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Vincennes, l'université perdue

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Marcuse

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Membre, 25ans Posté(e)
Marcuse Membre 803 messages
Mentor‚ 25ans‚
Posté(e)

Dans le bois de Vincennes, jadis, il existait une université révolutionnaire. Là-bas, les fils de bonne famille pouvaient s’instruire aux côtés d'étudiants venus du monde entier, le bachelier studieux côtoyait des femmes et des hommes aux parcours sinueux.

vincennes université perdue

Là-bas, on expérimentait : suppression des cours magistraux, des limites d'âge, ouverture aux paysans, aux ouvriers et aux non diplômés, naissance d'un département de psychanalyse, de cinéma, création de cours du soir pour les salariés, d'un souk, d'une crèche…

Autant de choses impensables pour un pouvoir gaulliste à bout de souffle, protecteur d'un monde ancien. Mai-68 est passé par là et pendant douze ans, Vincennes vit, s'agite, dérange, attirant les meilleurs professeurs du pays, marqués (très) à gauche : Michel Foucault, Gilles Deleuze, Hélène Cixous, François Châtelet, Jean-François Lyotard, Madeleine Rebérioux, Jacques Rancière ou encore Robert Castel. "La forêt pensante" devient le lieu de référence mélangeant militantisme et apprentissage.

Les luttes sont quotidiennes. La castagne aussi, entre gauchistes et communistes, étudiants et policiers, anarchistes et démocrates… Mais ce joyeux chaos se trouve notamment miné par des affaires de drogue. Le prétexte idéal pour détruire Vincennes à l'été 1980. Vincennes vit toujours Que reste-t-il de ces douze années bouillonnantes ? Physiquement, rien, pas même une plaque. Vincennes a tout simplement été effacée de la surface de la terre, telle une pustule défigurant le visage lisse de la France giscardienne.

Mais Vincennes reste vivante dans les esprits de ceux qui la fréquentèrent. Leurs souvenirs, associés à des images d'archives rares, nourrissent ce superbe documentaire tout à la fois touchant et politique. À travers son film, la réalisatrice Virginie Linhart – fille de Robert, qui enseigna la philosophie à Vincennes – rappelle qu’une autre façon d'enseigner, moins compétitive, moins discriminante, a existé en France.

Et que ce modèle a fonctionné.

 

 

Il existe également un livre bien documenté sur le sujet, et facile d'accès

Vincennes : heurs et malheurs de l'université de tous les possibles

de François Dosse

https://www.lalibrairie.com/livres/vincennes--universite-buissonniere_0-10468129_9782228934923.html?ctx=a4b314dbd68ecffad9602066811e5fd1

 

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Membre, Voyageur, 70ans Posté(e)
Plouj Membre 112 003 messages
70ans‚ Voyageur,
Posté(e)
il y a une heure, Marcuse a dit :

Les luttes sont quotidiennes. La castagne aussi, entre gauchistes et communistes, étudiants et policiers, anarchistes et démocrates… Mais ce joyeux chaos se trouve notamment miné par des affaires de drogue.

Cohabitations impossibles ?

Plus de vingt scènes le prouvent 

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Membre, 53ans Posté(e)
Globure Membre 6 573 messages
Maitre des forums‚ 53ans‚
Posté(e)

Merci pour cette belle utopie et page d'histoire oubliée et/ou méconnue. 

Malheureusement, quand on voit l'état des facs aujourd'hui, ça crée un pincement au cœur. 

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Membre, Posté(e)
Neopilina Membre 5 115 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Il y a 10 heures, Marcuse a dit :

Dans le bois de Vincennes, jadis, il existait une université révolutionnaire. Là-bas, les fils de bonne famille pouvaient s’instruire aux côtés d'étudiants venus du monde entier, le bachelier studieux côtoyait des femmes et des hommes aux parcours sinueux.

