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ptitepao

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Posté(e)

Pour revenir aux monstres;

elephant_man1.jpg

l y a des monstres qui sont très bons,

Qui s’assoient contre vous les yeux clos de tendresse

Et sur votre poignet

Posent leur patte velue. Un soir -

Où tout sera pourpre dans l’univers,

Où les roches reprendront leurs trajectoires de folles,

Ils se réveilleront.

***

Eugène Guillevic– Terraqué (1942)

"I am not an animal!

I am a human being!

I...am...a man!"

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Membre, Posté(e)
lendehors Membre 372 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

...bien plus naïf, mais on ne se refait pas hein ...

Un oranger sur le sol irlandais,

On ne le verra jamais.

Un jour de neige embaumé de lilas,

Jamais on ne le verra.

Qu'est ce que ça peut faire ?

Qu'est ce que ça peut faire ?

Tu dors auprès de moi,

Près de la rivière,

Où notre chaumière

Bat comme un cœur plein de joie.

Un oranger sur le sol irlandais,

On ne le verra jamais.

Mais dans mes bras, quelqu'un d'autre que toi,

Jamais on ne le verra.

Qu'est ce que ça peut faire ?

Qu'est ce que ça peut faire ?

Tu dors auprès de moi.

L'eau de la rivière,

Fleure la bruyère,

Et ton sommeil est à moi.

Un oranger sur le sol irlandais,

On ne le verra jamais.

Un jour de neige embaumé de lilas,

Jamais on ne le verra.

Qu'est ce que ça peut faire ?

Qu'est ce que ça peut faire ?

Toi, mon enfant, tu es là !

464920lilas.jpg

un jour de neige embaumé de lilas .... dans 4 ou 5 jours tu le verra et sur cette ballade irlandaise tu danseras au : "Pas-Hoolà" ...

http://www.youtube.c...h?v=IKg3z_kzg94

Modifié par lendehors
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Membre, Too old to die young, 51ans Posté(e)
Rob Gordon Membre 4 731 messages
51ans‚ Too old to die young,
Posté(e)

Le monde va finir

Par Charles Baudelaire (9 avril 1821 - 31 août 1867)

arton17443-b945b.jpg

« Le monde va finir.

La seule raison, pour laquelle il pourrait durer, c’est qu’il existe. Que cette raison est faible, comparée à toutes celles qui annoncent le contraire, particulièrement à celle-ci : Qu’est-ce que le monde a désormais à faire sous le ciel ? — Car, en supposant qu’il continuât à exister matériellement, serait-ce une existence digne de ce nom et du Dictionnaire historique ? Je ne dis pas que le monde sera réduit aux expédients et au désordre bouffon des républiques du Sud-Amérique, que peut-être même nous retournerons à l’état sauvage, et que nous irons, à travers les ruines herbues de notre civilisation, chercher notre pâture, un fusil à la main. Non ; car ces aventures supposeraient encore une certaine énergie vitale, écho des premiers âges.

Nouvel exemple et nouvelles victimes des inexorables lois morales, nous périrons par où nous avons cru vivre. La mécanique nous aura tellement américanisés, le progrès aura si bien atrophié en nous toute la partie spirituelle, que rien, parmi les rêveries sanguinaires, sacrilèges ou antinaturelles des utopistes, ne pourra être comparé à ses résultats positifs. Je demande à tout homme qui pense de me montrer ce qui subsiste de la vie.

De la religion, je crois inutile d’en parler et d’en chercher les restes, puisque se donner la peine de nier Dieu est le seul scandale, en pareilles matières. La propriété avait disparu virtuellement avec la suppression du droit d’aînesse ; mais le temps viendra où l’humanité, comme un ogre vengeur, arrachera leur dernier morceau à ceux qui croient avoir hérité légitimement des révolutions. Encore, là ne serait pas le mal suprême.

L’imagination humaine peut concevoir, sans trop de peine, des républiques ou autres États communautaires, dignes de quelque gloire, s’ils sont dirigés par des hommes sacrés, par de certains aristocrates. Mais ce n’est pas particulièrement par des institutions politiques que se manifestera la ruine universelle, ou le progrès universel ; car peu m’importe le nom. Ce sera par l’avilissement des cœurs.

