France 1945 - le retour forcé des prisonniers soviétiques.

Episode méconnu et peu glorieux.

En novenbre 1945, 101 459 citoyens soviétiques avaient été rapatriés depuis d' Allemagne vers la France, venaient s’ajouter des Ukrainiens soviétiques , des Estoniens , des Lettons.

A la Libération, l'administration française, obéissant à la raison d'Etat, refusa le droit d'asile à tous sans distinction. Staline demanda le rapatriement de ces Soviétiques, jugé comme traitres par l'URSS. Pire : rassemblés sur le territoire français dans soixante-dix camps, livrés à des officiers soviétiques, ils furent expédiés vers l'Union Soviétique où Staline, en dépit de ses promesses, les déporta au goulag en Sibérie.

Le réseau français comptait près de 130 lieux de concentrations et camps de citoyens soviétiques, c’était le plus imposant d’Europe, en mars 1946, 120 917 personnes dont 85 409 prisonniers de guerre et 35 508 civils (comprenant 17 463 hommes,15 984 femmes et 2 061 enfants)

Le camp soviétique le plus important de France, Beauregard, situé dans la banlieue parisienne entre Versailles et la Celle-Saint-Cloud, poursuivait ses activités, jouissant du bénéfice de l’exterritorialité. Son administration et son système de protection restèrent soviétiques même après 1944. Les officiers du NKVD y faisaient la loi sans aucun contrôle, n’hésitant pas à avoir occasionnellement recours à des attentats ou des enlèvements, puisque le camp disposait même d’un aérodrome

Dans le cadre des accords de Yalta et en dépit des accords de Genève sur les prisonniers, les alliés dont les français livrèrent ces citoyens soviétiques à Staline. Au retour en URSS, ces prisonniers furent internés au Goulag qui connaissait alors son apogée et connurent pour la plupart une fin tragique. Aux yeux de Staline avoir été fait prisonnier plusieurs années rendait ces soldats "traitres à leur patrie" c'était oublié que ces hommes avaient été fait prisonniers d'abord en raison de la désorganisation de l'Armée rouge dont il était le premier responsable.

Les protestations contre ces camps qui perdurèrent jusqu'en 1947 furent tardives et rares ...

Pourquoi un tel silence alors que les commémorations et autres repentances devant des wagons sont devenus aujourd'hui de véritables rituels pour nos politiques et religieux de tous bords???

Et t'as crié, crié-hé

Staline

pour qu'ils reviennent.

Et t'as pleuré

pleuré-hé

au grand soviet suprem :smile2: :D

je n'y comprends et ça m'intéresse alors mettez un lien.

Existe-il des sources existantes sur le sujet ?

http://fr.scribd.com/doc/15633837/Camps-sovietique-en-france

il y avait dans ces camps en France essentiellement des prisonniers de guerre transformés en travailleurs forcés durant leur captivité en Allemagne, des engagés de force dans la Wehrmacht mais aussi des résistants qui ont combattu auprès du Gal de Gaulle (au total environ 85000)- Des civils réfugiés fuyant les persécutions soviétiques et aussi des russes “blancs” réfugiés de longue date en France (environ 35500 civils dont 15900 femmes et 2060 enfants) ... Au total une population de plus de 100000 réfugiés ou déportés en France à la fin de la guerre.

Cette épisode est peu connu et peu diffusé. tu trouveras des infos dans le lien ci-dessus et aussi des pages très détaillées dans le livre noir du communisme rédigé par un collectif d’historiens pour la plupart d’anciens communistes.

Ce qui est choquant c’est la prosternation des puissances occidentales devant devant les exigences de Staline grand vainqueur de la Seconde Guerre Mondiale. Ce dernier en a profité pour durcir davantage son régime de terreur et poursuivre les grandes purges amorçées en URSS dans les années 30 ...

Ces camps bénéficiaient de l’exterritorialité et étaient administrés d’une main de fer par les autorités soviétiques du NKVD (assassinats et enlèvements d’enfants étaient fréquents) A Beauregard il y avait même un aérodrome On peut imaginer le cauchemar de ces hommes, femmes et enfants envoyés de force et dans l’indifférence générale d’après guerre vers la mort des camps soviétiques au moment où le monde découvrait toute l' horreur des camps d’extermination nazis

Bonjour williama,

De faire remarquer qu’il est toujours facile de juger les situations après coup.

À la sortie de la guerre, 25% des députés élus étaient des députés communistes.

Or, les communistes de l’époque faisaient preuve d’une allégeance quasi religieuse au système soviétique et son grand timonier Staline.

Que Staline exige le retour de ces prisonniers, s’inscrivait naturellement dans l’allégeance renouvelée du quart de l’assemblé nationale au système politique référent

Par ailleurs, il aura fallu attendre une trentaine d’années plus tard, avec les écrits d’Alexandre Soljenitsyne pour apprendre l’existence des goulags et la condition innommable dans laquelle vivaient des millions de déportés politiques en URSS.

Que nos atermoiements soient sélectifs, c'est absolument vrai.

Mais que savions-nous au moment où ces évènements eurent lieu pour manifester une désapprobation quelconque.

N'est-ce pas facile de juger une époque, à l'aune de ce que nous avons appris très tardivement ?

Bonjour Enchantant,

Effectivement à l'époque nous ne savions rien, par contre les signataires de ces accords savaient. Churchill pour ne citer que lui avait fait part de ses interrogations à Yalta sur le sort funeste qui attendait ces hommes et familles soviétiques.

Par contre aujourd'hui nous savons. Les archives sont ouvertes et des historiens sérieux ont mis à jour cette effroyable épisode de l'après guerre. La France a bien servi de base arrière au Goulag soviétique et comme tu le rappelles très justement 1/4 de notre Assemblée Nationale de l'époque était composée de communistes inféodés corps et âme à Moscou et les autres même à droite voyaient en Staline un héros. Tous les ingrédients étaient réunis pour passer ces vies par pertes et profits.

Loin de moi l'idée de créer une énième repentance. Je suis déjà suffisamment critique envers celles qu'on nous assène régulièrement pour ne pas vouloir en créer une nouvelle. Par contre faire connaître cette réalité me semble utile car contrairement au nazisme, le communisme n'a jamais eu son Nuremberg pour ses innombrables crimes de masse. Le parlement européen a même rejeté en 2007 une motion condamnant les crimes du communisme en Europe de l'est. Un ex-candidat à la dernière présidentielle a déclaré au cours d'un meeting que "non les communistes n'ont pas de sang jusqu'aux coudes ..." etc .. l'impunité, l'oubli ou le refus de savoir continuent à entretenir le mythe de ce pseudo système prolétarien vers le bonheur forcé.

Après six ans de guerre, de mort et de destruction, Staline et l'URSS était auréolé d'avoir été les premiers à briser l'expansion du nazisme en Europe, notamment dans la bataille de Stalingrad.

Que les peuples exsangues aient eu une certaine reconnaissance de cette réalité et du sacrifice des soldats russes, peuvent expliquer aussi certaines attitudes reconnaissantes.

Que le communisme et le nazisme soient les faces opposées d'une même pièce, j'en conviens tout à fait, et en toute logique aurait dû faire l'objet d'un procès comme celui de Nuremberg en Allemagne.

Mais le procès à Nuremberg fut organisé et initié par les vainqueurs du nazisme,alors que le communisme en EX-URSS s'est effondré de lui-même, ceci pouvant expliquer cela.