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L'Inde et le Mahabharata

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Maroudiji

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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439.jpg

 

Réflexions
Ce qui frappe en premier lieu à lire la Bhagavad-gita, c’est l’idée et le comportement inédits d’un Dieu, en chair et en os, pour ainsi dire, vivant parmi les hommes et se conduisant comme eux. C’est inattendu et impensable mais original et curieux.  Le défi que cette nouvelle situation pose à nos esprits habitués à la transcendance absolue, est véritable : à notre entendement, Dieu est dépourvu de bouche, d’yeux ou d’oreilles; et de forme, par conséquent. La Bhagavad-gita nous permet de découvrir une autre manière d’appréhender ces idées spirituelles. Plus loin, à sa lecture, il sera à maintes fois question de l’intrigante personnalité de Krishna.

Nous pouvons aussi noter cette particularité concernant ce Dieu, c’est qu’il n’est pas, comme dans le monothéisme, chef des armées, prêt à soumettre les infidèles. Ici, Krishna ne s’engage pas dans le combat, il est neutre. Fait encore plus étrange, il devient le serviteur de son serviteur en acceptant d’être le conducteur de char d’Arjuna. Sa participation ne sera que verbale.  (Un conducteur de char était considéré, selon les classes sociales, inférieur à celle de guerrier.)

Il y a 5000 ans en Inde, les circonstances n’étaient pas les mêmes que celles d’aujourd’hui. La Bhagavad-gita était avant tout un enseignement direct destiné à Arjuna, un guerrier. La métaphysique à l’œuvre durant cette bataille n’a pas grand-chose à voir avec ce que nous vivons et connaissant aujourd’hui. Son auteur, cependant, Vyasa, avant de mettre par écrit le Mahabharata dont fait partie la Bhagavad-gita, avait tenu à dire l’importance de cette démarche littéraire, tout à fait nouvelle.  Antérieurement, les enseignements se transmettaient par l’oral  et était réservé aux hautes castes. L’écriture devenait un art nouveau qui permettait au peuple d’accéder à l’enseignement spirituel. C’est un changement de paradigme, la fin d’une époque et le début d’une autre, le kali-yuga.

La Bhagavad-gita permet de comprendre cet autre monde disparu, tout en offrant de l’interpréter dans le cadre moderne qui est le nôtre.  On pourrait, par analogie, comparer la situation d’Arjuna à la nôtre, toute proportion gardée. Le monde et la société seraient alors un champ de bataille dans lesquels l’adulte novice, qui sort de l’adolescence, veut s’y jeter corps et âme pour les changer, pour en faire un monde meilleur. Puis, face à l’énormité de la tâche -trouver un travail, se marier, élever des enfants dans le bonheur, éviter les nombreux pièges sur notre parcours, etc.- nous nous décourageons et baissons les bras : nous refusons de combattre.

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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J'avais écrit, inspiré d’un récit du Mahabharata, à propos de ce qui représente le phénomène humain le plus incroyable au monde, notamment la croyance que la mort ne nous concerne pas directement, comme si nous en étions immunisés, comme si nous étions éternels, alors que tous les jours les gens meurent subitement happés par elle. J'ai donc repris cette puissante illusion pour la reporter sur un autre phénomène non moins extraordinaire -l'ignorance concernant l'ouvrage le plus spirituel jamais écrit, la Bhagavad-gita. Comment ce fait-il qu'une grande partie de l'humanité, étant religieuse et cherchant son origine spirituelle, ne connaisse pas l’un des plus anciens et des plus profonds textes littéraires sur la réalisation spirituelle, la Bhagavad-gita ? Cet enseignement a pourtant toujours été disponible ici-bas, sur terre, dans n’importe quelles librairie ou bibliothèque digne de ce nom...

 

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  • 2 semaines après...
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Maroudiji Membre 6 485 messages
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Chapitre 2
Arjuna a invoqué de sérieuses raisons pour ne par combattre, tel le déséquilibre social causé par la guerre, du fait que les hommes morts laissent leurs familles sans protection, conduisant de la sorte le pays au chaos, etc.