Ai-je besoin de dire que le peu qui restera de politique se débattra péniblement dans les étreintes de l’animalité générale, et que les gouvernants seront forcés, pour se maintenir et pour créer un fantôme d’ordre, de recourir à des moyens qui feraient frissonner notre humanité actuelle, pourtant si endurcie ? — Alors, le fils fuira la famille, non pas à dix-huit ans, mais à douze, émancipé par sa précocité gloutonne ; il la fuira, non pas pour chercher des aventures héroïques, non pas pour délivrer une beauté prisonnière dans une tour, non pas pour immortaliser un galetas par de sublimes pensées, mais pour fonder un commerce, pour s’enrichir, et pour faire concurrence à son infâme papa, fondateur et actionnaire d’un journal qui répandra les lumières et qui ferait considérer le Siècle d’alors comme un suppôt de la superstition. — Alors, les errantes, les déclassées, celles qui ont eu quelques amants et qu’on appelle parfois des Anges, en raison et en remerciement de l’étourderie qui brille, lumière de hasard, dans leur existence logique comme le mal, — alors celles-là, dis-je, ne seront plus qu’impitoyable sagesse, sagesse qui condamnera tout, fors l’argent, tout, même les erreurs des sens ! Alors, ce qui ressemblera à la vertu, que dis-je, tout ce qui ne sera pas l’ardeur vers Plutus sera réputé un immense ridicule. La justice, si, à cette époque fortunée, il peut encore exister une justice, fera interdire les citoyens qui ne sauront pas faire fortune. Ton épouse, ô Bourgeois ! ta chaste moitié, dont la légitimité fait pour toi la poésie, introduisant désormais dans la légalité une infamie irréprochable, gardienne vigilante et amoureuse de ton coffre-fort, ne sera plus que l’idéal parfait de la femme entretenue. Ta fille, avec une nubilité enfantine, rêvera, dans son berceau, qu’elle se vend un million, et toi-même, ô Bourgeois, — moins poète encore que tu n’es aujourd’hui, — tu n’y trouveras rien à redire ; tu ne regretteras rien. Car il y a des choses, dans l’homme, qui se fortifient et prospèrent à mesure que d’autres se délicatisent et s’amoindrissent ; et, grâce au progrès de ces temps, il ne te restera de tes entrailles que des viscères ! — Ces temps sont peut-être bien proches ; qui sait même s’ils ne sont pas venus, et si l’épaississement de notre nature n’est pas le seul obstacle qui nous empêche d’apprécier le milieu dans lequel nous respirons ?

Quant à moi, qui sens quelquefois en moi le ridicule d’un prophète, je sais que je n’y trouverai jamais la charité d’un médecin. Perdu dans ce vilain monde, coudoyé par les foules, je suis comme un homme lassé dont l’œil ne voit en arrière, dans les années profondes, que désabusement et amertume, et, devant lui, qu’un orage où rien de neuf n’est contenu, ni enseignement ni douleur. Le soir où cet homme a volé à la destinée quelques heures de plaisir, bercé dans sa digestion, oublieux — autant que possible — du passé, content du présent et résigné à l’avenir, enivré de son sang-froid et de son dandysme, fier de n’être pas aussi bas que ceux qui passent, il se dit, en contemplant la fumée de son cigare : « Que m’importe où vont ces consciences ? »

Je crois que j’ai dérivé dans ce que les gens du métier appellent un hors-d’œuvre. Cependant, je laisserai ces pages, — parce que je veux dater ma colère. »

Charles Baudelaire, Fusées, XXII, 1851

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Membre+, 52ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
Posté(e)

Bonjour :),

aveugles00.jpg

Bruegel l'Ancien, Parabole des aveugles,1568

Les aveugles

Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux !

Pareils aux mannequins, vaguement ridicules ;

Terribles, singuliers comme les somnambules,

Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

Leurs yeux, d'où la divine étincelle est partie,

Comme s'ils regardaient au loin, restent levés

Au ciel ; on ne les voit jamais vers les pavés

Pencher rêveusement leur tête appesantie.

Ils traversent ainsi le noir illimité,

Ce frère du silence éternel. Ô cité !

Pendant qu'autour de nous tu chantes, ris et beugles,

Eprise du plaisir jusqu'à l'atrocité,

Vois, je me traîne aussi ! mais, plus qu'eux hébété,

Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857

Modifié par chirona
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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)

Bonjour..

