tison2feu
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La misanthropie est-elle un genre de pathologie mentale ?
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Savonarol dans Philosophie
Même si la violence ne semble pas diminuer, il me semble que les esprits ont évolué ces dernières décennies de façon fulgurante, puisque nous assistons à un écroulement, par pans entiers, et non sans grincements de dents, de la gangrène discriminatoire dont souffrait l'humanité (discrimination de la femme, des étrangers, des homosexuels, etc.). Tout se passe comme si l'humanité prenait corps, ou disons un semblant de corps, qui est à la recherche d'un constant équilibre immunitaire, et cela s'effectue par palier successif où chaque fois l'humanité atteint des limites, le temps d'intégrer de nouveaux agents dans son corps. Les émotions sont essentielles, puisque "motrices" et génératrices de mouvement et de vie. Mais sans régulation émotionnelle, la formation des groupes sociaux ne serait pas possible. Je pense que notre société a cru bien faire en croyant libérer l'ego sans tenir compte de ce processus pourtant naturel de régulation émotionnelle, ce qui n'a fait qu'accélérer le phénomène actuel de déversement émotionnel tous azimuts. Les sciences devraient permettre de mieux connaître les mécanismes de l'émotion, encore très mal connus. Des données expérimentales récentes suggèrent que plusieurs formes de de régulation émotionnelle requièrent un degré d'effort important de la part du sujet, et sont donc coûteuses pour l'organisme en termes de dépense énergétique. Une régulation automatique s'opère afin d'inhiber toute sorte d'émotions exagérées. Une sorte de dressage peut donc très bien être effectué dès la petite enfance, à condition de ne plus traiter l'enfant comme un petit roi capricieux, d'où l'importance de l'éducation. (Je ne parviens pas à uniformiser les polices de caractère). -
Le Pouvoir , la Violence et le sacré
tison2feu a répondu à un(e) sujet de DroitDeRéponse dans Philosophie
Dans ce cas, comment expliquer que tous ces groupes ayant un roi (ou un système de chefferies héréditaires) font des guerres cycliques avec les groupes voisins ? Clastres a le mérite d'expliquer l'existence de ce phénomène, éludé partiellement par Levi-Strauss. C'est tout ce que je peux dire pour l'instant (je ne peux plus visionner hélas les videos depuis que j'ai changé de navigateur, ce qui n'arrange rien pour appréhender les problèmes soulevés dans ce topic fort complexe. Désolé...). De toute façon, la violence subsiste aussi bien dans les sociétés traditionnelles que dans les sociétés modernes. La violence ne résulte pas d'un agent externe contre lequel le groupe ou l'Etat se serait immunisé. Avec la mondialisation, nous devrons accepter l'idée que l'humanité puisse constituer un superorganisme, et dans ce cas l'immunisation contre un ennemi extérieur/idéal n'est plus d'actualité (S'il continue de l'être ces derniers temps, ce n'est à mes yeux que purement anecdotique). L'essence de la violence est donc à rechercher du côté de l'ego, de sa fierté et de sa rapacité favorisant un excès d'exploitation de l'homme par l'homme, et qui continue de se manifester par un macroégoïsme de l'Occident rendant impossible toute égalité dans le traitement des gains immunitaires. L'homme désormais ne peut plus se voiler la face en s'inventant de faux ennemis (repli identitaire, xénophobie, etc.). Il doit penser le réel à l'échelle de l'humanité, le contexte des contextes. Les religions révélées avaient accéléré ce processus d'universalisation mais de façon abstraite, le marxisme également mais de façon théorique et purement économiste. -
La misanthropie est-elle un genre de pathologie mentale ?