Ce chapitre débute ainsi : « Voyant la profonde tristesse et la grande compassion d’Arjuna, dont les yeux sont baignés de larmes, Krishna lui dit : Comment une telle souillure a-t-elle pu s’emparer de toi ? Ces plaintes dégradantes sont tout à fait indignes d’un homme éveillé aux valeurs de la vie. Chasse cette faiblesse de ton cœur et relève-toi. »
Non convaincu, Arjuna lui répond : « Plutôt mendier que jouir des plaisirs de ce monde s'il faut tuer de si nobles âmes. Même cupides, ils sont encore mes maîtres; leur mort entacherait de sang notre victoire. Je ne sais s'il est plus juste de les vaincre ou d'être par eux vaincus. La mort de mes cousins, les fils de Dhritarastra (le monarque aveugle) en ligne devant nous, m’ôterait le goût de vivre.
La défaillance m'a fait perdre tout mon sang-froid; je ne vois plus où est mon devoir. Indique-moi clairement la voie juste. Je suis à présent ton disciple et m'en remets à toi; éclaire-moi, je t'en prie. »

Ceci dit, Arjuna se remet entre les mains de Krishna mais il l’implore de lui donner la compréhension nécessaire pour commettre ces actes infâmes. C’est à partir de là que commence véritablement l’enseignement spirituel de la Bhagavad-gita. Dorénavant, Arjuna ne se comportera plus en ami avec Krishna, comme ce fut le cas jusqu’ici (la Bhagavad-gita n’étant qu’un épisode du Mahabharata), mais en disciple pressé d’être illuminé par son maître. Pour la première fois de l’histoire de l’humanité une explication détaillée nous est donnée sur la réincarnation.

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  • 2 semaines après...
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Maroudiji Membre 6 485 messages
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J'écris ici les quelques réflexions qui me viennent à l'esprit mais je complète le reste du chapitre plus tard, sur mon blog. C'est ce que je fais généralement. Ce matin, j'étais inspiré de lire la Bhagavad-gita en prévision de mon désir d'en dire quelques mots, comme je le fais avec tous les livres le plus souvent.

Chapitre 3 -Agir sans agir

Ce chapitre commence avec l’expression du doute d’Arjuna en rapport avec la parole de Krishna. Arjuna dit : « Si tu tiens la voie de l'intelligence pour supérieur à celle de l'action, pourquoi m'inciter à cette horrible bataille? Mon intelligence se trouble devant tes instructions équivoques. Indique-moi de façon décisive, je t'en prie, la meilleure voie. »

Arjuna et son frère aîné, Yudhistir, n’ont jamais voulu cette guerre, ils ont tout fait durant des années pour l’éviter. Ils étaient prêts à renoncer au pouvoir de la royauté qui leur était légitiment due si on leur donnait simplement un village en échange. Jusqu’à présent Arjuna et ses frères avaient choisi de vivre en exil dans la forêt par respect pour la famille, pour éviter les conflits. Il est naturel alors qu’Arjuna ne comprenne pas l’incitation de Krishna à combattre les gens qu’il aime, d’où le doute. En outre, Krishna a préconisé précédemment la maitrise des sens par le yoga et la raison (buddhi) : renoncer aux fruits de ses actes, s’affranchir des désirs, ne pas se laisser affecter par les souffrances inhérentes à la vie ou de rétracter ses sens comme le fait une tortue. Sinon, nous demeurons vulnérables à la convoitise et à la colère. Faire la guerre est une chose grave et il ne veut pas s’y engager à la légère.

Il ne faut certes pas s’imaginer que la confusion d’Arjuna est le résultat de l’ignorance. Arjuna n’est pas un être ordinaire, il est l’ami éternel de Krishna et ils voyagent ensemble durant leurs déplacements en quelques univers du monde matériel. Tous deux sont venus ici-bas sur terre pour accomplir une mission. « Assume donc ta tâche, ne serait-ce que pour l'édification du peuple », lui enjoint Krishna vers le milieu de ce chapitre. Il a raison de douter si le bon sens lui échappe mais à l’aide de la raison il doit vaincre ce doute et ne pas se désister de son devoir. À cet égard, il ne peut pas douter constamment s'il ne veut pas manquer de volonté, car il serait incapable alors de surmonter les difficultés.

« Quoi que fasse un grand homme, dit Krishna, la masse des gens marche toujours sur ses traces; le monde entier suit la norme qu'il établit par son exemple. »

Même lui, Krishna, descend en ce monde régulièrement au cours des âges, et agit. « Car, si je n'agissais pas, tous les hommes suivraient certes la voie qu'ainsi j'aurais tracée et les univers sombreraient dans la désolation. » S’il ne donnait pas l’exemple, la confusion serait totale et le chaos s’ensuivrait.

Bref, à la question d’Arjuna, Krishna lui répond que le renoncement seul ne suffit pas, l’action est inévitable, mais elle doit être accomplie en bonne intelligence.

