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La mécanique du couple


Savonarol

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Membre, Esprit de contradiction, 48ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
48ans‚ Esprit de contradiction,
Posté(e)

La vie en couple (c'est à dire pensée à deux et non chacun de son coté ) est relativement récente dans nos sociétés.

Sur la solitude, Nietzsche écrit :

DES MOUCHES DE LA PLACE PUBLIQUE

Fuis, mon ami, dans ta solitude ! Je te vois étourdi par le bruit des grands hommes et meurtri par les aiguillons des petits.

Avec dignité, la forêt et le rocher savent se taire en ta compagnie. Ressemble de nouveau à l’arbre que tu aimes, à l’arbre aux larges branches : il écoute silencieux, suspendu sur la mer.

Où cesse la solitude, commence la place publique ; et où commence la place publique, commence aussi le bruit des grands comédiens et le bourdonnement des mouches venimeuses.

Dans le monde les meilleures choses ne valent rien sans quelqu’un qui les représente : le peuple appelle ces représentants des grands hommes.

Le peuple comprend mal ce qui est grand, c’est-à-dire ce qui crée. Mais il a un sens pour tous les représentants, pour tous les comédiens des grandes choses.

Le monde tourne autour des inventeurs de valeurs nouvelles : — il tourne invisiblement. Mais autour des comédiens tourne le peuple et la gloire : ainsi « va le monde ».

Le comédien a de l’esprit, mais peu de conscience de l’esprit. Il croit toujours à ce qui lui fait obtenir ses meilleurs effets, — à ce qui pousse les gens à croire en lui-même !

Demain il aura une foi nouvelle et après-demain une foi plus nouvelle encore. Il a l’esprit prompt comme le peuple, et prompt au changement.

Renverser, — c’est ce qu’il appelle démontrer. Rendre fou, — c’est ce qu’il appelle convaincre. Et le sang est pour lui le meilleur de tous les arguments.

Il appelle mensonge et néant une vérité qui ne glisse que dans les fines oreilles. En vérité, il ne croit qu’en les dieux qui font beaucoup de bruit dans le monde !

La place publique est pleine de bouffons tapageurs — et le peuple se vante de ses grands hommes ! Ils sont pour lui les maîtres du moment.

Mais le moment les presse : c’est pourquoi ils te pressent aussi. Ils veulent de toi un oui ou un non. Malheur à toi, si tu voulais placer ta chaise entre un pour et un contre !

Ne sois pas jaloux des esprits impatients et absolus, ô amant, de la vérité. Jamais encore la vérité n’a été se pendre au bras des intransigeants.

À cause de ces agités retourne dans ta sécurité : ce n’est que sur la place publique qu’on est assailli par des « oui ? » ou des « non ? »

Ce qui se passe dans les fontaines profondes s’y passe avec lenteur : il faut qu’elles attendent longtemps pour savoir ce qui est tombé dans leur profondeur.

Tout ce qui est grand se passe loin de la place publique et de la gloire : loin de la place publique et de la gloire demeurèrent de tous temps les inventeurs de valeurs nouvelles.

Fuis, mon ami, fuis dans ta solitude : je te vois meurtri par des mouches venimeuses. Fuis là-haut où souffle un vent rude et fort !

Fuis dans ta solitude ! Tu as vécu trop près des petits et des pitoyables. Fuis devant leur vengeance invisible ! Ils ne veulent que se venger de toi.

N’élève plus le bras contre eux ! Ils sont innombrables et ce n’est pas ta destinée d’être un chasse-mouches.

Innombrables sont ces petits et ces pitoyables ; et maint édifice altier fut détruit par des gouttes de pluie et des mauvaises herbes.

Tu n’es pas une pierre, mais déjà des gouttes nombreuses t’ont crevassé. Des gouttes nombreuses te fêleront et te briseront encore.

Je te vois fatigué par les mouches venimeuses, je te vois déchiré et sanglant en maint endroit ; et la fierté dédaigne même de se mettre en colère.

