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L'historien doit-il être neutre ?


Petitpepin

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Membre, Posté(e)
Petitpepin Membre 783 messages
Baby Forumeur‚
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Que pensez vous d'un historien qui prend parti ?

La science historique doit-elle tendre à l'objectivité et à la neutralité ?

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Membre, 50ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 45 565 messages
Maitre des forums‚ 50ans‚
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Par essence il est neutre oui. Après il peut aussi avoir un avis personnel, mais bon... C'est, parait il, ce qu'on reproche aujourd'hui à Freud: partir de ses théories et organiser ses expériences pour tenter de se donner raison. Or un historien n'a pas à modifier les documents qu'il a sous les yeux.

Par exemple, un médecin légiste va examiner un corps et donner un rapport objectif sur ce qui a causé la mort. En aucun cas il n'ira conclure sur qui est l'assassin et pourquoi: On va compartimenter le travail pour être sur d'avoir un bon travail.

Lorsque j'étais étudiant en psycho sociale, nous étions amené à participer à des expériences de façon à comprendre comment ça fonctionnait: le but étant de valider ou non une théorie. Je théorise par exemple que les femmes utilisent plus de mots que les hommes pour répondre à une même question. Pour cela je vais devoir utiliser des étudiants pour m'aider à faire passer des testes et je devrais m'assurer qu'il y ait autant de garçons que de filles pour être sur que le sujet ne va pas être influencé, il y aura un texte écrit qui sera lu exactement de la même manière pour tous et des micros seront là pour enregistrer les réponses et compter le nombre de mots. Si je suis persuadé que les femmes sont des incurables bavardes en faisant passer mon expérience, mon intention peut troubler mes résultats. En somme je me dois de ne pas avoir d'avis sur la question parce que mon objectif est de décrire une réalité et non de fabriquer une réalité en fonction de ce que je pense.

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Membre, Posté(e)
Petitpepin Membre 783 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Si je te suis bien,

ce avec quoi tu pars en tête (les femmes parlent plus que les hommes)

ne doit pas avoir un tel effet sur tes recherches

qu'elle ne puissent pas le contredire.

Sommes nous d'accord ?

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Membre, 50ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 45 565 messages
Maitre des forums‚ 50ans‚
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Non ce n'est pas tout à fait ça: je théorise sur le fait qu'il est possible que les femmes utilisent plus de mots pour répondre à une question, ce n'est pas une conviction, ni un avis; je me pose la question sur ce que la plupart des gens pensent (que les femmes sont bavardes). Je dois donc chercher à confirmer ou infirmer cette croyance populaire (qui est un exemple) en ayant une démarche "scientifique".

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Membre, Posté(e)
Petitpepin Membre 783 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Bon, bien, j'ai compris.

1 - Un chercheur part avec une conviction en tête et ne peut pas admettre s'être trompé

2 - Un chercheur part avec une conviction en tête et peut admettre s'être trompé

Je pense que nous serons d'accord pour dire que la démarche en 1 n'est pas valable selon les critères de la science,

la démarche en 2 est-elle valables ?

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Membre, 50ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 45 565 messages
Maitre des forums‚ 50ans‚
Posté(e)

La conviction est déjà de trop pour le 2, elle est encombrante et risque d'être nuisible quand à la réalisation de son travail.

1 - Un chercheur part avec une conviction en tête et ne peut pas admettre s'être trompé

2 - Un chercheur part sur les documents que lui ont transmit ses étudiants pour définir objectivement combien de mots ont été prononcé en moyen par les sujets masculins et par les sujets féminins.

A la limite il faudrait même oublié le point de départ de l'hypothèse ou la formuler elle aussi de façon plus neutre comme "y a t'il une différence entre une réponse masculine et une réponse féminine?"

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Membre, Posté(e)
Petitpepin Membre 783 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Bon, au moins nous sommes d'accord sur le point numéro 1. Sur le second, à mon avis, tu te trompes.

Un chercheur peut très bien avoir une intuition puis une conviction qui se verront confirmées par l'expérience, et ses résultats seront admis par la communauté scientifique.

N'es-tu pas convaincu de la pertinence de la méthode scientifique ?

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Membre, 50ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 45 565 messages
Maitre des forums‚ 50ans‚
Posté(e)

Je suis convaincu par la pluralité des historiens. Certains auront des convictions A d'autres des convictions B et d'autre encore sans conviction. L'Histoire c'est la concordance de ces gens.

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Membre, Posté(e)
Petitpepin Membre 783 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Maintenant, j'aimerai que nous revenions au point 1 sur lequel nous sommes tombés d'accord afin de jeter un pont vers une autre de nos discussions :

1 Un chercheur part avec une conviction en tête et ne peut pas admettre s'être trompé = PAS SCIENTIFIQUE

Lorsqu'une version de l'histoire est officialisée, que la loi prévoit de punir ceux qui la contredisent et d'interdire leurs écrits, le travail de l'historien est-il encore possible ?

Tu l'as deviné, je pense que non, je pense que nous entrons alors dans la propagande.

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Membre, 50ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 45 565 messages
Maitre des forums‚ 50ans‚
Posté(e)

C'est un paradoxe du scientifique: établir une réalité en se doutant que la réalité peut changer avec le temps. Le temps joue contre le scientifique... Mais il joue en faveur de l'historien puisque son domaine n'est ni le présent, ni le futur mais le passé.

Une fois qu'un crime contre l'humanité à été authentifié par l'ensemble des historiens, la loi se base sur eux pour défendre leur travail et interdit que des individus viennent affirmer que tel ou tel crime contre l'humanité n'a jamais existé.

S'il y avait eu des éléments, ils auraient été trouvé, et à moins de découvrir de nouveaux éléments, il n'y a aucune raison de s'obstiner à vouloir saboter le travail des historiens et d'insulter la mémoire des victimes (la loi n'interdit pas la recherche, juste la négation des crimes contre l'humanité avérée).

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Membre, 36ans Posté(e)
lonkori Membre 1 419 messages
Baby Forumeur‚ 36ans‚
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Bien sur que l'historien doit être neutre.

Même si chacun est influencé par son propre vécu, il faut accepter de remettre en cause ses préjugés (tout le monde en a un minimum). L'historien ne doit se fier qu'aux faits pour valider ou invalider ses hypothèses.

Lorsqu'une version de l'histoire est officialisée, que la loi prévoit de punir ceux qui la contredisent et d'interdire leurs écrits, le travail de l'historien est-il encore possible ?

C'est le législateur, et non l'historien, qui écrit ce genre de loi.

Officialiser une version de l'histoire est d'une idiotie sans nom. Pourquoi ne pas officialiser les mathématiques dans ce cas là ?

Non, on ne puni pas celui qui dit que 2+2=5, il est seulement couvert de ridicule.

De la même manière, il n'y a pas à punir celui qui nie un fait historique avéré, il est tout aussi pathétique.

Par contre, dans les deux cas, si celui qui avance une thèse incroyable peut la défendre, il doit être écouté. La justice ne doit pas entraver la recherche. L'historien doit être attentif aux thèses bien défendues, même si elles lui semble, de prime abord, risible.

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Membre, Posté(e)
vesto Membre 1 578 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Il y a bien une histoire officielle et on peut être traduit en justice si on la conteste

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Membre, Posté(e)
rupert801 Membre 826 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Par essence l'histoire est politique et a pour but d'assoir l'autorité et la légitimité du souverain.

Même dans les pays où le chef de l’état tient sa légitimité de l’élection l'histoire reste utile.

Elle sert ainsi à discréditer des adversaires politiques en disséquant le moindre de leur propos afin d'essayer de les lier au 3eme reich.

A l'inverse d'autres assoit leur légitimité en racontant que leur parti constituait la résistance de la 1ere heure.

D'autres essaieront de clouer au pilori les politiques qui veulent donner le nom de colbert a un logiciel administratif, faisant valoir que colbert est celui qui a rédiger le code noir pour réglementer l'esclavage.