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  • 2 semaines après...
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Maroudiji Membre 6 485 messages
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krishna-arjuna mahabharata.jpgAujourd'hui, je suis en train d'écrire un résumé du quatrième chapitre de la Bhagavad-gita. J'allais vous poster un passage mais je suis tombé sur ce texte d'un pionnier du sanskrit que j'avais publié sur mon blog. Voici ce qu'il écrit à propos de la Bhagavad-gita :
 

« Ce livre est probablement le plus beau qui soit sorti de la main des hommes. Jamais on n’a énoncé avec plus de force l’Unité du principe absolu des choses, essence et point culminant de la philosophie indienne. De là découle une morale qu’on n’a point surpassée, morale non seulement théorique, mais pratique par excellence, unissant les plus nobles affections de la nature humaine à la loi stoïque du désintéressement. Il faut lire ce petit livre et s’en nourrir. Nous en avons le plus grand besoin. » Émile Burnouf  (1821-1907) Pour lire la suite : La Gita

Je vous poste tout de même la conclusion du chapitre quatre, en attendant tout le résumé.

Plusieurs versets terminent ce chapitre sur la nécessité de clarifier le doute pour enfin agir en toute bonne conscience, détermination et efficacité. Le doute est raisonnable avant de s’engager dans une nouvelle entreprise, il permet de juger à sa juste mesure la pertinence des idées proposées et des actions à mener, encore faut-il avoir un choix et la liberté d’en jouir. Mais une fois la décision mûrement réfléchie, le doute doit être éliminé afin d’éviter qu’il ne mine l’engagement. Et Krishna d’insister sur ce point en conclusion : « Armé du glaive du savoir, tranche les doutes que l'ignorance a fait germer en ton cœur. Fort de l'arme du yoga, ô descendant de Bharata, lève-toi et combats. » (42).

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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incarnation inde vishnu_avatar.jpgNous savons maintenant qu’Arjuna est rongé par le doute. Par familiarité avec Krishna, son ami de toujours, une amnésie récurrente lui fait oublier sa nature spirituelle : il est Dieu, suprême et éternel, aham brahmasmi.

À la différence de Krishna, les humains ne peuvent se rappeler leurs vies antérieures. Dieu n’est limité par aucune loi de la nature, autrement il ne serait pas Dieu. Il est celui qui crée les lois, tout comme il est celui qui crée le système social des quatre classes.

Ce savoir -le contenue de la Bhagavad-gita- n’est certes pas une nouveauté, car Krishna l’a déjà enseigné au dieu du soleil, Vivasvan, il y a des millions d’années. C’est sur cette information que débute ce quatrième chapitre. Et il fit de même en maintes autres occasions sous la forme d’Avatars tels que Rama, Vamana, Narasimha, Matsya, Kurma, etc. « Chaque fois, dit-il à Arjuna, qu'en quelque endroit de l'univers, la spiritualité voit un déclin, et que s'élève l'irréligion, je descends en personne. D'âge en âge, j’apparais afin de délivrer mes dévots, d'anéantir les mécréants et de rétablir les principes de la spiritualité. »

savoir n’est pas une nouveauté pour les esprits participant à la culture védique mais il l’est pour une grande partie de l’humanité, particulièrement aujourd’hui. Pour elle, Dieu n’est pas une personne, cet aspect est impossible et irrecevable à son entendement.

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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brahmana-gayatri.jpgAvec le temps, ce savoir s’est partiellement perdu mais il est indispensable pour les êtres humains d’avoir accès à l’essentiel et ainsi être connectés à cette source. C’est pour cela qu’il est là. Car en découvrant intimement la nature véritable de Krishna et les détails de ses manifestations sur terre, ou ailleurs dans l’Univers, tels que les sages et Puranas ont récité ces divertissements (lila), l’âme empêtrée dans ce monde n’aura plus à subir de renaissances et retournera définitivement à Lui. Krishna dixit.

La société védique, il y a 5000 ans, et beaucoup plus encore, était organisée avec art et science, selon des lois universelles, et elle avait pour but de permettre à tous ses membres d’évoluer sereinement et spirituellement, de la naissance jusqu’à la libération (moksha). Aucune société humaine n’a été pensée aussi efficacement pour son intérêt immédiat et ultime. Cette stratégie existentielle prend en compte les rouages que sont le bien et le mal. Tout humain cherche à échapper à la mort, à la vieillesse, à la maladie et à la souffrance. L’art de vivre consiste donc à suivre son devoir selon le dharma : se laver et aimer la propreté extérieure et intérieure, consommer des aliments dans la vertu pour garder sains le corps et l’intelligence, et pratiquer le yoga, discipline sophistiquée qui permet l’union avec Dieu, le brahma-nirvana.