Intranquilité..

Il y a du sublime à gaspiller une vie qui pourrait être utile,

à ne jamais réaliser une oeuvre qui serait forcément belle,

à abandonner à mi-chemin la route assurée du succès.

Pourquoi l’art est-il beau ?

Parce qu’il est inutile.

Pourquoi la vie est-elle si laide ?

Parce qu’elle est un tissu de buts, de desseins et d’intentions.

Tous ses chemins sont tracés pour aller d’un point à un autre.

Je donnerais beaucoup pour un chemin conduisant d’un lieu

d’où personne ne vient, vers un lieu où personne ne va.

La beauté des ruines ?

Celle de ne plus servir à rien.

Fernando Pessoa

vieira_da_silva_hommage_pessoa.jpg

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Invité Savanna
Invités, Posté(e)
Invité Savanna
Invité Savanna Invités 0 message
Posté(e)

giorgio-de-chirico-les-jeux-terribles-c-1925.jpg

« Prisonniers des gouttes d'eau, nous ne sommes que des animaux perpétuels. Nous courons dans les villes sans bruits et les affiches enchantées ne nous touchent plus.

À quoi bon ces grands enthousiasmes fragiles, ces sauts de joie desséchés ? Nous ne savons plus rien que les astres morts ; nous regardons les visages ; et nous soupirons de plaisir. Notre bouche est plus sèche que les plages perdues ; nos yeux tournent sans but, sans espoir.

Il n'y a plus que ces cafés où nous nous réunissons pour boire ces boissons fraîches, ces alcools délayés et les tables sont plus poisseuses que ces trottoirs où sont tombées nos ombres mortes de la veille.

Quelquefois, le vent nous entoure de ses grandes mains froides et nous attache aux arbres découpés par le soleil. Tous, nous rions, nous chantons, mais personne ne sent plus son cœur battre. La fièvre nous abandonne. Les gares merveilleuses ne nous abritent plus jamais : les longs couloirs nous effraient.

Il faut donc étouffer encore pour vivre ces minutes plates, ces siècles en lambeaux. Nous aimions autrefois les soleils de fin d’année, les plaines étroites où nos regards coulaient comme ces fleuves impétueux de notre enfance. Il n’y a plus que des reflets dans ces bois repeuplés d’animaux absurdes, de plantes connues.

Les villes que nous ne voulons plus aimer sont mortes. Regardez autour de vous : il n’y a plus que le ciel et ces grands terrains vagues que nous finirons bien par détester. Nous touchons du doigt ces étoiles tendres qui peuplaient nos rêves.

Extrait La Glace sans tain, Les champs magnétiques, d'André Breton et Philippe Soupault

Recueil de textes écrits à quatre mains selon le principe de l'écriture automatique .

le-cerveau-de-lenfant.jpg?w=500

De Chirico

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Membre, ptitevalseuse, 54ans Posté(e)
ptitepao Membre 12 807 messages
54ans‚ ptitevalseuse,
Posté(e)

Il pleut

La pluie italienne de septembre

N'est ni jaune ni bleue il pleut sans éclipse il pleut plein les épaules pliées

Il pleut

Ni perles ni paroles ni paraphes d'épées

Ni poussières ni claques ni paniques d'eau

Ni passages de pétrels pétrole d'air

Désespoir de nuées

Il pleut tout simplement il pleut sans un pli sans une plaie

Sans gifles aux palais plaquant

Sans plomb de grêle

Sans trombes de sel sur les places

Il pleut sans plus

Avec une persévérance égale et jamais lasse

Et la paupière pâle et pauvre du ciel ne se relève nulle part sur ses pleurs

Perpétuels on ne voit plus l'œil pur de l'été sur la vie

On ne voit plus rien que la pluie

Une pluie éparse ou épaisse

Sur le piano plat des toits de par ici

Un plasma tournoyant au platine des platanes

Un plâtrage d'air une polarisation de poudre une précipitation

De neige ou de plume un instant par l'espace perdue

Une possession parallèle une obstination pathétique

Il pleut pleut pleut sur la pensée il pleut

Quand on te connaît mieux pays de salpêtre et de pourriture

Pays pénétré de vents implacables

Empli de parfums spectraux et de plaintes soufflées

Pays qui dépéris comme la paille et sécrètes

Une puanteur d'ombre moisie à tes portes béantes ô cruelle putain déjà cadavre et toujours reine