Elles voudraient ton sang en toute innocence, leurs âmes anémiques réclament du sang — et elles piquent en toute innocence.

Mais toi qui es profond, tu souffres trop profondément, même des petites blessures ; et avant que tu ne sois guéri, leur ver venimeux aura passé sur ta main.

Tu me sembles trop fier pour tuer ces gourmands. Mais prends garde que tu ne sois destiné à porter toute leur venimeuse injustice !

Ils bourdonnent autour de toi, même avec leurs louanges : importunités, voilà leurs louanges. Ils veulent être près de ta peau et de ton sang.

Ils te flattent comme on flatte un dieu ou un diable ; ils pleurnichent devant toi, comme un dieu ou un diable. Qu’importe ! Ce sont des flatteurs et des pleurards, rien de plus.

Aussi font-ils souvent les aimables avec toi. Mais c’est ainsi qu’en agit toujours la ruse des lâches. Oui, les lâches sont rusés !

Ils pensent beaucoup à toi avec leur âme étroite — tu leur es toujours suspect ! Tout ce qui fait beaucoup réfléchir devient suspect.

Ils te punissent pour toutes tes vertus. Ils ne te pardonnent du fond du cœur que tes fautes.

Puisque tu es bienveillant et juste, tu dis : « Ils sont innocents de leur petite existence. » Mais leur âme étroite pense : « Toute grande existence est coupable. »

Même quand tu es bienveillant à leur égard, ils se sentent méprisés par toi ; et ils te rendent ton bienfait par des méfaits cachés.

Ta fierté sans paroles leur est toujours contraire ; ils jubilent quand il t’arrive d’être assez modeste pour être vaniteux.

Tout ce que nous percevons chez un homme, nous ne faisons que l’enflammer. Garde-toi donc des petits !

Devant toi ils se sentent petits et leur bassesse s’échauffe contre toi en une vengeance invisible.

Ne t’es-tu pas aperçu qu’ils se taisaient, dès que tu t’approchais d’eux, et que leur force les abandonnait, ainsi que la fumée abandonne un feu qui s’éteint ?

Oui, mon ami, tu es la mauvaise conscience de tes prochains : car ils ne sont pas dignes de toi. C’est pourquoi ils te haïssent et voudraient te sucer le sang.

Tes prochains seront toujours des mouches venimeuses ; ce qui est grand en toi — ceci même doit les rendre plus venimeux et toujours plus semblables à des mouches.

Fuis, mon ami, fuis dans ta solitude, là-haut où souffle un vent rude et fort. Ce n’est pas ta destinée d’être un chasse-mouches. —

Ainsi parlait Zarathoustra.

= = =

Est-ce notre volonté de nous soumettre au couple (donc d'être guidé par nos besoins , notre quête d'être mieux vu par l'autre que par nous-mêmes, notre envie de nous reproduire, et notre abandon de notre liberté au nom de la fusion avec un autre -fusion plus ou moins bien réussie quand on observe le nombre de divorce par ailleurs ) peut être perçu comme une faiblesse ? Un "1" que nous serions incapable d'assumer et que nous tenterions de travestir en un "2" qui "délayerait" notre personnalité, et nos responsabilités ?

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Invité elbaid
Invités, Posté(e)
Invité elbaid
Invité elbaid Invités 0 message
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je suis pour une cybernétisation du couple .

ainsi parlait elbaid .:smile2: , si non oui c'est classe ce que écrit Nietzsche .

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Est-ce notre volonté de nous soumettre au couple (donc d'être guidé par nos besoins , notre quête d'être mieux vu par l'autre que par nous-mêmes, notre envie de nous reproduire, et notre abandon de notre liberté au nom de la fusion avec un autre -fusion plus ou moins bien réussie quand on observe le nombre de divorce par ailleurs ) peut être perçu comme une faiblesse ? Un "1" que nous serions incapable d'assumer et que nous tenterions de travestir en un "2" qui "délayerait" notre personnalité, et nos responsabilités ?

Si on peut certes être "soumis" au couple, c'est-à-dire en subir la réalité de manière passive, ne serait-ce que par conformisme, on peut aussi certainement le choisir de manière éclairée, et en faire un choix de vie qui participe à notre liberté, à édifier notre sens de la responsabilité et à l'expression de notre personnalité.

Il n'est pas mal de reconnaître que nous avons des besoins, des envies de nous reproduire, de nous enchaîner, que nous avons des vulnérabilités et même des dépendances, tant que ces besoins-là ne servent pas de prétexte pour recouvrir une partie de ce que l'on est et que l'on préfère ne pas voir.

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Membre, 52ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 47 126 messages
Maitre des forums‚ 52ans‚
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ça me fait toujours penser au paradoxe du hérisson sur la banquise. Paradoxe vécu jusque dans la chaire de Nietzsche puisque a écrit son Zarathoustra de sa séparation d'avec Lou Salomé. Ce grand amoureux de la solitude souffrant du départ de mon amoureuse et cherchant à se convaincre que la solitude c'est ce qu'il y a de mieux pour l'humanité, pour lui... C'est ce qui fait la beauté du bouquin d'ailleurs, Zarathoustra passe rapidement pour un mégalo "que serait le soleil si je n'étais pas là pour recevoir sa lumière" et persiste à vouloir instruire les hommes alors que l'ermite lui conseil plutôt "ne leur apporte rien, prend plutôt une part de leur fardeau".

C'est justement ce qu'il y a d'intéressant: trouver la juste distance entre soi et les autres. Et cet équilibre est à mon sens parfaitement résumé avec ces mouvements des hérissons qui se rapprochent les uns des autres, se piquent, s'éloignent, se gèlent les couilles sur la banquise, et se rapprochent à nouveau... l'équilibre est là: exactement de la même façon dont nous marchons, avec cet équilibre pied droit, pied gauche, pied droit, pied gauche... cette alternance gauche droite qui fait notre République...

La juste distance implique le mouvement de la vie, la justesse ne sera immobile que dans la mort.

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Invité Leveilleur
Invités, Posté(e)
Invité Leveilleur
Invité Leveilleur Invités 0 message
Posté(e)

Le "deux" ne peut trouver de justification en lui-même.

je ne vois aucune allusion au "trois" dans votre propos et je trouve cela étrange, pourquoi partager un espace et les autres "biens", surtout les autres "maux", si cette association ne s'explique pas par les difficultés d'avoir en charge matérielle, affective et psychologique, l'enfant ou les enfants ?

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

Le "deux" ne peut trouver de justification en lui-même.

je ne vois aucune allusion au "trois" dans votre propos et je trouve cela étrange, pourquoi partager un espace et les autres "biens", surtout les autres "maux", si cette association ne s'explique pas par les difficultés d'avoir en charge matérielle, affective et psychologique, l'enfant ou les enfants ?

Insinues-tu que les couples qui n'ont pas d'enfant sont des couples illégitimes ou moralement inférieurs ?

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Invité Leveilleur
Invités, Posté(e)
Invité Leveilleur
Invité Leveilleur Invités 0 message
Posté(e)

Insinues-tu que les couples qui n'ont pas d'enfant sont des couples illégitimes ou moralement inférieurs ?

En vertu de quoi seraient-ils illégitimes ? De quelle loi ?

Moralement inférieurs ? Ca ne veut rien dire ça, en quoi serait-il moral ou non de vouloir vivre en couple ?

Ce que j'ai voulu dire est fort simple, je ne me comprendrai pas de vouloir vivre avec une personne, excepté pour une seule raison, assumer l'existence et les nécéssités posées par cette existence des enfants.

Contrairement à ce que vous avez l'habitude sans doute d'entendre s'exprimer des gens qui voudraient voir moral ou immoral pour les autres ce qui leur paraît moral ou immoral à eux-mêmes, il existe des gens qui expriment des positions sans être fâchés ou incommodés par le fait que ces positions ne soient pas audibles ou simplement compréhensibles pour les autres

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

En vertu de quoi seraient-ils illégitimes ? De quelle loi ?