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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400px-Yajna1.jpgLes hommes et les femmes, continue la Bhagavad-gita, sont naturellement attirés par la jouissance des plaisirs matériels, ce faisant, ils offrent un culte aux dieux pour obtenir une renaissance avantageuse, avec une préférence marquée pour les planètes supérieures. Ce qui correspond à un excellent karma. En fait, tous les humains sont, consciemment ou non, à la recherche de Dieu, ce que Krishna explique à Arjuna : «  Tous suivent ma voie, d'une façon ou d'une autre, et selon qu'ils s'abandonnent à moi, en proportion je les récompense. » (11) Ceux qui parmi les hommes connaissent la nature et la position spirituelles de Krishna, de ses actes et de ses enseignements, les mumuksubhih, comme désignés par le 15e verset, se libèrent des chaînes du karma ; ceux-là sont véritablement intelligents.

À cet effet, Krishna réitère la nécessité de connaître la nature de l’action, si difficile à saisir. Pour cela, il lui enseigne l’art de discerner l’action dans l’inaction et l’inaction dans l’action. Ce qui signifie agir sans subir les forces négatives des gunas, dédiant nos actes à la satisfaction de Yajna, un autre aspect de Krishna. Le tout, par la maîtrise du mental et de l’intelligence.

Les Védas préconisent divers sacrifices pour réussir cette démarche mais cette science ne peut être comprise sans se référer à un maître spirituel, jnaninas tattva-darsinah, une âme qui a réalisé ce savoir. Et le servir.

À lire cet enseignement de la Bhagavad-gita, on comprend qu’il y a une gradation des sacrifices mais qu’en dernier lieu, « Supérieur au sacrifice des biens matériels est le sacrifice de la connaissance. »

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lumic Membre 9 431 messages
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il y a 3 minutes, Maroudiji a dit :

400px-Yajna1.jpgLes hommes et les femmes, continue la Bhagavad-gita, sont naturellement attirés par la jouissance des plaisirs matériels, ce faisant, ils offrent un culte aux dieux pour obtenir une renaissance avantageuse, avec une préférence marquée pour les planètes supérieures. Ce qui correspond à un excellent karma. En fait, tous les humains sont, consciemment ou non, à la recherche de Dieu, ce que Krishna explique à Arjuna : «  Tous suivent ma voie, d'une façon ou d'une autre, et selon qu'ils s'abandonnent à moi, en proportion je les récompense. » (11) Ceux qui parmi les hommes connaissent la nature et la position spirituelles de Krishna, de ses actes et de ses enseignements, les mumuksubhih, comme désignés par le 15e verset, se libèrent des chaînes du karma ; ceux-là sont véritablement intelligents.

À cet effet, Krishna réitère la nécessité de connaître la nature de l’action, si difficile à saisir. Pour cela, il lui enseigne l’art de discerner l’action dans l’inaction et l’inaction dans l’action. Ce qui signifie agir sans subir les forces négatives des gunas, dédiant nos actes à la satisfaction de Yajna, un autre aspect de Krishna. Le tout, par la maîtrise du mental et de l’intelligence.

Les Védas préconisent divers sacrifices pour réussir cette démarche mais cette science ne peut être comprise sans se référer à un maître spirituel, jnaninas tattva-darsinah, une âme qui a réalisé ce savoir. Et le servir.

À lire cet enseignement de la Bhagavad-gita, on comprend qu’il y a une gradation des sacrifices mais qu’en dernier lieu, « Supérieur au sacrifice des biens matériels est le sacrifice de la connaissance. »

" À lire cet enseignement de la Bhagavad-gita, on comprend qu’il y a une gradation des sacrifices mais qu’en dernier lieu, « Supérieur au sacrifice des biens matériels est le sacrifice de la connaissance. » "

Ah d 'accord , d 'accord .......

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lumic Membre 9 431 messages
Maitre des forums‚
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Le 09/04/2017 à 19:39, Maroudiji a dit :

krishna-arjuna mahabharata.jpgAujourd'hui, je suis en train d'écrire un résumé du quatrième chapitre de la Bhagavad-gita. J'allais vous poster un passage mais je suis tombé sur ce texte d'un pionnier du sanskrit que j'avais publié sur mon blog. Voici ce qu'il écrit à propos de la Bhagavad-gita :
 

« Ce livre est probablement le plus beau qui soit sorti de la main des hommes. Jamais on n’a énoncé avec plus de force l’Unité du principe absolu des choses, essence et point culminant de la philosophie indienne. De là découle une morale qu’on n’a point surpassée, morale non seulement théorique, mais pratique par excellence, unissant les plus nobles affections de la nature humaine à la loi stoïque du désintéressement. Il faut lire ce petit livre et s’en nourrir. Nous en avons le plus grand besoin. » Émile Burnouf  (1821-1907) Pour lire la suite : La Gita

Je vous poste tout de même la conclusion du chapitre quatre, en attendant tout le résumé.