L'histoire n'est pas neutre, ni les historiens qui la racontent. C'est du même ordre que le journalisme.

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Membre, 36ans Posté(e)
lonkori Membre 1 419 messages
Baby Forumeur‚ 36ans‚
Posté(e)

Par essence l'histoire est politique et a pour but d'assoir l'autorité et la légitimité du souverain.

Même dans les pays où le chef de l’état tient sa légitimité de l’élection l'histoire reste utile.

Elle sert ainsi à discréditer des adversaires politiques en disséquant le moindre de leur propos afin d'essayer de les lier au 3eme reich.

A l'inverse d'autres assoit leur légitimité en racontant que leur parti constituait la résistance de la 1ere heure.

D'autres essaieront de clouer au pilori les politiques qui veulent donner le nom de colbert a un logiciel administratif, faisant valoir que colbert est celui qui a rédiger le code noir pour réglementer l'esclavage.

Oui, l'histoire peut être utilisée à des fins politiques. Mais les mathématiques aussi peuvent l'être.

On peut utiliser l'histoire pour illustrer les caractères bénéfiques d'un régime politique.

On peut utiliser les mathématiques pour compter le nombre de personnes empruntant une route et décider qu'il faudrait lui rajouter une voie.

On peut aussi utiliser la méconnaissance de l'histoire pour faire croire un mensonge ("Oh ! regardez les beaux châteaux, tout le monde devait être heureux à cette époque")

On peut utiliser la méconnaissance des mathématiques pour la même chose (cacher que l’État gagne de l'argent au dépends de ses contribuables lors d'une dévaluation)

Donc tout savoir peut-être utiliser dans le but de contrôler ces prochains, mais ce n'est pas pour cette raison que le savoir est uniquement dans ce but.

L'histoire n'est pas neutre, ni les historiens qui la racontent. C'est du même ordre que le journalisme.

Comme je le disais précédemment, nous avons tous des vécus différents, qui influencent notre vision des choses. L'historien n'échappe pas à cela, et il ne peut donc être totalement neutre. Pourtant, il se doit d'essayer de l'être au maximum.

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Membre, 52ans Posté(e)
hep-hep Membre 346 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
Posté(e)

L'historien (ne) n'est jamais neutre, je suis d'accord.

Retranscrire la vérité s'il y en a une ? on peut lire une multitude de versions sur un personnage historique, quelle est la bonne ?

L 'histoire fait fantasmer, comme si le passé était toujours plus glorieux, passionnant que le présent.

Ce sont les mystères d'un autre temps qui attirent les collectionneurs ou encore le rêve de trouver un trésor au point de de tout garder pour soi en étant hors la loi.

Comme si les secrets de l'humanité étaient sacrés, l 'histoire pardonnerait tout ...

mais surtout, l'histoire rend immortel !

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Invité Long Nao
Invités, Posté(e)
Invité Long Nao
Invité Long Nao Invités 0 message
Posté(e)
1375068347[/url]' post='8357923']

C'est un paradoxe du scientifique: établir une réalité en se doutant que la réalité peut changer avec le temps. Le temps joue contre le scientifique... Mais il joue en faveur de l'historien puisque son domaine n'est ni le présent, ni le futur mais le passé.

Une fois qu'un crime contre l'humanité à été authentifié par l'ensemble des historiens, la loi se base sur eux pour défendre leur travail et interdit que des individus viennent affirmer que tel ou tel crime contre l'humanité n'a jamais existé.

Attention au mélange des genres ! Crime contre l'humanité, c'est une notion de droit et non pas d'histoire !

Cette notion à été pour la première fois utilisée lors du procès de Nuremberg qui, se déroulant une Année à peine après la capitulation de l'Allemagne n'a pas eu besoin du secours des historiens pour être tenu, encore moins pour prononcer des accusations de génocide. Ces termes la, l'historien les a récupéré à posteriori, et encore.

