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Membre, Posté(e)
angelique5 Membre 69 messages
Baby Forumeur‚
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LaConteuse

ChapitreVII

Cematin d’avril 1248, le château s’était animé d’une gaîtévenue des chemins des quatre coins de Ten. La rumeur annonçaitl’arrivée des Trouvères, les troubadours du Nord ; conteurs,dresseurs, jongleurs et bouffons s’étaient réunis.

Isabelm’interpella dans le couloir.

- Nell…,Nell, tu viendras avec moi ce soir?

-Oui, si tu me dis où ?

-Une conteuse raconte des légendes de Ten au couché du soleil, prèsdu puits de l’orée du bois.

-J’ai mon enseignement d’arbalète, mais je peux te rejoindrelà-bas ce soir.

-Emmène Yann et Matthieu, dit-elle un peu excitée.

-Pour Yann, aucun problème, pour sir Mat, je verrais comment il estluné aujourd’hui, d’ailleurs, la lune n’y est pour rien! Luidis-je en soupirant.

Isabelme fit une petite grimace discrète.

- Qu’estce que tu médis sur moi, petite sotte?

Matthieuavait surgi derrière moi. De manière hâtive je répondais enm‘adressant à Isabel sans bien sûr me retourner vers Matthieu quidevait sans aucun doute afficher un regard mécontent :

-Bon, ba…moi, j‘ai des choses à faire.

Auloin je voyais le terrain sud, Yann parlait avec son frère. Jemarchais vers eux.

Desfrères, des sœurs, est-ce que j’avais des frères et des sœurs?Une grande sœur peut-être, une famille complète : tantes, grandpère…j’eus honte de penser à cette famille alors que mafamille c’était Macha. Elle me manquait tellement. Elle, elleétait réelle, son affection était réelle, elle n‘était pas unfantasme comme cette famille imaginaire. Elle devait pourtant bienexister cette famille.

Léopartis.

Assissur les barrières, Yann chercha mon regard.

-A quoi penses-tu? Tu as l’air perdu, petite Nell.

-Macha me manque.

-Macha, c’était ta mère?

-C’était ma nourrice. Mais pas ma mère…elle s’est occupée demoi.

-Il faut s’accrocher aux vivants, c‘est-ce que m’a appris monpère. Tu sais, si tu veux, nous pourrions retrouver ta vraie mère.Si tu peux entrer dans le royaume de Ten, elle est forcémentnée ici.

-Mon père aussi?

-Oui. Je ne te promets rien mais qui ne tente rien n’a rien!

Yannétait toujours prêt à secourir la veuve et l’orpheline.

-Nous travaillons? Conclut-il.

Ilme tendit l’arbalète.

Cettearbalète, je l’avais assez vue.

Lesyeux charmeurs, je demandais :

-Pourquoi je ne changerais pas d’arme?

-Tu penses déjà maîtriser l’arbalète? Répondit Yann, le regardaverti.

-Oui, dis-je sans grande assurance.

-Non, ajouta-t-il lentement. Je ne crois pas. Tu prends ton arbalèteet tu m’effaces cette mine boudeuse de ton visage.

-Bon, d’accord.

Jecommençais à viser un poteau à l’opposé du terrain.

-A la prochaine lune, tu commences l’enseignement du combat àl’épée avec mon père. Et avant cela, tu devras apprendre àtirer à l’arc.

-Mais pourquoi m‘as tu dit que…

-Mais pour aujourd’hui tu continues l’arbalète.

Unsourire satisfait et fier s’accrocha à ma petite bouchemalicieuse.

-Allez, mets toi en place à quinze mètres.

-J’y suis!

-Non, quinze mètres par rapport aux clôtures du terrain.

-Mais! C’est trop…

-Ne rechigne pas! Je reviens dans une heure. D’ici là, j’espèreque tu auras atteint ta cible.

Bientôtune heure s’était passée et mes carreaux ne touchaient toujourspas la cible.

-Concentre toi Nell. Tu vas y arriver, me répétais je.

