Le salaire étudiant, la solution ?

Le salaire étudiant, la solution ?

Plutôt que de laisser le choix entre l’assistance parentale ou le job pour financer vos études, certains pays ont mis en place un système de salaire étudiant. Une toute autre logique, à quelques centaines de kilomètres de chez nous.

Les pays scandinaves font figure de précurseurs en la matière. Tous les étudiants danois ont ainsi droit à une allocation mensuelle pouvant aller jusqu’à 360 euros mensuels s’ils vivent avec leurs parents, et jusqu’à 720 euros s’ils vivent seuls. Ce montant peut ensuite être augmenté de quelques 350 euros, consentis sous forme de prêt. L’étudiant remboursera cette partie de son allocation mensuelle une fois ses études terminées. L’accès à ce système est possible pendant six années, laissant ainsi la possibilité à l’étudiant de rater une année, mais pas plus. Des systèmes similaires existent notamment en Suède ou en Allemagne. Le système est légèrement différent en Norvège, où les étudiants reçoivent une aide mensuelle de 1150 euros (maximum) sous forme de prêt. S’ils réussissent leurs études, ils ne devront rembourser qu’une partie des montants reçus. En outre, tous ces pays proposent la gratuité totale de l’inscription à l’université.

Les syndicats français défendent depuis de nombreuses années un autre modèle, celui de l’allocation d’autonomie. L’idée est de verser aux jeunes en formation un « présalaire » leur permettant de faire face au coût de la vie en général en attendant d’entrer sur le marché du travail. Cette allocation serait financée par les cotisations sociales. Il s’agit donc de mutualiser le coût de ce présalaire, en le finançant par un mécanisme de répartition : ceux qui travaillent cotisent pour ceux qui se forment, de la même qu’ils cotisent pour ceux qui ne peuvent pas ou plus travailler (chômeurs, handicapés, pensionnés…). Une fois formé et engagé dans une activité salariée, l’étudiant cotisera à son tour pour les jeunes en formation – là où le système scandinave lui impose le remboursement individuel des aides qu’il a perçues.

Outre l’effet positif sur l’accès à l’enseignement – nettement moins aisé quand vous devez trouver les sous vous-même – ces systèmes d’aides ont l’avantage de donner accès à l’autonomie dès l’âge de dix-huit ans. Dans un tel contexte, la dépendance aux parents ou aux jobs est nettement moindre. Fini la minorité prolongée ou les jobs sous-qualifiés : l’étudiant peut se consacrer à sa formation sans les contraintes d’un contrat de travail ou de la vie familiale. De nombreuses inégalités se verraient ainsi résorbées : une situation familiale difficile ne serait plus un obstacle au projet d’études, et ceux qui devaient auparavant « jober » pourront s’investir davantage dans leur formation. Une vraie révolution, dont les bienfaits sur le système d’enseignement et la société en général seraient importants.

Évidemment, de tels systèmes d’aides sont coûteux. Ils nécessitent un investissement public important dans le système éducatif. Certains esprits chagrins font remarquer qu’à cet égard, la démographie joue contre nous, les jeunes. Le vieillissement de la population inciterait les mandataires politiques à davantage cibler les mesures sur le troisième âge, représentant un poids électoral plus important. Dès lors, le pragmatisme s’impose. On pourrait imaginer que ces aides viennent remplacer d’autres aides octroyées aux familles – allocations familiales, exonérations fiscales diverses, bourses actuelles… On peut également tabler sur un recul du travail étudiant au profit du travail « normal », rapportant davantage en cotisations sociales. Les économies ainsi réalisées pourraient sans doute financer une partie du système. Pour l’autre partie, la volonté politique devra être au rendez-vous. Alors que le Danemark consacre 2,3 % de son produit intérieur brut à l’enseignement supérieur, la Belgique n’y que 1,3 %. Il reste donc du chemin à parcourir avant que notre cher pays puisse se doter de tels systèmes d’aide.

Le ptittore

Vous en pensez quoi de ce système ?

Ce n'est pas un salaire mais un emprunt. Si les français acceptent de payer plus d'impots alors pourquoi pas...

c'est vraiment moyen comme système, celà permettrait à des jeunes diplômés de se retrouver à découvert à peine arrivé à la fin de leurs études (en cas de chômage)... si encore ça serait comme le système de bourses étudiant : on donne sans demander le retour... celà serait mieux pour l'étudiant

Je suis très sceptique. Certes, chez nos voisins scandinaves, ça marche plutôt bien, vu qu'au niveau de la scolarité, ils sont bons et économiquement, cela se passe relativement bien.

Mais si on regarde en France, là c'est pas la même chose. Déjà que le système universitaire est catastrophique (à peine la moitié des premières années réussissent et passent en 2ème année, franchement il y a un problème...), en plus on est dans une crise dans laquelle le gouvernement a besoin de faire le max de baisses de dépenses pour faire repartir la croissance. Donc si c'est pour encore perdre de l'argent, comme Hollande le fait en Syrie ou en Irak avec l'EI, là je dis non !

C'est mon avis, mais je pense qu'il y a trop de gens qui profitent du système....

En France l'application risque d'être difficile. Comme certains l'ont souligniés, le chômage chez les jeunes est assez élevé. Alors rembourser un "emprunt" pour des jeunes risque d'être compliqué. Ensuite cela nécessiterait aux travailleurs (cotisants) de financer ce système, en plus des retraites etc...

Étant étudiant je suis heureux de voir qu'on pense à nous et à nos difficultés financières. Toutefois il faut savoir rester objectif. Avant de lancer un tel financement il faudrait relancer l'emploi chez les jeunes. J'ai la chance d'étudier un domaine qui embauche très rapidement (6 semaines après le diplôme en moyenne) et avec un bon revenu (salaire médian à 36.000€) mais tout le monde n'est malheureusement pas dans mon cas...

Je trouve lamentable que des étudiants préparent leur avenir dans la plus grande précarité, d'autant qu'ils sont sensés être l'avenir de la France. Combien ne poursuivent pas d'études, faute de moyens, et combien d'autres plantent leurs études, tant il est difficile de concilier études et travail .. Donc pour ma part, je suis pour.