Non pas forcément d'une loi mais, par exemple, d'un jugement éthique émanant de toi.

Moralement inférieurs ? Ca ne veut rien dire ça, en quoi serait-il moral ou non de vouloir vivre en couple ?

La morale étudie la valeur des actes. On peut donc dire, en vertu d'un jugement moral, que telle façon de vivre en couple a plus de valeur qu'une autre.

Ce que j'ai voulu dire est fort simple, je ne me comprendrai pas de vouloir vivre avec une personne, excepté pour une seule raison, assumer l'existence et les nécéssités posées par cette existence des enfants.

Je suppose que si tu ne peux te comprendre vivre avec une autre personne sans les nécessités posés par l'existence des enfants, alors c'est que tu ne dois pas le comprendre chez les autres non plus n'est-il pas ? Puisque si tu le comprenais chez les autres, cela reviendrais au même que de dire que tu le comprends pour toi au fond, entendu que l'idée de "comprendre pour les autres" est quelque peu illusoire, et constitue un abus de langage. Cela dit, sans comprendre profondément les tenants et aboutissants du comportement d'autrui, on peut certainement l'admettre comme étant digne de respect, ou du moins de tolérance. Tu aurais donc pu assumer un principe de vie en couple pour des enfants, sans que l'on te taxe de fasciste amoureux pour autant (puisque telle semble être ta crainte).

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Invité Leveilleur
Invités, Posté(e)
Invité Leveilleur
Invité Leveilleur Invités 0 message
Posté(e)

Non pas forcément d'une loi mais, par exemple, d'un jugement éthique émanant de toi.

La morale étudie la valeur des actes. On peut donc dire, en vertu d'un jugement moral, que telle façon de vivre en couple a plus de valeur qu'une autre.

Je suppose que si tu ne peux te comprendre vivre avec une autre personne sans les nécessités posés par l'existence des enfants, alors c'est que tu ne dois pas le comprendre chez les autres non plus n'est-il pas ? Puisque si tu le comprenais chez les autres, cela reviendrais au même que de dire que tu le comprends pour toi au fond, entendu que l'idée de "comprendre pour les autres" est quelque peu illusoire, et constitue un abus de langage. Cela dit, sans comprendre profondément les tenants et aboutissants du comportement d'autrui, on peut certainement l'admettre comme étant digne de respect, ou du moins de tolérance. Tu aurais donc pu assumer un principe de vie en couple pour des enfants, sans que l'on te taxe de fasciste amoureux pour autant (puisque telle semble être ta crainte).

Le comportement ou les choix des autres ne se présentent pas dans cette forme pour moi, bien entendu ce que j'exprime ici n'est vrai que pour les choix de vie personnels et ne l'est plus lorsque les actes des autres représentent une menace pour mes propres choix ou ceux d'autrui. Il n'y a point cette alternative : est-ce digne de respect ou non. Par conséquent je pense que l'on peut considérer cela comme une tolérance. En règle générale, les choix ou comportement des autres me sont difficilement compréhensibles, mais l'effort que je serais amené à faire pour tenter de les comprendre, ou la peine que je ressentirais devant mon incapacité de les comprendre n'implique pas ce prolongement d'eux à moi, les gens font ce qu'ils veulent, je fais ce que je veux, et il n'y pas souvent un lien entre ce qu'ils veulent et ce que je veux, comme il n'y a pas, de façon naturelle pour moi, une nécessité de rapport, de joint. Ils font, je fais, je ne comprends pas ou peu ce qu'ils font mais ce n'est pas conséquent, qu'ils continuent de le faire sans se soucier que je ne le comprenne pas, je continuerais de faire ce que je fais sans me soucier de n'être pas compris.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 6 034 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

La vie en couple (c'est à dire pensée à deux et non chacun de son coté ) est relativement récente dans nos sociétés.