J’enclenchaisle mécanisme et…

-Oui, j’ai réussi, ouh-ouh, j’ai…

Lesol trembla. Mes yeux se braquèrent sur la forêt. Les arbres sefouettaient entre eux. Un bruit grave rythmé montait en puissanceavec le déplacement des arbres déséquilibrés. Une masse noireondulait dans leurs sommets. À la sortie de la grande verte, unmonstre noir déplia un long cou d’écailles brillantes. Il poussaun cri assourdissant conclut de petites flammes. Un large frisson detétanie me monta dans le dos.

-Tarmak! Tais toi, ordonna Yann arrivé à ma hauteur. Je sursautaisune seconde fois à cet ordre sonore.

-Qu’est-ce que c’est?

-C’est Tarmak, répondit logiquement Yann. Il amène mon père.Enfin, c’est plutôt mon père qui l’amène parce que si nousl’écoutions, il ne sortirait jamais de la forge.

-Tarmak?

-C’était une idée de Léo de l’appeler comme ça. Tarmak est undragon qui ne vole pas! Dans le futur le tarmac est le lieu destationnement des avions, des machines volantes modernes et comme ilne vole pas, Léo a décidé de l’appelé ainsi.

-C’est un dragon?

-Oui, deux petites ailes, une longue queue, quatre pattes, une grandegueule qui crache du feu. C’est bien un dragon!

-C’est le premier que je vois.

-Je comprends mieux!

Léoaccourra du château.

Leurpère descendit de la bête colossale.

-Mes fils, je suis content de vous voir.

Lepère et les fils se serrèrent dans les bras.

-Ça y est tes épées sont finies? Tu vas reprendre lesentraînements?

S’enquitYann.

-Et bien, et bien, tu as l’air pressé de quitter ta placed’entraîneur remplaçant. C’est à cause de la petite nouvelle?Demanda l’homme en me regardant.

Yannse tourna vers moi et nous présenta.

-Nell, voici mon père : Thomas.

-Bonjour, dis-je.

-Bonjour damoiselle.

CommeYann, Thomas était un grand brun charpenté aux yeux bleus nuit. Sescheveux un peu long tentaient de masquer une cicatrice traversantesur sa joue. Dans le prolongement de celle-ci, l’arme avait aussicoupé le lobe de son oreille. Sa peau mat sillonnée par le tempscontrastait avec son sourire juvénile et reposé.

-Alors tu ne m’as pas répondu fils? Ces entraînements?

-Bien! Dit Yann.

-La noblesse française n’a pas été très gentille avec toi?

-Tu chauffes, confirma Léo.

Yannasséna un coup de coude « presque » discret à sonfrère.

-Celui là! Enfin bon. Je vois que tu n’as pas eu de soucis avecNell.

-Aucun! Répondit Yann plus enthousiaste.

-Tu resteras son maître d’armes en dehors des cours d’escrime quime restent réservé.

Yannse sentit fier.

Matarriva pour accueillir son professeur.

-Tient, tient, voilà notre trouble fête, jeune homme, dit Thomasdans l'attente d'explication.

-Maître, je suis heureux de votre retour.

-Moi aussi je suis heureux. J’aurais pourtant quelques évènementsqui me pousseraient à l’être moins.

-Lesquels? S’intéressa Matthieu.

-J’aurais quelques remarques à te faire, suis moi, imposa Thomas.

Leregard assassin de Matthieu se porta sur Yann.

Thomasemmena Matthieu à l’écart, assez loin pour que nos oreillescurieuses n’espionnent pas leur conversation.

Yannattrapa Léo :

-Tu t’es senti obligé de balancer Mat?

-Il n’a que ce qu’il mérite!

-La prochaine fois, tu me laisses en décider.

Yannétait loyal même envers ceux qui ne l’était pas. Il avait desprincipes et n’aimais pas qu’on prenne des décisions à saplace. Son père l’avait chargé d’entraîner Matthieu, il étaitdonc responsable de lui. Léo n’avait aucune remarque à faire.Yann aurait voulu tout résoudre.

Yannpartit rejoindre Matthieu et son père. Thomas refoula Yann dès sonarrivée. Ce dernier revînt vers nous d’un pas contrarié. Thomascontinua de parler à Matthieu.

-Alors? Demanda Léo à son frère.

-Rien, clôtura Yann.

J’essayaisde comprendre ce qui se disait entre Thomas et Matthieu quand Tarmakme regarda avec attention. Ses naseaux sentaient l’air autour demoi. Ses grands yeux tranchés par une pupille fendue lui donnait unair pas très rassurant.