Quand on en vient

Italie à te haïr de tant t'aimer

Quand on a reconnu dans tes yeux l'abîme des aveugles

Dans tes paumes le prix cynique du plaisir

Dans tes ruisseaux le bran

Quand on sait enfin qu'à ton seuil

Il n'y a place que pour la cendre et la boue

Et que ton chant n'est que misère et tromperie

Alors on se soulève comme on peut des poignets sur ton corps de pierre

Epave qui se traîne à peine à tes pavés

On approche son front des fenêtres obscures

On regarde au-dedans l'extinction des lampes

On regarde au-dehors la longue peur des murs

On écoute les pas lointains les voix plagales

On voit qu'il pleut qu'il pleut qu'il pleut

Nulle part je n'ai senti la présence de la mort ses parages proches

Comme à

Milan tout entière pareille au lendemain d'un lupanar

Ce

Campo-Santo déchirant sans parler ses suaires de marbre

Et nulle part comme à

Milan je n'ai touché du doigt le sépulcre

Je n'ai par lambeaux senti de moi ma peau partir épouse pervertie

Nulle part je n'ai si profondément compris la décomposition de la chair

Le froid qui s'empare de l'homme et le fait la proie affreuse du fer

D'un crocheteur distrait paresseux et pressé

Nulle part comme à

Milan quand il pleut

Quand il pleut

Et

Marceline a renoncé par force à voir

Rome et

Naples

Il n'y aura pas de sacre au

Dôme

On ne fera pas un

Roi de l'empereur

L'imprésario n'a plus d'argent il n'y aura pas de tournée

On ne peut même pas partir

II faut rester dans cette pluie

Oubliant peu à peu tout ce qui n'est pas la pitié des vêtements et du ventre

Oubliant la peinture et la

Romance du

Saule à la

Scala

Oubliant le sommeil et le soleil des rêves

Oubliant jusqu'au cri terrible de l'amour

Parce qu'il pleut

Marceline parce qu'il

Pleut

Et qu'il faut compter les mailles de la pluie

Assise sur une malle attendre et coudre entendre

Sourdre dans les tiens ce désespoir à demeurer

Là quand il pleut

Attendre et coudre coudre coudre quand il pleut

Quand il pleut et que la pluie chante

Sur les toits un air d'opéra

Ma mère avait une servante

Qui s'appelait

Barbara

Aragon - Le voyage d'Iralie, III

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Invité Savanna
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Invité Savanna
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la_metamorphose_de_narcisse_by_arcitenens.jpg

La métamorphose de Narcisse

Quand l’anatomie claire et divine de Narcisse

se penche sur le miroir obscur du lac, quand son torse blanc plié en avant

se fige, glacé,

dans la courbe argentée et hypnotique de son désir,

quand le temps passe

sur l’horloge des fleurs du sable de sa propre chair,

Narcisse s’anéantit dans le vertige cosmique

au plus profond duquel chante

la sirène froide et dionysiaque de sa propre image.

Le corps de Narcisse se vide et se perd

dans l’abîme de son reflet,

comme le sablier que l’on ne retournera pas.

Narcisse, tu perds ton corps,

emporté et confondu par le reflet millénaire de ta disparition,

ton corps frappé de mort

descend vers le précipice des topazes aux épaves jaunes de l’amour,

ton corps blanc, englouti,

suit la pente du torrent férocement minéral

des pierreries noires aux parfums âcres,

ton corps…

jusqu’aux embouchures mates de la nuit

au bord desquelles

étincelle déjà

toute l’argenterie rouge

des aubes aux veines brisées dans « les débarcadères du sang ».

Narcisse,

comprends-tu ?

La symétrie, hypnose divine de la géométrie de l’esprit, comble déjà ta tête de ce sommeil inguérissable, végétal, atavique et lent

qui dessèche la cervelle

dans la substance parcheminée

du noyau de ta proche métamorphose.

La semence de ta tête vient de tomber dans l’eau.

L’homme retourne au végétal

et les dieux

par le sommeil lourd de la fatigue

par l’hypnose transparente de leurs passions.

Narcisse, tu es si immobile

que l’on croirait que tu dors.

