce qui influe par sa présence, bien plus facile à identifier, il est toujours incommensurablement plus problématique de faire face à l'inconnu/ignorance qu'au connu, qu'il soit juste ou perverti, bon au mauvais. C'est à dire non pas ce qui m'influence dans ce que je vis, mais ce qui ne m'influence pas directement et que je n'intègre absolument pas !

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 6 039 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

Pour faciliter une bonne "interprétation", tu as toujours la possibilité - et le devoir ! - de remonter à mon intervention précédente (portant sur ma réponse à ton analyse critique de la 3e "observation"), et de chercher à t'imprégner de l'esprit qui m'anime dans notre échange. Cet effort devant être réciproque, il va sans dire, puisque je vais devoir m'imprégner à mon tour de l'esprit qui t'anime.

Tu me prêtes des compétences que je n'ai peut-être pas !

De plus à ma décharge, ton intervention précédente qui a fait l'objet de ma réponse, n'était pas claire pour moi, néanmoins...

Il allait de soi que cette expression vague de "moule cognitif" devait être entendue comme synonyme de "filtre linguistique", si tu avais tenu compte de ce que j'ai écrit précédemment : "Le langage influence inévitablement la formulation de nos nouvelles représentations en leur imposant un certain moule cognitif", d'où ce concept fort de "précompréhension du monde" qui nous est inculquée lors de l'apprentissage de notre langue maternelle.

Par un heureux hasard, cette mésinterprétation par moi de cette tournure verbale par toi, m'a inspiré autre chose que le renvoi particulier à ce que je préfère appelé le relativisme linguistique. Je te remercie donc de cet acte non délibéré !

D'ailleurs à un moment tu parles de " pré-compréhension linguistique ", alors que dans ma tête cela résonne/raisonne plus volontiers comme " compréhension pré-linguistique " !!! Ce qui n'est pas sans incidence sur nos quiproquos d'interprétation je pense, enfin surtout moi manifestement.

Ton argumentation consistait, sauf erreur de ma part, à mettre en doute l'importance de cette influence linguistique et à prôner de manière générale davantage l'exercice du doute en toutes choses, en accordant davantage de place à d'autres facteurs non-linguistiques, à l'inconnu, etc.

Or, j'ai tenté de te retourner cet argument en te précisant que cette 3e "proposition" (ainsi que les autres propositions d'ailleurs) fait le départ au doute et va à l'encontre de l'opinion commune selon laquelle il n'y aurait pas de précompréhension du monde articulée selon un filtre linguistique. Je t'accorde que ces "observations" sont présentées de manière péremptoire, et peuvent inciter à penser que nos amis pragmatistes ne douteraient de rien sur ces questions. Mais il faut recevoir ces "observations" plutôt comme une description de points de convergence sur lesquels ces philosophes se retrouvent même si leurs conclusions s'avèrent diamétralement opposées.

En résumé, ce que je fais, avec une " longueur d'avance ", mais tu commences à me connaitre, c'est de relativiser le relativisme linguistique naissant, non de l'occulter ou l'ignorer, et pour ce faire, je t'ai donné des pistes.

Je t'en fourni une autre si tu veux bien, je pense que hormis le cas particulier des affaires humaines entre humains, où le relativisme linguistique a sans doute un rôle, une influence qu'il conviendra de déterminer plus précisément, il m'apparait assez clairement qu'il n'a qu'une influence marginale, minoritaire, au mieux très secondaire, comparativement aux autres sources de fourvoiement, d'erreur, ou d'écart, en l'occurrence les croyances les plus diverses, ou les dogmes, les doctrines, les consensus auront un impact sans commune mesure sur nos capacités à voir le monde, que la langue elle-même, bien que ces moyens déviants soient eux-mêmes supportés par le langage, mais comme procédé communicationnel uniquement, de propagation/contagion. Par exemple donc, les propriétés mathématiques ou les lois empiriques physiques ont été utilisées ou trouvées indépendamment dans différents peuples isolés les uns des autres, avec des langues différentes, à des époques où les communications n'étaient pas présentes, ils ont découverts des procédés ou des relations identiques, leurs langues n'a pas été un obstacle à leurs trouvailles, à leur emploi utile et somme toute efficace, qui plus est convergent.

