Le paradoxe d'Easterlin

Etre satisfait rend heureux, mais à condition que cette satisfaction soit durable, qu'elle puisse être renouvelée si le désir réapparait. Donc c'est la satisfaction des besoins limités qui nous rendent sereins. Ils sont naturels et nécessaires, ou naturel et non nécessaires. Les besoins illimités, créés par l'homme, sont ni naturels ni nécessaires; ils ne rendent pas heureux. Et même dans les besoins limités, l'homme parvient à varier les plaisirs, et il n'est plus heureux puisqu'il galope après le plaisir.

Sinon pour le biais d'encrage la relecture de Kahneman et Tversky ne nuit pas.

Tu voudrais bien nous en dire plus, sur ces auteurs, dans les grandes lignes!?

Et même dans les besoins limités, l'homme parvient à varier les plaisirs, et il n'est plus heureux puisqu'il galope après le plaisir.

Certaines personnes ou groupes de personnes, voir d'habitants de pays, semblent plus heureux que d'autres. Par exemple les suisses ressentent un niveau de satisfaction bien plus élevé que les français ou les allemands, alors que nous avons des vies assez similaires, je pense, et c'est l'intérêt du débat, qu'il est intéressant de pousser plus en avant l'analyse, d'autres facteurs rentrent en ligne de compte, même si je ne remets pas en cause ce que tu as dis d'un point de vue assez global. De même les voyageurs qui reviennent, par exemple, du Vietnam disent volontiers que les gens ont tout le temps le sourire, alors que comparativement ils ont peu. Nous avons donc des cas de figures radicalement différents.

Tu voudrais bien nous en dire plus, sur ces auteurs, dans les grandes lignes!?

Bon, de mémoire (parce que copier coller wiki tout le monde sait faire) :

Ils ont fait des recherches comportementales sur les décisions, les réflexions, les choix dans des environnements incertains montrant combien les gens, même intelligents et informés, ne prennent pas forcément des décisions rationnelles. Kahneman a eu un prix Nobel d' éco (pas Tversky car décédé avant), car ses études remettaient en question l'agent économique rationnel lorsqu'il veut optimiser ses résultats (c'est une base des théories économiques, notamment leur partie fortement mathématisées depuis les années 60).

Ils ont mis en évidence ce qu'on appelle des biais cognitifs, à savoir des erreurs de raisonnement répandues sans que ce soit facile à détecter.

Des médecins peuvent faire la grossière erreur de calcul de probabilité suivante. Soit une maladie grave dont la prégnance est de 1 pour mille dans la population et dont le test de détection révèle 5% de faux positifs ( sur 100 détectés positifs, 5 ne sont en fait pas malade). Docteur, je suis révélé positif, quelles sont les chances que je sois malade ? dois-je prendre ce traitement aux effets secondaires gênants ? Un certain nombre de médecins vont dire qu'étant donné que le patient a 95% de chance d'avoir la maladie, il vaut mieux prendre le traitement. Le problème c'est qu'en l'occurrence les chances d'être malade dans ce cas ne sont pas de 95% mais de 2%...

Le biais de confirmation : On pense que récolter une nouvelle confirmation d'une théorie est une preuve de plus qu'elle est vraie. Alors que pour confirmer une théorie il faut chercher comme un forcené des infirmations puis conclure que si on arrive pas à en trouver, la théorie est de plus en plus solide. Ce n'est pas une preuve définitive car l'absence de preuve n'est pas une preuve d'absence. Même des scientifiques arrivent à se fourvoyer et nombreux furent les étudiants cobayes de Kahenam et Tversky à se faire piéger dans leurs raisonnements erronés.

Pour finir, un autre exemple : le biais d'encrage (intervenant dans le paradoxe d'Esterlin). La distance de l'hôtel à l'aéroport est de 30 mn. Si vous demandez au portier si c'est bien 40mn ? il vous répondra plutôt 35mn monsieur. Si vous demander si c'est bien 20mn ? il vous répondra plutôt 25 mn monsieur. Les traders sont pareils, les cours moyens depuis quelques semaines sont perçu comme normaux et un écart important vu comme une anomalie (alors que c'était les cours il y a 6 mois et peut être les cours pour les 6 mois suivants).

Merci MartinHenry,

j'ai eu quelques difficultés à trouver les publications de ces deux auteurs, mais je suis tombé sur une traduction et illustration de la théorie des perspectives, il ne me reste plus qu'à la lire à l'occasion. J'avais déjà lu quelque part que nous n'étions pas des acteurs économiques rationnels, et avec des biais cognitifs divers et variés ( http://fr.wikipedia..../Biais_cognitif ), mais je ne retrouve plus le bouquin, soit d'économie, de psychologie ou sociologie.