Vous et tu

Une étrange réflexion me vient ce matin, je vous la confie.

Dire vous à quelqu'un, c'est admettre qu'il puisse être plusieurs. Cette personne a le choix. La marque de respect intervient comme la reconnaissance que l'autre est en position de choisir d'être ceci ou cela. Il reste indéterminé dans la relation. Et la domination à la limite ne consiste-t-elle pas dans cette relation où l'on ne peut pas déterminer comment l'autre va agir ou réagir, car il peut être violent, bon ou méchant, comme bon lui semble finalement, et en s'adressant à lui ou elle il faut toujours d'abord marquer que l'on sait cela, qu'il n'est en rien engagé à notre égard ? "Vous" : tous les vous possibles, que vous choisirez comme il vous sied de me proposer comme interlocuteur.

Dire tu à quelqu'un, c'est réduire le faisceau à un terme.

Belle réflexion que vous nous faites de bon matin.

En effet, il est rare que je me pense au singulier, il est rare que je n'entendes ou ne voies l'autre dans sa multitude.

C'est une bien jolie inspiration en effet,

je pense malgré cela que l'emploi du "Vous" ne change pas grand chose à notre approche de l'autre.

J'observe souvent, assis sur un banc par exemple, le déroulement de nos relations sociales.

L'autre n'est pas souvent invité à la table, même cet inconnu qui est vouvoyé le temps de demander son chemin.

C'est le même qui s'adresse au même comme si nous faisions toujours en sorte de rester entre soi, entre Tu.

Sans doute portons nous tous des costumes qui nous rendent familier par avance, c'est à dire connu. Déterminer par des catégories générales. Sexe, Job, origine ethnique... Rarement le "Vous" contient en lui le refus de Tu-er l'altérité, le désir de laisser la rencontre nous découvrir mutuellement.

Dans un autre ordre,

le "Vous" est reconnaissance en soi. S'éveiller à sa propre multitude, à sa créativité.

Réflexion intéressante, je devrais dire "nous".

Pour nous le "je" ou le "tu" est un tout, une personne à part entière malgré la multitude de ses facettes. Le "vous" marque une certaine distance.

bonjour

le roi disait : nous voulons et louis xiv disait aussi , l'état c'est moi .les us et coutumes ont la vie dur .on peut dire tu à quelqu'un que l'on ne connais pas mais , suivant l'usage l'époque et les coutumes , cela peut paraitre être un manque de respect sinon une familiarité déplacée .

sur un forum ,on peut dire tu par facilité , tout en respectant l'interlocuteur quelques soit ses opinions .

bonne journée

Jadis, les rois utilisaient le "nous" pour parler d'eux-mêmes, afin de signifier "Dieu et moi". On les vouvoyait pour la même raison.

Peu à peu, l'usage s'est étendu en formule de politesse généralisée.

Il s'agit donc davantage d'un accident de la langue plutôt que d'une entreprise volontaire de désignation de l'indétermination individuelle.

Ça n'empêche pas qu'il soit intéressant de connaître les implications sous-jacentes à cet accident.

Jadis, les rois utilisaient le "nous" pour parler d'eux-mêmes, afin de signifier "Dieu et moi". On les vouvoyait pour la même raison.

Intéressant, merci ! Je l'ignorais complètement. Au départ, le sens est donc très précis et loin d'être “indéterminé”.

Le veilleur :

En effet, il est rare que je me pense au singulier

Tu te vouvoies en privé ?

Moi, je me sens toujours tout seul dans ma tête :

et même sur ma carte d'identité, je suis tout seul sur la photo :

c'est pas une une preuve, ça ?!

Mais c'est vrai qu'il y aurait à réfléchir sur l'emploi du vouvoiement ou du tutoiement.

Tel que nous les vivons, ressentons.

A priori, à mon avis, le vouvoiement pourrait être une marque de respect...

Mais est-ce que le tutoiement en devient pour autant une marque d'irrespect ?

Je vous vouvoie parce que je vous respecte...

Mais peut-être aussi afin que vous me respectassiez ?

Et si je te tutoie, c'est que je te pense au même niveau que moi.

Et donc forcément que je te respecte ? (A moins que je ne me méprise moi-même?)

Et donc que tu dois me respecter...

Je pige plus rien : les deux reviennent au même...

Le vouvoiement serait plus "respect", "distance", plus... intellectuel ?

et le tutoiement plus affectif plus copain, vulgaire, rigolard, intime ?

Y'a un peu de ça...

Et je me demande : l'intimité est-elle une vulgarité ?

ça craint !

Plus animale ?

C'est probable...

Le veilleur :

Tu te vouvoies en privé ?

Moi, je me sens toujours tout seul dans ma tête :

et même sur ma carte d'identité, je suis tout seul sur la photo :

c'est pas une une preuve, ça ?!

Celui qui sait s'inviter comme témoin du dialogue intérieur sait qu'il y a moult voix.

Celui qui ne sait pas se croit seul et lorqu'il parle, il pense connaître celui qui parle.

Joker !