S’il s’agissait d’Hercule rugueux et brun,

on dirait : il dort comme un tronc

dans la posture

d’un chêne herculéen.

Mais toi, Narcisse,

formé de timides éclosions parfumées d’adolescence transparente,

tu dors comme une fleur d’eau.

Voilà que le grand mystère approche,

que la grande métamorphose va avoir lieu.

Narcisse, dans son immobilité, absorbé par son reflet avec la lenteur digestive des plantes carnivores, devient invisible.

Il ne reste de lui

que l’ovale hallucinant de blancheur de sa tête,

sa tête de nouveau plus tendre,

sa tête, chrysalide d’arrière-pensées biologiques,

sa tête soutenue au bout des doigts de l’eau,

au bout des doigts,

de la main insensée,

de la main terrible,

de la main coprophagique,

de la main mortelle

de son propre reflet.

Quand cette tête se fendra

Quand cette tête se craquellera,

Quand cette tête éclatera,

ce sera la fleur,

le nouveau Narcisse,

Gala – mon narcisse

Dali

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Membre, ptitevalseuse, 54ans Posté(e)
ptitepao Membre 12 807 messages
54ans‚ ptitevalseuse,
Posté(e)

220px-VirginiaWoolf.jpg

J'ai peur du choc de la sensation qui bondit sur moi parce que je ne peux pas la traiter comme vous le faites - je ne peux pas fondre l'instant dans l'instant qui suit. Pour moi ils sont tous violents, tous distincts [...] Je n'ai pas de but en vue. Je ne sais pas relier les minutes aux minutes et les heures aux heures, les dissoudre par une force naturelle pour composer la masse pleine et indivisible que vous appelez la vie.

...................

Désormais, dit Bernard, je sais qu'il n'y a rien. Nulle nageoire ne fend jamais l'infinie étendue des eaux. On peut penser que cette nageoire surgissant de l'eau symbolise la tentative de s'élever vers la vie et la lumière, vers la compréhension de la vie, mais la nageoire retombe, on ne saura jamais le sens de la vie.

tumblr_lua5pqas8r1qbf1hao1_500.gif

V. Woolf - Les vagues

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Membre, Posté(e)
Eveil Membre 2 825 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Très joli topic... ptitepao :)

Image fantôme

Ta photo sur la bibliothèque tombe toute seule.

Il n'y a pas de vent, pas de courant d'air.

C'est une main sans poignet, sans corps

Qui la jette vers moi,

Sans rien déranger d'autre,

Pour me faire entendre au bruit,

C'est la main de l'oubli.

Ta photo est tellement là , depuis si longtemps

Que j'oublie toujours

Que tu es resté là.

Image fantôme vole toujours

Plus étrangement

Pour caresser mes pieds ou faire un peigne à mes cheveux.

Ta photo sur la bibliothèque tombe toute seule.

Il n'y a pas de vent, pas de courant d'air.

C'est une main sans poignet, sans corps

Qui la jette vers moi,

Sans rien déranger d'autre,

Pour me faire entendre au bruit,

C'est la main de l'oubli.

Hervé Guilbert

Jane Birkin

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Invité Savanna
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Invité Savanna
Invité Savanna Invités 0 message
Posté(e)

Gaston%2Bbussieres%2Bles%2Bnereides.jpg

Gaston Bussières "Les Néreides" 1902

Les Néréides

J’ai dans ma chambre une aquarelle

Bizarre, et d’un peintre avec qui

Mètre et rime sont en querelle,

— Théophile Kniatowski.

Sur l’écume blanche qui frange

Le manteau glauque de la mer

Se groupent en bouquet étrange

Trois nymphes, fleurs du gouffre amer.

Comme des lis noyés, la houle

Fait dans sa volute d’argent

Danser leurs beaux corps qu’elle roule,

Les élevant, les submergeant.

Sur leurs têtes blondes, coiffées

De pétoncles et de roseaux,

Elles mêlent, coquettes fées,

L’écrin et la flore des eaux.

Vidant sa nacre, l’huître à perle

Constelle de son blanc trésor

Leur gorge, où le flot qui déferle

Suspend d’autres perles encor.

Et, jusqu’aux hanches soulevées

Par le bras des Tritons nerveux,

Elles luisent, d’azur lavées,

Sous l’or vert de leurs longs cheveux.

