La traite des Blanches

Bonjour,

La traite des Blanches est un trafic de femmes européennes (et pas forcément les Blanches) enlevées puis envoyées dans des bordels à l'étranger. Ses origines se perdent dans l'histoire humaine, et c'est toujours d'actualité.

Dans les années 70 et jusque dans les années 80, les femmes en parlaient parfois. J'ai personnellement entendu deux femmes (l'une vivant à Paris, l'autre à Marseille) évoquer leur crainte des cabines d'essayage à trappes : elles n'osaient pas aller dans les magasins de vêtements sans être accompagnées par leur homme. Il faut dire que la "rumeur d'Orléans" avait beaucoup marqué les esprits : apparue en avril 1969, cette rumeur journalistique laissait entendre que les cabines d'essayage de plusieurs magasins de lingerie féminine d'Orléans, tenus par des Juifs, étaient en fait des pièges pour les clientes, qui y auraient été endormies par injections hypodermiques et enlevées pour être livrées à un réseau de prostitution, également appelée « traite des Blanches ». Elle prit parfois un tour rocambolesque lorsqu'on prétendit que des clientes disparues étaient prises en charge par un sous-marin remontant la Loire. Cette version ne fut rapportée que par un seul témoin, mais recopiée dans presque toutes les gloses sur le sujet. Des attroupements eurent lieu devant les magasins de commerçants juifs et non juifs, on cracha sur les vitrines. Aucun démenti, même officiel (signalant par exemple qu'aucune disparition suspecte n'avait été répertoriée dans les environs par les services de police), ne réussit jamais à mettre fin à la rumeur, qui finalement cessa d'intéresser les médias, sans autre intervention que le temps et l'oubli. Le sociologue Edgar Morin démontra d'ailleurs que le scénario avait été publié un an avant l'éclatement de la rumeur dans un livre de poche, entre autres (source Wikipédia). La source n'était donc pas sérieuse, et on devine aisément l'antisémitisme qui avait animé au départ cette légende urbaine.

Mais d'autres rumeurs couraient depuis longtemps au sujet de la traite des Blanches, dont on parlait déjà avant et dont on a continué à parler encore longtemps après, selon lesquelles tous les pièges étaient bon pour enlever des jeunes femmes : offres d'emploi alléchantes, agences matrimoniales bidon, enlèvements à la cosaque en pleine rue, etc. Le sujet revenait d'ailleurs de temps à autre dans la presse locale : je me souviens des recommandations d'un inspecteur de police havrais qui, dans un article du Havre libre*, conseillait aux jeunes filles et aux femmes d'éviter de se promener seules surtout dans les rues désertes, de ne pas marcher au bord des trottoirs parce qu'il était facile pour des malfaiteurs d'attirer une piétonne sans défense dans leur voiture, etc.

Cela dit, le plus affreux que j'aie pu lire sur la question (toujours dans ce même quotidien), c'est cette fois où un container a intrigué le personnel du port du Havre -plaque tournante de bien des trafics de nos jours encore- en raison de l'odeur de putréfaction qui s'en dégageait. La police, dépêchée sur place, a par conséquent procédé à l'ouverture du container et y a découvert avec horreur les cadavres de plusieurs femmes en décomposition. L'autopsie a révélé peu après qu'elles s'étaient battues à mort alors qu'elles étaient en train de s'asphyxier dans le container privé d'aération. (C'est une réaction naturelle et instinctive de survie : quand des êtres vivants sont confinés dans un espace où l'air vient à manquer, ils se battent). Ces femmes ne furent pas identifiées, on pensait qu'elles avaient été enlevées par un réseau de prostitution, et ce fut la traite des Blanches qui fut montrée du doigt quant à l'explication de cette macabre découverte.

J'ai recherché cet article sur internet mais en vain. Il faudrait consulter les archives du Havre libre, et les faits doivent remonter au moins au début des années 80, si ce n'est aux années 70. Si quelqu'un veut bien se dévouer...

Cependant, qu'en a-t-il été réellement de cette traite des Blanches ?

On sait que le trafic d'êtres humains existait déjà dans l'Antiquité, et qu'il n'a jamais cessé.

Dans l'Empire ottoman, les Circassiennes étaient très appréciées pour leur beauté et leur teint clair : elles étaient parfois enlevées très jeunes, telle la sultane Roxelane qui devint l'épouse légitime du sultan Soliman le Magnifique après avoir été son esclave.

En 1880, à Bruxelles, une dizaine de proxénètes, tenanciers et gouvernantes de maisons de débauche comparaissaient au tribunal correctionnel : sous prétexte de mariage, placement ou voyage d'agrément, ce réseau de malfaiteurs trompait des mineures anglaises à Londres et leur fournissait de faux papiers : les malheureuses se retrouvaient dans des bordels !*

C'est par le cas d'Ellen Newland, londonienne, vingt ans, que l'odieux trafic fut dénoncé. En 1879, elle rencontre un homme sympathique qui se dit négociant, la met en confiance en quelques semaines et lui propose de l'accompagner à Calais. Elle accepte, mais une fois sur place le négociant s'aperçoit que l'argent lui fait défaut. Il la confie à un ami afin qu'elle puisse poursuivre son voyage jusqu'à Bruxelles, où il assure qu'il la rejoindra après avoir conclu quelques affaires urgentes. La jeune Anglaise, naïve, accepte. Elle arrive à Bruxelles avec l'ami du négociant, et alors la descente aux enfers débute : celui-ci l'oblige à monter dans une voiture, la conduit tout droit dans la maison close dont il est en réalité le tenancier et, le lendemain, il l'emmène dans un commissariat pour l'inscrire au registre de la prostitution. À compter de là, elle n'existe plus officiellement : elle est enregistrée sous un faux nom sur le dossier de la police et des documents falsifiant son état civil l'ont rendue majeure !

Une vie de cauchemar commence : séquestrée, surveillée en permanence... en cinq semaines seulement, elle est atteinte d'une maladie vénérienne qui lui vaut une hospitalisation et... la liberté recouvrée ! Car un pasteur suisse visitait justement l'hôpital, qui prit le temps de l'écouter et de prévenir ses parents. Un journaliste eut vent de l'histoire et la publia ; le scandale éclata.

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Avant 1950 l'expression « traite des Blanches » désignait l'envoi régulier et organisé par des proxénètes de prostituées européennes vers les maisons closes d'Amérique latine à l'exemple de Marie Paoleschi. Ce phénomène débuta vers 1890. Au-delà des femmes françaises étaient concernées des Espagnoles, des Polonaises, des Russes, etc.

Après 1960 le milieu marseillais envoyait des femmes françaises dans les maisons closes d'Allemagne. À Marseille circulent d'ailleurs des rumeurs selon lesquelles les jeunes femmes tombées dans le piège de la prostitution par la ruse ou par la force étaient envoyées dans des bordels en Afrique à l'ambiance très brutale pour y être "dressées" avant d'être ramenées, définitivement soumises, en France.

Au 21° siècle des réseaux analogues fonctionnent pour placer des Roumaines ou Ukrainiennes en Europe de l'Ouest.* Des Occidentales, recrutées pour travailler dans des bars en Extrême Orient, sont privées de passeport et prostituées sous la contrainte.*

L'esclavage sexuel est bien réel et caché par un paquet de RATS.

Je fais ma retraite des blanches.

C'est bon de voir qqn qui remet les pendules à l'heure après avoir lu,sur combat du féminisme, les énormités de certains qui parlent de la prostitution comme d'un métier librement choisi!