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Savonarol dans Philosophie
D'abord, merci de nous avoir gratifié d'une si belle réponse permettant de mieux appréhender cette question de la misanthropie qui, je dois bien l'avouer, taraude mon esprit depuis très longtemps. Tu as clairement mis en évidence cette tension provoquée par les sentiments contradictoires de haine du genre humain et d'amour de la vie. Pourtant, je n'adhère pas à cette vision du monde, pour les raisons évoquées plus haut. Cela ne signifie pas que je ne sois pas sensible/blessé par les bêtises que font mes semblables. Bien au contraire. L'abjection/cruauté/ineptie dont sont capables certains hommes est sans limite, et cela reste gravé à jamais, depuis tout petit, dans ma mémoire. Je pourrai y penser chaque soir avant de me coucher, sachant qu'au moment de m'endormir, l'abjection continue de sévir aux quatre coins du monde et que rien ne pourra l'effacer ni en réparer les préjudices. Mais procéder ainsi chaque soir, c'est me condamner à devenir toujours plus fou de douleur et à perdre définitivement le sommeil. Pour ma part, il ne s'agit aucunement de me détourner le regard avec indolence. Il s'agit de savoir, au moment opportun, être sensible aussi à la finesse de mes semblables, si rare soit-elle (elle n'en aura que davantage de prix). Cela aussi mériterait d'être cultivé. Et mon questionnement devient : pourquoi les hommes sont-ils davantage sensibles aux bêtises des hommes qu'à leurs finesses ? Si certains sont capables de finesses/justesse, alors pourquoi porter un jugement global et définitif sur le genre humain ? Qui peut savoir si l'homme ne parviendra pas un jour à avoir une pensée plus cosmopolite et un comportement plus coopératif à l'échelle de l'humanité toute entière, et non plus une pensée sectaire et clanique ? -
La misanthropie est-elle un genre de pathologie mentale ?
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Savonarol dans Philosophie
Ne faut-il pas prendre en considération le fait que plus la haine du genre humain est prononcée, plus cette haine sera augmentée par une haine réciproque ? La haine appelle la haine, et non pas l'amour. Ce sentiment de haine est une passion triste qui ne peut que diminuer ma puissance d'agir. Notre société individualiste et égoïste ne fait qu'accélérer ce sentiment de haine généralisée. Voilà pourquoi je tiens, pour ma part, à dissocier haine de l'homme d'avec haine de l'ineptie. Aux yeux du misanthrope, l'homme serait un animal ami/complice de l'ineptie, donc haïssable, et cette haine éprouvée serait malgré tout une passion utile sans le feu de laquelle la haine de l'ineptie ne pourrait être attisée. Je n'arrive pas à adhérer à un tel subterfuge. D'abord, la haine de l'ineptie, c'est aussi l'amour de la finesse/intelligence, et voilà de quoi non seulement augmenter joyeusement ma puissance de penser/agir mais aussi faire l'économie d'une haine pathologique du genre humain. C'est en découvrant la grandeur/finesse de quelques esprits (artistes ou/et penseurs) que j'ai pris conscience que l'homme est capable de grandes choses, de s'améliorer, à l'inverse du misanthrope qui a besoin de passer par la révélation de l'ineptie/abjection pour éprouver le besoin de mieux faire. Le stoïcien stigmatise toute forme d'emportement. C'est Aristote qui fait montre d'une certaine indulgence à l'égard de la colère, parce que celle-ci, pour peu qu'elle soit intelligemment régulée, peut être une arme utile contre l'indolence. -
La misanthropie est-elle un genre de pathologie mentale ?
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Savonarol dans Philosophie
Par souci de précision, je tiens à ajouter que cette citation de Sartre n'est pas le reflet exact de sa pensée, mais celle de l'Autodidacte (humaniste chrétien) avec qui il discute. Sartre écrit quelques lignes plus loin : "Je trouve, dis-je à l'Autodidacte, qu'on ne peut pas plus haïr les hommes que les aimer". Et une petite rectification : il fallait lire misos ("haine" en grec ancien), avec un "i" et non pas avec un "y", comme je l'avais écrit par erreur. -
Je partage tes points de vue, refusant ce style de vie urbain, tellement ordinaire et grégaire, avec toujours davantage d'entassement aérien (à Paris, il s'agirait de surélever les bâtiments) ou souterrain (pendant qu'à Londres, la tendance serait plutôt à creuser sous les bâtiments pour gagner de l'espace !). La solitude me semble être le meilleur camp de base, le temps de faire sécession provisoirement et de gagner intérieurement en profondeur et en hauteur. "Un séjour sur le lieu du crime de l'habitude de la vie ordinaire n'est plus envisageable pour ces marginaux distingués" (Peter Sloterdijk). L'école ou l'Académie des Grecs étaient déjà des espaces de repli méditatif/philosophique.