Plusieurs versets terminent ce chapitre sur la nécessité de clarifier le doute pour enfin agir en toute bonne conscience, détermination et efficacité. Le doute est raisonnable avant de s’engager dans une nouvelle entreprise, il permet de juger à sa juste mesure la pertinence des idées proposées et des actions à mener, encore faut-il avoir un choix et la liberté d’en jouir. Mais une fois la décision mûrement réfléchie, le doute doit être éliminé afin d’éviter qu’il ne mine l’engagement. Et Krishna d’insister sur ce point en conclusion : « Armé du glaive du savoir, tranche les doutes que l'ignorance a fait germer en ton cœur. Fort de l'arme du yoga, ô descendant de Bharata, lève-toi et combats. » (42).

 

Le 08/03/2017 à 15:07, Maroudiji a dit :

ob_01434375e8d66ebb5708b522af111ea1_huxl

J'avais écrit, inspiré d’un récit du Mahabharata, à propos de ce qui représente le phénomène humain le plus incroyable au monde, notamment la croyance que la mort ne nous concerne pas directement, comme si nous en étions immunisés, comme si nous étions éternels, alors que tous les jours les gens meurent subitement happés par elle. J'ai donc repris cette puissante illusion pour la reporter sur un autre phénomène non moins extraordinaire -l'ignorance concernant l'ouvrage le plus spirituel jamais écrit, la Bhagavad-gita. Comment ce fait-il qu'une grande partie de l'humanité, étant religieuse et cherchant son origine spirituelle, ne connaisse pas l’un des plus anciens et des plus profonds textes littéraires sur la réalisation spirituelle, la Bhagavad-gita ? Cet enseignement a pourtant toujours été disponible ici-bas, sur terre, dans n’importe quelles librairie ou bibliothèque digne de ce nom...

 

Oui de oui , comment se fait -il que nous ne connaissions point l 'un des plus anciens et des plus profonds textes littéraires sur la réalisation spirituelle ?

Oui comment se fait -il ? La question est posée .

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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Chagall_Bhagavad-gita_art.jpgArrivé à ce stade de réalisation spirituelle, le yogi, celui qui connaît la vérité, qui voit clair, même s’il n’est pas encore réalisé et qu’il commet des fautes, ce pratiquant est sûr de pouvoir « franchir l’océan de la souffrance. Tout comme le feu ardent convertit le bois en cendres, le brasier du savoir réduit en cendres toutes les suites des actions matérielles. » (37)


Plusieurs versets terminent ce chapitre sur la nécessité de clarifier le doute pour enfin agir en toute bonne conscience, avec détermination et efficacité. Le doute est raisonnable avant de s’engager dans une nouvelle entreprise, il permet de juger à sa juste mesure la pertinence des idées proposées et des actions à mener, encore faut-il avoir un choix et la liberté d’en jouir. Mais une fois la décision mûrement réfléchie, le doute doit être surmonté afin d’éviter qu’il ne mine l’engagement. Et Krishna d’insister sur ce point en conclusion : « Armé du glaive du savoir, tranche les doutes que l'ignorance a fait germer en ton cœur. Fort de l'arme du yoga, ô descendant de Bharata, lève-toi et combats. » (42).

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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Chapitre 5

lotus_Bhagavad-gita.jpgArrivé à ce point de l’échange, on pourrait croire qu’Arjuna a enfin assimilé les instructions de Krishna, ce qui n’est guère le cas. Le cinquième chapitre débute avec une autre question révélant son incertitude quant à la conduite à adopter : « D'abord, dit-il, tu m’enjoins de renoncer aux actes, puis d'agir, dans un esprit de dévotion. Dis-le-moi clairement, je t'en prie : quelle voie, de ces deux, est la meilleure ? »

Une voie, peut-on se demander naïvement et légitimement, est-elle plus propice qu’une autre à la réalisation spirituelle ou se valent-elles toutes ? Est-il possible que, malgré les apparences, tous les cultes et les religions soient égaux ? Pourquoi Arjuna a-t-il tant de mal avec les réponses de Krishna ? Si lui, directement en contact avec Dieu, est encore confus après toutes ces précisions sur quatre chapitres, qu’en est-il de l’individu lambda qui cherche à comprendre ce monde sincèrement, par ses propres moyens, sans l’aide des écritures sacrées ou des maîtres spirituels, grâce seulement à son intuition, à la contemplation ou au savoir ?

Et Krishna de répondre : « Le renoncement et la discipline de l’action procurent tous les deux le souverain bien. Mais entre les deux, la discipline de l’action l’emporte sur le renoncement aux actes. »¹

Donc, l’action non égoïste, pour la satisfaction du Divin, est supérieure au renoncement des actes, c’est dire sans le yoga qui relit à Dieu, ayogatah. Que ce soit le renoncement ou l’activité, ces deux n’ont de valeurs positives que s’ils ont pour but de purifier et de renouer une relation avec Dieu.