Ce point comme départ du doute dans les observations, n'était pas saillant pour moi, chose que tu fais maintenant avec plus de clarté. Je ne l'ai pas vu, tout simplement parce que cela ne faisait pas de doute pour moi que notre langage ( y a pas d'erreur ) influence notre manière d'appréhender le monde, puisqu'il n'est qu'un mode particulier de l'acte de penser, il est donc nécessairement limitatif et emprisonnant, je dirai même en m'octroyant quelque liberté langagière carcantesque ! ( mélange entre carcan et gargantuesque )

C'était une bonne chose de me questionner, mais pourquoi ne pas attendre de prendre connaissance de ma réponse à ta question avant de te lancer dans un long développement sur l'inné et l'acquis, etc. ?! C'est pourtant dans ce sens que je plaidais précisément dans ma dernière intervention, cher Déjà : éviter par tous les moyens un effet d'éparpillement et de dilution de la discussion, bien souvent dû à un réflexe d'anticipation... même si le développement qui suit est très loin d'être dénué d'intérêt :

Parce que contrairement à notre ami Dompteur de mots et pourquoi pas toi-même, je suis un philosophe impétueux, et que philosopher transpire par tous mes pores, que de canaliser ce feu intérieur n'est pas chose aisée Tison2feu. Prendre les devants n'est pas contradictoire avec le fait que tu me répondes ultérieurement, en te donnant non pas une réponse en te faisant parler, ce qui aurait été assurément déplacé, mais de te donner la mienne en avant-première, sans oublier l'inspiration que tu m'as procurée, il faut battre le fer pendant qu'il est chaud dit-on, et avec ma pitoyable mémoire, mieux vaut que je m'exécute. Bref que de bonnes raisons à ne pas attendre, on ne lutte pas contre sa nature, pas plus qu'on ne lutte contre le courant, on l'exploite !

:hi:

P.S.: As tu toujours l'impression de tourner en rond en philo, de débattre toujours de la même chose, comme tu me l'avais suggéré il y a quelque temps déjà, ou te rends tu comptes qu'il a toujours du grain nouveau à moudre !? Peut-être n'y suis-je pas complètement étranger, en toute modestie... :smile2:

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 165 messages
Forumeur expérimenté‚
Posté(e)

... je suis un philosophe impétueux, et que philosopher transpire par tous mes pores, que de canaliser ce feu intérieur n'est pas chose aisée...

Cette canalisation me semble pourtant indispensable dans le cadre d'une discussion, si tu veux éviter de faire suffoquer ton interlocuteur. Inspirer, expirer, et veiller à ne pas éteindre le feu intense de ton interlocuteur qui lui, aussi, pense avec son corps.

Allez va, je ne te hais point ! Je passe aux pensées de Dompteur qui incarne à mes yeux le feu ET l'inspiration/expiration laugh.gif

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 165 messages
Forumeur expérimenté‚
Posté(e)

Ces pensées méritaient d'être laissées à mijoter quelques jours, Dompteur, afin de laisser venir d'autres pensées, qui sait ?

Je te remercie pour toutes ces explications Tison. C'est toujours un plaisir de te lire lorsque tu traites de linguistique (de philosophie aussi mais la linguistique semble bien occuper une place spéciale dans tes pensées).

La première pensée qui m'est venue en te lisant c'est de me dire que l'incontournable Nietzsche avait déjà ouvert bien grande cette porte du tournant linguistique, à la fin du XIXe siècle. Rappelle-toi (j'ose poser l'hypothèse que tu as une certaine connaissance de Nietzsche) toutes ces allusions aux "filets du langage", aux présupposés grammaticaux qui selon lui avaient menés Descartes à son cogito, à ses idées sur la nature physiologique des éléments grammaticaux de base, mais aussi, et sans doute de manière plus importante, puisque cela constitue l'un des points fondamentaux de son œuvre, à son travail de sape à l'égard des grands concepts philosophiques qui trop souvent s'envolent comme des ballons déréglés vers les cieux fumants de la vérité.