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A cet égard, Déjà, tu es parfaitement en phase avec la conception de la philosophie antique qui ne s'arrête pas à la réflexion théorique, mais qui aboutit dans tous les cas à faire un choix existentielle de vie et à adopter une certaine manière déontique de se comporter. Une fois ce choix effectué, c'est d'ailleurs lui qui va nourrir le discours philosophique. La seule différence que je note entre toi et les Anciens, c'est que ceux-ci ne firent jamais ce choix dans la solitude. Il n'y a jamais de philosophes ou de philosophies en dehors du groupe, ou d'une "école", celle-ci correspondant à une certaine vision du monde et, avant tout, au choix d'une manière de vivre selon une éthique particulière.
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Le Pouvoir , la Violence et le sacré
tison2feu a répondu à un(e) sujet de DroitDeRéponse dans Philosophie
Les facteurs de guerre peuvent être multiples. Mais le donné universel, c'est l'existence de la guerre dans toutes les sociétés primitives étudiées par les anthropologues. Maintenant, libre à toi de prendre tes désirs pour des réalités. -
Le Pouvoir , la Violence et le sacré
tison2feu a répondu à un(e) sujet de DroitDeRéponse dans Philosophie
Bonjour, Je tente une objection à ce post, telle que la formulerait Clastres, tout en saisissant l'occasion de répondre à la question que tu m'as adressée plus haut. Pour que l'enfant ou l'adulte désirent le bien d'autrui, il faut que cet objet désiré fasse défaut. Mais qu'en est-il véritablement dans les sociétés primitives ? Cette convoitise terminée en violence/guerre s'expliquerait par le fait que les sociétés primitives seraient soi-disant réduites à une économie de subsistance et de pénurie (préjugé économiste marxiste). Or tout semble indiquer que le Sauvage ne manque de rien et qu'il vit au contraire plutôt dans l'abondance, sans se soucier par conséquent de cumuler ou convoiter des biens qui se trouvent à portée de main. De plus, ce Sauvage est un être polyvalent : les hommes savent tous faire tout ce que les hommes doivent savoir faire. Si j'ai besoin d'une arme, je la fabrique, et je n'ai pas besoin de voler celle de mon voisin. Et même l'enfant du Sauvage a appris à être polyvalent, c'est-à-dire à fabriquer son propre jouet. Donc pas de place pour la convoitise. Pour ce qui est de la différence entre cette société primitive, telle que décrite par Clastres, et les royautés africaines de Girard, c'est que dans le premier cas il n'existe pas de pouvoir coercitif venant à diviser le groupe. Néanmoins, le point commun est la violence guerrière. Et c'est la quasi-universalité du phénomène guerrier (sauf chez les Eskimos, peuple très pacifiques) qui sert de point de départ à la réflexion de Clastres : la logique guerrière de l'homme primitif est une logique de la différence, le Sauvage refusant de s'identifier à l'autre/le groupe voisin, sauf en cas d'alliance avec cet autre groupe mais toujours en vue de faire la guerre à d'autres groupes. Cette violence n'est dirigée contre aucun membre du groupe, mais contre les membres extérieurs au groupe, l'ennemi étant l'étranger. L'échange de tous avec tous est inconcevable puisque le Sauvage aurait l'impression de perdre son identité. La guerre est donc une structure de la société primitive (contrairement à la fiction philosophique du bon sauvage à l'état de nature, de Rousseau repris par Kant). Dans le cas des sociétés avec roi se pose la question de savoir si les pouvoirs royaux sont coercitifs ou simplement symboliques. En cas de présence de pouvoir coercitif, ce type de société serait déjà plus avancé dans l'évolution vers la rapacité et la cupidité, avec davantage de place pour "l'apprenti-exploiteur", comme dirait Clastres, et donc dans un rapport politique dominant-dominé. Cette approche ne remet pas en cause, me semble-t-il, le bien-fondé des réflexions de Girard sur le mimétisme, le bouc-émissaire ou le pouvoir sacrificiel, pouvant s'appliquer à des sociétés déjà plus divisées. Ce topic est un peu déroutant compte tenu de sa forme multiconceptuelle (de type questions à choix multiples). Les données anthropologiques ne doivent pas être négligées, bien sûr, même s'il ne serait pas interdit d'aborder le sujet sous un angle purement philosophique, en fonction de notre propre vécu personnel dans la société postmoderne qui est la notre, en faisant l'effort de penser dans leur relation complexe le pouvoir, la violence et le sacré (Je parlais pour moi, ne l'ayant pas encore fait !) En tout cas, merci d'avoir pris le temps de répondre à chaque intervenant et de faire vivre ce topic. -