Est-ce notre volonté de nous soumettre au couple peut être perçu comme une faiblesse ? Un "1" que nous serions incapable d'assumer et que nous tenterions de travestir en un "2" qui "délayerait" notre personnalité, et nos responsabilités ?

J'aurais envie de te dire que 1+1 ça fait 3! Oui, cela fait toujours deux individus à part entière et aussi une troisième composante qui réunit ces deux êtres, une interaction inductive ou un rapprochement, une fusion partielle se produit, cette partie n'est ni l'un, ni l'autre, mais un amalgame des deux dans une tierce entité, ils ne sont plus vraiment un, mais ne sont pas fusionnés non plus.

Encore une fois, tous les cas de figures sont envisageables, soit la détresse de l'un, soit la prise de pouvoir de l'autre, soit un respect mutuel ou encore une complémentarité vs similarité. Je suppose qu'il existe de "vrais" couples épanouis, satisfaits de leur compagnon de route, ce qui est triste c'est qu'en c'est fait uniquement par dépit, par peur et/ou par besoin, de loin je pense le cas le plus fréquent, surtout pour rester ensemble.

...Nietzsche puisque a écrit son Zarathoustra de sa séparation d'avec Lou Salomé. Ce grand amoureux de la solitude souffrant du départ de mon amoureuse et cherchant à se convaincre que la solitude c'est ce qu'il y a de mieux pour l'humanité, pour lui...

Un petit coup de psychanalyse gratuite pour ces fêtes!?

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 6 034 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

En règle générale, les choix ou comportement des autres me sont difficilement compréhensibles, mais l'effort que je serais amené à faire pour tenter de les comprendre, ou la peine que je ressentirais devant mon incapacité de les comprendre n'implique pas ce prolongement d'eux à moi, les gens font ce qu'ils veulent, je fais ce que je veux, et il n'y pas souvent un lien entre ce qu'ils veulent et ce que je veux, comme il n'y a pas, de façon naturelle pour moi, une nécessité de rapport, de joint. Ils font, je fais, je ne comprends pas ou peu ce qu'ils font mais ce n'est pas conséquent, qu'ils continuent de le faire sans se soucier que je ne le comprenne pas, je continuerais de faire ce que je fais sans me soucier de n'être pas compris.

Les comportements des autres sont-ils si incompréhensibles que ça, en réalité? Ou plus simplement ils ne correspondent pas à tes attentes/expectatives, qui sont nécessairement couplés à ton expérience de vie, ton éducation, ton caractère/tempérament, à des aléas heureux ou malheureux, etc...

Personnellement, c'est précisément l'inverse qui me gène, c'est que je comprends fort bien mes semblables, ils sont si prévisibles, uniformes, simples/bestiaux, si peu sensibles, égocentriques et/ou je-m'en-foutistes, si humains en somme dans un sens péjoratif que je rejoins Nietzsche finalement! Mais on peut aussi être seul au milieu des autres, tout n'est qu'une question de valeur que l'on veut bien leur accorder.

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

Le comportement ou les choix des autres ne se présentent pas dans cette forme pour moi, bien entendu ce que j'exprime ici n'est vrai que pour les choix de vie personnels et ne l'est plus lorsque les actes des autres représentent une menace pour mes propres choix ou ceux d'autrui. Il n'y a point cette alternative : est-ce digne de respect ou non. Par conséquent je pense que l'on peut considérer cela comme une tolérance. En règle générale, les choix ou comportement des autres me sont difficilement compréhensibles, mais l'effort que je serais amené à faire pour tenter de les comprendre, ou la peine que je ressentirais devant mon incapacité de les comprendre n'implique pas ce prolongement d'eux à moi, les gens font ce qu'ils veulent, je fais ce que je veux, et il n'y pas souvent un lien entre ce qu'ils veulent et ce que je veux, comme il n'y a pas, de façon naturelle pour moi, une nécessité de rapport, de joint. Ils font, je fais, je ne comprends pas ou peu ce qu'ils font mais ce n'est pas conséquent, qu'ils continuent de le faire sans se soucier que je ne le comprenne pas, je continuerais de faire ce que je fais sans me soucier de n'être pas compris.