Le peu que je connaisse de Nietzsche suffit à me convaincre du bien-fondé de ce constat, ayant en mémoire son opuscule "Vérité et mensonge au sens extra-moral" où sont exposées des idées qui coïncident véritablement avec ces quatre "observations" du tournant linguistique. Ton allusion à Descartes et son cogito vu par Nietzsche m'a poussé à relire de nombreux aphorismes dans "Par-delà le bien et le mal" et "La volonté de puissance", et j'aimerais l'illustrer à l'aide d'un exemple personnel, en montrant comment ce déterminisme linguistique peut être appréhendé. En chinois, par exemple, dans la langue poétique ancienne, l'absence de pronoms personnels est fréquente et pratiquement totale. En clair, le chinois "Penser, exister" peut signifier, selon le contexte, aussi bien "Je pense, j'existe" que "Tu penses, tu existes". Tu te rends compte, du coup, que le cogito cartésien n'est une "évidence immédiate" que pour un locuteur Français mais pas du tout pour un Chinois. Les langues indo-européennes ont cette caractéristique d'user anciennement du pronom personnel, et le français en abuse (dans l'expression "moi, je pense", le sujet est présent pas moins de 3 fois dans "moi", "je" et le "-e" de pense). Cette surdétermination du sujet a conduit à un mode de penser typiquement occidental, de Platon à Descartes, le sujet surdéterminé se trouvant coupé de toute attache corporelle au point d'avoir une âme. Or ce n'est pas l'âme qui pense mais le corps.

La deuxième pensée qui m'est venue à l'esprit est que je plussoie allègrement ces considérations qui limitent le concept de vérité. Pour moi, le langage – et à plus forte raison le langage philosophique – n'est qu'un instrument de communication à la visée pratique, d'abord et avant tout. Suivant cette idée, ce n'est pas le vrai qui importe le plus à mes yeux, mais bien le vital. Et d'ailleurs, je pense que c'est le cas pour la plupart des gens. Seulement, ils l'ignorent.

Effectivement, que peut bien valoir une vérité absolue coupée du vital. A quoi bon une vérité universelle sans vie ?

Néanmoins, dans le cadre d'une éventuelle éthique de la discussion, nous savons que le raisonnement joue un rôle non négligeable, de même que dans tout sentiment figure une composante rationnelle.

Voilà pourquoi, j'incline à faire mienne l'approche du très grand philosophe espagnol Ortega y Gasset, consistant à concilier vitalisme et rationalité (ratio-vitalisme). Ce philosophe de la première moitié du XXe siècle commence à peine à être traduit en France...

Ma troisième pensée a été de me dire que ce tournant linguistique n'est pas seulement linguistique mais qu'il est aussi politique. Le libéralisme est en effet l'exact reflet de la pensée que tu décris : où toute prétention à une vérité sociale est abandonnée au profit d'un dialogue entre les îlots individuels de liberté. D'ailleurs, ça concorde pile avec la grande époque de Rawls.

Oui.

(à suivre)

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 165 messages
Forumeur expérimenté‚
Posté(e)

Ma quatrième pensée a été de me dire qu’on fait probablement erreur en considérant la vérité comme si elle était un bloc ontologique qui recouvre toute la réalité. À ce titre, mon intervention de départ dans ce topic était quelque peu à côté de la plaque également* (ou du moins elle était rétrograde par rapport à mon sentiment réel sur cette question). C’est le cas aussi du tournant linguistique (même si j’admets mon ignorance crasse quant à ce mouvement philosophique), mais aussi des différentes options présentées par Quasimodo. Il en va peut-être là d’une façon analogue au dilemme moral de la croyance en Dieu tel que l’ont dessiné les hommes modernes, à savoir l’opposition pure et nette entre la croyance et l’athéisme, comme s’il n’existait aucune autre façon d’articuler les exigences différentes qui nous habitent. Comme si les exigences d’élévation qui sont recoupées par le concept « Dieu » ne pouvaient pas se conjuguer harmonieusement avec les exigences de réalisme et de flexibilité morale qui sont recoupées sous le concept « athéisme ». De même, peut-être est-il possible de conjuguer harmonieusement nos exigences pour une connaissance universelle, à l’épreuve du temps et qui manifeste de l’unité – qui sont recoupées par le concept « vérité » – avec les exigences philosophiques à se donner le droit de réfléchir à des thèmes qui ne font pas l’objet d’une telle connaissance.

