Je suis en train de lire ce livre ; comme je ne l'ai pas encore achevé, je ne vais pas dire que j'aie un avis définitif dessus - cependant, je tends vers ce que dit enteles. Un style ampoulé ne me déplaît pas lorsqu'il s'adapte à l'histoire ; certains faits extraordinaires ou sujets nobles méritent une mise en forme riche et travaillée. Cependant, lorsque l'on décrit de cette manière ciselée des personnages et événements que l'on veut ordinaire, il est facile de tomber dans l'incongru. Et c'est ce que je ressens en lisant ce livre. Je n'ai pas besoin de dictionnaire pour comprendre son vocabulaire, mais je ne peux m'empêcher d'avoir la sensation d'une certaine fatuité, d'une certaine pédanterie dans le choix de ses mots et de ses tournures de phrases : j'ai la nette sensation que c'est fait pour "impressionner". Ceci-dit, ce n'est pas trop mal fait, car ça n'a pas gêné la compréhension et la vitesse de lecture, tout du moins pour moi.
Idem, la différence entre les deux héroïnes est parfois ténue ; les gens parlent et pensent de la même façon, qui est la même façon que l'auteur écrit. Cela donne une touche peu naturelle. Et les multiples discours à l'encontre de la vie, de l'opposition de classes sociales, de la philosophie et de son élitisme, au final sont plus des raccords de pensées profondes de l'auteur elle-même qui les a raccordées par une histoire qui sert plus de cadre que d'histoire - une conjonction. Certaines pensées sont savoureuses, d'autres sont très débattables (les animaux comme ne ressentant que plaisir et douleur sans conscience : malheureusement, l'auteur n'a pas assez lu de livres d'éthologie). Et le côtoiement entre style ampoulé et sujets plus vulgaires, parfois, donne une touche de burlesque.
Mes mots sont durs, je dois les nuancer : le livre se lit bien, la lecture reste plus agréable que beaucoup d'autres romans modernes (je dois préciser que j'aime beaucoup les classiques et n'aime généralement pas du tout la littérature moderne, disons à partir de la seconde moitié du XXème). L'omniprésence de l'auteur et la sensation qu'elle avait quelque chose à nous prouver, sont gênants malgré tout. :blush:
En somme, je pense que ce livre a marché à cause de la trame (un contact intergénérationnel entre une vieille atypique et une jeune enfant, c'est porteur, Gary/Ajar l'a fait comme tant d'autres), du style travaillé (le lecteur se sent intelligent en admirant l'auteur), du buzz, du titre élégant.
Avis donc mitigé, sous réserve de grosses surprises d'ici la fin de ma lecture.