Plus bas, leur blancheur sous l’eau bleue

Se glace d’un visqueux frisson,

Et le torse finit en queue,

Moitié femme, moitié poisson.

TeofilKwiatkowsky1845%2528Sir%25C3%25A8nes-d%25C3%25A9tail%2529MuzeumCzartoryskich-Krakowie.jpg

Mais qui regarde la nageoire

Et les reins aux squameux replis,

En voyant les bustes d’ivoire

Par le baiser des mers polis ?

A l’horizon, — piquant mélange

De fable et de réalité, —

Paraît un vaisseau qui dérange

Le chœur marin épouvanté.

Son pavillon est tricolore ;

Son tuyau vomit la vapeur ;

Ses aubes fouettent l’eau sonore,

Et les nymphes plongent de peur.

Sans crainte elles suivaient par troupes

Les trirèmes de l’Archipel,

Et les dauphins, arquant leurs croupes,

D’Arion attendaient l’appel ;

Mais le steam-boat avec ses roues,

Comme Vulcain battant Vénus,

Souffletterait leurs belles joues

Et meurtrirait leurs membres nus.

Adieu, fraîche mythologie !

Le paquebot passe et, de loin,

Croit voir sur la vague élargie

Une culbute de marsouin.

Teofil Kwiatkowski

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Invité
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Sylvia Plath - Mots (Ariel)

Haches

Qui cognent et font sonner le bois,

Retentir les échos !

Echos partis

Gagner les lointains comme des cheveaux

La sève

Comme des larmes coule comme

l'eau s'évertue

A rétablir son miroir

Au-dessus du rocher

Effondré, retourné,

Crâne blanc

Que mord la mauvaise herbe,

Après des années je

Les retrouve sur le chemin -

Secs, sans cavalier, les mots

Et leur galop infatigable

Quand

Depuis le fond de l'étang, les étoiles

Régissent une vie.

91322654.jpg

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Membre, grands cils ♪ ♫ ..., Posté(e)
Cajou Membre 1 044 messages
grands cils ♪ ♫ ...,
Posté(e)

Bonsoir à tous ...fleur.gif

Il parait que c’est le printemps et des chants tout neuf d'oiseaux on a plein la tête .. alors un ptit bout ici ..

http://www.youtube.c...h?v=opCHuDVzx2s

little_bird_by_vhm_alex-d5q03xj.jpg

Little Bird d'Alex Cherry qui s'est Inspiré d’une chanson d’ A.Lennox

------------

The Me Bird Animation (par le studio Brésilien 18bis)

http://www.youtube.com/watch?v=n4Tb0_ZPPMY

Inspiré d’un très beau poème de Pablo Neruda,

I am the Pablo Bird,

Bird of a single feather,

A flier in the clear shadow

And obscure clarity,

My wings are unseen,

My ears resound

When I walk among the trees

Or beneath the tombstones

Like an unlucky umbrella

Or a naked sword,

Stretched like a bow

Or round like a grape,

I fly on and on not knowing,

Wounded in the dark night,

Who is waiting for me,

Who does not want my song,

Who desires my death,

Who will not know I'm arriving

And will not come to subdue me,

To bleed me, to twist me,

Or to kiss my clothes,

Torn by the shrieking wind.

That's why I come and go,

Fly and don't fly but sing:

I am the furious bird

Of the calm storm.

------------

pour terminer .. une danse surréaliste où les formes couleurs musiques et les corps se confondent ...

Blue Eclipse nocturne ... cool.gif

Belle nuit et plus ..

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Membre+, 52ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
Posté(e)

Amis des arts, bonjour :)

Rodin_biron_sculpteur_muse.jpg

Le sculpteur et la muse, Auguste Rodin, 1894

Las où est maintenant...

Las, où est maintenant ce mépris de Fortune ?

Où est ce cœur vainqueur de toute adversité,

Cet honnête désir de l’immortalité,

Et cette honnête flamme au peuple non commune ?

Où sont ces doux plaisirs qu’au soir sous la nuit brune

Les Muses me donnaient, alors qu’en liberté

Dessus le vert tapis d’un rivage écarté

Je les menais danser aux rayons de la Lune ?

Maintenant la Fortune est maîtresse de moi,

Et mon cœur, qui soulait être maître de soi,

Est serf de mille maux et regrets qui m’ennuient.