Quasimodo nous présente quatre options mais en fait, elles s’alignent toutes sous l’égide de la première exigence que j’ai nommée : à savoir que dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de ramener le tout de ses pensées à la vérité. Même le sceptique ne fait pas autrement. L’originalité mais aussi l’inanité de sa position est qu’il déclare d’emblée que cela est impossible mais qu’il s’enferme aussi dans cette impossibilité. Alors que la position la plus raisonnable, est sans doute de reconnaître que cela est effectivement impossible, tout en reconnaissant que la vérité a des territoires qui lui appartiennent de droit, tandis que d’autres sont sous une occupation différente, une occupation que les philosophes du tournant linguistique, mais aussi que toute la philosophie pragmatique contemporaine ont bien caractérisée avec l’idée de co-construction. C’est-à-dire qu’il y a des territoires de la pensée qui ne sont pas alignés sous le règne impérialiste de la vérité mais qui forment plutôt une sorte de modèle coopératif (d’aucuns inséreraient le mot « démocratie » ici) où la substance de la pensée se forme de manière confluente, dans un dialogue constant avec les autres, avec la réalité et avec soi-même. Cela n’empêche pas qu’il y ait des personnalités (j’aurais pu dire aussi des « valeurs » - je slalome entre le cognitif et le politique) qui puissent s’élever ici et là, et qui se posent en modèles qui alignent la construction de la pensée.

Vu sous l’angle de la vérité, c’est une position qui pourrait être qualifiée de dogmatisme sectoriel adjoint à un scepticisme sectoriel. Mais cela ne qualifie pas cette position de manière adéquate puisque l’angle de la vérité ne peut révéler toute l’ampleur de cette position, entendu que la vérité n’est plus notre paradigme unique. Ce serait comme observer la société américaine du seul point de vue français, sans s’interroger sur ce que ce peut être que d’être américain. Ce qu’on tente de désigner sous l’appellation de « scepticisme sectoriel » n’est pas seulement un scepticisme – c’est-à-dire un positionnement par rapport à la vérité, mais bien plutôt un mode de construction de la pensée différent.

Ma cinquième pensée a été une considération supplémentaire par rapport au bloc ontologique de la vérité– dont nous affirmons l’aspect sectoriel – à l’effet qu’il ne se présente justement pas comme un bloc monolithique aux contours bien tranchés. Il tient plutôt de la nébuleuse, en ce sens qu’il se démarque bien en tant qu’objet, ou en tant que bloc ontologique, mais que son aspect est diffus. Il n’est pas toujours évident de déterminer avec exactitude où nous nous trouvons, sous quel mode de construction de la pensée nous nous alignons.

Une affirmation à l’effet que « la vérité est consubstantielle de toutes nos pensées ou propos » touche l’intuition valable que la vérité constitue un mode de construction de la pensée fondamental. Sa part regrettable consiste à sous-entendre qu’il s’agit du seul mode de construction de la pensée.

* Cette intervention de départ avait une portée comparable au cri du cœur de l’athée dans le dilemme moderne de la croyance – où l’aspiration à laisser cours à des exigences nouvelles finit par tout broyer sur son passage. Ma deuxième pensée allait aussi dans ce sens.

J'en viens à la partie la plus ardue de tes pensées.

En créant cette notion de "sectorialité" sceptique ou dogmatique, tu te donnes ainsi la possibilité de nouveaux modes de construction de la pensée, mais quels peuvent-ils être plus concrètement ?

Pour ma part, je ne peux pas concevoir ce concept de vérité autrement que comme vérité/dévoilement de quelque chose. Dans ces conditions, je peux donc très bien utiliser ce concept comme mode de construction de la pensée fondamental. Dans une optique vitaliste bien sentie, c'est la vérité de la vie, de ma vie et de nos vies, qu'il importe de dévoiler. Je peux donner un sens à la vie, à mes pulsions et impulsions vitales, non point à une vérité absolue. C'est la vie, et non pas la vérité, qui devrait être au fondement de toute éthique personnelle ou de toute morale universelle. La raison n'étant à mes yeux, dans un premier temps, qu'un outil régulateur/formel/procédural devant permettre le bon déroulement de toute pratique d'une éthique de la discussion (visant à une co-construction de pensées fondamentales). Nietzsche avait écrit : "Veux-tu devenir un regard universel et équitable ? Tu ne le pourras qu'après avoir passé par un grand nombre d'individualités, de telle sorte que ta dernière individualité ait besoin de toutes les autres, en fonction d'elle-même... " Cela pourrait s'appliquer également dans une optique de co-construction afin de ne plus tomber dans le piège de la seule auto-référentiellité narcissique.

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Membre, 33ans Posté(e)
Non12 Membre 16 messages
Baby Forumeur‚ 33ans‚
Posté(e)

parler de la vérité au singulier '' la '' ce n'est une grosse erreur ? dire que la vérité peut etre définis ce n'est pas une grande illusion ?

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