Le Pouvoir , la Violence et le sacré
tison2feu a répondu à un(e) sujet de DroitDeRéponse dans Philosophie
Cette conclusion est en parfaite contradiction avec les travaux de Pierre Clastres (cité plus haut), basés sur la réalité sociologique des peuples dits primitifs : ces peuples exorcisent toutes formes de pouvoir/respect du pouvoir parce qu'ils savent que ce pouvoir conduirait à la mort de la communauté. Loin d'être sacralisé, le pouvoir est exorcisé, chassé du corps social. La société primitive est une société contre l'Etat (Archéologie de la violence - La guerre dans les sociétés primitives). -
La misanthropie est-elle un genre de pathologie mentale ?
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Savonarol dans Philosophie
Je m'empresse de te répondre... avec beaucoup de retard involontaire (difficultés à me connecter et à accéder au forum). Je reconnais m'être beaucoup avancé sur cette question du perfectionnisme, mes "soupçons" ayant l'inconvénient de faire dire à autrui ce qu'il peut très bien ne pas penser. D'autant que je partage avec toi la conviction que l'humanité a commencé à couper la branche sur laquelle elle est assise. L'état des lieux est accablant. Finalement, tu donnes toi-même une clé venant s'ajouter à l'analyse très claire de Dompteur, lorsque tu prônes la maîtrise de soi. Tout semble donc dépendre de la capacité du misanthrope à maîtriser ou non sa "haine" du genre humain. Cela est explicite dans cette phrase où l'auteur de La Nausée déclare : "Le misanthrope est homme: il faut donc bien que l'humaniste soit misanthrope en quelque mesure. Mais c'est un misanthrope scientifique, qui a su doser sa haine, qui ne hait d'abord les hommes que pour mieux pouvoir ensuite les aimer". Il est bien question de "doser" sa haine, c'est-à-dire de faire un usage intelligent de cette haine, comme le suggérait d'ailleurs Aristote en désaccord avec les Stoïciens sur ce point. -
La pensée de Diogène ayant la singularité de prétendre dire la vérité sans passer par les mots, à la différence de 1/ la ruse dialecticienne de Socrate ou des Sophistes, et 2/ du discours philosophique qui suivra durant 2500 ans jusqu'à nos jours. Ce mode de pensée et d'action, ainsi que tout autre mode de pensée philosophique, me semble très utile, ne serait-ce que sur le plan de l'histoire des idées et de la réflexion personnelle. Quant à l'impact sur le sens commun, il a en effet toutes les chances d'être nul (d'autant que la pensée de chaque philosophe sera systématiquement déformée par le sens commun). Notre société technicienne et utilitariste ne fait qu'accélérer cet effet de nullité de la philosophie dans la vie de tous les jours, et certaines universités commencent à envisager sérieusement de supprimer carrément l' enseignement des sciences humaines et la philosophie (en France et au Japon), en raison de son "inutilité". A noter que : plus la volonté de changer l'homme est devenue impérieuse aux XIXe et XXe siècles, plus les philosophes ont donné dans l'hyperbolisme lexical, avec l'enrichissement du vocabulaire de la verticalité, ce que Sloterdijk appelle le recours à des sur-mots : "Marx parle de superstructure et de surproduction, son beau-fils Lafarge de surconsommation, Darwin de survie, Nietzsche de surhomme, Freud de Surmoi, Adler de surcompensation, Aurobindo de suresprit ou de supramental." (Peter Sloterdijk, Tu dois changer ta vie, p. 188) Nietzsche n'échappe pas donc pas à quelque illusion d'optique, d'autant étonnante que, selon Sloterdijk, "l'ère du surhomme réside non pas dans l'avenir, mais dans le passé" puisqu'elle s'est déjà accomplie avec les premiers penseurs chrétiens qui ont usé des moyens les plus extrêmes pour se hisser au-dessus de leur statut physique et psychique.