Léovînt vers moi.

-Il doit sentir le feu.

-Je sens le brûlé?

-Non, tu es un élémentaire feu! Il te reconnaît.

-Il me connaît?

Cedragon me connaissait?

-Non, pas comme tu l’entends, éclaircit Léo. Mais il te reconnaîtcomme un être partageant le même pouvoir que lui, celui du feu.

-D’accord!

-Il en reste très peu de sa race. Les adultes vivent en moyenne deuxcents ans.

-Quel âge a-t-il? Demandais-je.

-Il a…tenta Léo.

-Tarmak à 3 ans, répondit Yann en observant toujours son père etMatthieu.

Ilavait les bras croisés et le regard braqué sur son père.

-Il devrait volé depuis au moins 2 ans! Dit Léo.

-Papa ne vole pas alors il ne vole pas, justifia Yann.

-Il n’essaie pas? Interrogeais-je.

-On dirait une poule qui essaie de voler. Ses ailes sont trop petitespour le soulever! Se moqua Léo.

-Mais non, contredit Yann en montrant Tarmak. Il est fin et élancé,ses ailes sont très bien. Il court vite, il devrait pouvoir voler.

-Pourquoi il ne vole pas alors? Questionnais-je.

-Le problème c’est que ce sont les mères qui leur apprennent àvoler, dit Yann.

-En quoi c’est un problème?

-Sa mère c’est Thomas! Termina Léo.

-Thomas?

Yannexpliqua :

-Thomas a trouvé l’œuf dans une mine. Il extrait des métaux desroches pour faire ses armes et il l’a trouvé dans un bloc degranite.

-Vivant?

-Endormi, précisa Léo.

-Les dragons vivent dans les volcans actifs. Le granite est une rochefabriqué après l’extinction d’un volcan. Il faut des centainesd’années pour qu’elle se constitue.

-Hé! C’est moi le scientifique! Dit Léo.

-Et Tarmak est resté dans ce bloc de pierre des centaines d’années?

-Oui Nell. Les œufs de dragon sont comme les graines qui sommeillenten hiver, répondit Yann.

-Sauf que son sommeil a été plus long qu’un hiver, conclut Léo.

Thomassavait gérer le caractère de Matthieu. Quand il lui parlait Matthieu ne le contrecarrait jamais mais cette fois l’expression dugarçon nous montra, même de loin, que la situation était tendue.

Thomaset Matthieu revinrent vers nous. Thomas se dirigea vers Tarmak,Matthieu traînait derrière. Il avait perdu son expressionarrogante.

-Yann, je vais décharger les épées avec Tarmak au château. Tu peuxaider Matthieu à faire ses bagages, dit Thomas.

-Ces bagages? Questionna Yann.

Léome regarda en secouant la main, l’air de dire : « çachauffe ».

-Matthieu va t’expliquer.

Thomasmonta sur le dos de Tarmak et se dirigea vers le château.

-Matthieu? Demanda Yann.

-Je déménage.

-Tu pars?

-Non, je déménage du donjon.

-Et tu vas où?

Yannposa la question mais finalement il commençait à se douter de laréponse.

Matthieuétait le fils d’un seigneur d’Erèbe, sa position luiréservait un statut privilégié au château. Il vivait dans lesappartements de Victor, il aurait dû manger avec eux, mais déjà,son insolence et sa noirceur l’avaient exclu des tablesseigneuriales. Cette fois il était même exclu du donjon.

-Thomas pense que c’est bien pour moi de vivre avec des gens plussimples, plus respectueux, moins…

-Où déménages-tu? Insista Yann déjà blasé.

-Dans votre chambre, grimaça Matthieu.

-Dans notre chambre! S’abasourdit Léo.

Voyantla tête des trois, j’étouffais un fou rire. Léo n’en revenaitpas, il ne réalisait pas « c‘est peut-être une bonneplaisanterie, oui, oui, c‘est une blague » . Yann envoulait déjà à son père mais de toute façon il ne savait pasêtre rancunier. Matthieu cauchemardait déjà à l’idée de dormirdans la même chambre que les deux frères.