D'accord, mais lorsque tu poses un jugement éthique sur ce forum, tel que celui qui était évoqué dans l'intervention qui a lancé cette controverse - à savoir qu'un couple sans enfant te paraît être une chose étrange (ou quelque chose comme ça), ne donnes-tu pas à ce jugement une extension impersonnelle, de façon à ce que les autres puissent se l'approprier et y réfléchir ? Au fond, toute discussion philosophique saine repose sur cette sorte d'armistice selon laquelle tout peut être mis en question sur une sorte de terrain objectif. Où chacun doit tenter, dans la mesure du possible, de s'extraire du caractère personnel de ses croyances pour en arriver à cet état d'esprit dans lequel le partage de la réflexion et la remise en question est possible.

Autrement dit, il est beaucoup plus difficile de philosopher en commun à partir d'assertions de type personnelles telles que "je pense ceci" ou "je pense cela", qu'à partir d'assertions de type "objectif" (on parle d'une objectivité stylistique) telles que "ceci est moralement plus adéquat en vertu de cela". Cela parce que cette dernière forme exige de l'individu un recul sur lui-même - le recul que nécessite toute réflexion sur soi-même en tant que sujet pensant. Alors que la première forme, plus personnelle, met l'individu à risque de rester prisonnier de toute la sphère des champs affectifs qui le lient avec rigidité à ses conditionnements et habitudes.

Donc, dirais-tu qu'un couple sans enfants est moralement inférieur à un couple avec enfants ?

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Invité Leveilleur
Invités, Posté(e)
Invité Leveilleur
Invité Leveilleur Invités 0 message
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Les comportements des autres sont-ils si incompréhensibles que ça, en réalité? Ou plus simplement ils ne correspondent pas à tes attentes/expectatives, qui sont nécessairement couplés à ton expérience de vie, ton éducation, ton caractère/tempérament, à des aléas heureux ou malheureux, etc...

Personnellement, c'est précisément l'inverse qui me gène, c'est que je comprends fort bien mes semblables, ils sont si prévisibles, uniformes, simples/bestiaux, si peu sensibles, égocentriques et/ou je-m'en-foutistes, si humains en somme dans un sens péjoratif que je rejoins Nietzsche finalement! Mais on peut aussi être seul au milieu des autres, tout n'est qu'une question de valeur que l'on veut bien leur accorder.

Le fait qu'ils soient prévisibles, uniformes, simples (en apparence), bestiaux, ne signifie pas, je le pense, que tu les comprennes eux, sans doute comprends-tu très bien la nature de leur conditionnement, et sans doute est-ce cela qui te rend leurs comportements ou choix faciles à comprendre. Je pense qu'il y a une confusion ici, entre ce que vivent les gens profondément, et leurs modes d'action qui ne les représentent pas plus qu'ils n'émanent d'eux.

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Invité Leveilleur
Invités, Posté(e)
Invité Leveilleur
Invité Leveilleur Invités 0 message
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D'accord, mais lorsque tu poses un jugement éthique sur ce forum, tel que celui qui était évoqué dans l'intervention qui a lancé cette controverse - à savoir qu'un couple sans enfant te paraît être une chose étrange (ou quelque chose comme ça), ne donnes-tu pas à ce jugement une extension impersonnelle, de façon à ce que les autres puissent se l'approprier et y réfléchir ?

J'ai le sentiment que vous ne faites pas de différence entre participer à un échange en confiant sa propre façon de penser ou de ressentir et porter un jugement sur la façon des autres. Il faudra vous y faire, je ne fonctionne pas inconditionnellement de cette manière. S'il est vrai qu'un couple qui a décidé de ne pas avoir d'enfant, me paraît à moi, une chose étrange, il n'y a pas de jugement porté sur ce choix, parce que je pense que je ne peux mesurer, pénétrer, atteindre toutes les raisons qui sont les leurs et qui me sont étrangères, je ne rentrerai donc pas en discussion avec eux sur la nature de leur choix ou les raisons qui le fondent, persuadé que je suis par avance de ne pouvoir les comprendre, ou du-moins, davantage qu'en faisant une simple synthèse intellectelle, les résultats de l'effort intellectuel, s'ils sont nécessaires, ne me sont jamais suffisant.

