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Les neurosciences ont-elles leur place au tribunal ?


January

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 297 messages
108ans‚ ©,
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165544-1024x771.jpg

L'homme torse nu sur la photo ci-dessus n'est pas un enfant de chœur. Le cliché date du 19 août 2010. Le 30 juillet précédent, John McCluskey, condamné à plusieurs décennies d'emprisonnement pour meurtre, attaques à main armée et enlèvement, s'est évadé d'une prison de l'Arizona en compagnie d'un co-détenu et avec la complicité de sa petite amie. Le 2 août, ils s'en prennent à un couple de retraités, Gary et Linda Haas, partis faire du camping avec leur pick-up et leur caravane. Estimant que sa seule chance de réussir sa cavale consiste à ne pas laisser de témoins derrière lui, McCluskey abat les Haas dans leur caravane qu'il abandonne peu de temps après, non sans y avoir mis le feu. Au cours des jours suivants, les trois fugitifs sont arrêtés.

Le procès a eu lieu en octobre 2013 et McCluskey a été déclaré coupable de l'enlèvement et du double meurtre. Restait à décider s'il devait être condamné à mort. Il y a quelques jours, un communiqué du ministère américain de la justice a annoncé que le jury fédéral réuni à cet effet "n'était pas parvenu à une décision unanime". Par conséquent, John McCluskey passera le restant de ses jours en prison.

Pourquoi raconter ce fait divers sur ce blog scientifique ? Parce que, ainsi que l'explique Wired grâce à qui j'ai découvert l'histoire, si le coupable de ce crime a échappé à l'injection létale, c'est probablement parce que ses avocats ont appelé les neurosciences à la rescousse et mis le cerveau de McCluskey au centre du procès. Ses défenseurs ont ainsi produit des images montrant ce qu'ils présentaient comme des anomalies de l'encéphale de leur client : atteintes du cervelet, taille anormale des lobes frontaux du cerveau, hyperactivité au niveau de ces mêmes lobes et des amygdales. Selon eux, tous ces points indiquaient que John McCluskey avait des problèmes pour planifier ses actes et maîtriser ses émotions. En bref qu'il pouvait avoir agi sous l'effet d'une impulsion biologique difficile à contrôler, ce qui pouvait être considéré comme une circonstance atténuante.

Visiblement, tout ou partie de l'argumentaire a porté et ce n'est pas la première fois. En décembre 2010, toujours aux Etats-Unis, un homme reconnu coupable d'avoir tué sa femme (61 coups de couteau) puis poignardé et violé la fille handicapée mentale de celle-ci avait échappé à la peine capitale après que son avocat eut expliqué, électro-encéphalogrammes (EEG) à l'appui, qu'ayant souffert de plusieurs traumatismes, le cerveau de son client ne fonctionnait pas normalement : l'homme aurait eu du mal à se contrôler et à envisager les conséquences de ses actes. Dans un autre cas, jugé cette fois en Italie en 2011, la peine d'une meurtrière a été réduite, passant de la perpétuité à vingt ans de prison, des experts ayant expliqué que son cerveau comportait des anomalies dans les zones impliquées dans l'impulsivité et l'agressivité.

Suite http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2014/01/02/les-neurosciences-ont-elles-leur-place-au-tribunal/

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Invité
Invités, Posté(e)
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quelqu'un qui tue des personnes de sang froid et d'une manière très cruelle est anormal ! maintenant ont possède une preuve au niveau biologique de cette anormalité.

perso oui les neurosciences devrait être obligatoire comme la génétique.

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Invité Musicateur
Invités, Posté(e)
Invité Musicateur
Invité Musicateur Invités 0 message
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Oui elle y a certainement sa place ... mais quelle place exactement ? Et pour faire quoi ?

Elles apportent un début de réponse, mais qu'en faire ? Si c'est juste pour dire : "mon client avait des pulsions incontrôlables lors de ses crimes" c'est limité je trouve

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Membre, Posté(e)
slanny Membre 5 248 messages
Baby Forumeur‚
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Bah pourquoi pas, mort ou perpet c'est pareil, le principale, c'est qu'ils ne représentent plus un danger pour la société. Donc que des avocats se servent des neurosciences pour évité la mort a leurs clients ne me choque pas.

