Aller au contenu

Tequila Moor

Membre
  • Compteur de contenus

    16 312
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Jours gagnés

    5

Tout ce qui a été posté par Tequila Moor

  1. OK ! En général, je préfère les tortues boiling mais c'est plus fun avec Saint Homer.
  2. "Running", dans le cas d'une tortue, c'est peut-être un peu présomptueux ?
  3. Tequila Moor

    Science... Le transhumanisme

    En sus de m'ame Arendt, il me semble que la pensée de son ex-mari Günther Anders rend finement compte de menus problèmes sous-jacents au transhumanisme. Une introduction ici, en particulier en ce qui concerne les 2 concepts clés de cet auteur, à savoir décalage prométhéen et honte prométhéenne. Ces concepts sont décalés de la fierté prométhéenne, fierté de l'humanité de ne rien devoir qu'à elle-même au moyen du savoir, inspirée du personnage de Prométhée (titan de la Grèce antique qui apporte la connaissance aux hommes contre l'avis des Dieux). http://technologos.fr/textes/gunther_anders.php Le décalage prométhéen correspond au décalage entre les accomplissements techniques de l'homme et ses capacités (notamment le sens de la mesure et de la responsabilité). Tout au plus est-il capable d'évaluer les risques d'un phénomène particulier et de prendre diverses précautions pour le limiter mais il est foncièrement incapable de considérer le phénomène technicien dans son ensemble. A l’opposé de l'utopiste, qui imagine un monde qu'il ne peut réaliser, l'homo technicus produit un monde qu'il n'est pas capable d'imaginer. Cette incapacité d'appréhender les implications de ce qu'il fait, cet écart entre ses productions (prodigieuses) et ses capacités morales font de lui un "analphabète de la peur". Son irresponsabilité elle-même ne relève pas de la faute morale (car pour qu'il y ait faute, il faut qu'il y ait conscience ou possibilité de conscience de la faute) mais d'un défaut d'imagination et de sensibilité, dans la mesure où l'ordre technicien impose ses critères (en premier lieu l'efficacité) et se substitue à toutes les valeurs qui avaient cours jusqu'à présent. Elle résulte donc du fait que l'on succombe (que l'on soit général ou sergent, chef d'état ou simple quidam) à la croyance en la capacité de la technique à résoudre les problèmes de l'existence. [...] La honte prométhéenne est le sentiment que l'homme éprouve lorsqu'il se compare à ses productions, ne supportant pas au fond l'idée que, contrairement à elles, il ne relève pas du processus de fabrication rationalisé qui leur a donné naissance. Cette honte ne s'exprime pas seulement dans les tentatives d'avant-garde pour remplacer le vieil homme par le nouveau, mais également dans les situations les plus quotidiennes. Elle constitue la honte de son origine, la honte de devoir son être à la nature, à quelque chose qui ne relève pas d'un processus technique. On a « honte d'être devenu plutôt que d'avoir été fabriqué » résume Anders. La honte prométhéenne compense la fierté prométhéenne. Mais, comme elle, elle procède de la revendication à la liberté absolue : la fierté exprime une volonté de s'approprier intégralement les conditions de son existence, la honte relève de la conscience que quelque chose, en définitive, fait obstacle à cette entreprise de maîtrise intégrale. La mutation de l'humanité correspond donc à une volonté inconsciente de supprimer tout obstacle naturel par des moyens techniques, ceci afin de mettre un terme à la honte de se savoir un "produit de la nature".
×