De la postérité je n’ai plus de souci,

Cette divine ardeur, je ne l’ai plus aussi,

Et les Muses de moi, comme étranges, s’enfuient.

Joachim du Bellay, Les Regrets, 1558

Modifié par chirona
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Invité Savanna
Invités, Posté(e)
Invité Savanna
Invité Savanna Invités 0 message
Posté(e)

Bonsoir , :)

deux_femmes.jpg

DEUX FEMMES de Gasparian .

L'invitation au voyage .

Mon enfant, ma sœur,

Songe à la douceur

D’aller là-bas vivre ensemble !

Aimer à loisir,

Aimer et mourir

Au pays qui te ressemble !

Les soleils mouillés

De ces ciels brouillés

Pour mon esprit ont les charmes

Si mystérieux

De tes traîtres yeux,

Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,

Polis par les ans,

Décoreraient notre chambre ;

Les plus rares fleurs

Mêlant leurs odeurs

Aux vagues senteurs de l’ambre,

Les riches plafonds,

Les miroirs profonds,

La splendeur orientale,

Tout y parlerait

À l’âme en secret

Sa douce langue natale.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux

Dormir ces vaisseaux

Dont l’humeur est vagabonde ;

C’est pour assouvir

Ton moindre désir

Qu’ils viennent du bout du monde.

- Les soleils couchants

Revêtent les champs,

Les canaux, la ville entière,

D’hyacinthe et d’or ;

Le monde s’endort

Dans une chaude lumière.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

Charles Baudelaire

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Membre, Posté(e)
lendehors Membre 372 messages
Baby Forumeur‚
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Dehors il faisait chaud, le soleil m'aveuglait. La plus belle nouvelle de toute la littérature Américaine, et cet individu, ce prêtre, appelait ça une cochonnerie. Peut-être que cette histoire d'hostie n'était pas exactement la vérité ; d'accord, ce n'était peut-être pas arrivé comme ça. Mais mon dieu, et la psychologie alors ? Et la prose ! Pure beauté !

Aussitôt revenu dans ma chambre je me suis mis à ma machine et j'ai préparé ma revanche. Un article, une fulgurante attaque contre la stupidité de l'Eglise. J'ai tapé le titre : L'Eglise catholique est fichue. J'ai tapé ça avec furie, page après page jusqu'à ce qu'il y en ait six. Ensuite je me suis arrêté pour relire. C'était atroce, complètement ridicule. J'ai tout déchiré et je me suis jeté sur le lit. Je n'avais toujours pas écrit mon poème à Camilla. Et là, couché comme ça, l'inspiration m'est venue. Je l'ai recopié de mémoire :

J'ai beaucoup oublié, Camilla, autant en emporte

le vent

Jeté beaucoup de roses aussi, toute une fête de

rose à la longue

Dansé pour chasser de mon esprit tes lys pâles

d'antan ;

Mais j'étais inconsolable, et malade d'une vieille

passion,

Oui, tout ce temps, parce que la danse a été

longue ;

Sache que je t'ai été fidèle, Camilla, à ma façon.

Arturo Bandini.

J'ai envoyé ça par télégramme, pas peu fier, et j'ai regardé l'employé du télégraphe lire ce beau poème, mon poème à Camilla, un bout d'éternité pour Camilla. J'ai payé l'employé et suis allé me poster dans l'encoignure et j'ai attendu. Le garçon est arrivé sur sa bicyclette, le même. Je l'ai regardé faire sa course, regardé Camilla lire le télégramme au milieu de la salle. Je l'ai vue hausser les épaules et le déchirer en petits morceaux et j'ai vu les morceaux tomber dans la sciure par terre. En m'éloignant je ne pouvais toujours pas y croire. Même la poésie d'Ernest Dowson n'avait aucun effet sur elle, même pas Dowson.

John Fante

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"Demande à la poussière"

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chirona Membre+ 3 432 messages
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ME0000103439_3.jpg Nature morte avec hareng, vin et pain, Pieter Claesz, 1647

Le pain

La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes. Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente. Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable… Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation.