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Membre, psycho-étudiante, 38ans Posté(e)
Mel.bzh Membre 2 769 messages
38ans‚ psycho-étudiante,
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En décembre 2010, toujours aux Etats-Unis, un homme reconnu coupable d'avoir tué sa femme (61 coups de couteau) puis poignardé et violé la fille handicapée mentale de celle-ci avait échappé à la peine capitale après que son avocat eut expliqué, électro-encéphalogrammes (EEG) à l'appui,

Un EEG n'est certainement pas suffisant devant un tribunal. C'est trop pauvre en preuve, surtout aux Etats-Unis.

Je suis satisfaite de voir des réponses de forumeurs allant dans le sens logique des choses : c'est à dire que si effectivement preuve est faite que leur cerveau comporte des dysfonctions

En bref qu'il pouvait avoir agi sous l'effet d'une impulsion biologique difficile à contrôler, qu'ayant souffert de plusieurs traumatismes, le cerveau de son client ne fonctionnait pas normalement : l'homme aurait eu du mal à se contrôler et à envisager les conséquences de ses actes.

et non pas d'une impulsion biologique difficile à contrôler puisque c'est la dysfonction (neuro)biologique qui implique un déficit de contrôle : ce n'est pas pareil !

Je suis désolée mais un problème aux lobes frontaux c'est genre fondamental pour vivre la vie telle que nous la connaissons. C'est le point même de l'impulsivité et de l'évaluation des conséquences de ses actes. Si une merde arrive au cortex frontal c'est tout le fonctionnement comportemental qui en est affecté, on n'imagine pas...

Alors pour répondre à la question : OUI, bien sûr que les neurosciences ont leur place au tribunal.

Si cela permet de comprendre et de juger en toute connaissance de cause : clairement qu'elles ont leur place.

Comme l'a dit Slanny : si c'est pour que les criminels impliqués ne représentent plus un danger pour la société (hé oui, c'est à ça que sert la prison à la base) alors ma foi, oui, je suis tout à fait ok avec le principe.

De toute façon, étant une passionnée de neuro, je n'aurais pu dire le contraire.sleep8ge.gif

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
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Cela me rappel cette histoire véridique.

un traumatisme aux cerveaux peut vous transformez en mister hyde.

84px-Phineas_gage_-_1868_skull_diagram.jpg

Phineas P. Gage (9 juillet 1823 – 21 mai 1860) est un contremaître des chemins de fer qui a subi un traumatisme crânien majeur auquel il a survécu, mais ce traumatisme au cerveau changea profondément sa personnalité, en faisant un cas d'école en neurologie.

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Membre, psycho-étudiante, 38ans Posté(e)
Mel.bzh Membre 2 769 messages
38ans‚ psycho-étudiante,
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Le cas Phineas Gage, tel qu'expliqué juste au dessus, est trop lège pour être compris.

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Membre, Errare humanum est, perceverare diabolicum, 34ans Posté(e)
Hérod Membre 4 216 messages
34ans‚ Errare humanum est, perceverare diabolicum,
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Bah pourquoi pas, mort ou perpet c'est pareil, le principale, c'est qu'ils ne représentent plus un danger pour la société. Donc que des avocats se servent des neurosciences pour évité la mort a leurs clients ne me choque pas.

C'est vrai, mais il s'engraisse sur le dos de la société ...

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 297 messages
108ans‚ ©,
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Un criminel qui a poignardé plus de soixante fois une victime n'est pas bien dans sa tête (le bon sens suffit pour le penser, pas besoin de neurosciences). Restons en France où la peine de mort n'existe pas et imaginons : il conviendra donc de "choisir", entre le criminel qui présente des lésions cérébrales et l'autre pas, d'envoyer l'un en prison et l'autre à l'hôpital, pour un même crime ? A quelles fins ?

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Membre, Posté(e)
Elais Membre 807 messages
Baby Forumeur‚
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Pour moi elles ont leur place dans un tribunal, cela permet de déterminer non pas le niveau de culpabilité mais bien celui de responsabilité; Mais si l'on part sur la question du degré de responsabilité, si l'on veut être logique jusqu'au bout on va devoir intégrer le déterminisme dans le raisonnement et là, ca va donner un sérieux coup dans l'aile à la notion de Justice avec un grand J. Car est-on responsable de tous les évenements de la Vie, qui parce qu'ils se sont déroulés ainsi, nous on inexorablement conduit à franchir la ligne ou pas. Est-on responsable de sa culpabilité ou de son innocence? cela rien n'est moins sur.

