De la nécessité de porter un chapeau les nuits de pleine lune

Merci pour vos textes ! :blush:

J'ai un chapeau rouge avec une fleur sur le côté. Il s'envole avec le vent et emmène avec lui les pensées bleues qui me traversent. L'écharpe assortie, rouge, mais sans fleur, elle, est si longue qu'elle pourrait se faire Ariane quand je me perds. Et quand il va mal et que je ne sais pas, je sors et mets mon chapeau rouge à la lune et je lui hurle de l'aider quand je ne peux rien. Et elle rit, bien sûr, de me voir si petite et si loin. Et l'écharpe, cette fois, n'y peut rien.

J'ai un chapeau rouge avec une fleur sur le côté. Parfois je l'aime, parfois il me déplaît.

Quand le feutre râpé s'accroche au perroquet, elle sait que le manque viendra.

Tout comme elle sait qu'elle y plongera avec volupté, juste parce qu'il lui dit lui... alors elle l'aime, ce poison délicieux qui n'est qu'à eux, parce que les autres ils ne les voient plus, même la lune n'en parle plus, des autres. Ou alors ils n'entendent pas. Ou alors ils ne veulent pas savoir que tout est finalement tellement banal à qui connaît un peu... sauf qu'eux, ils ne connaissent pas. Alors, évidemment, ils s'émerveillent du premier rayon de lune qui s'est penché sur leur bleu et l'a réchauffé juste un peu. Et puis sur cette magie qui les fait rester ensemble, alors que.

Et le temps commence à s'allonger de son rire gras et cupide. Parce qu'il aime bien les contre-pieds, le temps. Il aime ralentir quand justement elle voudrait qu'il s'enflamme. Et comme il s'en nourrit de ses impatiences à elle qui ne sait que trépigner ! Comme il aime lorsqu'elle le secoue, l'invective, le supplie de reprendre son chemin ! Mais avec le rire du temps arrive la peur. Et elle a beau savoir que c'est idiot, le rouleau compresseur broie tout et s'en délecte... alors elle laisse couler les larmes et s'en ennivre. Et elle arrive presque à oublier la honte d'avoir douté... presque...

Et puis les minutes reprennent leur rythme et lui permettent enfin de trouver l'épuisement. Et tout se fait silence, tout à coup, même la lune se tait. Alors elle sait que demain, peut-être, il posera le feutre sur sa tête à elle.

Viens...

J'adore ce texte, j'y ajouterai que le temps abime les sentiments, l'habitude s'y insinue trop souvent.

Oter le feutre, et tombe la magie de pouvoir encore étonner, enlever le masque et il ne reste que peu de chose à aimer, alors on se tourne vers d'autres silhouettes, d'autres inconnues, en espérant recommencer à respirer, s'émerveiller, aimer...

Bisous Pao...

Hello, Yugi :blush:

Les silhouettes ne sont que des ombres insipides, elles ne sauront jamais la chaleur de ce feutre lorsqu'il le dépose sur sa tête à elle, et puis... et puis elles ne parlent pas à la lune...

Bonsoir mon amie....

Edit mon amie...

Certaines silhouettes laissent un trouble dans l'esprit, sombres ou flamboyantes, elles attirent aussi...

Les silhouettes ne l'attirent pas, elle ne les voit pas... 

Il n'est pas nécessaire de les voir pour qu'elle s'en fasse une idée, l'ombre fait partie de la lumière...

:blush:

C'est la lune, et elle est pleine.

Alors ils dansent au vent et se rient des passants qui trépassent en silence, doucement. Et la lune, dans la brume, accouche d'une valse qui les entraine dans le soir qui s'écroule. Et la mer s'ouvre pour accueillir en son sein les amants qui se sont perdus au chant clair de la lune qui ne saura pas qu'elle causât la perte des valseurs sur les dunes.

Hier j'aurais pu perdre mon chapeau pour de vrai. Et je ne le savais pas.

J'ai cru qu'il s'envolait au vent, une fois de plus, et puis qu'il me serait facile de le rattraper... seulement la bise s'est faite tempête et me l'a volé pour de bon. Alors j'ai crié, j'ai supplié mais c'est sourd, un chapeau, quand ça sent l'aventure... et moi j'étouffais et je ne pouvais plus sauter pour le reprendre. Oppressée, un peu inquiète, j'ai dû appeler à l'aide pour qu'on ramène mon âme à bon port.

Aujourd'hui il est bien ancré sur ma tête qui tourne encore un peu. Et moi j'en garde un goût de néant.

J'ai toute une collection de chapeaux, bérets, casquettes ou feutres, rouges, bleus ou verts, en laine, en cuir ou en tissu. Je voudrais les porter tous ensemble, pour concentrer sur moi toutes les matières, les formes, les couleurs, pour que leur pyramide chatoyante atteigne un jour le chapeau ultime que je convoite : la lune, sommet de la nuit, et pour m'en coiffer, sommet de mon être.

Hello ptite pao et yu gi ! :blush:

Merci pour ce texte multichapeauté, Madame Cha' :blush:

Un chapeau par humeur, un chapeau par couleur, un selon l'air du temps, l'autre par monts et par vents, et le dernier pour quand il vous plait... non ?