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J'ai déjà eu l'occasion de défendre, en vain, cette idée d'absence de recherche quelconque de confort ou de réconfort (ni dans le présent, ni dans l'avenir qui conjecturerait des paradis ou enfers imaginaires, etc.) propre à cette façon de "croire/ne pas croire" que je revendique également, anruadebobdny, et qui sort des canons habituels des religions personnelles et révélées. Cela déstabilise complètement certains athées qui veulent chercher à tout prix (opinion arrêtée ?!) une explication rationnelle à toute "croyance". Dans ta longue liste de tout ce qui déforme notre perception du réel, tu peux ajouter notre langue maternelle et toute forme de discours, dont la philosophie. Quand je parle, je ne perçois pas, et quand je perçois, je ne parle pas. Qu'entends-tu par "blessure originelle", stp ? La coupure du cordon ombilical ? Cela me semble anecdotique dans toute approche de l'absence de soi.
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La misanthropie est-elle un genre de pathologie mentale ?
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Savonarol dans Philosophie
Oui. De plus, les intervenants qui, ici, se considèrent comme misanthropes ne me donnent pas l'impression d'éprouver une réelle "haine" (grec mysos) pour l'humanité et pour eux-mêmes. Haïr, c'est faire une fixation sur un objet, vouloir son mal jusqu'à sa complète destruction. Aucun des intervenants n'a manifesté jusqu'à présent une telle haine pour l'objet "humanité", à l'instar d'un Cioran qui, à la seule vue d'une femme enceinte, avait envie de vomir. D'ailleurs, et je me tourne vers Théia, car je trouve très significatif que tu dises "Je n'aime pas l'humanité" et non pas "Je hais l'humanité". Une fois encore, tout est question de vocabulaire. Il y a de la marge entre "ne pas aimer" et "haïr". C'est donc que leur conception de la misanthropie est plus ou moins soft, séduisante parce qu'assimilée à une vie loin de la foule et des mouvements grégaires, et une exigence de vie telle que le solitaire apprenne d'abord à compter sur ses propres forces avant de compter sur l'aide d'autrui. Moi aussi, j'évite la foule, préférant cultiver mon jardin, au propre et au figuré. Mais ce qui m'éloigne de toute tentation misanthropique, c'est que je ne me sens aucun droit de reprocher à l'humain d'être imparfait. Derrièrecette haine misanthropique, je soupçonne un désir fantasmatique de perfection, d'absolu, comme si l'humain pouvait atteindre à la perfection ! Ou mieux encore, comme si l'humain était coupable de ne pas être parfait ! Par surcroît, haïr l'humanité a l'inconvénient de mettre tout le monde dans même sac, alors qu'à mes yeux, certains humains me semblent moins imparfaits que d'autres. -
La misanthropie est-elle un genre de pathologie mentale ?
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Savonarol dans Philosophie
Le misanthrope est un être excessif à double titre : son excès de confiance initial l'a conduit à un excès de méfiance final. Ce n'est pas parce que certaines personnes sont incapables de tenir leur parole que tous les hommes en sont incapables. Le misanthrope est un être désillusionné qui a pris ses désirs pour des réalités et qui continue de le faire en ne faisant plus confiance à personne, c'est-à-dire en mettant sur le même pied d'égalité l'homme de parole et l'homme irresponsable. Comment sortir de la misanthropie ? Peut-être en recherchant la compagnie d'êtres capables de tenir leur parole, et qui donc ont appris à se connaître. -
Comparer l'arrivée ici d'anciens forumeurs d'Orange avec l'actuelle vague de migrants en Europe est d'une indécence sans nom. Même exagération rhétorique dans le fait de crier à la dictature et à la privation de la liberté d'expression. Ton problème, Lumineux, c'est sans doute de ne pas être passé par la case départ, à savoir la section "bienvenue", où tu aurais pu commencer par te présenter et recevoir en retour des messages amicaux de bienvenue. Certains migrants étrangers, ceux qui ne sont pas installés confortablement devant leur ordinateur, n'ont qu'une idée en tête : apprendre quelques mots nouveaux dans leur nouvelle terre d'accueil, à commencer par savoir dire "bonjour". Personne n'a été vulgaire avec toi, alors peux-tu svp nous épargner ton langage de sous-officier ("école de cons", les détronchés de chez Orange") ? Je comprends ton attachement à ce topic, sa vertu thérapeutique pour toi, compte tenu des drames passés de ta vie. Tu reproches à "certains" de rester dans leurs vieux "shems". Toi-même, Lumineux, n'est-ce pas l'occasion de te remettre philosophiquement en question et de changer de niche (et de topic) ? Puisque tu sembles ne pas te satisfaire des règles du forum, je t'invite à méditer sur cette pensée d'une philosophe contemporaine : "La discipline ce n'est pas de la soumission qui nous transforme en mouton, en chaînon, en suiveur : c'est un savoir faire, un geste technique, une manière d'être, qui nous rend plus libre."
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Patiente un peu avant de t'insurger contre ce que tu interprètes comme des censures. Peut-être s'agit-il simplement d'erreurs de manip de ta part, vu que tu es inscrit depuis seulement hier.
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"parler de tout et surtout de rien en particulier" : Sans oublier que vous intervenez malgré tout en section "philosophie", n'est-il pas ?
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Faut-il rappeler que cet "homme à l'état sauvage" n'est qu'une fiction philosophique jaillie dans le seul esprit de JJR, et qui n'engage que lui et ses suiveurs n'ayant aucune notion d'ethnologie et d'anthropologie. Quant à l'homme des sociétés dites primitives, sa pensée immédiate est entièrement tournée vers autrui; il ne pense et n'agit que dans l'intérêt du groupe (d'environ 100 à 150 individus). Et ce, depuis 200 000 ans, jusqu'à l'apparition très récente de la vie urbaine puis des Etats. Au sujet de la notion d'"égoïsme positif", abordé par Nolibar, j'ajouterai que cela pourrait nous permettre de mieux appréhender la notion inverse d'"altruisme négatif". Méditons cette phrase d'Ayn Rand, qui a fait de l'égoïsme rationnel le concept-clé de sa philosophie : "Je jure sur ma vie et l'amour que j'ai pour elle, de ne jamais vivre pour les autres ni demander aux autres de vivre pour moi". La fin de cette citation ne laisse-t-elle pas entrevoir le point faible d'un altruisme excessif conduisant à "demander aux autres de vivre pour moi" ?
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Je te remercie de ce nouveau développement, Petitpépin. En fait, je cherchais un terme permettant de décrire la tendance à privilégier la technique dans tous les domaines. Un mot m'est venu à l'esprit hier : technicisme. Je croyais avoir créé un néologisme, mais ce terme figure dans le Petit Robert, après vérification ! Ce terme, à la différence de "scientisme", a l'avantage de concerner la technique et non pas la science (puisqu'il n'est pas question pour moi de critiquer la science). Je prendrai le temps de te relire en détail. Il faudra que je mette la main sur l'ouvrage de Georges Friedmann (merci pour la référence).
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A dire vrai, je t'ai répondu un peu trop vite. Je voulais parler de "la machinerie bien huilée de la croyance technicienne et scientiste en la résolution de tous les problèmes." Je peux très bien résoudre beaucoup de problèmes à court terme, mais aucun à long terme. Tel était l'esprit de mon intervention.
