De la nécessité de porter un chapeau les nuits de pleine lune

J'ai peur de sortir sans chapeau. Les soirs de pleine lune, surtout, sont éprouvants. 

Pourtant, j'aime la nuit. Ou plutôt le petit matin, premier métro, peuplé de femmes pas si perdues, d'hommes de ménage et de fêtards aux imperméables blafards. Et puis au dehors, le silence des éboueurs, la vie à la cloche qui s'éveille à la lueur du premier clope, les derniers réverbères... Et les quais, les échoppes des bouquinistes, le long, corbillards de chefs d'oeuvres endormis. Et la lune dans la Seine, qui me nargue. La lune, toujours, impassible inquisitrice, seul témoin de mes démons et de mes crimes. Cette lune sirène qui m'attire de ses chants et douces paroles vers les récifs où mon esprit s'échoue. Je ne veux plus m'éveiller seule sur un banc avec ces cris qui résonnent dans ma tête. Je ne veux plus retrouver ces traces de moi que je ne connais pas dans les poches des par-dessus que j'emprunte à qui veut bien. Je ne veux plus sortir sans chapeau pour couvrir un peu la clameur de l'au-delà.

Alors quoi ? Dormir. Et laisser demain arriver.

Pas de volontaires pour une impro sur les chapeaux ? Allez, ça prend juste cinq minutes et après moi, vous ne pouvez que passer pour un génie...

Ah, pardon ! Vous quoi ? Réveillonnez ? Kezako, ça ?

Je ne veux plus sortir avec un chapeau ni le jour ni la nuit.

Je ne veux plus marcher à petits pas sous les larges rebords de mon panama, ni marcher à pas feutrés sous le couvert de mon feutre, ni me couvrir du poids protecteur de mon couvre-chef.

Je ne veux plus me croire invisible donc invincible, m'effacer sous cette ombre protectrice, ce rempart délicat qui abrite mon visage et au-dedans, mon essence, mon être, l'alpha de mes pensées et de mes actes.

Je ne veux plus me sentir coupable d'être.

Je ne veux plus porter le chapeau.

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:blush: Hommage à toi, ptitepao, et puisque 2009 tire sa révérence, je te tire mon chapeau ( ) pour tes interventions pleines de douceur de révolte de poésie de folie d'humanité de sensibilité d'originalité exacerbées...

Et bon non-réveillon, que je partage avec toi !

Une réponse ! Cool ! Et non des moindres, merci, Chapacha, pour ta perspicacité et ta bonne humeur. Pour le reste, j'ai aussi tout un tas d'autres défauts... :blush:

Un super non-réveillon à toi aussi, et que 2010 démarre pour toi sur les chapeaux de roues (oui, bof, mais ça permet de rester dans le thème )

J'aime quand il met son vieux feutre sur son par-dessus rouillé. Et l'odeur de tabac froid dans ses poches, aussi. Et celle de la pluie qui recouvre tout de orange, en automne.

J'aime quand il porte son vieux feutre et son par-dessus rouillé, il m'annonce son arrivée avec tambour mais sans trompettes.

ptitepao j'adore ce que tu ecris!c'est plein de douceur, de sensibilite, ta musique est tres agreable!

chapacha aussi eviemment mais toi je le savais deja! :blush:

J'aime quand il met son vieux feutre sur son par-dessus rouillé. Et l'odeur de tabac froid dans ses poches, aussi. Et celle de la pluie qui recouvre tout de orange, en automne.

J'aime quand il porte son vieux feutre et son par-dessus rouillé, il m'annonce son arrivée avec tambour mais sans trompettes.

Je n'aime pas quand son pardessus orange est mouillé, quand il met son vieux feutre dans sa poche et que le soleil jaune chauffe les jeunes plants de tabac et recouvre tout de rouille, en été.

Je n'aime pas quand la pluie tambourine son vieux feutre et que son pardessus fait trempette...

On est trop fortes :blush:

bisous grododo t'aurais pu te mouiller plus que ça n'empêche, ton clavier est rouillé ?

Madame Cha ou pas fait donc dans la contradiction... bien joué ! 

ptitepao j'adore ce que tu ecris!c'est plein de douceur, de sensibilite, ta musique est tres agreable!

chapacha aussi eviemment mais toi je le savais deja! :blush:

Merci, Grododo, un truc sur les bonnets de nuit, tu pourrais faire ? 

Ah ! Et bonne année !

je vais essayer mais j'avoue que je ne suis pas du tout inspiree! :blush:

Chapeau du jour...

Monsieur revêtît sa pelisse en poils d'animaux morts, s'empara de sa canne, chaussa son haut de forme et sortît sans même demander une voiture, en cette matinée pluvieuse.

Il louvoya donc entre passants pas pressés d'être à l'abri, flaques très pressées, elles, d'éclabousser et bourrasques aussi nombreuses qu'audacieuses... et puis Monsieur trouva malheureusement sur son chemin l'avenue B., dont la réputation n'est pourtant plus à faire en matière de crimes en tout genre. Et sur cette avenue Monsieur dût, comble de malchance, tomber à l'heure à laquelle une pierre tomba malencontreusement dans la main gauche d'Oneuséki, célèbre garnement sévissant régulièrement en ces lieux.

S'en suivit la scène bien connue : percussion du haut de forme par le susdit caillou, chute puis aterrissage flaquien, douche et fureur pour Monsieur qui jura mais un peu tard.

Morale chapelière : quand au matin tu décides de braver la pluie, prends un bain, tu éviteras l'apoplexie.

J'aime ! :blush:

Chapeau du soir...

C'était un petit chapeau de fête, un chapeau pointu tout coloré, couvert d'étoiles et surmonté d'une joyeuse boule de cotillon toute rose d'être perchée là-haut.

Il avait bondi, sauté, tournoyé toute la soirée, s'agitant au rythme de la musique, se penchant pour humer le fumet des plats et le parfum sucré de la bûche, saluant et effleurant parfois une charmante petite coiffe ou une toque coquine.

Puis, harassé de toute cette joyeuse folie, un peu étourdi par les vapeurs de champagne, il s'était senti tomber et avait roulé sur lui-même.

Les autres convives étaient partis.

Et maintenant il gisait là, au milieu des reliefs du repas, des miettes et des débris de papier cadeau abandonnés. Il n'arrivait pas à se relever, il avait mal, comme si on lui avait marché dessus, il sentait que ses vêtements étaient déchirés et il était tout barbouillé.

Il était en train de penser que s'il en avait la force, il irait volontiers jusqu'au sac poubelle qu'il voyait là, sur sa gauche, pour y vomir tant il se sentait mal. C'est au moment où il rassemblait ses forces pour se dresser qu'il se sentit soulevé et emporté dans les airs.

Enfin ! Enfin une main charitable avait compris sa détresse et l'amenait juste au-dessus du sac poubelle. "Ouf, jamais plus je ne ferai une telle fête de folie !", fut sa dernière pensée avant de...

C'était un chapeau devin.

Sympa, le chapeau fêtard ! :blush:

La plupart du temps il ne fait que passer. Alors il salue et s'asseoit à peine le temps d'un café. Et il commence à parler, vite, très vite, et tout devient soudainement urgent et le temps prend la fuite devant ses mots qui accélèrent encore... et puis le silence glace tout et il repart comme il était venu, fantôme de mes nuits et absent de mes journées.

Et puis certaines fois il retire son chapeau. Ces soirs-là sont pour moi.

:blush:

For you my friend... just a man with a...

Tite précision, en regardant le film... y'en des chapeaux...

Ca manquait de musique, merci d'y avoir pensé, ami Pharaon :blush:

La plupart du temps il ne fait que passer. Alors il salue et s'asseoit à peine le temps d'un café. Et il commence à parler, vite, très vite, et tout devient soudainement urgent et le temps prend la fuite devant ses mots qui accélèrent encore... et puis le silence glace tout et il repart comme il était venu, fantôme de mes nuits et absent de mes journées.