A la fin de sa prestation elle se glisse dans un peignoir de soie fané et se jette dans la loge. Soupir, sourire au miroir... sur son coin gauche une carte s'est glissée pendant son absence. Elle reconnait l'adresse mais du nom, aucun souvenir. Peu importe, l'heure est proche. Elle passe bottines, par-dessus gris et chapeau rouge.

Et puis courir sous la lune en riant et retrouver le mécène du jour... la dame au chapeau rouge, un jour, sera marquise.

Il y a des soirs qu'elle voudrait effacer. Des soirs inutiles. Ceux où la lune s'oublie, tu sais, quand le ciel brille encore trop fort pour la nuit... c'est qu'elle pèse, cette solitude, à la fin ! Trois jours... trois siècles, ce serait pareil ! Elle l'espérait plus tôt, pourtant, pas pu s'en empêcher. Même si elle savait bien, pour ces jours-là...

Il y a des lunes qu'elle voudrait plus sombres. Pour aller avec la pluie dans ses yeux. Et la tempête sous son crâne. Parce que le soleil, trois jours qu'elle ne le voit plus... et les étoiles, quand elles se montrent, elles se moquent, pardi ! Tout est tellement plus simple, de là-haut !

Il y a des heures qu'elle ne veut plus compter. Celles qui s'alanguissent, tu vois. Les qui impatientent et ne passent pas. L'horloge, elle l'a arrêtée, le tic-toc la rendait folle. Et puis elle a arrêté aussi le sommeil. Et les calendriers, juste après... alors trois jours ou trois siècles, elle ne sait plus très bien. Mais chaque soir elle attend.

Les chapeaux de la nuit sont des chapeaux de lune,

Ils se posent tels des rayons sur les boucles brunes

Quand je mets le mien il attire les étoiles,

Qui viennent illuminer mon regard d'opale

Alors le ciel s'allume et tout le noir s'envole,

Car mon chapeau ressemble à une course folle

Qui grimace et qui rit se moquant des passants,

Dont les têtes trop nues affrontent le néant...

Pour Ptitepao et son joli topic rempli de petits chapeaux...

Contente de repasser par là, toujours aussi mélancolicobeau...

Sous la lune blafarde, nonchalante je me farde. A la lune alanguie, lascive je souris. Dans sa lueur je m'allonge, indolente je songe. Sous le grand disque blanc, patiente je t'attends.

Au milieu de la nuit, comme moi elle frémit.

Sous ses rayons diaphanes, doucement je me fane.

Je m'aperçus de mon étrange condition un soir de février.

L'année, elle, ne me laisse qu'un souvenir imprécis, confus. Je sortais peu ; l'appel d'un ancien ami, ce soir-là, me sortit de cette routine et me fit me promener dans les rues de Lyon. Le hasard a voulu que ce soit une nuit de pleine lune... Au fur et à mesure que je remontais la rue St-Jean, je m'aperçus progressivement d'un phénomène très étrange qui se produisait en moi. L'animation de la population noctambule me paraissait comme de plus en plus lointaine ; comme si la distance entre eux et moi s'élargissait, inexorablement — oh, non pas physiquement, mon corps était bel et bien parmi les leurs : c'était le moi intérieur qui pénétrait de plus en plus profondément en moi-même, et se coupait du monde. Inconscient, m'apparut alors un monde dévasté, un désert de sable gris s'étendant à perte de vue ; des roches et cailloux çà et là y donnaient un aspect lunaire. Nul son : tout était coupé, silencieux, pas même le vent ne soufflait. Le ciel m'apparaissait noir, sombre, de dimensions colossales — je me sentais écrasé par la contemplation du vaste cosmos, semé de lueurs d'étoiles déjà mortes lorsque leur lumière atteignait mes yeux. Prostré, incapable de penser, plus terrifié qu'émerveillé à ce tableau épouvantable, mon regard erra alors jusqu'à un point étrange de cette immense carte du ciel. Un point bleu. Blanc. Orange. Mon Dieu — c'était la Terre. Je la voyais lumineuse, moi sur le sol sombre, comme si je n'étais plus sur la Terre une nuit de pleine lune — mais à la nouvelle lune, sur la lune, une nuit de pleine Terre.

Je me suis réveillé à l'hôpital deux mois et demi plus tard.

Depuis, je ne sors plus sans chapeau, les nuits de pleine lune.

J'adore ! Merci vous trois !

J'avais perdu ma boussole, alors la lune m'a donné l'heure.

C'était en octobre. Un vendredi. J'avais un peu froid et pas encore dormi quand un quidam un peu mieux luné que les autres, ou juste un peu moins pressé, s'est posé entre la lune et moi et a voulu savoir où j'allais... alors je l'ai regardé et j'ai ri, lui ai demandé ce qu'il croyait que je faisais là, assise sur le trottoir. Lui, il a dit : "Vous êtes perdue parce que vous avez oublié l'heure." Et puis il a déposé son chapeau sur ma tête et il est reparti.

Depuis, je marche, droit droit devant, avec mon chapeau sous la lune. Et je raconte ma boussole et mon chapeau et l'homme à la lune à ceux qui veulent bien écouter. Même que parfois, ils paient pour ça. Même que parfois, elle les fait bien rire, mon histoire. Même que parfois, moi, j'y crois.

Moi aussi j'y crois, il suffit parfois de presque rien, pour se relever et avancer, un couvre tête, et l'on fonce de nouveau vers d'autres horizons... d'autres projets, d'autres envies, d'autres avenirs...