 

Il y a 10 heures, Marcuse a dit :

Les luttes sont quotidiennes. La castagne aussi, entre gauchistes et communistes, étudiants et policiers, anarchistes et démocrates… Mais ce joyeux chaos se trouve notamment miné par des affaires de drogue. Le prétexte idéal pour détruire Vincennes à l'été 1980. Vincennes vit toujours Que reste-t-il de ces douze années bouillonnantes ? Physiquement, rien, pas même une plaque. Vincennes a tout simplement été effacée de la surface de la terre, telle une pustule défigurant le visage lisse de la France giscardienne.

C'est plus nuancé : c'était une belle aventure, et aussi un épouvantable bordel, qui ne pouvait pas durer. Et ceux qui le disent, c'est des gens qui y ont participé.

Sinon. Sur un autre forum, un membre éminent avait communiqué une archive filmée (complétement à l'arrache) de Gilles Deleuze à Vincennes (Paris VIII Vincennes). Je n'arrive pas à lire Deleuze. Mais la dite archive montre du génie en train d'improviser tranquillement. J'ai pris la peine de retranscrire ce qu'il disait. Deleuze a raison, tout l'hégélianisme est assis sur ce tour de passe-passe, mais il fallait pousser le constat jusqu'au cogito en l'état, et le démonter. Le cogito en l'état est un tour de passe-passe, et Hegel ne fait qu'en donner sa version.

Deleuze, Vincennes : " 

Au tout début de la " Phénoménologie de l'esprit ", il est évident à tout lecteur que Hegel fait un tour de passe-passe, un tour de saltimbanque, qu'il appellera effrontément dialectique. Car qu'est-ce qu'il nous dit ? Pour montrer que les choses sont prises dans un mouvement, dans un mouvement ininterrompu qui est le propre de la dialectique, pour montrer que les choses sont soumises à une espèce de mouvement de l'auto-dépassement, qu'est-ce qu'il va faire ? A t-on jamais été plus sournois ? Il nous dit ceci, il nous dit partons de ce qui est le plus sûr. Imaginez, on fait un dialogue des morts. Pensons qu'Hegel explique ça justement à des philosophes anglais, vous avez dit vous mêmes, quand est-ce que les anglais vont commencer à rire. Hegel dit avec sa gravité, je retire tout ce que je viens de dire sur Hegel, c'est évident que c'est un immense génie, mais enfin, qu'est-ce que vous voulez ? Suivez-moi bien, il nous raconte une histoire qui parait très belle, très convaincante, il dit, voilà, il y a la certitude sensible, la conscience empêtrée, c'est le départ de la " Phénoménologie de l'esprit ", la conscience enlisée dans la certitude sensible, et elle dit, le sensible, c'est le dernier mot des choses, là, les philosophes anglais peuvent se dirent, il est déjà en train de nous trahir cet allemand, il est déjà en train de nous trahir [sic], mais à la limite, ils diraient, oui, peut être que nous on peut dire ça, on a dit ça, oui, la certitude sensible, elle est première et dernière, c'est en effet un thème qui parcourt ce qu'on appelle l'empirisme. Et comme chacun sait, l'empirisme est anglais. Bon, alors, voilà, la conscience prise dans la certitude sensible, elle épouse la particularité, la singularité, et Hegel, splendide, analyse la singularité, et va montrer que c'est une position intenable parce qu'on ne peut pas faire un pas sans pressément dépasser ce stade de la certitude sensible. Et pour le montrer, il dit voilà, la conscience sensible est comme déchirée, ça va être ce déchirement qui va être le premier stade de la dialectique de la " Phénoménologie de l'esprit ", elle est comme déchirée car elle croit saisir le plus particulier, et en même temps elle ne saisit que l'universel abstrait. Pourquoi elle croit saisir le plus particulier ? Elle croit viser le plus particulier dans le sensible et elle l'exprime en disant ceci, ici et maintenant, mais comme dit Hegel qui à ce moment là devient presque, presque [sic], rieur, alors qu'il n'en a pas l'habitude, ici et maintenant, c'est l'universel vide puisque c'est le tout lieu de l'espace, que je dis ici, et c'est le tout moment du temps que je peux dire maintenant. Au moment même où je crois saisir le plus singulier, je ne saisis que la généralité vide et abstraite ".
 
Modifié par Neopilina
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