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Il vit dans un mobil-home, ses voisins lui construisent une maison


Jedino

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 017 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

Il vit dans un mobil-home, ses voisins lui construisent une maison

C’est une histoire comme on en voit dans les émissions de téléréalité, sauf que la télé n’est pas venue. Une histoire de solidarité et de proximité qu’on peut lire, aussi, comme un contre-pied à la crise. L’histoire d’un père de famille vivant seul dans un mobil-home d’un autre âge et à qui ses voisins vont construire une maison. Une vraie maison en ossature de bois et aux normes "bâtiment basse consommation", avec trois chambres, 90 m2 de surface au sol et un poêle canadien au milieu. Sauf imprévu, la masure se dressera à Noël à la sortie du village de Saint-Martin-des-Fontaines (Vendée), à l’endroit même où Fred –l’homme ne souhaite pas voir apparaître son nom – a acheté un terrain pour se rapprocher de la mère de ses quatre enfants dont il est séparé. Ratouit_Trossat-1-2.jpgFred, devant son mobil-home © Théophile Trossat

Fred a 47 ans, une jolie paire de bacchantes et est originaire de l’Oise, où il exerçait le métier d’électromécanicien avant que tout bascule. C’était en 2006: un divorce l’éloigne de ses enfants dont il obtient la garde un week-end sur deux. Deux ans plus tard, son ex-épouse décide d’aller vivre en Vendée. Presque au même moment – "malheureusement et heureusement", dit-il –, il se fait licencier de l’entreprise où il était chargé de l’entretien des machines-outils. Il suit le mouvement, direction le bocage, pas le choix : "En restant dans l’Oise, je n’aurais vu les enfants qu’une fois par an", explique-t-il. Si l’aîné, aujourd’hui âgé de 23 ans, vit sa vie de chauffeur routier, les autres – deux garçons et une fille de 8 à 14 ans – ont besoin de leurs deux parents. Et réciproquement.

Les trois premiers mois, Fred les passe dans un camping-car installé dans la cour de la maison de son ex-femme, dans le village d’Auzay. Comme le bonhomme a quelques économies, il acquiert un joli terrain de 3.600 m2 à 16 kilomètres de là, à Saint-Martin-des-Fontaines, 160 habitants. Le prix de vente – 32.000 euros – lui paraît tout à fait acceptable, pour lui "qui vient de Paris" comme on dit au village. Il est en réalité bien supérieur à la moyenne du marché… Peu importe, son idée est de "faire construire", ce qu’il a déjà fait deux fois dans le passé : "Venir ici était comme prendre un nouveau départ dans la vie. J’étais alors loin de penser que j’en arriverais là." Fred a oublié un élément essentiel : l’emploi est une denrée rare dans ce sud vendéen saigné à blanc par les fermetures d’usines (SKF en 2009, Plysorol cet été). Il trouve un job dans une entreprise de maintenance agricole, devient maçon, travaille dans une ferme, et vivote avec les Assedic entre deux CDD. Il achète également des poules et des moutons, pour sa consommation personnelle.

Ratouit_Trossat-31.jpgFred possède six poules et neuf moutons © Théophile Trossat

Entre-temps, Fred a fait "rapatrier" sur place son vieux mobil-home, une antiquité de 27 m2 dans lequel il accueille ses enfants pendant le week-end. La vie y est heureuse mais spartiate, surtout les nuits de grand froid quand le poêle à bois peine à diffuser une chaleur constante en raison de l’absence d’isolation. Réglementairement, ce type de chauffage est interdit dans une habitation mobile. Tout aussi réglementairement, un mobil-home ne peut rester plus de trois ans au même endroit. Fred en est à son quatrième hiver sur place : il suffirait de pas grand-chose à une autorité vaguement sourcilleuse pour le faire expulser de son gourbi ambulant.

Sauf que voilà, Fred a des voisins. Des voisins pas comme les autres, sans doute. En face de chez lui, habite Bernard Anonier, un céréalier à la retraite, et quelques mètres plus loin Pierre-Alain Petit, un salarié de l’usine de briques située à l’autre bout du hameau. Le premier préside une association composée majoritairement d’agriculteurs ; le second tient en parallèle un bistrot appelé La Coussotte, où siège une autre association dont le but est d’organiser la brocante annuelle du village.

Ratouit_Trossat-2.jpgBernard Anonier (à gauche) est président de l'Association des bassins versants de la grande fontaine © Théophile Trossat

Fred, qui a le contact facile, a sympathisé avec ses voisins. Ceux-ci vont lui rendre son amitié, en… s’inquiétant pour lui. Notamment en 2010 quand la tempête Xynthia fait décoller le bord de son mobil-home de plusieurs dizaines de centimètres. Idem lors du glacial hiver 2011-2012 : "En me levant le matin, la première chose que je faisais était de vérifier que son poêle était bien allumé", en tremble encore Bernard Anonier. Plusieurs fois, Fred utilisera son sèche-cheveux pour dégeler la porte de son logis de bric et de broc.