-C’était ça où tu me gardais comme élève, compléta Matthieu.

-En gros c’était la peste où le choléra, commenta Léo.

-M’en parle pas, lâcha Mat.

Yannse fit une raison.

-Si j’ai bien tout compris, nous n’avons pas vraiment le choix…Alors allons y, allons déménager Matthieu.

OOOO

Lanuit tomba sur Magimel. Le déménagement avait été rapide etefficace. Ce soir Matthieu, Léo et Yann dormiraient tous les trois.Yann avait bien tenté de faire changer d’avis son père, maisThomas ne revenait jamais sur ses décisions.

AvecYann, j’avais retrouvé Isabel qui s’était faite accompagner parMatthieu. La belle était alors âgée de 14 ans et testait sonpouvoir séducteur sur Matthieu un an plus jeune qu’elle. Laplupart du temps il restait impassible à ces frétillements depaupières.

Assisau bord du bois à la lumière des flambeaux, les paroles de laconteuse mirent fin au tumulte de la soirée :

- Cettenuit, je vais vous conter l’histoire d’une dame téméraire,femme présomptueuse que les ambitions acculèrent à sa perte.Celles et ceux qui auraient des envies de grandeurs, de pouvoir endépit des règles de Ten seront avisés.

Levisage de la vieille conteuse s’était assombri; péniblement, elleavait pris une inspiration et poursuivis d'une voix obscure : « Tousles seigneurs de la région s’étaient réunis à la clairière dekendone pour parler d’un village du coté de l'Erèbe. Leshabitants de ce village avaient été privés de leurs mains et deleurs pieds pour s’être révoltés contre un seigneur hommeoppresseur.

Laplupart des seigneurs de Ten avaient laissé leurs châteauxsans surveillance. On connaît Ten pour son calme légendaire,terre de repos, d‘asile où jamais personne ne fait la guerre.Seulement, il allait en être autrement. Une grande sorcière, de cemême château ( elle s‘était retournée en pointant du doigt lechâteau ), avait eu l’idée de conquérir le monde d’Erèbe,celui où les hommes seraient à la merci de sa magie, esclaves de sacruauté.

Pourêtre sûre d’obtenir sa place de reine des hommes, elle décidad’accumuler les pouvoirs de Ten au moyen d’une poudrequ’elle avait concoctée. Cette poudre, qu’elle avait confiée àdes mercenaires, avait la capacité de faire dégorger à touteréal son pouvoir sous forme d’un symbole en pierre. Cesmercenaires qu’elle avait grassement payés arpentaient les forêtset ramenaient dans un sac de peau ces symboles sans ne jamais latrahir. Cependant, un jeune homme du château, loyal aux seigneurs deTen, sut que la prochaine victime serait l’esprit des quatreéléments. Il donnerait à la sorcière, les ultimes pouvoirs poursa conquête.

Parune nuit de pleine lune, le jeune homme alla trouver l’esprit pourle prévenir de l’arrivée des mercenaires. L’esprit quiconnaissait les pouvoirs de la poudre, s'enfuit. La disparition despouvoirs des quatre éléments ralentirent les plans du mal.

Ason retour, le seigneur de Magimel rencontra des fées, des gnomes,des arbres dépourvus de leurs belles couleurs. La perte de leurpouvoir les avait rendus monochromes, ils se dégradaient du noir aublanc comme des fantômes. Intrigué, il descendit de cheval pourinterroger une fée qui s’exaspérait à vouloir voler. « Pourquoi ne peux-tu donc plus voler, pourquoi ton teintest-il si pâle? » La petite fée décolorée lui raconta quedes hommes en noirs lui avaient jetée une poudre argentée. Elleavait alors dégorgé une petite aile d’andalousite, pierre del’équilibre, la laissant sans pouvoir de vol ni couleur.

