Mon cher ami

Mon cher ami, en cette nuit, je crains que tout va se terminer. Excuse-moi auprès de Marianne, et dis-lui que je penserai à elle au moment de me suicider. Je sais que tu ne comprendras, mais je ne te le demande pas : tu as toujours été là pour moi et, ma foi, je crois que je ne te le rendrai pas. Dis-lui aussi que ça n'a rien de personnel, que mon choix n'est qu'une sorte de formalité. Elle pleurera sûrement devant toi pour se montrer, mais ne t'en fais pas, elle s'en moquera comme du chat qu'elle a buté le mois dernier. Je tenais à te raconter malgré tout que le coup du café, c'était bien moi, et j'en suis désolé. Je sais qu'à cause de ça, t'as fini par descendre ton vieux camarade Roger, trop con pour affirmer qu'il avait été honnête le temps d'une journée.

Quoi que je parle, je parle, et j'en oublie l'idée : ce soir c'est la corde, celle que j'ai piqué chez l'épicier, tu sais. Mon dieu, ce qu'on a pu déconner par le passé! Quelle ironie, en un sens. Je me demandais d'ailleurs si tu irais jusqu'à lire mes dernières lignes. Non, c'est vrai, au fond, on ne s'est jamais rencontré, et franchement, pourquoi tu t'attarderais sur le délire d'un inconnu blasé? Bon, je te décrirais volontiers comment on se sent la corde au cou, les pieds dans le vent et l'air manquant, si je le pouvais seulement. Remarque, j'espère que je t'en donnerai envie. L'avantage, c'est qu'au moins, on sait comment et quand on finit. Tout le monde ne peut pas prétendre d'autant. Après, ouai, il y a ceux qui défie le destin. Moi, je suis plutôt de ces abrutis qui tentent de défier la vie.

Cela fait, je n'ai plus trop à épuiser. C'est toujours dans les instants les plus importants que les mots viennent le moins. A mon avis, ils sont assez pudiques sur les bords, ces gars-là. Puis, ils n'en manquent pas une pour foutre le bordel et venir dans le désordre. Ca doit les amuser. Tu m'diras, ils ont raison de s'éclater. Ca me rappelle un été où j'ai flingué par erreur deux ou trois étrangers. Tu dois t'en souvenir, je visais des Français. On confond si facilement des idiots. En parlant d'eux, c'est l'heure pour moi. J'aurais aimé que tu puisses lire cette lettre, mais tu risques de ne pas avoir le temps de l'achever. Ne m'en veux pas, s'il te plaît. Tu sais très bien que piéger les choses, c'est plus fort que moi. Allez, sans rancune, et à demain, qui sait! Au détour d'une balade ou d'une fusillade chez le maraîcher. Ah! Je sens que je vais regretter nos petits morts à chaque virée.

bonjour jedino

trés bon texte , comme à ton habitude , mais inquiétant comme d'autres que tu écrit .j'espère que çe n'est que de la littérature ? lol .

bonne journée à toi :)

Bonsoir,

C'est gentil, mais je pense que vous savez mieux que moi que la fiction se mêle souvent à la réalité. Pas forcément dans les faits, mais dans la pensée. Nous écrivons ce que nous savons écrire et/ou ce que nous vivons ou ressentons, non?

bonjour

c'est vrai ,parfois , la fiction dépasse la réalité , j'ai put m'en rendre compte plusieurs fois au cour des années passées . tu peut me tutoyer , il ni à pas de problème lol .

bonne journée à toi