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Grèce : une société traumatisée


economic dream

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Membre, 32ans Posté(e)
economic dream Membre 3 028 messages
Baby Forumeur‚ 32ans‚
Posté(e)

Bonjour à tous,

La note de la Grèce a été augmentée par Standard& Poors mais il faut voir la réalité sur le terrain aussi...

"

Une société traumatisée

19 décembre 2012 FRANKFURTER ALLGEMEINE ZEITUNG FRANCFORT

greece-poverty.jpg?1355914276Des personnes mangent de la nourriture donnée par l'Eglise grecque dans le centre d'Athènes, le 17 octobre 2012.

AFP

Un traumatologue allemand habitué aux scènes de drame s’est rendu en Grèce. Ce qu’il a vu dans cette société au bord de l’explosion a dépassé ses pires craintes. Extraits.

Melanie MühlLa spécialité de Georg Pieper, c’est le traumatisme. Chaque fois qu’une catastrophe s’est abattue sur l’Allemagne, le traumatologue s’est rendu sur place. Après les attentats d’Oslo et d’Utøya, Georg Pieper est allé en Norvège où il a encadré ses confrères. Il s’y connaît pour observer une situation à la loupe et juger de l’ampleur d’une catastrophe.

En octobre, Georg Pieper a passé quelques jours à Athènes, où il a donné des cours de traumatologie à des psychologues, des psychiatres et des médecins. Il s’attendait à trouver une situation difficile, mais la réalité était au-delà de ses pires appréhensions.

Pour l’Allemand consommateur d’information, la crise est de l’histoire ancienne. Elle s’est avant tout révélée à nous par l’intermédiaire d’expressions comme "fonds de sauvetage" ou "trou de plusieurs milliards". Au lieu d’analyser le contexte global, nous voyons Angela Merkel à Berlin, à Bruxelles ou quelque part ailleurs, descendre d’une limousine noire, l’air grave.

Mais cela ne nous apprend pas la vérité, la vérité sur la Grèce, sur l’Allemagne, sur l’Europe. Georg Pieper parle de "refoulement massif" pour qualifier ce qui se déroule juste sous nos yeux. Les mécanismes de défense des responsables politiques, en particulier, fonctionnent à merveille.

Traumatisme collectif

En octobre 2012, voilà la Grèce qui se présentait à lui : des femmes enceintes jusqu’aux dents courent les hôpitaux en suppliant qu’on les y admette, mais parce qu’elles n’ont ni assurance-maladie, ni suffisamment d’argent, personne ne veut les aider à mettre leur enfant au monde. Des gens qui, il y a peu, faisaient encore partie de la classe moyenne, glanent les restes de fruits et de légumes dans la rue, dans une banlieue d’Athènes.

Un vieil homme explique qu’il ne peut plus payer ses médicaments pour ses problèmes cardiaques. Sa retraite a été sabrée de moitié. Ayant travaillé pendant plus de 40 ans, il pensait avoir fait tout ce qu’il fallait, et aujourd’hui il ne comprend plus le monde. Les gens qui vont à l’hôpital sont tenus d’apporter leurs draps et leur nourriture. Depuis le congédiement des équipes d’entretien, ce sont les médecins, les infirmières et les aides-soignants, privés de salaires depuis des mois, qui se chargent du ménage. L’hôpital manque de gants jetables et de cathéters. L’Union européenne met en garde le pays contre la propagation des maladies infectieuses.

Par manque de moyens financiers, des pâtés de maisons entiers ne sont plus approvisionnés en fioul à l’heure qu’il est. Au printemps, un homme de 77 ans s’est suicidé avec une arme devant le Parlement d’Athènes. Juste avant de passer à l’acte, il aurait crié : "Comme cela, je ne laisse aucune dette à mes enfants !" Le taux de suicide a doublé au cours des trois dernières années.

Un traumatisme est un événement qui ébranle la perception du monde de l’individu jusque dans ses fondements. L’expérience est si violente qu’elle plonge le sujet dans un tourbillon de détresse absolue. Seuls les esprits cyniques parlent encore de régression sociale au sujet de la Grèce. Ce que nous observons actuellement est un traumatisme collectif.

L'homme se transforme en fauve

"La crise touche particulièrement les hommes", constate Georg Pieper. Comme chacun sait, les hommes fondent leur identité, bien davantage que les femmes, sur le travail, et donc sur leur valeur marchande. Or, la valeur marchande du plus grand nombre fond sans discontinuer. La crise porte également atteinte à leur virilité. Actuellement, les troubles psychiques comme les dépressions se propagent en Grèce comme le ferait une épidémie. Personne ne s’étonne d’apprendre que les trois-quarts des suicides sont commis par des hommes.