_____________

1 Anne-Marie Esnoul et Olivier Lacombe. Quant à Émile Burnouf, il donne de ce verset cette traduction : « Le Bienheureux (dit) : Le Renoncement et l’Union mystique des œuvres procurent tous deux la béatitude ; cependant, l’Union vaut mieux que le Renoncement. »

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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Burnouf_bhagavad-gita.jpgPendant quasiment tout le XXème siècle, les penseurs occidentaux ont refusé d’accorder le statut de philosophie à la pensée indienne provenant des Upanishads ou, en l’occurrence, de la Bhagavad-gita. La principale raison à ce refus : la philosophie est synonyme de spéculation abstraite et se construit pas sur des a priori, encore moins avec un postulat divin. La philosophie est une création de l’homme indépendant, tout comme l’est la science. Dans cette posture, Dieu ne peut intervenir dans la dialectique, philosophie et science se passent de lui. Ce qui est une illusion et une faute de raisonnement. Ce faisant, il remplace Dieu par le hasard, la nécessité ou le vide (autrefois on disait le néant).

À lire la Bhagavad-gita, il apparaît pourtant que les questions soulevées ici par Arjuna sont des questions philosophiques, qui ont trait à des préoccupations individuelles, collectives et universelles. Si par exemple nous sommes libres de choisir nos actions, la responsabilité corrélative nous en incombe. Krishna réitère le fait que ce sont les gunas, les influences de la nature matérielle qui stimulent nos actes, svabhavas tu pravartate (14). Mais dans le même souffle, Krishna dit : « Jamais l'Etre suprême ne peut être tenu pour responsable des actes, vertueux ou coupables, de quiconque. Mais l'être incarné ne s'en égare pas moins, car l'ignorance voile son savoir intérieur. »

Que nenni ! Malgré cette dialectique qui date de milliers d’années, philosophes, théologiens et penseurs en général, sans parler du bon peuple, préfèrent ignorer la Bhagavad-gita et faire comme si elle n’existe pas, comme si l’Inde n’avait été qu’un immense territoire composé d’indigènes stériles à la raison.

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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Il est vrai cependant qu’hommes et femmes ne sont plus ce qu’ils étaient il y a 5000 ans, tout comme les conditions sociales qui ne se prêtent plus à la simplicité et à la richesse de ces temps-là. (Voire les campagnes qui se sont vidées au profit de l’industrialisation des villes, l’Inde ayant été l’un des pays les plus opulents de la planète.) Mais comment faire coïncider l’enseignement de la Bhagavad-gita avec l’histoire et l’évolution des mœurs si les humains en sont déconnectés ? Que savent-ils de l’origine et de l’histoire du yoga ? Existent-ils encore de nos jours des guerriers de la trempe d’Arjuna ? Existent-ils encore des brahmanas, tels que décrits dans le verset 18, portés par cette vision ? : « L'humble sage, éclairé du pur savoir, voit d'un œil égal le brahmana noble et érudit, la vache, l'éléphant, ou encore le chien et le mangeur de chien. »

ob_9f69d9_tortue-charniere-semi-ferme.giQuoi qu’il en soit, ce qui ressort de ce chapitre c’est que parfaire la pensée et les actes s’acquiert par la maîtrise des sens et du mental, une discipline  yogique extrêmement exigeante en son temps : « L'homme d'intelligence ne s'adonne jamais aux plaisirs des sens; il ne s'y complaît point, car ils ont un début et une fin et n'apportent que la souffrance. » À cet égard, le yogi, comme nous l’avons vu dans un chapitre précédent, doit, à l’instar de la tortue, rétracter ses sens au moment voulu pour préserver sa sérénité, ce qui est plus propice à l’étude et à l’élévation spirituelle. Mais l’ascèse que nécessite ce yoga du renoncement n’est plus praticable aujourd’hui. Évolution oblige, Krishna annonce, et cela va se préciser au fur et à mesure de la lecture, une nouvelle voie, accessible à tous, le bhakti-yoga.

Et le chapitre de terminer avec cette déclaration plutôt explicite quant à l’essence de ce yoga : « Quand on comprend que je suis le bénéficiaire des sacrifices et des austérités, que je suis le grand souverain des mondes, et l’ami de tous les vivants, alors on obtient la paix, la cessation des souffrances. »

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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beauté_Krishna.jpgNombreux sont les commentateurs de la Gita qui ne la prennent pas à la lettre. Ce faisant, ils l’interprètent en réduisant Krishna à une personne fictive ou légendaire. Ils diront par exemple que tout le scénario de la bataille de Kurukshetra n’est que littérature puisque, selon eux, Krishna n’a jamais existé, du moins pas en tant que Dieu. Il est un mythe.