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Mais précisément, la position que je défends implique de se plonger dans des examens sérieux, ce qui va à l'encontre de tout raisonnement technicien et scientiste qui n'a de cesse de proclamer, à coup de propagande publicitaire si nécessaire (cf. publicité mensongère de Areva, avant l'incident de Fukushima), qu'il n'y a pas de problèmes réels et que les faiseurs de problèmes sont des réactionnaires. Le jugement technicien et scientiste est là a priori : la technique finira par résoudre tous les problèmes. Encore conviendrait-il de ne pas éluder a priori l'existence de ces problèmes sur le long terme ! Cela ne pourra se faire que lorsque sera amplement démystifiée la machinerie bien huilée de la croyance au progrès technique. Dans mon esprit, il n'est pas du tout question de juger par principe hors de tout examen. C'est tout l'inverse, puisqu'il s'agit de faire prendre conscience qu'il y a des problèmes à examiner, donc des points de vue contraires à envisager (et parfois complémentaires). Avec Jonas, est apparu le concept de "principe de précaution" qui a permis de contrecarrer le principe de "prise de risque" dans toute discussion honnête sur la recherche réaliste de solutions aux grands problèmes de société. Je suis partisan d'une éthique consistant à optimiser au maximum les deux points de vue contraires, en l'occurrence la prise de risque et la prise de précaution, et d'en analyser les avantages et les inconvénients à court terme et à long terme (pour les générations futures). Ce travail est saboté par notre société technicienne davantage axée sur la recherche du profit et l'économisme favorisant la résolution de problèmes seulement sur le court terme plutôt que sur la résolution approfondie des problèmes sur le long terme et qui concerneront davantage les générations futures.
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Nous étions d'accord sur l'analyse de l'état des lieux : évolution vers une civilisation technicienne aveugle, qui ne pense pas, et qui tend à changer le monde sans que soit nécessaire de s'interroger sur la nature de ce monde nouveau. La technique s'en charge, l'homme postmoderne n'a plus à se poser la moindre question ni à répondre d'actes qui ne sont plus de son fait. Or, ta conclusion fataliste me donne l'impression de cautionner, d'une certaine manière, ce type de raisonnement : vivons "philosophiquement" l'instant présent, advienne que pourra !, et conséquemment la technique s'en chargera. Je ne peux m'accommoder d'une telle attitude philosophique, bien trop démissionnaire, puisque faisant tout à fait le jeu de la technique (= ne douter de rien, être déresponsabilisé, etc.). Et comme le contexte n'est plus comparable à celui de l'antiquité, j'en viens à me demander si ce vieux concept de "sagesse" antique ne demanderait pas à être modifié, disons repensé. Je dois t'avouer que cette quête antique d'"absence de troubles" (ataraxie) ne me convient pas. Qu'il y ait un temps pour la quiétude et le repos mérité, soit ! Mais l'in-quiétude ne peut être évacuée, elle me semble vitale. A dire vrai, ce principe de responsabilité pose la question du principe de précaution, et ne recouvre pas seulement le champ de l'écologie. Il s'agit, pour le philosophe, de mettre sous tension prise de risque et prise de précaution. Or, la technique ne pense pas puisqu'elle n'agit que sous l'angle de la prise de risque tous azimuts, en priant le principe de précaution d'aller se faire voir ailleurs. Les biotechnologies ne risquent-elles pas de modifier la vie humaine au point de créer une nouvelle espèce humaine ? Je pense qu'il s'agit d'une des grandes questions auxquelles l'homme sera confronté tôt ou tard. A condition qu'il n'ait perdu toute aptitude à se questionner sur le plan éthique, en l'occurrence à s'interroger sur sa capacité à devenir en pleine conscience des causes et des conséquences le constructeur biologique de lui-même. Jusqu'à présent, l'homme avait la possibilité de "changer sa vie" - et le monde qui serait donc mal fait - en se créant des mondes artificiels ou des arrières-mondes (l'artiste, l'homme religieux, une certaine catégorie de philosophes marchands de bonheur) et en pratiquant des exercices de dépassement de soi. L'homme de la société technicienne n'a même plus à recourir à ce genre d'exercitation éthique (ou esthétique), la technique travaillant désormais pour lui à changer sa vie et le monde. Mais l'effet anesthésiant reste le même. La philosophie demeure, à mes yeux, une mise en garde contre ces formes anesthésiantes d'assurances tous-risques.
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(Il fallait lire Miquela Marzano. Mi scusi, Miquela !)
