Le petit génie, le pacificateur et le fêtard: comment l'ordre de naissance affecte la personnalité

L'ordre de naissance a une réelle importance

Certains chercheurs croient que l'ordre de naissance est aussi important que le genre et quasiment aussi important que la génétique. On revient toujours au combat entre l'inné et l'acquis. En tant qu'éducateur et chercheur, je crois savoir que deux enfants n'ont pas les mêmes parents, même s'ils vivent dans la même famille. Pourquoi ? Parce que les parents sont différents avec chacun de leurs enfants, et que deux enfants ne jouent jamais le même rôle. Par exemple, si vous êtes l'enfant surprotégé, alors ce rôle est pris et votre frère jouera un autre rôle au sein de la famille, peut-être celui du petit génie.

Nous sommes des parents différents avec chaque enfant

En tant que parent, vous vous souvenez bien de votre premier enfant: c'est celui que vous guettiez pour être sûr qu'il respire bien dans son berceau, le bébé que vous avez allaité, celui dont les biberons étaient stérilisés, celui que vous preniez dans les bras la plupart du temps. Cet enfant est le seul enfant qui aura ses parents juste pour lui; tous les autres enfants devront partager.

Article complet http://www.huffingtonpost.fr/dr-gail-gross/personnalite-ordre-de-naissance_b_4589547.html?utm_hp_ref=france-cest-la-vie&ir=France

Et les jumeaux ?

Bien évidemment que l'identité et le comportement dépendent énormément du regard de ceux qui nous entourent (à commencer pas les parents), et qu'un enfant se définira par rapport à ses frères et sœurs.

Là où je ne suis pas d'accord (et où l'on tombe dans la pseudo-science qui tente de résumer les comportements humains à quelques archétypes), c'est dans l'affectation "arbitraire" de comportement suivant un ordre particulier de naissance : déjà, c'est nier que plusieurs critères peuvent jouer de concert (par exemple le sexe : un garçon au milieu d'une fratrie de filles - ou l'inverse - peut avoir davantage d'importance dans la considération des parents qu'un quelconque ordre de naissance).

Surtout, c'est sortir la famille de tout contexte (le moment où naît l'enfant dans la situation familiale), et nier l'individualité des parents.

Bref, si l'on peut en effet déterminer des scénarios récurrents dans la place que prendront chaque enfant par rapport aux autres, c'est la distribution arbitraire des rôles suivant le premier à se pointer au casting qui me semble simpliste.

Là où je ne suis pas d'accord (et où l'on tombe dans la pseudo-science qui tente de résumer les comportements humains à quelques archétypes), c'est dans l'affectation "arbitraire" de comportement suivant un ordre particulier de naissance : déjà, c'est nier que plusieurs critères peuvent jouer de concert (par exemple le sexe : un garçon au milieu d'une fratrie de filles - ou l'inverse - peut avoir davantage d'importance dans la considération des parents qu'un quelconque ordre de naissance).

En effet, si je peux accorder le fait que l'ordre de naissance peut influer sur la personnalité future de l'enfant, je rigole devant les clichés tout droit sortis de nul part. Et pour preuve, je suis l'ainé de deux sœurs et rien ne correspond à nos personnalités respectives (sauf un ou deux adjectifs, ce qui est normal : quand on dit au hasard : intelligent, sympa, conciliant etc, la chance de tomber sur au moins un de bon est certaine).

J'ai trouvé ça sur les jumeaux : Quant aux jumeaux, «rien n’est joué», explique Frank Sulloway. Le premier-né adopte parfois le caractère de l’aîné, même si seulement deux minutes séparent leur naissance, tout dépend encore de la manière dont ils sont traités. David Suzuki est un jumeau né à quelques minutes près de sa sœur, mais selon les traditions japonaises, le plus jeune des jumeaux est considéré comme l’aîné parce qu’il a généreusement laissé l’autre naître le premier. Fait intéressant: David Suzuki, scientifique accompli et journaliste aimant l’attention, manifeste les traits de caractère associés à tous les rangs de naissance.