Pour écrire mes réflexions, je me fie aux commentaires de maîtres spirituels de la tradition vishnouïte avec lesquels, étant croyant, je suis en phase ; c’est dire que je ne m’adonne pas à la spéculation, avec les idées préconçues d’un athée fasciné par cet enseignement. J’estime en outre qu’il est vain de se plonger dans la littérature, tous genres confondus, pour sonder les profondeurs de l’esprit avec une bouée autour de la taille. On ne peut pénétrer ses mystères en clapotant à la surface pour jouer avec les mots, ou alors ce n’est rien comprendre à cet art.*   

*Cela nécessite quelques explications. Je les tirerai du livre de George Semprun, L’écriture ou la vie, un témoignage sur l’expérience infernale des camps de concentration, notamment celui de Buchenwald.

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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guerre conception 2.jpgÉtonnant tout de même, nous sommes au centre d’un terrain de bataille sur lequel deux armées sont prêtes à se trucider, et Krishna, Dieu, face aux doutes récurrents de son disciple, lui enseigne la pratique du yoga pour les chasser !? À aucun moment, par exemple, il n’y est question d’art martial.

Ce qui est encore plus étonnant à mes yeux, c’est le désintérêt général des lettrés pour ce texte spirituel ancestral qui concerne le problème engendrés par les conflits guerriers.

 

Vous avez dit conspiration ?
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Maroudiji Membre 6 485 messages
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yoga_solitude_forest.jpgDans ce chapitre six, Krishna s’étend sur ce qu’est le yoga véritable et ce qu’est un vrai yogi. Celui-ci, pour bien faire, doit se retirer en un lieu solitaire et y prendre une assise ferme en concentrant ses pensées en un point unique, la pointe de son nez. Ainsi, « tel une flamme qui, à l’abri du vent, point ne vacille », il pratique assidûment les huit degrés de cette discipline (ashtanga), principes moraux, postures qu’il harmonise avec le va-et-vient de la respiration, tout en méditant et en se détachant des influences du monde matériel.¹

Ce faisant, il se débarrasse scrupuleusement de tout désir de jouissance en domestiquant parfaitement les sens et le mental. Car il n’est pas question de se comporter comme si ce dernier n’existait pas et de le refouler ; il s’agit plutôt de réguler scientifiquement ses fonctions sous la direction d’un maître qualifié. « Le mental, dit Krishna, peut être ami de l'âme conditionnée, comme il peut être son ennemi. L'homme doit s'en servir pour s'élever, non pour se dégrader. »

 1. Plus d’informations précises en suivant ce lien : ashtanga-yoga

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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Le yogi doit prendre garde de ne pas tomber dans les extrêmes et garder un juste milieu dans sa façon de se nourrir ou de dormir, n’en faire ni trop, ni trop peu. Au fur et à mesure de son progrès, ses connaissances se transforment en réalisations et il perçoit dorénavant Dieu en toute chose. Il ne fait plus par exemple de distinction entre le froid et le chaud ou entre la joie et la peine. « D’un œil égal il voit l’or, le caillou et la motte de terre, ou encore l’ami et l’ennemi. »

« L'être connaît la perfection du yoga, le samadhi, lorsque, par la pratique, il parvient à soustraire son mental de toute activité matérielle. Alors, une fois le mental purifié, le yogi réalise son identité véritable et goûte la joie intérieure. En cet heureux état, il jouit, à travers ses sens purifiés, d'un bonheur spirituel infini. Cette perfection atteinte, l'âme sait que rien n'est plus précieux, et ne s'écartera pas de la vérité, mais y demeurera, imperturbable, même au cœur des pires difficultés. Telle est la vraie libération de toutes les souffrances nées du contact avec la matière. » (20-23)

meditation_yoga.jpgLe yoga nécessite une ferme détermination et une foi inébranlable. À ce stade, le yogi est déjà libéré et délivré de toute souillure, il a atteint ainsi le Brahman. « Qui me voit partout et voit tout en moi n’est jamais séparé de moi, comme jamais non plus je ne me sépare de lui. » (30)

Arjuna, qui écoutait attentivement, n’est toujours pas convaincu. Il lui paraît impossible d’arriver à une telle domination du mental, capricieux et instable par nature. Il justifie ainsi son doute : « Le mental, ô Krsna, est fuyant, fébrile, puissant et tenace; le subjuguer me semble plus ardu que maîtriser le vent. » (34) Il est certes plus aisé pour un brahmana que pour un kshatriya de contrôler le mental, le guna d’un brahmana étant la vertu, celui du guerrier la passion. Ne faut-il pas y voir un signe pour celui qui veut renoncer à son devoir, comme dans la tentation d’Arjuna ? Mais la réalisation spirituelle, quelle qu’elle soit, ne peut avoir lieu sans un mental apaisé. Refuser d’accomplir son devoir, c’est lâcher la bride à son mental et tomber dans la confusion.