Et puis certaines fois il retire son chapeau. Ces soirs-là sont pour moi.

Courte et bonne ! :blush:

Je trouve le titre de ce topic fascinant, à chaque fois que je regarde les nouveaux messages en section Littérature je l'y vois et j'apprécie, l'espace d'un instant, l'image. C'est dommage cependant que l'on n'y voit qu'un thème chapelier et non plus la circonstancielle "les nuits de pleine lune" ; bref! j'aurai tantôt un petit texte lunatique à poster ici. é nos crayons!

:blush:

Je trouve le titre de ce topic fascinant

Moi je trouve qu'il n'y a pas que le titre qui soit fascinant....

Chapeau M'Dame... :blush:

Je crois bien que j'ai attrapé une angine, j'ai une extinction de mots... aphone, pao ! Plus rien ne sort ! Ou alors les mots qui mutent jusqu'au mutisme, mais là, point de remède, laisser faire. Pour voir...

Alors si vous avez des trucs à dire sur les chapeaux, la lune, la nuit, les chats, le vent, les mots... peu importe, pourvu que ce soit une vraie impro, rien de mûri, réfléchi, pensé, posé... juste ce qui sort à l'heure qu'il est...

Parce que les mots de la nuit ont une beauté particulière qui les fait danser le jour. Et puis parce que c'est ça aussi, la pleine lune, retirer le masque. Pour voir...

Je trouve le titre de ce topic fascinant, à chaque fois que je regarde les nouveaux messages en section Littérature je l'y vois et j'apprécie, l'espace d'un instant, l'image. C'est dommage cependant que l'on n'y voit qu'un thème chapelier et non plus la circonstancielle "les nuits de pleine lune" ; bref! j'aurai tantôt un petit texte lunatique à poster ici. é nos crayons!

Ce sera avec plaisir... :blush:

:blush:

C'était devenu une habitude pour moi ¿ les nuits de pleine Lune, je portais un chapeau vert, et je m'en allais sur les petits chemins de campagne, ou dans les ruelles. Je me disais que, née Capricorne ¿ un signe de la Terre ¿ et la pleine lune favorisant les racines, il me fallait canaliser le sur-plein d'énergie qu'elle m'offrait lors de ces nuits-là ; et j'avais la sensation que par l'intermédiaire du chapeau, cette force demeurait en moi, me pénétrait comme un potentiel, que je pourrais réaliser, ultérieurement. Cela me procurait une douceur hypnotique ¿ lenitas lunæ... L'espace d'une nuit, une dissociation serait apaisée, et mes pieds caressant le sol ferme me rappelaient l'attachement à la terre de mes aïeux. J'allais et je venais le long des petits sentiers, souvent dans les sous-bois tout humides de l'air de la Nuit ; et l'astre rémoulait mon esprit. Ces instants-là, je n'avais pas froid ; mes bottes ne se salissaient jamais. C'était comme si j'étais un réceptacle ¿ comme une chatouille à la kundalini ¿ ô venin...

Oh! Quand viendras-tu, prochaine Lune Bleue!

:blush: Criterium.

Accoudée au rebord de ma fenêtre, au 5e étage de mon petit immeuble, je scrute le ciel à la recherche des étoiles qui m'annonceraient que demain il fera beau. Mais je ne vois qu'elle, la Lune, pâle et si lumineuse, qui semble me rendre mon regard. Impassible et mouvante, elle m'a pris pour cible et me toise de ses cratères mystérieux. Elle m'attire, elle m'appelle, proche et lointaine, amicale et froide. Je tends le cou pour distinguer un sourire ou une moue, je me penche pour mieux discerner ses traits qui s'animent. Hypnotisée je m'incline en avant, et au moment où je me sens m'élever pour enfin l'approcher... mon chapeau tombe et roule sur le bitume cinq étages plus bas. Arrachée à l'emprise de la blanche tueuse, je me redresse tout à coup, le charme est rompu, mon chapeau m'a sauvée, mon chapeau j'ai perdu.

Est-ce pour cela que les Pierrots assis sur la lune ont toujours un chapeau ?