Francis Ponge, Le Parti-pris des choses, 1942

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Bonjour....

artworkimages1159504795.jpg

Je vous âme :

Mettre le i du verbe aimer en accent circonflexe, en réserve ; il ne lui resterait qu'à glisser sur la nuque du a (comme un chapeau de paille retenu par un cordon) pour déclarer ses sentiments. C'est pour éviter de rester tête nue au soleil qu'on s'âme plutôt qu'on s'aime...

Et puis, pour aimer, il faut un corps, alors que pour s'âmer il ne faut que des mots !

Comme la plupart des gens ont un corps mais assez peu de mots, ils commencent par s'aimer en frottant leurs corps l'un contre l'autre comme des pierres à briquet ; si des mots en sortent (en plus du plaisir), c'est un amour peut être... Sinon, ce n'était, une fois encore, qu'un moment... de frottement !

Jacques Dor

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Comme je ne peux répondre à Cajou sur son profil, je le fais ici, en élevant mon chapeau ^ ^ bec bec..

je-vous-ame--2-.jpg

Les gens sont tellement bavards, sans parler des journaux et de la télévision. partout, sans arrêt, des mots, des phrases, les mêmes phrases : " je t'aime ", "c'est génial", "c'est la vie". Ne pourrait-on, un instant revenir à une préhistoire du langage, à sa découverte, à son enfance, à l'époque ou chaque vocable s'ancrait profondément dans ses racines, les traînait à sa suite, où l'on parlait si peu que chaque déclaration provoquait un effarement ?

Agnès Desarthe " Dans la nuit brune"

(c'est fou à quel point je suis d'accord..)

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Invité Savanna
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Invité Savanna
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Dans un de ces faubourgs où vont des caravanes

De chiffonniers se battre et baiser galamment

Un vieux linge sentant la peau des courtisanes

Et lapider les chats dans l'amour s'abîmant,

J'allais comme eux : mon âme errait en un ciel terne

Pareil à la lueur pleine de vague effroi

Que sur les murs blêmis ébauche leur lanterne

Dont le matin rougit la flamme, un jour de froid.

Et je vis un tableau funèbrement grotesque

Dont le rêve me hante encore, et que voici :

Une femme, très jeune, une pauvresse, presque

En gésine, était morte en un bouge noirci.

— Sans sacrements et comme un chien, — dit sa voisine.

Un haillon noir y pend et pour larmes d'argent

Montre le mur blafard par ses trous: la lésine

Et l'encens rance vont dans ses plis voltigeant.

Trois chaises attendant la bière : un cierge, à terre,

Dont la cire a déjà pleuré plus d'un mort, puis

Un chandelier, laissant sous son argent austère

Rire le cuivre, et, sous la pluie, un brin de buis...

Voilà. — Jusqu'ici rien : il est permis qu'on meure

Pauvre, un jour qu'il fait sale, et qu'un enfant de chœur

Ouvre son parapluie, et, sans qu'un chien vous pleure,

Expédie au galop votre convoi moqueur.

Mais ce qui me fit mal à voir, ce fut, la porte

Lui semblant trop étroite ou l'escalier trop bas

Un croque-mort grimpant au logis de la morte

Par la lucarne, avec une échelle, à grands pas.

La mort a des égards envers ceux qu'elle traque :

Elle enivre d'azur nos yeux, en les fermant,

Puis passe un vieux frac noir et se coiffe d'un claque

Et vient nous escroquer nos sous, courtoisement.

Du premier échelon jusqu'au dernier, cet être

Ainsi que Roméo fantasquement volait,

Quand, par galanterie, au bord de la fenêtre,

Il déposa sa pipe en tirant le volet.

Je détournai les yeux et m'en allai : la teinte

Où le ciel gris noyait mes songes, s'assombrit,

Et voici que la voix de ma pensée éteinte

Se réveilla, parlant comme le Démon rit.

Dans mon cœur où l'ennui pend ses drapeaux funèbres

Il est un sarcophage aussi, le souvenir.

Là, parmi ses onguents pénétrant les ténèbres,

Dort Celle à qui Satan lira mon avenir.

Et le Vice, jaloux d'y fixer sa géhenne,

Veut la porter en terre et frappe aux carreaux; mais

Tu peux attendre encor, cher croque-mort : — ma haine

Est là dont l'œil vengeur l'emprisonne à jamais.

Galanterie macabre . Stéphane Mallarmé .

Davide-De-Agostini10.jpg

Davide de Agostini

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