En histoire contemporaine, on ne va pas parler de la Shoah comme d'un génocide de façon immédiate. On va d'abord partir du plan d'Hitler, de l'échec des exécutions de masse puis de la création des camps d'extermination, et enfin on va dire, en guise d'épilogue, que c'est après cette industrie de l'extermination que l'on a adopté un néologisme, celui de génocide, et que depuis cet épisode de l'histoire contemporaine est marqué du sceau de cette appellation.

Ce n'est pas a l'historien de dire s'il y a ou non génocides c'est le législateur. Après, le législateur peu se baser sur le travail d'historiens pour voir si tel ou tel fait que ces derniers ont analysé rempli les conditions de génocide. Mais cette décision échappe à l'historien.

Quand au fameux détachement du présent pour le passé, non je suis désole mais comme le disait un historien de l'antiquité (je ne sais plus qui, peut être que Magus aura la mémoire plus affuté que moi pour les noms), faire de l'histoire ancienne c'est faire de l'histoire contemporaine : on retrouve dans une analyse historique ´quzlquesoit la période concerné, une trace de contemporaneité. Il fut une époque où l'on appliqué une vision marxiste de la société à l'analyse de société ancienne.

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Membre, Posté(e)
La Suggestion Membre 438 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Bonjour,

Disons que sur le plan théorique je serais d'accord pour dire que dans l'idéal l'historien devrait être neutre et que chaque travail devrait être compartimenté. Sur le plan pratique, les divers domaine d'étude de l'histoire, du comportement humain ou des sociétés humaines ont toujours du mal à travailler en totale synergie. De mon point de vue historiens et sociologues devraient être combinés pour former une seule entité.

Cordialement.

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Membre, 78ans Posté(e)
Talon Membre 1 722 messages
Baby Forumeur‚ 78ans‚
Posté(e)

Neutre comme une machine, mon ordi, par exemple ? Impossible. Et puis, l'opinion universelle change. L'esclavage était admis, alors qu'il est abhorré maintenant. Nous jugeons l'avant avec la mesure actuelle. Même les faits simples sont vus et rapportés d'un angle différent, selon notre culture. Seule la science pure n'est pas sujette à interprétation : la somme des angles d'un triangle est toujours de 180°. Ce qui appelle un jugement est forcément tendancieux.

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Membre, 36ans Posté(e)
lonkori Membre 1 419 messages
Baby Forumeur‚ 36ans‚
Posté(e)

Neutre comme une machine, mon ordi, par exemple ? Impossible. Et puis, l'opinion universelle change. L'esclavage était admis, alors qu'il est abhorré maintenant. Nous jugeons l'avant avec la mesure actuelle. Même les faits simples sont vus et rapportés d'un angle différent, selon notre culture. Seule la science pure n'est pas sujette à interprétation : la somme des angles d'un triangle est toujours de 180°. Ce qui appelle un jugement est forcément tendancieux.

L'historien n'est pas juge.

Que l'esclavage soit vu comme bon ou mauvais, l'historien ne se pose pas la question.

L'historien dit : "ce pays a pratiqué l'esclavage"

C'est ensuite à ceux qui l'écoute de décider s'ils trouvent ça bon ou mauvais.

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Membre, Posté(e)
Pimc Membre 90 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

l'historien n'est jamais neutre, il baigne dans les représentations de sa société, de son temps, on ne peut être objectif devant une source historique comme un physicien devant une équation.

Pourquoi le serait il d'ailleurs? Ce qu'on lui demande n'est pas juste un amoncellement de dates et de faits mais une analyse et une interprétation de cette chronologie afin d'éclairer le profane.

Il n'y a jamais eut d'histoire objective et il n'y en aura jamais, même une "frise" situant des évènements sur une ligne symbolisant le temps est subjective en cela qu'il y a eut un choix d'évènements de façon subjective, un tel jugera que tel évènement doit y figurer, un autre lui préférera tel autre évènement qu'il juge plus important. Selon quels critères sont faits ces choix? Ils sont idéologiques, culturels, sensibles, tous ce que vous voulez mais pas objectifs.

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