Non il ne m'intéresse pas de songer que mes raisons personnelles de faire tel choix puissent

prétendre à se laisser partager, pour les raisons abordées plus haut, de la même façon que je ne m'imagine pas atteindre la profondeur des autres, je suis persuadé que les autres ne sont pas en mesure d'atteindre la mienne, autrement dit, ce serait utopie de ma part d'attendre une telle contagion ou communion d'idées et de sentiments, j'emploie le terme "utopie", mais il est bien faible dans ce cas précis, sans doute le terme "folie" sierait mieux.

Au fond, toute discussion philosophique saine repose sur cette sorte d'armistice selon laquelle tout peut être mis en question sur une sorte de terrain objectif. Où chacun doit tenter, dans la mesure du possible, de s'extraire du caractère personnel de ses croyances pour en arriver à cet état d'esprit dans lequel le partage de la réflexion et la remise en question est possible.

Autrement dit, il est beaucoup plus difficile de philosopher en commun à partir d'assertions de type personnelles telles que "je pense ceci" ou "je pense cela", qu'à partir d'assertions de type "objectif" (on parle d'une objectivité stylistique) telles que "ceci est moralement plus adéquat en vertu de cela". Cela parce que cette dernière forme exige de l'individu un recul sur lui-même - le recul que nécessite toute réflexion sur soi-même en tant que sujet pensant. Alors que la première forme, plus personnelle, met l'individu à risque de rester prisonnier de toute la sphère des champs affectifs qui le lient avec rigidité à ses conditionnements et habitudes.

Donc, dirais-tu qu'un couple sans enfants est moralement inférieur à un couple avec enfants ?

Oui si votre position est purement philosophique, dans ce cas, vous emettez votre position de raisonnement, votre vision, votre analyse, que sais-je d'autre ? Et vous attendez quoi ? Qu'un supposé partenaire ? Adversaire ? Concurent ou rival, ou tout simplement voisin de pallier ? Vous confie de quelle manière il se fond dans votre regard, ou au contraire, vous résiste avec somme d'arguments, si possible sérieux à vos yeux, bien construits, bien développés ?

Dans tous les cas j'en suis sûr vous obtenez une sorte de satisfaction, et je vous imagine préférer les situations de résistances, celles qui auront chez vous un effet stimulant, celles qui vous donneront énergie, qui tel le chalumeau ou le dragon des mythes vous intimera la pulsion incendiaire, le feu nettoie et purifie, n'est-ce pas ?

Oui c'est aussi cela la philosophie, ma démarche est moins ambitieuse, peut-être moins noble aussi, je suis la cible sur laquelle je veux décocher ma flèche, l'autre ne m'intéresse pas beaucoup, je veux dire "l'autre pensant", non pas l'autre étant, je ne veux pas partager mes idées avec lui, je veux bien partager mon manteau ou mon pain, mais pas mes idées. Ce que je pense n'a pas besoin de moi.

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

Oui c'est aussi cela la philosophie, ma démarche est moins ambitieuse, peut-être moins noble aussi, je suis la cible sur laquelle je veux décocher ma flèche, l'autre ne m'intéresse pas beaucoup, je veux dire "l'autre pensant", non pas l'autre étant, je ne veux pas partager mes idées avec lui, je veux bien partager mon manteau ou mon pain, mais pas mes idées. Ce que je pense n'a pas besoin de moi.

Je ne suis pas sûr de te suivre Leveilleur. Tu affirmes ne pas vouloir partager tes idées avec les autres mais pourtant, tu t'épanches sur un forum de philosophie.

Par ailleurs, que signifie l'idée que "ce que tu penses n'a pas besoin de toi" ?