« Mais pour qui le domine et guide ses efforts par les moyens appropriés, la réussite est sûre. Telle est ma pensée » dit Krishna.

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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ob_9d8324_rescap.JPGPar rapport à ce que j'écrivais plus haut, sur le livre de Semprun.

« Nous étions en train de nous demander comment il faudrait raconter, pour qu’on nous comprenne.
- Ce n’est pas le problème, s’écrit un autre, aussitôt. Le vrai problème n’est pas de raconter, quelles qu’en soient les difficultés. C’est d’écouter… Voudra-t-on écouter nos histoires même si elles sont bien racontées ? (---)
- Ça veut dire quoi "bien racontées" ? s’indigne quelqu’un. Il faut dire les choses comme elles sont, sans artifices ! (---)
- Raconter bien, ça veut dire, de façon à être entendu. On n’y parviendra pas sans un peu d’artifice. Suffisamment d’artifice pour que cela devienne de l’art !
Mais cette évidence ne semble pas convaincre, à entendre les protestations qu’elle suscite. Sans doute ai-je poussé trop loin le jeu de mots.
J’essaye de préciser ma pensée.
-Écoutez les gars ! La vérité que nous avons à dire -si tant est que nous en ayant envie, nombreux sont ceux qui ne l’auront jamais ! - n'est pas aisément crédible… Elle est même inimaginable… (---)
Comment raconter une vérité peu crédible, comment susciter l’imagination à l’inimaginable, si ce n’est en élaborant, en travaillant la réalité, en la mettant en perspective ? Avec un peu d’artifice, donc ! »

Note. J’ai édité ce texte en fondant deux parties, les pages 23 et 135. Si vous aimez la littérature, ce livre est un bijou.

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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« Et qu’arrivera-t-il à celui qui, en final, échoue sur cette voie ? demande Arjuna, ne périt-il pas comme un nuage se dissipe, privé de tout refuge ? En ce point gisent mes doutes, ô Krishna; veuille, je t’en prie, les dissiper complètement, car nul autre que toi ne le peut. » (39) Le doute, samsayam, est toujours présent et Krishna, patiemment, répond aux questions.

nuage_bhagavad-gita.pngÉtonnant tout de même, nous sommes au centre d’un terrain de bataille sur lequel deux armées sont prêtes à se trucider, et Krishna, Dieu, face aux doutes récurrents de son disciple, lui enseigne la pratique du yoga pour les dissiper !? À aucun moment, par exemple, il n’y est question d’art martial.

Mais pour répondre à la question d’Arjuna sur le destin d’un engagement raté pour une raison ou une autre, Krishna déclare qu’une telle âme n’a pas à s’inquiéter, jamais elle n’encourt l’infortune, ni en cette vie, ni dans l’autre. L’échec d’un yogi le conduira à renaître sur les planètes de délices où vivent ceux qui ont pratiqué le bien, puis, après une très longue période, il reviendra sur terre au sein d’une famille riche et de qualité. Ou, plus rare encore, dans une famille de spiritualistes, qui pratiquent le yoga. Là, il reprend sa marche vers la perfection à partir de son échec d’autrefois. Naturellement il est disposé à la méditation et après de nombreuses renaissances avantageuses, il atteint le but suprême. « Le yogi est supérieur à ceux qui pratiquent les austérités, aux philosophes (jnanibhyah) et à ceux qui œuvrent pour le succès de leurs actions. Deviens donc un yogi, ô Arjuna. » (46-47).

Krishna a donc commencé ce chapitre en donnant une définition du vrai yogi, c’est-à-dire un renonçant qui s’acquitte de ses devoirs sociétaux « et non celui qui n’allume pas de feu, qui se retranche de l’action. » Par feu, il faut entendre l’agnihotra, le sacrifice consistant à toujours garder un feu chez soi et l’alimenter selon les rituels prescrits par les Védas. Et, en conclusion, Krishna précise sa pensée : « Et de tous les yogis, celui qui, avec une foi totale, demeure toujours en moi et m'adore en me servant avec amour, celui-là est le plus grand, et m'est le plus intimement lié. » Il utilise l’expression : shraddhavan bhajate yo mam ; shraddha, se traduit par la foi, et bhajate par adoration; ce qui signifie : celui qui m’adore avec foi. Il va sans doute que le scepticisme n’a plus sa place à ce niveau.

 

Arjuna a-t-il enfin compris ? Ses doutes ont-ils été évacués ?
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