Leseigneur avisé savait qu’une femme de son château était trèscapable de fabriquer une telle poudre. Il décida de rentrer au moyend’un tunnel pour guetter celle-ci. Il déboucha dans les geôles oùil découvrit une cellule aménagée par la sorcière. Sur la table,il prit le sac de poudre et se dissimula près de la porte de lacellule. Cette femme dont les plans avaient été contrés parl’esprit entra folle de rage dans son repère. Le seigneur seprécipita pour fermer la porte et lui lança en toute hâte lapoudre du sac. On dit qu’elle vomit pendant des jours tous lespouvoirs qu’elle avait volés. Le seigneur mit des mois à lesrestituer. Elle finit sa vie recluse à se repentir. »

Avecde grands yeux écarquillés la conteuse acheva son histoire,laissant Isabel glacée, réfugiée pour de « bonnesraisons » , dans les bras de Matthieu qui conservait unregard neutre imperturbable. Yann, penseur, restait perplexe face àcette histoire.

OOOO

Ilétait tard, je remontais dans ma tour ouest. Merlin sortit de sonlaboratoire une bougie à la main.

-Tu es distraite petite fille?

-Oui, je viens d’écouter une histoire troublante.

-Les conteuses sont arrivées?

Merlinn’était pas sorti de son laboratoire depuis deux jours. Forcément,il n’avait pas pris conscience de l’animation remuant le château.

-Oui , l’une d’entre elles vient de nous conter une histoire.

-Je suis sur qu’elles ne sont même pas entrées dans le châteaupour se faire signaler. Les bourriques!

-Vous n’avez pas l’air de les apprécier?

-Ce sont les « journalistes » du passé! Elles espionnent,elles trompent pour avoir de quoi conter la nuit venue.

Journaliste,sûrement encore un mot du futur.

-Comment connaissent-elles toutes ces histoires?

-Être conteuse c’est un pouvoir. Le pouvoir de tout savoir sur toutle monde. Toutes les conteuses ne sont pas « conteuses »,certaines sont espionnes, d’autres nourrissent simplement leurcuriosité. Les gens leur révèlent leur vie sans aucune retenue.Elles ouvrent la porte de notre passé comme nous ouvrons la portedes latrines le matin! Avec elles, nos vies deviennent histoires, lesgens qui nous entourent personnages, nos lieux de vie décors.

-Personne ne s’en plaint?

-Elles effacent leur image de nos souvenirs, ajouta Merlin. Lesconteuses ouvrent notre mémoire, la lisent et s’effacent d’elle.Normalement elles sont répertoriées mais les nomades ne se donnentpas cette peine. Le plus ennuyeux c’est quand elles commencent àdéballer la vie des victimes devant des villages entiers. Certainesne sont même pas créatives et content leurs histoires sans nechanger ni les noms, ni les lieux. Elles sont des puits de scandales.

-Merlin?

Monregard s’était assombri.

-Oui, tu veux me dire quelque chose?

-Quelqu’un en sait plus que vous sur Maël dans ce château.

-Et bien, je…

-Dites moi ce que vous savez.

Merlinse referma.

-Non.

Ilretourna dans son laboratoire.

Cettenuit là, j’avais bien réfléchi. Il fallait que je parle à cetteconteuse.

Aulevé du jour je passais la tête par l’ouverture de ma chambrepour voir si le campement des nomades s’était éveillé. Je visles jongleurs parfaire leur spectacle.

Jeles rejoignais.

-Bonjour.

Unjongleur intercepta ses balles pour me répondre.

-Bonjour!

-Je cherche la conteuse.

-Elle est partie petite, très tôt ce matin.

-Où?

-Je ne peux te dire, elle parle rarement avec nous.

Cettemaligne s’était effacée de leurs mémoires.

-Merci quand même!

Dansla cuisine. Je regardais mes yeux bleus dans le fond de mon bol detisane. Est-ce que j’avais les yeux de mon père ou de ma mère?Mon nez rond était sûrement celui de mon père, ma bouche rouge etcharnue celle de ma mère. Ma peau presque transparente, mespommettes rosées, mes cheveux châtains ondulés et rebelles, de quime venaient-ils?

-Bonjour Nell, tu avais l’air bien pressée tout à l’heure.

Isabelesquissait souvent le paysage matinal et elle m’avait vu aucampement.

Jene répondais même pas à son bonjour, je voulais retrouver cetteconteuse où au moins une conteuse.

-Isa, tu sais où je peux rencontrer une conteuse comme celle de cettenuit?

-Bonjour Nell, redit-elle.

-Bonjour! Alors? Tu sais où en trouver une?

-Pourquoi veux tu voir cette conteuse?

