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Doïna Membre+ 19 524 messages
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Bonjour,

L'Ecole de médecine de Salerne* :

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Ses origines sont très anciennes. Peut-être remontent-elles à l'Antiquité, où les érudits en médecine avaient pour habitude de se réunir pour échanger et débattre, mais peut-être que cette institution a pris seulement racine vers la fin du VII° siècle dans les fondements bénédictins du duché de Benevento, là où des moines ayant accès à la riche bibliothèque du Mont-Cassin pouvaient diffuser les œuvres en grec et en latin qu'ils traduisaient et exerçaient leur profession en milieu restreint. Elle n'était alors qu'un simple dispensaire.

C'est au XI° siècle qu'elle devient réellement fameuse, avec l'arrivée dans la ville de Constantin l'Africain* ramenant dans ses bagages des œuvres importantes du monde intellectuel arabe. C'était l'époque où s'imposa l'Alchimie, une discipline visant à transformer et améliorer toutes sortes de choses de la création, et pouvant alors être pratiquée conjointement avec la médecine.

Après avoir obtenu les faveurs de grands de ce monde : Robert Guiscard* et ses successeurs, les empereurs souabes, elle fut la première école à porter un titre académique reconnu dans tous les principaux pays européens. Elle était ouverte aux deux sexes et atteignit le plus haut niveau pour la pratique en ces temps médiévaux.

Bien que subissant la tourmente politique ambiante au XII° siècle, qui aboutit à des pillages, destructions et déportations en masse de citoyens, elle put recouvrer une intense activité culturelle avec l'avènement de Frédéric II*, un fervent défenseur de la santé, passionné de médecine. C'était en effet un personnage qui prenait grand soin de son corps : ses demeures impériales en attestent qui sont dotées d'équipement sanitaire, et sa toilette dominicale était méticuleuse au point de scandaliser le chrétien.

Fidèle à lui-même, l'empereur finança la recherche scientifique et fit traduire en latin les nombreux traités de Claudio Galeno de Pergano, le médecin et philosophe grec le plus fameux après Hippocrate et qui, pour méthode expérimentale, avait étudié l'anatomie. Ce sage avait également imposé d'importants progrès à la pharmacologie.

En dépit de la concurrence de l'Université de Naples fondée en 1224, l'Ecole médicale de Salerne impulsa durant tout le Moyen-Âge ses connaissances, et exerça un rôle très important dans l'organisation et la gestion de l'entière politique sanitaire du royaume de Sicile. Ses étudiants contribuèrent d'une façon déterminante à formuler les normes contenues dans le "Liber Augustalis" : première législation d'empreinte constitutionnelle à l'avant-garde dans le secteur de la santé publique.

Cette école, dont on ignore l'emplacement aujourd'hui encore, a ainsi dispensé jusqu'au XIV° siècle un enseignement théorique et pratique de la médecine et de la chirurgie. Les malades, nombreux à s'y rendre, pouvaient être hébergés dans la partie hospitalière de l'Université. Bien qu'en excellents termes avec l'Eglise, elle était laïque et ouverte à toutes les nations, toutes les religions. Le diplôme qu'elle décernait conférait au jeune médecin une estime et une réputation inégalables.

Cinq noms de femmes y ayant enseigné sont passés à la postérité, parmi lesquels celui de Trotula, professeur de gynécologie, à laquelle on doit des ouvrages d'obstétrique et d'hygiène.

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* Salerne : ville portuaire du Mezzogiorno en Italie, très cosmopolite au Moyen-Âge.

* Constantin l'Africain est un médecin du XIe siècle. La première partie de sa vie s'est déroulée en Afrique du Nord musulmane et l'autre en Italie où il a écrit son œuvre. Celle-ci est vaste. Elle comprend particulièrement des traductions. Il a traduit en latin les livres des grands maîtres de la médecine arabe de l'époque : Rhazès, Ali Ibn Massaouia de Baghdad, Ibn Imran, lbn Souleymane, et Ibn Al Jazzar de Kairouan, etc. Ces traductions existent de nos jours dans les grandes bibliothèques européennes : en Italie, en Allemagne, en France, en Belgique, en Angleterre, etc. Elles ont servi comme manuels scolaires au Moyen Âge et jusqu'au XVIIe siècle.

* Robert Guiscard (première moitié du XI° siècle) ou Robert de Hauteville, dit l'Avisé, duc d'Apulie et de Calabre, célèbre aventurier normand. Avec son frère Roger, il posa les fondations du futur Royaume de Sicile.

* Frédéric II : (1194-1250), empereur du Saint-Empire, roi de Germanie, de Sicile et de Jérusalem.

Source 1

Source 2

Source 3

(+ Wikipédia)

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