Ce même hiver, à Saint-Christophe-du-Ligneron, une commune du nord du département, un drame fait la "une" des journaux : un père et son fils périssent dans l’incendie de leur mobil-home. "Cela a été le déclencheur, poursuit Bernard Anonier. On s’est rendu compte qu’il y avait chez nous le même potentiel de catastrophe. Et même pire encore. Imaginez : un vieux mobil-home avec un poêle à bois et trois enfants dedans ! On était dans une situation de non-assistance à personne en danger." La dégradation de la situation financière de Fred – acculé par un découvert de 1.400 euros et plusieurs impayés – ne laissait entrevoir aucun espoir de changement, sinon radical : "Avec le risque d’expulsion qui pesait sur lui, il sentait bien que la prochaine étape serait la “boîte en carton”, comme il disait pour expliquer qu’il redoutait de devenir SDF."

Ratouit_Trossat-12.jpgSnoopy, le chien de Fred © Théophile Trossat

Pas d’hésitation : les deux associations décident de s’unir dans le but de construire une maison à Fred. La première, qui sommeillait depuis dix ans, a conservé un petit trésor de guerre (20.000 euros), reliquat de l’époque où elle organisait des championnats du monde de moissonneuses-batteuses. La seconde, en revanche, n’a plus un centime en caisse à cause de la pluie qui a gâché la brocante du village en 2011. Tout cela étant bien maigre, un dossier est envoyé à l’émission de TF1 "Tous ensemble", version française du programme américain "Les Maçons du cœur". "La production nous a appelés deux fois mais elle n’a pas donné suite", explique Bernard Anonier.

Privés de télé, la confrérie des voisins –une douzaine de personnes – va alors contacter des PME des environs, et miser sur la seule stratégie possible : le système D. Les débuts sont hésitants. Ici comme ailleurs, la crise est dans la bouche de tous les artisans et entrepreneurs dont la priorité est de maintenir leur niveau d’activité, pas d’aider quelqu’un qui galère. Mais certains vont jouer le jeu. Assez vite, tel fournisseur accepte d’offrir la structure en béton de la maison, et tel autre les planches d’épicéa nécessaires à la construction des parois. Un chef de chantier propose de superviser bénévolement les travaux, des peintres iront donner un coup de pinceau pendant le week-end. Une enseigne de Fontenay-le-Comte promet de livrer un plein camion de meubles et un paysagiste de planter 250 bulbes dans le jardin. Relayé par le quotidien Ouest-France, le projet se transforme en chaîne de solidarité.

Au final, une cinquantaine de partenaires financeront en dons et en services 80% de l’opération dont le coût avoisine les 100.000 euros. "Curieusement, ce sont surtout de jeunes entrepreneurs qui ont mis la main au portefeuille, indique Bernard Anonier. Leur geste est très beau en cette période de crise. C’est à se demander si la solidarité n’est pas plus importante quand les temps sont difficiles."

Suite et fin de l'article

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Invité PINOCCHIO
Invités, Posté(e)
Invité PINOCCHIO
Invité PINOCCHIO Invités 0 message
Posté(e)

Beaux gestes de leurs parts

On peut voir la solidarité dans toute sa splendeur

La chance est revenue à lui :bo:

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Membre, Posté(e)
Clou quantique Membre 3 203 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Salut.

Il reste encore des gens bien et qui le prouvent. C'est une bonne chose.

++

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Membre, Jimmy Guieu - Les sentiers invisibles, ans Posté(e)
Oniriajg Membre 32 901 messages
ans‚ Jimmy Guieu - Les sentiers invisibles,
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Belle histoire et beaux geste , c'est pas l'état qui s' investirais dans de telles solidarités , en tout cas bravo à tout ceux qui ont participé , à aidé ce pauvre bougre .:blush:

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Membre, Marxiste tendance Groucho, 64ans Posté(e)
Alain75 Membre 27 401 messages
64ans‚ Marxiste tendance Groucho,
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Ca fait plaisir les etres Humains (et la majuscules est voulue)

"Les grands chefs ne se battent que pour la dignité des faibles" A. Astier

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VIP, Gonade Absolutrice, Posté(e)
yop! VIP 20 446 messages
Gonade Absolutrice,
Posté(e)

Bravo à eux !

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Invité Savanna
Invités, Posté(e)
Invité Savanna
Invité Savanna Invités 0 message
Posté(e)

Une histoire comme on voudrait en voir plus souvent ...

:coeur:

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Membre, Posté(e)
leclairage Membre 1 927 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Je trouve cela super , bravo ..!!!

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Invité sfc
Invités, Posté(e)
Invité sfc
Invité sfc Invités 0 message
Posté(e)

c'est des vrais communiste eux ... biggrin.gif

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Membre, In girum imus nocte et consumimur igni , 52ans Posté(e)
PASDEPARANOIA Membre 27 326 messages
52ans‚ In girum imus nocte et consumimur igni ,
Posté(e)

Ce sont les Roms du coins qui vont être contents d’apprendre que des gens biens existent !

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