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Invité Benbow69
Invités, Posté(e)
Invité Benbow69
Invité Benbow69 Invités 0 message
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Les neurosciences en étant à leur balbutiement, vouloir considérer leurs assertions comme des vérités incontestables et leur permettre d'influer sur la notion de responsabilité pénale est aussi sérieux qu'avoir recours à la divination ou au jugement de Dieu.

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Membre, Posté(e)
MartinHenry Membre 2 649 messages
Baby Forumeur‚
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Oui, enfin c'est toujours pareil, ce sont les gens qui sont plus ou moins dénués de culture scientifique qui conçoivent des positions manichéennes à l'emporte pièce. Par exemple, l'économie n'est pas une science ? doit on en conclure que le gouverneur d'une banque centrale devrait prendre ses décisions avec un pendule.

Ce n'est pas tant la science qui est en question mais le fonctionnement de la justice. Un avocat brillant peut être très convaincant. Et les magistrats ne sont ni agrégés de physique ni professeurs de biologie. Si cultivés soient ils, ils sont en situation de faiblesse vis à vis de ressources mobilisées pour orienter la vérité.

Les neurosciences n'en sont pas à leur balbutiement. La psychologie et la psychiatrie en est à un certain stade. Parmi les briques de connaissance contribuent des éléments issus des neuroscience. C'est aux experts auprès des tribunaux de trancher sur l'intérêt ou non du complément d'information.

Toutefois, et particulièrement dans le droit anglo-saxon, un brillant avocat aura des propos plus convaincant auprès d'un jury populaire qu'un expert en la matière. Le problème dans ce domaine, ce n'est pas la science en question mais la justice. Il existe d'ailleurs une débauche de jugements surprenants aux Etats-Unis, arrachés de justesse par de brillants avocats en bricolant des raisonnements probabilistes tortueux mais convaincants. C'est très efficace, car les probabilités et la difficulté à manier certains de ses raisonnements contre intuitifs permet facilement de manipuler les interlocuteurs. Une fois de plus, le problème ici n'est pas la science des probabilités mais bien le fonctionnement du droit.

En conclusion, bien sur que les neurosciences ont à y faire. Le problème, c'est ce que la justice va en faire.

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Invité Benbow69
Invités, Posté(e)
Invité Benbow69
Invité Benbow69 Invités 0 message
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Il est évident que la politique des banques centrales est très intelligente depuis l'ère Greenspan. D'ailleurs, la crise actuelle est la faute à pas de chance. Ah le merveilleux esprit de responsabilité des "scientifiques" économistes.

Pour ce qui est de la légitimité des fameux "experts", je renvoie à Outreau pour souligner combien la justice ne devrait prendre qu'avec la plus extrême circonspection leurs "brillantes" analyses qui reposent sur quelques vagues prémices de début d'explications des fonctionnements cérébraux.

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Membre, psycho-étudiante, 38ans Posté(e)
Mel.bzh Membre 2 769 messages
38ans‚ psycho-étudiante,
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Ce n'est pas tant la science qui est en question mais le fonctionnement de la justice. Un avocat brillant peut être très convaincant. Et les magistrats ne sont ni agrégés de physique ni professeurs de biologie. Si cultivés soient ils, ils sont en situation de faiblesse vis à vis de ressources mobilisées pour orienter la vérité.

Les neurosciences n'en sont pas à leur balbutiement. La psychologie et la psychiatrie en est à un certain stade. Parmi les briques de connaissance contribuent des éléments issus des neuroscience. C'est aux experts auprès des tribunaux de trancher sur l'intérêt ou non du complément d'information.

Toutefois, et particulièrement dans le droit anglo-saxon, un brillant avocat aura des propos plus convaincant auprès d'un jury populaire qu'un expert en la matière. Le problème dans ce domaine, ce n'est pas la science en question mais la justice. Il existe d'ailleurs une débauche de jugements surprenants aux Etats-Unis, arrachés de justesse par de brillants avocats en bricolant des raisonnements probabilistes tortueux mais convaincants. C'est très efficace, car les probabilités et la difficulté à manier certains de ses raisonnements contre intuitifs permet facilement de manipuler les interlocuteurs. Une fois de plus, le problème ici n'est pas la science des probabilités mais bien le fonctionnement du droit.