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Membre, 52ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 47 126 messages
Maitre des forums‚ 52ans‚
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Un petit coup de psychanalyse gratuite pour ces fêtes!?

ouch, joli lapsus en effet...

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Membre, Esprit de contradiction, 48ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
48ans‚ Esprit de contradiction,
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Je vous lis avec beaucoup de curiosité.

A mon sens, vivre en couple ça a toujours sonné pour moi comme "se couper en deux". Je veux pas trop parler de ma vie perso ( qui n'est en plus sûrement pas un exemple), mais les plus intenses histoires que j'ai vécu sont des histoires qui ont été courtes et se sont mal terminées puisque que le temps n'a pas eu le temps de les salir. Des femmes sur lesquelles j'ai pu projeter "ce que je pensais que notre histoire aurait pu être" (puisqu'elle n'avait pas vécu). Du reste, la vie de couple, l'idée de couple même, je vois ça comme un boulet à la cheville, un système politique qui se substitue à celui dans lequel on a grandit (papa maman) et je trouve ça profondément déprimant car foutrement pas innovant. Je trouve qu'il y a une fatalité dans cette manière de se reproduire et de reproduire les systèmes de vie de ses parents pour soi qui est linéaire et qui en plus tend à brider les individus en les enchaînant l'un à l'autre; puis à leurs enfants.

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Invité Leveilleur
Invités, Posté(e)
Invité Leveilleur
Invité Leveilleur Invités 0 message
Posté(e)

Je ne suis pas sûr de te suivre Leveilleur. Tu affirmes ne pas vouloir partager tes idées avec les autres mais pourtant, tu t'épanches sur un forum de philosophie.

Par ailleurs, que signifie l'idée que "ce que tu penses n'a pas besoin de toi" ?

Je m'épanche donc, peut-être, c'est peut-être un monologue, ça l'est peut-être pour moi, qui sait ce qu'est le dialogue ? Qui sait ce qu'est le partage ?

Les idées, les vôtres les miennes ? les idées sautent d'une tête à l'autre, font le tour de la planète, peut-être plus loin vont-elles, sont-ce les miennes, les vôtres, les leurs, à qui appartiennent-elles ? De qui ou de quoi viennent-elles ?

Ce que je pense n'est pas de moi, ça vole, circule, je ne peux le partager. Quant à ce que je fais ici, encore pour un peu de temps, sans doute suis-je seul à le savoir, j'affirme en tous les cas ignorer totalement ce que vous faites vous.

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Membre, 52ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 47 126 messages
Maitre des forums‚ 52ans‚
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Une jolie façon de détruire le concept de "famille"... Reste que le couple c'est ce qu'on en fait... on a un vieux et poussiéreux schéma familial qui nous invite à rencontrer quelqu'un, le tester rapidement sur quelques mois, l'épouser, passer à l'étape bébé, mettre sa vie sur des rails et attendre la retraite. Mais tout est envisageable parce qu'on est encore maitre de nos vies.

Après l'image du couple notamment dans les contes de fée c'est l'histoire qui s'achève là où débute justement la relation... ou alors quand l'histoire commence avec le couple à la Roméo et Juliette, c'est que ça va mal se terminer... Les histoires de rencontre où ça se passe bien n'intéresse personne, c'est de la vie réelle, ça fait pas rêver... les contes et les histoires permettent de vivre des émotions par procuration.

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Membre, Esprit de contradiction, 48ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
48ans‚ Esprit de contradiction,
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Une jolie façon de détruire le concept de "famille"... Reste que le couple c'est ce qu'on en fait... on a un vieux et poussiéreux schéma familial qui nous invite à rencontrer quelqu'un, le tester rapidement sur quelques mois, l'épouser, passer à l'étape bébé, mettre sa vie sur des rails et attendre la retraite. Mais tout est envisageable parce qu'on est encore maitre de nos vies.

C'est vrai, mais je suis loin d'être représentatif et j'en ai pleinement conscience. La plupart des gens ont besoin de ça.

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