-Elles peuvent lire dans les mémoires et je voudrais qu’elleslisent dans la mienne.

-Que veux tu savoir?

-Qui est ma famille.

-Je vois. Il faudrait pouvoir avoir accès aux registres. Ilscontiennent tous les possesseurs de ce pouvoir, ils sont dans labibliothèque, celui là est peut-être même dans les appartementsde Victor.

-Dans la bibliothèque! Dans les appartements de Victor!

Toutechance s’évanouissait.

-S’il était dans la bibliothèque, il n’y est sûrement plus àl’heure qu‘il est. Et dans les appartements de Victor...

-Pourquoi dis-tu cela Nell?

-Merlin! Il a déjà dû les récupérer. Il ne veut pas m’aider, ilm’empêche de savoir.

-Il sait peut être quelque chose que tu ne sais pas. Merlin est ungrand mage, il ressent les choses, il a peut-être eu une vision quilui permet de penser que cette recherche est inutile. Tes parentssont peut-être morts…ou, ils ne veulent peut être pas que tu lesretrouves, s’aventura Isabel.

OuiMerlin avait des visions secrètes mais non, mes parentsm’attendaient.

-Mais non, ils veulent me retrouver, je t’interdis de dire ça. SiMerlin sait, moi aussi je veux savoir.

-Tu dois être prête à accepter cette possibilité.

-Je préfère me dire qu’ils sont morts. Au lieu de raconter desbêtises, tu ferais mieux de m’aider. Où est allée la conteuse,celle d’hier soir?

-Tu devras d’abord être plus gentille si tu veux mon aide, imposaIsabel.

-Et bien je m’en passerai!

L’orgueilme tenait quand une voix sévère me remit dans le droit chemin :

-Nell!

Yannétait entré dans la cuisine et en « bon grand frère »il secourait Isabel.

-Tu parles mal à Isabel.

Enamie, Isabel répondit en ma faveur.

-Mes propos ont aussi dépassé ma pensée. Je n’aurais pas dû tedire que tes parents ne voulaient pas de toi , je n’ai pas depreuve qui pourrait justifier mes paroles, je te prie de mepardonner.

-Moi aussi, je te demande pardon.

-Tu vois quand tu veux, petite sotte!

Ilfallait bien qu’il ramène sa fraise celui-la. Mat était arrivélui aussi en pleine polémique. Il se posa sur une chaise de lacuisine, prit un fruit dans la corbeille, étendit ses jambes sur latable en basculant sa chaise et croqua goulûment dans le fruit enarticulant malgré tout:

-Que ce passe-t-il encore ?

Biensûr Isabel accourut près de Mat. Elle s’assit soigneusement prèsde lui sur le banc adjacent et prit une voix claire pour une petitebouche munit d’un charmant sourire.

-Nell voudrait savoir où est allée la conteuse.

-Elle a prévu une représentation dans la forêt des coupés etensuite elle repart vers le Nord. Nous l’avons vue ce matin enallant à la chasse avec Victor.

Un « ho-ho » pas très encourageant se décrocha de labouche de Yann.

Jedemandais:

-La forêt découpée? Où est-elle?

Matne perdit pas l’occasion de me reprendre.

-Ce n’est pas la forêt découpée mais la forêt des coupés, lesfameux coupés de l’histoire d’hier soir, les villageois sansmain ni pied. Cette forêt est de plus interdite d’où le« ho-ho »problématique de Yann.

Jevoulais savoir. J’irais dans cette forêt.

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  • 9 mois après...
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Membre, Posté(e)
angelique5 Membre 69 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

j'aurai une question pour les personnes qui viennent sur cette page.

j'ai dépassé les 1000 visites, ce qui n'est pas si mal.

et je n'ai pas un seul commentaire pour me dire si cette page n'est "pas si mal"

alors je vous le demande : cette page n'est-elle "pas si mal" ?

en tout cas, merci pour vos visites toujours très appréciées

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  • 6 mois après...
Membre, Posté(e)
angelique5 Membre 69 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Je sais, c'est un peu galère à lire!

google a mis une bonne 60 aine de pages à dispo pour les courageux! dont ce chapitre 7 :

http://www.monpetite...n=9782342006735

prenez le google aperçu avec un petit livre

bonne lecture plus facile!

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