En conclusion, bien sur que les neurosciences ont à y faire. Le problème, c'est ce que la justice va en faire.

Merci MartinHenry. MERCI !

Juste ça pour répondre à Benbow. Parce que bon, quand même : t'es sérieuse meuf ?

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Membre, Posté(e)
MartinHenry Membre 2 649 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Toutefois je comprends la circonspection de Benbow concernant l'usage d'éléments scientifiques tant récents qu'établis avec incertitude.

Cependant il me semble que la question est celle de la justice et de l'emploi qu'elle fait de sources d'information, pas de la science incriminée. Les sciences sociales resteront durablement des sciences floues et incertaines. On peut dire de même de la psychiatrie.

D'une science non exacte doit on en dire qu'autant employer un pendule ou des préceptes de bistro à la place ? Je ne pense pas. D'ailleurs, c'est souvent le propre des non scientifiques d'imaginer qu'une science est le plus souvent stricte, carrée, démontrée définitivement, les ingénieurs travaillant ainsi. Si les gens savaient que même dans des études concernant des centrales nucléaires apparaissent de temps en temps des décisions d'ingénieur (gros coup de pifomètre le doigt levé pour ne pas refaire des mois de calculs dès la moindre modification du projet).

J'ai souvent été surpris de la façon dont il était nécessaire d'expliquer très longuement que la programmation informatique était un art et non une science. Deux programmeurs fussent ils assez compétents vont écrire de façons assez différentes le même programme produisant les même rendus. Alors quand des personnes découvrent le floue et l'imprécision d'une science naissante, des sciences sociales, de la foultitudes de modèles et théories économiques plus ou moins foireux, bien sur, ça hurle au sandale, tout ça n'est pas de la science et autant tout jeter.

En conclusion c'est bien l'usage que la justice en fait qui peut poser problème. Ça dépend du système judiciaire, je ne suis pas juriste. J'ai cru comprendre qu'il y a des différences entre le droit français et le droit anglo-saxon. Tant qu'au cris d'orfraie expliquant que tel élément manquant de scientificité ne mérite pas droit de citer disons que venant de non scientifiques on sait à quoi s'en tenir.

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Invité Benbow69
Invités, Posté(e)
Invité Benbow69
Invité Benbow69 Invités 0 message
Posté(e)

Un juriste sera justement effrayé que l'on donne à un domaine expérimental qui en est encore à l'enfance de l'art la caution de "vérité scientifique", travers fréquent observable chez des "experts" qui ont vite tendance à se considérer comme des oracles. Il est donc raisonnable de garder à l'esprit que ces "expertises" ne sont que l'un des éléments d'un faisceau d'indices reposant tout autant sur d'autres types d'éléments d'appréciation et qu'un jury ne doit pas se sentir absolument lié par psychiatres et autres psychologues.

Un juriste réclame un raisonnement carré et souhaite donc que ce qui n'est qu'interprétations et hypothèses soient présentées comme telles et non comme des certitudes incontestables. Dès lors, il est important de ne pas sacraliser outre mesure les "neurosciences". Ce serait comme si les jurys du XIXe siècle avaient eu l'obligation de ne jurer que sur la phrénologie, autre domaine "scientifique" dont le caractère farfelu est apparu depuis lors. Il est donc sage de raison garder et de se méfier de la tyrannie des pseudo "experts", dont la faillite intellectuelle a été a posteriori soulevée dans de trop nombreux cas. L'exemple d'Outreau en fut le plus emblématique, en France, ces dernières années.

Pour conclure, que les "scientifiques" demeurent humbles dans l'appréciation de leurs champs d'expérimentation et ne cherchent pas à se muer en juristes pour proclamer ex cathedra la responsabilité de ceux qui sont déférés devant une Cour. Qu'ils se contentent d'expliquer leurs hypothèses, non de les travestir en vérités absolues.

Juste ça pour répondre à Benbow. Parce que bon, quand même : t'es sérieuse meuf ?

Juste pour répondre à Mel.bzh, tu es juriste ?:p

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Membre, psycho-étudiante, 38ans Posté(e)
Mel.bzh Membre 2 769 messages
38ans‚ psycho-étudiante,
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Juste pour répondre à Mel.bzh, tu es juriste ?:p

Non... mais... c'est indispensable pour répondre à ce topic ?

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