Nul besoin d’être un Cassandre ou un expert pour imaginer l’incidence que cela peut avoir sur les relations sociales entre les individus et sur le ciment de la société grecque. Le ressentiment à l’égard d’un système corrompu, perverti, et à l’égard de la politique internationale, dont les tranches d’aide tombent dans l’escarcelle des banques au lieu de servir à sauver des gens, est immense, et va croissant. Les hommes ramènent cette haine dans leur famille, et leurs fils la traduisent en actes dans la rue. On observe une multiplication des groupes violents qui s’en prennent aux minorités.

Au mois de novembre, les Etats-Unis ont émis un avertissement à l’adresse des voyageurs désirant se rendre en Grèce – les gens de couleur, en particulier, y seraient menacés. Pour un pays comme la Grèce, qui a d’elle-même l’image d’une terre hospitalière, cela choque, confie Georg Pieper.

En temps normal, même le plus terrible des coups du sort ne met pas l’individu à genoux, explique Georg Pieper, car chacun d’entre nous est doté d’un instinct de survie extrêmement développé. Voilà pour la bonne nouvelle. La mauvaise est que cet instinct de survie n’est effectif que dans une société en état de fonctionnement, capable d’amortir le choc. La tragédie d’Utøya a montré la force qu’une telle société était capable de déployer. Toute la Norvège a apporté son soutien aux victimes après le massacre, comme si quelqu’un avait coiffé le pays d’une cloche de solidarité.

En Grèce, les fondements de la société ont été sapés jusqu’à ce que celle-ci finisse par s’effondrer. La crise a anéanti l’Etat-Providence. "L’homme, analyse Georg Pieper, se transforme en fauve dans ce type de situations dramatiques". La nécessité le pousse à la déraison. L’égoïsme supplante la solidarité. "

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Invité Riposte
Invités, Posté(e)
Invité Riposte
Invité Riposte Invités 0 message
Posté(e)

Le moins pire des systèmes pour les uns, le meilleur pour d'autres...

Du drame économique naît un drame humain... Et le pire, c'est que certains trouvent ça "légitime".

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Membre, En désaccord, 47ans Posté(e)
Zeds_Dead Membre 4 003 messages
47ans‚ En désaccord,
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La majorité des gens à qui j'en parle trouvent que "ces enfoirés de grecs fraudaient le fisc quand même". Bref bien fait pour eux, et vive Goldman Sachs notre seigneur.

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Membre, 32ans Posté(e)
economic dream Membre 3 028 messages
Baby Forumeur‚ 32ans‚
Posté(e)

Il n'y a pas que des perdants dans l'affaire grecque censored.gif :

"Spéculer sur la dette grecque ? 500 millions de $ !

Jeudi 20 décembre 2012, Romain Gelin, 2268 signes. Gresea asbl (Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative)

L’histoire commence à l’été 2012. Third Point, un fonds spéculatif américain, achète pour plusieurs centaines de millions de dollars de titres de dette publique grecque. Entre mars 2012, date de la restructuration d’une partie de la dette hellénique (effacement de 107 milliards sur 200 milliards d’euros détenus par des opérateurs privés), et l’été 2012, les prix de ces titres ont connu une baisse considérable. A ce moment, les investisseurs rechignent à les acheter, n’étant pas certains d’être remboursés en cas d’un défaut de paiement de l’État grec. Les prix sont donc tombés à 17 centimes durant l’été 2012. Une belle occasion de détenir de la dette d’un État européen pour une somme ridicule, juge le Wall Street Journal. Et une aubaine pour des fonds spéculatifs tels Greylock Capital Management, Fir Tree Partners ou Third Point dirigé par le milliardaire Dan Loeb. Ce dernier saisit l’opportunité, prenant position sur des centaines de millions de dollars de dette publique - en faisant le pari que la Grèce ne sortirait pas de la zone euro avant un bon moment. Pari payant quelques mois plus tard quand la Grèce, le 18 décembre 2012, décide de racheter une partie de sa dette auprès de ses créanciers privés au prix de 34 centimes d’euros par titre. Cette opération se traduit par 500 millions de dollars (environ 370 millions d’euros) de plus-value au fonds spéculatif. Third Point a tout de même conservé des positions sur la dette grecque, les analystes anticipant une hausse possible des titres jusqu’à 40 centimes, selon le Financial Times. Le "hedge fund" de Dan Loeb, qui gère 10 milliards de dollars d’actifs a permis à ses clients de réaliser un retour sur investissement de 20% cette année, quand l’industrie des fonds spéculatifs qui pèse dans son ensemble 2 billions de dollars (deux mille milliards) réalise un retour sur investissement de 4,9% en moyenne. Sources : Wall Steet Journal du 23 octobre 2012 et Financial Times du 19 décembre 2012.

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Membre, Posté(e)
Télémaque Membre 742 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

C'est triste oui pour le peuple, mais c'est lui qui a élu les gens qui ont précipités le pays à la ruine :( Cependant il est inutile d'aller en Grèce, pour voir la misère s'abattre sur les pauvres :o° Elle est bien présente aussi en France, il suffit d'ouvrir les yeux :hi:

Télémaque.

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