Selon les experts, plusieurs facteurs peuvent entraver les effets liés au rang de naissance, dont la différence de sexe. Un garçon qui est né après une ou plusieurs filles (ou l’inverse) sera peut-être considéré comme un aîné «fonctionnel», c’est-à-dire comme le premier enfant de la famille. Si la différence d’âge dans la fratrie est de plus de cinq ans, les effets liés au rang de naissance s’atténuent. Dans le cas d’une différence d’âge moins importante, des groupes peuvent se former. Par exemple, dans une fratrie de six enfants (âgés de 14, 12, 11, cinq, trois et deux ans), les deux aînés pourraient former un groupe, les deux cadets, un autre et les deux bébés, un troisième. Le divorce, l’invalidité ou le décès d’un membre de la famille peuvent amenuiser les effets attendus. La famille reconstituée peut modifier le rang de naissance des plus jeunes, mais plus l’enfant est âgé, moins il sera susceptible d’être affecté par ces changements parce que son rang est mieux établi et, de ce fait, il résiste mieux aux changements.

La famille d’aujourd’hui ne compte souvent qu’un ou deux enfants, cette situation engendre un grand nombre d’aînés et d’enfants uniques et très peu d’enfants du milieu. Par exemple, un garçon et une fille peuvent présenter des traits de caractère similaires (l’un est aîné et l’autre est aînée «fonctionnelle»). S’ils sont d’âges très différents, le plus jeune peut adopter les traits de caractère de l’aîné. «En ayant des familles de moins en moins nombreuses, on court le risque d’avoir des enfants aux caractères perfectionnistes et ambitieux», explique Kevin Leman. On risque aussi, par le fait même, de perdre les acquis de la théorie du rang de naissance (aucun des spécialistes consultés pour le présent article n’est l'aîné de sa famille).

Dernière remarque: selon Kevin Leman, «peu importe votre rang de naissance, vous croyez probablement que vos frères et sœurs l’ont eu plus facile que vous. Si vous êtes le benjamin, vous vous dites que l’aîné a eu le meilleur de tout avant vous. Si vous êtes l’aîné, vous enviez le cadet parce qu’il a eu la liberté de choisir sa voie. Et chacun se plaint que le benjamin s’en est toujours tiré à bon compte».

Ce n'est qu'un témoignage n'engageant que moi, mais je constate souvent dans les familles de trois enfants que l'ordre renvoit aux mêmes caractéristiques:

-On attend énormément de l'aîné(e), il cristallise toutes les envies de réussite des parents. Il a un peu de mal à supporter cette pression et ses échecs déçoivent plus facilement les parents. De ce fait, il manque ensuite de confiance en lui.

- Le ou la cadet(te) observe cet effet de pression mais il n'en est pas victime: les parents lui laissent "sa chance" pour s'imposer sans attendre forcément des merveilles. Le cadet poursuit tranquillement sa route, réussit ou se plante mais on en fait pas tout un plat. d'ailleurs, c'est cette absence de pression qui le pousse à s'élever et du coup, je pense que c'est celui qui s'en sort le mieux dans une fratrie.

- Quant au benjamin(e), il est l'enfant chéri, hyper gâté, arrivé sur le tard, les parents sont plus cools au niveau de l'éducation. Ils se reprenent sur le tard, mais l'enfant a déjà forgé son propre (sale) caractère et ne fait que ce qu'il veut...

J'ai trois exemples dans ce cas, on ne peut pas faire de généralités, mais j'avais envie de témoigner quand même à mon échelle!^^

C'est très caricatural mais je suis sûre que pas mal de personnes reconnaîtront leur fratrie.

Ce n'est pas faux. Les parents reconnaissent souvent aussi être plus coulants avec les suivants que le premier, même une fois devenus adultes. J'ai rarement vu le cas inverse.

On pardonne plus volontiers la singularité ou l'excentricité du petit dernier, ses faux pas aussi. Il règne une constante pression sur l'aîné qui, lui, n'a pas intérêt à se planter, parce qu'il ne plante jamais. L'aîné vit avec une perpétuelle pression, il ne doit jamais décevoir ses parents. Il est conditionné à être responsable, oui.

Par contre je trouve la tournure plutôt maladroite : "En tant que mini-parent, vous essayez de dominer vos frères et soeurs".

Le rapport dominant/dominé n'a rien à faire ici, c'est davantage de la bienveillance, une sorte de relais, que de la dominance à mon sens...ou alors c'est malsain et les parents ont totalement foiré.