Pas plus tard que cette nuit ; j'ai fait un rêve que je ne saurais expliquer autrement que par l'intermédiaire de forces inconnues et de phénomènes encore inexpliqués par la science ¿ ô Science dont les limites de l'entendement humain érigent des barrières aux portes de nos consciences! é barrières à travers desquelles seuls les artistes et les fous ont pu entre-apercevoir d'impies scènes...
Rêve de la nuit du 11 mars au 12 mars 2010
Le Noir. Le Vide. Et, soudain, je m'éveillai dans le rêve. Je me trouvais dans ma chambre ; cependant, une lueur d'irréalité flottait dans la pièce ¿ c'était un effet de lumière, quelque chose qui évoquait des sentiments extrêmement étranges. Les mots qui me viennent à l'esprit pour décrire cette phosphorescence diffuse, ces couleurs chatoyantes qui scintillaient dans l'obscurité, sont encore un peu confus, du fait du choc de cette nuit. Mais cela était comme si, juste derrière les rideaux de ma petite chambre, on aurait placé de puissants phares teintés de rouge et d'orange foncé. La lumière n'était pas très forte, n'oscillait pas ; en revanche, elle baignait les lieux d'une aura de sang. Et alors, s'approchant lentement mais inexorablement de mes oreilles, un bruit... je tremblais de peur en l'entendant s'approcher, c'était un bruit blanc comme celui que ferait une puissante cascade ¿ écoutez les chutes du Niagara ¿ qui s'amplifiait, s'amplifiait sans cesse. Cela n'était qu'un bruit, peut-être, mais ça semblait être une présence, un quelque chose, un quelqu'un ¿ un je-ne-sais-quoi qui se tenait aux frontières de mon esprit, à l'intérieur de mon propre cerveau enfiévré, invisible, impitoyable. Et soudain, le bruit cessa, la lumière prit des teintes moins fantastiques. Et je me rendis compte à ce moment-là que je flottais dans la pièce, et que j'étais dans un rêve. Mais ce rêve était lucide, j'étais tout à fait consciente ; je disposais d'une totale liberté de mouvements, de pensée... tout se passait comme si j'étais sorti de mon corps. Voulant vérifier cette hypothèse, je me penchai vers mon lit ¿ et j'y vis une silhouette dans l'obscurité ; même longs cheveux noirs, couchée sur le côté, c'était tout simplement moi. J'étais donc bel et bien sortie de mon corps.
Je sentis, d'un coup, une présence lointaine, qui m'appelait par mon nom ; cet appel était comme un chuchotement qui serait venu à la fois de l'endroit-même où je me trouvais, murmuré à l'oreille ¿ comme si l'on me parlait depuis l'intérieur même de ma tête ¿ et à la fois semblait provenir de si loin, de cet endroit duquel l'on me réclamait... une étoile, une étoile rouge qui scintillait si puissamment qu'à travers les murs, les nuages de la ville, et monts et vallées, je pouvais en distinguer l'éclat écarlate. Alors je flottais, je m'élançai telle Icare vers ce point fixe qui devenait mon seul but ¿ répondant comme à l'appel d'un maître ou d'une évocation, tel un esprit qui serait conjuré par une cérémonie impie et interdite. Dans le ciel je volais, au-dessus des innombrables immeubles, au-delà de la métropole qui semblait à cette heure d'entre les heures si vide, si morte... comme si j'avais été la seule personne dans un immense terrain de jeux ¿ duquel je m'enfuyais, toujours plus loin, toujours plus vite, vers l'étoile. Plus je m'approchais, plus j'en sentais le pouvoir. Je vis, en regardant çà et là au-dessous de moi, un incendie dans tel quartier que je connaissais ; je notai le fait intérieurement.
Soudain, tout fut brisé. Je me retrouvais, sans que je ne sache ce qui se fut passé entre les événements que je viens de coucher par écrit et la suite de ce rêve fou, au sol, marchant, ne volant plus ; il y avait de l'animation, beaucoup d'animation ¿ c'était une grande place dans laquelle sortaient et festoyaient de nombreux étudiants, beaucoup d'entre eux étant éméchés. Personne ne me voyait ; cela, je l'aurai tout de suite su, j'étais encore dans la tenue avec laquelle je m'étais couchée ¿ et, de fait, je fus à la hauteur d'un petit groupe de personnes, qui me traversèrent littéralement ¿ sans me voir, comme si j'avais été pur esprit. Mon corps-sorti-de-mon-corps était invisible à leurs yeux. Je marchais çà et là dans les environs, me saisit d'un journal sur le sol ; quelques autres péripéties arrivèrent, que je me refuse à écrire ici, là, maintenant, pour ne pas être prise pour une folle ¿ je ne suis pas folle ¿ excusez m'en, je ne suis pas encore tout à fait remise de tout ceci.
Le matin, en me réveillant... je trouvai dans mon lit le morceau de journal que j'avais ramassé par terre, j'entendis à la radio qu'un incendie avait éclaté pendant la nuit dans le quartier précis que j'avais vu de mes propres yeux flamber, et je m'aperçus de quelques autres choses relativement aux événements que je n'ai pas raconté, si horribles en cela qu'elles m'indiquaient, noir sur blanc, que j'étais effectivement sortie de mon enveloppe physique en cette nuit funeste.
Le fait de ne plus croire mais d'être maintenant persuadée de ce phénomène et des conséquences cyclopéennes et indicibles que cela implique, me remplit d'une peur, d'une terreur... astrale.
:blush: